Hector Berlioz

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Berlioz en Allemagne
et en Europe Centrale

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Le troisième siècle

Contenu de cette page:

Présentation
Sources
Le Prix de Rome: Italie et Allemagne
Berlioz et l’Allemagne: 1821-1842
Les voyages de Berlioz en Allemagne
    Le premier voyage, 1842-1843
    Le deuxième voyage, 1845-1846
    Voyages ultérieurs, 1852-1867
Chronologie
    (1) 1821-1842
    (2) 1842-1867
Villes visitées par Berlioz

Cette page est disponible aussi en anglais

Abréviations:

CG = Correspondance générale (8 tomes, 1972-2003)
CM = Critique musicale (10 tomes, 1996-2020)

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Présentation

    Le premier voyage de Berlioz en Allemagne date de 1842 et sera suivi de bien d’autres presque jusqu’à la fin de sa carrière. L’Allemagne était pour Berlioz un pays privilégié, ‘cette patrie de la musique’ comme il l’écrit à Robert Schumann en 1837 (CG, no. 486), pays accueillant où il sera fêté et apprécié comme il ne le fut jamais dans son pays d’origine. En 1860 Berlioz se dira ‘musicien aux trois quarts allemand’ (À travers chants, au chapitre intitulé ‘Concerts de Richard Wagner. La musique de l’avenir’), et ce n’est pas par hasard que c’est en Allemagne, ‘sur le versant du Hartz’, qu’il place la cité imaginaire d’Euphonia, vouée au culte exclusif de la musique; la nouvelle remonte à 1844, l’année d’après son retour du premier voyage en Allemagne (pour la version originale voyez Critique musicale V, pages 425-52, 473-7, 495-7, 529-34). Une lettre de Berlioz au Baron von Donop pendant une de ses tournées en 1854 résume ses sentiments pour le pays (CG no. 1716):

Cette chère Allemagne, quelle reconnaissance j’éprouve pour elle, et quel désir ardent je sens de me montrer un peu digne de sa charmante hospitalité; et que son pur et noble amour de l’art m’inspire de respect...

    Dans le contexte de la carrière de Berlioz, le terme ‘Allemagne’ n’est bien entendu qu’un raccourci commode: à l’époque du compositeur l’Allemagne ne formait pas un pays unifié mais comprenait une multitude d’états séparés. Berlioz lui-même emploie le terme dans un sens large pour comprendre non seulement les divers états allemands mais aussi des pays d’Europe centrale. Dans ses Mémoires il ajoute à son Deuxième voyage en Allemagne le sous-titre ‘Autriche, Bohême et Hongrie’, qui à l’époque (1845-46) faisaient partie de l’empire austro-hongrois.

    Les pages qui suivent retracent les longs et fructueux rapports de Berlioz avec l’Allemagne tout au long de sa carrière. La page principale donne une vue d’ensemble, tandis que des pages séparées consacrées aux différentes villes visitées par Berlioz fournissent plus de détails dans chaque cas.

    Nous remercions notre ami Pepijn van Doesburg de nous avoir fourni un nombre de renseignements et de photos concernant plusieurs villes visitées par Berlioz; on en trouvera le détail sur chaque page concernée. Nous sommes nous-mêmes responsables du texte de toutes les pages sur ‘Berlioz en Allemagne’.

Sources

    Berlioz donne un récit détaillé de ses deux grands voyages de 1842-3 et 1845-6 dans ses Mémoires sous les titres de Premier voyage en Allemagne et Deuxième voyage en Allemagne: Autriche, Bohême et Hongrie. Le premier remonte à une série d’articles qu’il publie sans tarder après son retour dans le Journal des Débats en 1843 et au début de 1844 (tous reproduits sur ce site), articles qu’il reprend bientôt dans le premier tome de son Voyage musical en Allemagne et en Italie, paru en 1844. Voir aussi CM V, pp. 245-55, 263-307, 317-37, 347-71, 403-14 pour cette série. Le second remonte également à une autre série d’articles publiés plus tôt, en partie dans le même Journal des Débats en 1847 et en partie dans la Revue et gazette musicale en 1848. Ceux dans le Journal des Débats sont reproduits sur ce site. Pour cette deuxième série voir aussi CM VI, pp. 295-305, 307-18, 333-52, 361-98. La visite à Berlin en 1847 à son retour de Russie est évoquée dans le chapitre des Mémoires intitulé Suite du voyage en Russie, qui avait déjà paru en 1856 dans un journal inattendu, le Magasin des Demoiselles, qui est reproduit sur ce site.

    Les autres voyages en Allemagne, et notamment ceux à partir de 1852, ne seront pas relatés par Berlioz de la même manière systématique. D’une part il s’agit souvent de visites plus courtes et non de grandes tournées comme celles de 1842-3 et 1845-6, et d’autre part Berlioz veut sans doute éviter de fatiguer le lecteur en se répétant. D’ailleurs le récit que Berlioz donne de sa carrière dans ses Mémoires est beaucoup plus condensé à partir de 1848 par rapport aux années antérieures (voir à ce sujet la page sur la genèse des Mémoires. Peu après son retour des célébrations à Bonn en août 1845 en l’honneur de Beethoven Berlioz en rend compte, texte qui sera repris en 1851 dans les Soirées de l’orchestre, 2ème Epilogue. Il donne aussi un récit allègre de sa visite à Bade en août 1856 en passant par les eaux de Plombières, également repris plus tard dans les Grotesques de la musique, ainsi qu’un autre récit d’une visite en septembre 1861, repris en 1862 dans À Travers chants. Tous ces articles paraissent d’abord dans le Journal des Débats en 1845, 1856 et 1861. On remarquera que Berlioz ne les reprend pas dans ses Mémoires mais dans des livres séparés qu’il publie de son vivant: il semble vouloir éviter d’alourdir les derniers chapitres de ses Mémoires avec un excès de récits de voyages.

    Un complément majeur aux récits de voyages est fourni par la correspondance du compositeur. Quelques milliers de lettres de sa plume sont connues, qui deviennent de plus en plus nombreuses dans les dernières années de sa carrière, et fournissent quantité de renseignements sur ses voyages en Allemagne et ailleurs. Elles ont en outre l’inestimable intérêt de restituer le détail du vécu quotidien de ces randonnées qu’on ne retrouve pas toujours dans les récits composés après coup des Mémoires. On aura souvent l’occasion de les citer dans cette page ainsi que dans celles qui traitent de villes particulières. (voyez l’Index des lettres de Berlioz citées sur ce site).

Le Prix de Rome: Italie et Allemagne

    En tant que lauréat du Prix de Rome de 1830 Berlioz se voyait allouer une pension d’état pour une durée de cinq ans (de 1831 à 1835 inclus) et était tenu de faire un séjour d’études en Italie, suivi d’un autre séjour en Allemagne. Le voyage en Italie, on le sait, eut de multiples influences sur Berlioz, mais d’un point de vue strictement musical l’Italie de l’époque avait peu à lui offrir, et il abrégea son séjour italien autant qu’il le put. Arrivé à Rome en mars 1831 il quittait l’Italie pour de bon en juin 1832 pour ne jamais y revenir.

    Le cas de l’Allemagne était différent: au départ Berlioz avait bien l’intention d’y passer une année, et de multiples raisons musicales l’y incitaient. Les lettres du compositeur de 1832 le montrent faisant des projets de voyage en Allemagne pour 1833 pour faire suite à celui en Italie, avec comme destination BerlinSpontini s’était établi. Berlioz comptait faire un bref arrêt au passage à Paris pour y faire jouer la Symphonie fantastique avec le pendant qu’il venait de composer, le Retour à la vie, appelé aussi plus tard Lélio (CG nos. 256-8, 268, 272, 276, 282).

    Mais les événements prirent un tour imprévu: de retour à Paris en novembre 1832 Berlioz loge par hasard dans l’appartement occupé naguère par Harriet Smithson, qui se trouvait alors à Paris, et la passion du compositeur pour l’actrice irlandaise repart de plus belle. Une période orageuse durant 1833 aboutit enfin à leur mariage le 3 octobre. En avril de la même année l’administration des Beaux-Arts avait consenti à l’ajournement du voyage en Allemagne prévu pour 1833 jusqu’à l’année suivante (CG no. 334). Après son mariage Berlioz envisageait sérieusement de donner suite à son projet et d’aller en Allemagne pendant l’hiver, mais cette fois avec Harriet (CG nos. 347, 351, 360), et le 7 décembre il écrit même à Spontini à Berlin pour lui demander son appui (CG no. 364). Mais dès la fin de l’année le projet tourne court et Berlioz l’abandonne (CG no. 370, à sa sœur Adèle): l’avenir immédiat contraignait Berlioz à rester à Paris pour y gagner sa vie et lancer sa carrière. Pendant 1834 et 1835 il parvient à toucher les derniers versements de sa pension du Prix de Rome et en pratique le règlement imposant le voyage en Allemagne est discrètement mis de côté. Pour Berlioz le projet n’en était pas pour autant abandonné mais seulement ajourné – mais il faudra des années avant que Berlioz puisse y donner suite.

Berlioz et l’Allemagne: 1821-1842

    Indépendamment des règlements du Prix de Rome il est probable que Berlioz se serait rendu en Allemagne un jour ou l’autre: bien que d’origine française ses dettes musicales envers l’Allemagne étaient de son propre aveu immenses. Tôt dans sa carrière Berlioz savait déjà que l’Allemagne était comme pays le véritable centre de gravité du monde musical, quelle que soit la force des liens qui rattacheront Berlioz à Paris tout au long de sa vie.

    Pratiquement dès son arrivée à Paris Berlioz est exposé à la musique de compositeurs allemands: d’abord Gluck à l’Opéra (novembre 1821), suivi par Weber (fin 1824), et finalement le plus grand de tous, Beethoven (1828). L’Europe intellectuelle et musicale du temps était cosmopolite: compositeurs et artistes voyagent librement. Bien des décennies avant Berlioz la carrière de Gluck avait parcouru un bonne partie de l’Europe — Prague, Vienne, de nombreuses villes en Allemagne et en Italie, Paris, Londres, Copenhague. Weber s’arrête brièvement à Paris en 1826 en route pour Londres où il meurt prématurément. Après de longues années à Paris Spontini, l’une des idoles de Berlioz, va s’établir à Berlin en 1820. Des musiciens venus d’Allemagne et de toute l’Europe se pressent à Paris, la ville la plus importante du monde musical de l’époque, soit pour s’y produire eux-mêmes soit pour étudier au Conservatoire. C’est un compositeur allemand contemporain, Meyerbeer, qui domine la scène de l’Opéra de Paris pendant bien des années avec le succès de Robert le Diable (en 1831) suivi des Huguenots (en 1836). C’est à Paris que Berlioz fait la connaissance dans les années 1820 et 1830 de nombreux artistes, beaucoup d’entre eux allemands – Ferdinand Hiller (CG nos. 156, 203, 206 etc.), Ludwig Schlösser (CG nos. 840, 881, 895), le polonais Karol Lipinski (CG nos. 803, 807), Anton Bohrer (CG no. 809bis), Heinrich Ernst (CG nos. 1095, 1263, 1284 etc.), les frères Müller, et d’autres. D’autres il rencontre pendant son séjour italien de 1831-2, entre autres Mendelssohn (CG nos. 804-6, 813 etc.) et Josef Dessauer (CG no. 272). De telles connaissances constituent un réseau d’amitiés actives dans la vie musicale des principales villes d’Allemagne, qui seront d’un grand secours à Berlioz dans ses voyages plus tard – Hiller à Francfort, Schlösser à Darmstadt, Lipinski à Dresde, Bohrer à Hanovre, les frères Müller à Brunswick, Mendelssohn à Leipzig, Meyerbeer à Berlin, Dessauer à Vienne. Les voyages de Berlioz en Allemagne créeront de nouveaux liens par la suite (voir la page Berlioz et l’Allemagne: amis et connaissances).

    L’opinion publique déborde les frontières nationales. Paris, Berlin, Vienne, Londres, et tous les autres grands centres musicaux de l’Europe suivent avec attention ce qui se passe à l’étranger – le succès d’un nouvel opéra, l’arrivée d’un nouveau virtuose ou chanteur, la montée d’un nouveau compositeur. La rumeur se déplace vite. Au cours de son apprentissage musical à Paris Berlioz saisit rapidement l’importance de la presse pour influencer l’opinion publique en France ou à l’étranger. Parmi les tout premiers articles qu’il écrit au cours de sa longue carrière de critique musical Berlioz publie une série de quatre parus en 1829 en traduction allemande dans la Berliner Allgemeine Musikalische Zeitung (CM I pages 17-45). Berlioz est naturellement particulièrement sensible à l’accueil fait à sa propre musique, et dans ses lettres à sa famille il attire constamment leur attention aux réactions de la presse française. Par exemple, il écrit à son père après la première du Requiem le 5 décembre 1837 (CG no. 523):

Sur tous les journaux que j’ai lus hier il y en a treize pour et deux contre (le Corsaire et le Constitutionnel) encore le Corsaire n’était pas à la cérémonie comme le prouvent les faits matériellement faux dont il parle, et le Constitutionnel a voulu se venger d’un article que je fis il y a deux ans sur Hérold. Ce sont les bénéfices inévitables du métier de critique.

    Il ne prête pas moins d’attention à la presse étrangère et aux réactions en dehors de la France. A propos de la même première du Requiem il écrit à sa mère quelques jours plus tard (CG no. 529):

Je vous ai envoyé une vingtaine de journaux en deux fois; je pense qu’ils vous sont tous parvenus. La presse anglaise a été aussi très bonne, de sorte que nous pouvons nous flatter de faire un tapage d’enfer dans les quatre parties du monde.

    De même avec la presse allemande. Par exemple, dans une lettre de décembre 1835 à son ami Humbert Ferrand il dit avoir reçu un paquet de journaux de Leipzig et de Berlin qui parlent du succès de la transcription pour piano par Liszt de la Symphonie fantastique (CG no. 453). Quand en décembre 1838 Paganini rend hommage publiquement à Berlioz et lui fait don de 20,000 francs, Berlioz remarque dans une lettre à Edouard Rocher quelques jours plus tard (CG no. 612):

Les suites de cette éclatante profession de foi (sc. le cadeau de Paganini) de l’un des plus grands musiciens qui aient jamais existé seront incalculables, surtout en Allemagne et en Angleterre, ici je m’en aperçois déjà.

    Début janvier 1839 écrivant à Humbert Ferrand il souligne que les journaux de Londres annoncent très favorablement le don de Paganini (CG no. 616).

    Au cours des années 1830, longtemps avant les voyages de Berlioz outre-Rhin, sa réputation en Allemagne grandit rapidement. Il conquiert l’estime et les suffrages de musiciens qu’il n’a pas encore rencontré; on réclame avec une insistance grandissante ses partitions et sa présence en personne. La publication en 1834 de la transcription pour piano de la Symphonie fantastique par Liszt (CG nos. 416, 425) est très remarquée: Schumann publie l’année suivante une analyse détaillée de la symphonie dans sa Neue Zeitschrift für Musik, en réponse à un article hostile publié plus tôt par Fétis. En avril et mai 1835 Berlioz reçoit des demandes répétées de Vienne pour l’envoi de la grande partition de la symphonie: il s’y refuse, craignant un désastre si sa musique est jouée sans sa présence, mais son intention de faire le voyage en Allemagne en personne n’en est que renforcée (CG nos. 429, 435). En décembre Berlioz parle à Ferrand de l’impression faite, suivant la presse allemande, par la transcription de Liszt, ce qui doit faire allusion à l’article de Schumann entre autres (CG no. 453). La publication tôt en 1836 de la grande partition de l’ouverture des Francs-Juges (avec une transcription pour piano à quatre mains) fait date: c’est en effet la première partition pour orchestre de Berlioz rendue disponible pour l’exécution n’importe où et la première à être connue dans l’original en dehors de la France (et en France en dehors de Paris, cf. CG no. 493). En mars Schumann consacre un autre article dans la Neue Zeitschrift für Musik à la nouvelle œuvre, et en juin il parle aussi en termes élogieux de l’ouverture de Waverley. À la même époque J.-C. Lobe, le compositeur et ami de Goethe, que Berlioz appelle ‘ce type du véritable musicien allemand ’ (Mémoires, Premier voyage en Allemagne, troisième lettre), vante aussi les mérites de l’œuvre nouvelle, comme il l’écrit à Berlioz fin décembre 1842: ‘J’étais votre ami depuis le moment, que j’ai ouï l’ouverture des Francs-Juges, et je le serais jusqu’à la fin de ma vie’ (CG no. 793). Mais la publication de l’ouverture ne fait que souligner à Berlioz les dangers de laisser sa musique voyager sans lui. En avril 1836 il est consterné de recevoir d’Allemagne un arrangement méconnaissable pour piano de l’ouverture, publié à son insu et sans son autorisation par l’éditeur de Leipzig Hoffmeister, auquel il écrit début mai une longue lettre de protestation (CG no. 472). Il écrit à Liszt à ce sujet (CG no. 470):

Cette nouvelle preuve du danger qu’il y a pour moi à laisser circuler mes ouvrages m’a fait prendre le parti de ne rien laisser graver jusqu’à ce j’aie fait le voyage d’Allemagne.

    Le années suivantes ne font que de souligner le dilemme. Plusieurs des nouvelles compositions de Berlioz remportent d’importants succès à Paris, notamment le Requiem en 1837, Roméo et Juliette en 1839, et la Symphonie funèbre et triomphale en 1840. Berlioz entretient une correspondance active avec plusieurs musiciens allemands qui s’intéressent vivement à son œuvre, en particulier Robert Schumann à Leipzig, également Ludwig Rellstab à Berlin (CG no. 549), et d’autres (CG no. 557). En Allemange on joue ses ouvrages publiés – l’ouverture des Francs-Juges dans plusieurs villes d’Allemagne en 1837 et 1838 (CG nos. 486, 517, 549), puis encore à Mayence en juin 1840 sous la direction de Lachner; le Requiem à Munich à la même époque, exécution à laquelle Berlioz aurait souhaité assister (CG no. 711). On presse Berlioz constamment de publier les grandes partitions de ses symphonies (CG no. 493), mais pendant plusieurs années il s’y refuse, pour les mêmes raisons qu’auparavant. En janvier 1841, utilisant des arguments bien connus, il s’explique à un correspondant anonyme (CG no. 741; cf. déjà les nos. 485bis, 486):

C’est pour n’être point exécuté malgré moi que j’ai obstinément refusé jusqu’ici de laisser publier mes symphonies. Je regrette même que la gravure ait mis en circulation quelques unes de mes ouvertures [Les Francs-Juges, Waverley, Benvenuto Cellini, Le roi Lear]

    Ce n’est finalement qu’en 1842 qu’il accepte de commencer la publication (CG nos. 770, 772). Les années précédentes [1836-1841] il n’a cessé de faire part à sa famille, à ses collègues et amis de son intention de faire le voyage en Allemagne et de souligner l’importance qu’il y attache (CG nos. 485bis, 486, 517, 608 & 612, 635, 655bis, 667, 747). Mais pendant longtemps il est immobilisé par la nécessité de gagner sa vie à Paris: sans poste salarié permanent il est astreint à écrire sans relâche des feuilletons qui lui laissent trop peu de temps pour composer et faire jouer sa musique. De plus sa situation domestique s’aggrave et rendent ses projets de voyage aléatoires. Au début des années 1840 son mariage avec Harriet Smithson est à la dérive, et Harriet s’oppose à ses voyages à l’étranger: elle ne l’accompagnera jamais dans ses périples musicaux, et quand en septembre 1842 il part finalement pour un voyage d’exploration à Bruxelles et Francfort c’est en compagnie de sa maîtresse Marie Recio, qu’il épousera plus tard en 1854, plusieurs mois après la mort de Harriet. Citons le récit de Berlioz, qui fait allusion à Marie Recio mais sans la nommer (Mémoires, chapitre 51):

Sous un prétexte ou sous un autre, ma femme s’était toujours montrée contraire à mes projets de voyages, et si je l’eusse crue, je n’aurais point encore, à l’heure qu’il est, quitté Paris. Une jalousie folle et à laquelle, pendant longtemps, je n’avais donné aucun sujet, était au fond le motif de son opposition. Je dus donc, pour réaliser mon projet, le tenir secret, faire adroitement sortir de la maison mes paquets de musique, une malle, et partir brusquement en laissant une lettre qui expliquait ma disparition. Mais je ne partis pas seul, j’avais une compagne de voyage qui, depuis lors, m’a suivi dans mes diverses excursions.

Les voyages de Berlioz en Allemagne

  Le premier voyage, 1842-1843

    Après dix ans d’attente le voyage que Berlioz entreprend finalement en décembre 1842 est pour lui un défi peu ordinaire. ‘Vous connaissez l’immense importance que ce début musical en Allemagne a pour moi’ écrit-il à Guhr à Francfort fin octobre 1842, au retour de son voyage préparatif à Bruxelles et à Francfort (CG no. 782). Les difficultés pratiques étaient immenses, et Berlioz, plongeant dans l’inconnu, n’est que trop conscient de son ignorance de la langue. Quelle différence d’avec le voyage en Italie de 1831! À J.-C. Lobe à Weimar il fait un aveu désarmant: ‘Je suis horriblement ignorant en géographie européenne […] Quelle honte pour moi de ne pas savoir un mot de Germain!’ (CG no. 792). Pour organiser et faire annoncer des concerts dans les villes allemandes qu’il visite il dépend en premier lieu de l’aide d’amis sur place, comme il le dit à Ferdinand Friedland à Breslau (CG no. 794):

Vous concevez que je dois aller d’abord où j’ai des amis tels que vous qui préparent les voies et s’occupent de mes intérêts avant de me présenter dans une ville comme Vienne où je ne connais personne et où la dépense doit être considérable.

    Il fallait donc improviser le voyage presque jour par jour pour faire face aux circonstances sur place; d’où de nombreux changements de plan. Le début du voyage s’annonce mal: des concerts prévus pour Bruxelles et Francfort n’ont pas lieu. Plusieurs visites projetées sont soit reportées à un prochain voyage (Breslau, Vienne, Pesth), soit n’auront jamais lieu malgré des tentatives ultérieures (Munich, Amsterdam). Les date et programmation de chaque concert sont fréquemment remises sur le métier. Toute communication doit se faire soit par lettre soit par contact personnel sur place. L’entreprise demande tact et souplesse, comme le montre par exemple l’échange de lettres entre Berlioz et J.-C. Lobe à Weimar: Lobe conseille à Berlioz de ménager J.-B. Chélard, musicien établi à Weimar que Berlioz a connu à Paris mais avec lequel Berlioz a perdu contact, et Berlioz suit son avis (CG nos. 792, 793, 796, 798bis et ter). Pour les déplacements on prend soit la diligence, soit le chemin de fer, dont le réseau est en train de s’étendre à travers l’Europe. Les trains permettent un jour à Berlioz de faire l’aller-retour de Leipzig à Dresde en une seule journée, à sa grande surprise (2 février 1843; CG nos. 810, 816): ‘Puissance des chemins de fer!’, s’écrie-t-il à son père (CG no. 820). L’énorme pile de musique, partitions, parties d’orchestre ou de chant, pesant en tout 250kg, fait difficulté: il faut faire transporter le tout à grands frais par diligence (cf. par exemple CG nos. 794, 806bis, 820, 822). Et puis il y a des risques: les symphonies n’étaient pas encore publiées… (cf. CG 781). Voyager et loger dans de bons hôtels coûte très cher, et les recettes des différents concerts sont parfois décevantes. Ensuite il faut recruter des artistes et chanteurs en nombre et qualité suffisants, et les conditions varient d’un endroit à un autre. Berlioz constate rapidement que certains instruments d’utilisation courante à Paris ne se trouvent que rarement même dans les meilleurs orchestres allemands de l’époque (la harpe, le cor anglais, l’ophicléide), et les cymbales qu’on lui fournit sont presque toujours en mauvais état. Les répétitions demandent beaucoup de temps et de patience, d’autant plus que les musiciens doivent s’escrimer avec une musique d’un style neuf qui présente des difficultés à l’exécution. Pendant le voyage Berlioz doit aussi continuer à suivre de loin la scène parisienne: il faut convaincre le public de Paris du succès de son entreprise allemande (CG nos. 795, 817, 818). Et puis il y a des soucis d’ordre personnel. La présence sur place de Marie Recio est un handicap, tant sur le plan personnel que musical, mais Berlioz n’arrive pas à se libérer malgré quelques tentatives (CG nos. 800, 815). À Paris Harriet et son fils sont un sujet d’inquiétude (CG nos. 815, 821). La santé de Berlioz s’en ressent, et il n’est d’ailleurs pas le seul à souffrir d’un hiver exceptionnellement doux: ‘il y a partout en Allemagne un nombre immense de malades’, confie-t-il à son père en mars; ‘j’ai passé par les mains des médecins de Dresde, de Leipzig et de Brunswick’ (CG no. 820).

    Le voyage est trop bousculé pour permettre à Berlioz de composer, sauf pour l’instrumentation de la mélodie Absence pour Marie Recio. Mais dans une perspective plus large il est riche en enseignements: c’est en Allemagne qu’il rencontre pour la première un monde musical différent de celui de Paris (le voyage en Italie de 1831-2 n’est pas comparable sous ce rapport). En Allemagne la musique est prise au sérieux dans toutes les classes sociales, et il existe encore une aristocratie allemande qui défend les arts. Quelques princes s’intéressent même à la musique à titre personnel, tel le Roi de Prusse que Berlioz remerciera plus tard de soutenir les musiciens (Mémoires, Premier voyage en Allemagne, 9ème lettre; Suite du voyage en Russie). Le voyage a aussi un but pratique: Berlioz s’est vu demander par le Ministre de l’Intérieur un rapport sur les institutions musicales de l’Allemagne. Avant son départ il travaille au futur Traité d’instrumentation, qu’il a l’intention de dédier au Roi de Prusse. Connaisseur sans pareil de tout ce qui à trait aux instruments Berlioz est mieux placé que quiconque pour observer de près les traditions et pratiques instrumentales des deux pays.

    Une lettre de Berlioz à son oncle Marmion donne une vue d’ensemble (CG no. 823ter, mars 1843):

Il n’y a rien en Allemagne d’aussi complètement bien qu’au conservatoire de Paris, mais il y a partout de l’excellent. Je dois même dire qu’en raison de la soumission des musiciens et de leur discipline aux répétitions, j’ai obtenu des résultats supérieurs sous certains rapports à ceux de Paris. Ainsi à Brunswick et à Hambourg et à Leipzig, j’ai été exécuté d’une manière irréprochable, il y a eu même des morceaux d’orchestre dits d’inspiration. Les chœurs sont en revanche partout très faibles, il y a un préjugé français en leur faveur dont il nous faut décidément revenir. […]

    De retour à Paris Berlioz dresse un bilan détaillé de ses expériences sous forme d’une série de dix lettres ouvertes, adressées à un nombre d’amis et de collègues, et publiées à l’origine dans le Journal des Débats entre août 1843 et janvier 1844 (voir ci-dessus). Outre un récit circonstancié et plein de pittoresque des voyages et concerts de Berlioz, on y trouve une réflexion approfondie sur les instruments et les pratiques instrumentales en usage en Allemagne en comparaison avec la France, en particulier dans la 7ème lettre (Berlin). Berlioz vante à bien des égards les musiciens allemands, et juge leurs cuivres, surtout leurs trompettes, supérieurs aux français. Les instrumentistes allemands utilisent aussi de manière courante les trompettes et cors à cylindres et c’est en Allemagne que Berlioz entend pour la première fois le bass-tuba. Mais certaines remarques de Berlioz lui causeront des problèmes par la suite, comme il peut le constater à son arrêt à Berlin au retour de Russie en 1847: les flûtes de Berlin avaient mal pris d’avoir été jugées inférieures à leur collègues parisiens et tentent de rallier l’orchestre contre Berlioz… (Mémoires, Suite du voyage en Russie).

    Dans la 10ème et dernière lettre, au seuil de son retour au monde musical parisien, Berlioz s’interroge sur la situation précaire de la musique, sujette au bon vouloir des autorités politiques; sa réflexion s’inspire des différences qu’il a pu constater entre les deux pays sur leur manière de soutenir les arts:

La musique est essentiellement aristocratique; c’est une fille de race que les princes seuls peuvent doter aujourd’hui, et qui doit savoir vivre pauvre et vierge plutôt que de se mésallier.

    Avec son premier voyage Berlioz peut à juste titre se targuer d’avoir franchi un cap: il a conquis beaucoup d’amis et d’admirateurs en Allemagne et occupe maintenant comme compositeur le devant de la scène internationale. Il est désormais célèbre: son nom est connu même d’un employé des postes de Magdeburg (Premier voyage en Allemagne, 10ème lettre)! Les germes plantés au cours du voyage porteront fruit plus tard. L’un des épisodes les plus pittoresques du voyage est la brève visite effectuée à Hechingen dans la Forêt Noire au nouvel an de 1843, à l’invitation du prince de Hohenzollern-Hechingen (Mémoires, Premier voyage en Allemagne, 2ème lettre). Vingt ans après, en avril 1863, ce même prince, maintenant âgé et infirme, invite Berlioz de nouveau, mais cette fois à son château de Löwenberg dans l’est de l’Allemagne, pour y diriger l’excellent orchestre de cour qu’il avait institué. Berlioz est étonné et ravi de la qualité de leur exécution et de leur connaissance de sa musique.

    De retour à Paris au début de juin 1843 Berlioz résume ses impressions à son père (CG no. 838):

Me voilà de retour de ma longue course au travers de l’Allemagne; j’en suis encore bien fatigué, et on le serait pour de moindres efforts, puisque j’ai fait, en cinq mois quatorze concerts et quarante trois répétitions. Le résultat en a été heureusement des plus magnifiques sous le rapport de ma réputation musicale, et satisfaisant sous celui des bénéfices pécuniaires qui ne pouvaient être bien grands eu égard aux énormes dépenses de cette entreprise sans antécédents dans l’histoire de l’art. Ce voyage musical a eu un retentissement prodigieux dans la presse Allemande et par contrecoup dans les presses Françaises, Anglaises et Italiennes. Un compositeur parcourant l’Allemagne pour monter et diriger lui-même des concerts exclusivement consacrés à l’exécution de ses œuvres, c’est ce qui ne s’était jamais vu. J’ai été accueilli partout avec une hospitalité cordiale, dévouée, touchante par les artistes et avec l’empressement le plus flatteur par plusieurs souverains […] Je m’aperçois depuis mon retour à Paris de l’heureux effet en France de ces succès d’outre-Rhin. Mes amis triomphent et mes ennemis enragent; beaucoup d’indifférents sont aussi devenus des prôneurs. Le contre-coup se fait sentir même en Angleterre […]

    Rassemblant un peu plus tard ses souvenirs il conclut son récit avec une interrogation (Premier voyage en Allemagne, 10ème lettre):

[Me] voici maintenant [...] au terme de ce pèlerinage, le plus difficile peut-être qu’un musicien ait jamais entrepris, et dont le souvenir, je le sens, doit planer sur le reste de ma vie. Je viens, comme les hommes religieux de l’ancienne Grèce, de consulter l’oracle de Delphes. Ai-je bien compris le sens de sa réponse? Faut-il croire ce qu’elle paraît contenir de favorable à mes vœux?... N’y a-t-il pas d’oracles trompeurs?... L’avenir, l’avenir seul en décidera. Je dois rentrer en France et adresser enfin mes adieux à l’Allemagne, cette noble seconde mère de tous les fils de l’harmonie. Mais où trouver des expressions égales à ma gratitude, à mon admiration, à mes regrets?… Quel hymne pourrais-je chanter qui fût digne de sa grandeur et de sa gloire?… Je ne sais donc, en la quittant, que m’incliner avec respect, et lui dire d’une voix émue: Vale, Germania, alma parens!

  Le deuxième voyage, 1845-1846

    À peine revenu de ses voyages Berlioz est pris de nostalgie pour le pays qui l’a accueilli. Le 12 juillet il écrit à sa sœur Nancy (CG no. 843): ‘Je voudrais recommencer mes voyages, je voudrais revoir tous ces orchestres allemands qui me font défaut ici à toute heure’. Mais comme tout au long de sa carrière la distance entre intention et réalité se fait cruellement sentir, et pendant les deux années qui suivent Berlioz est encore plus pris que d’ordinaire. ‘Si j’étais libre je retournerais en Allemagne et je ne tarderais pas à vous rencontrer’, écrit-il à un ami de Weimar en septembre 1843 (CG no. 848); ‘Malheureusement je deviens de plus en plus comme Gulliver à Lilliput, des milliers de liens imperciptibles s’unissent pour me retenir à la même place, je souffre par défaut d’air et d’espace, et ne me puis pas même composer!… non, quelque étrange que cela paraisse, il est trop vrai, que je n’ai pas le temps d’être musicien.’ Sa situation domestique est aussi à cette époque en état de crise, comme l’attestent les lettres de 1844 à sa famille (CG nos. 910, 920, 923, 924).

    Néanmoins après son retour il entreprend sans tarder la rédaction du récit de son périple allemand pour le Journal des Débats (voyez ci-dessus); les articles sont largement remarqués dans le monde musical d’Europe et en quelques mois traduits et publiés en Allemagne (cf. CG nos. 845, 846, 849, 853, 864, 875, 877, 881bis, 915). Ils contribueront sans doute aux progrès sensibles dans la qualité des orchestres allemands qu’il constatera à bien des reprises au cours de ses voyages des années 1850. – Un projet de visite à Bade dans la Forêt Noire pour donner un concert en août 1844 n’a cependant pas de suite (CG nos. 881, 895, 902, 919) – Berlioz, exténué par les efforts dépensés pour l’organisation du grand concert du Festival de l’Industrie, se voit obligé d’aller prendre un congé de repos à Nice en septembre. Il faudra attendre presque dix ans pour que le lien avec Bade soit renoué.

    Finalement en été 1845 l’incitation à reprendre le chemin de l’Allemagne se présente: avec beaucoup d’autres musiciens de toute l’Europe (CG nos. 962, 987) Berlioz est invité par Liszt à Bonn pour assister à la cérémonie pour l’inauguration d’une statue en l’honneur de Beethoven (10-12 août). Un projet  d’exécution du Requiem ne se réalise pas (CG nos. 962, 969), mais Berlioz reprend contact avec plusieurs de ses connaissances allemandes, entre autres le Roi de Prusse, maintenant dédicataire du Traité d’instrumentation (CG nos. 873, 874, 877, 891bis, 902). Un groupe de musiciens viennois insiste particulièrement pour qu’il se rende à Vienne: Berlioz se décide à y aller avant de poursuivre le projet d’une visite en Russie qu’il médite depuis plusieurs mois (CG no. 992, cf. 962).

    Le second voyage est en partie la simple continuation du premier: Berlioz visite des villes qu’il a été obligé de laisser de côté la première fois (Vienne, Pesth, Breslau). Le voyage lui donne aussi l’occasion de revoir une ville qui avait été particulièrement accueillante en 1843 (Brunswick). Dans les deux voyages même nécessité d’improviser suivant les circonstances: au départ Berlioz n’envisage pas de se rendre à Prague, et à Vienne on lui déconseille ce voyage, qui s’avère cependant l’un des plus réussis de toute sa carrière. Le succès sensationnel de sa visite à Pesth résulte aussi des circonstances et du talent de Berlioz à saisir l’occasion. Comme avec le premier voyage le second reste inachevé – Berlioz pensait s’arrêter à Munich en route pour Vienne, mais une fois de plus le projet avorte (CG no. 1001); il ne peut accepter une invitation à Brême (CG no. 1036ter), visite qui n’aura lieu qu’en 1853.

    Le second voyage diffère du premier par certains autres aspects. L’emploi du temps est moins bousculé, Berlioz réduit le nombre de villes visitées, et la plupart du temps il donne plusieurs concerts dans chaque ville – pas moins de sept à Vienne, où il séjourne plus de deux mois, et six également à Prague. Aucun échec nulle part, et presque partout il est reçu avec enthousiasme. Sa correspondance au cours du voyage donne une impression de plus grande détente – il a même le temps de se comporter en touriste (comme à Prague), et son œil averti observe attentivement les fortes différences de tempérament entre les peuples qu’il visite (CG no. 1029). Sa situation domestique reste en suspens comme avant, mais il s’en accommode mieux; Marie Recio l’accompagne à nouveau, et se présente en Mme Berlioz pour la première fois, ce que Berlioz semble disposé à accepter (CG 1006, 1011, 1020bis, 1022). Mais surtout le voyage n’empêche pas Berlioz de composer: dès son arrivée à Vienne en novembre il écrit le boléro Zaïde. Le voyage incite même à l’inspiration: à l’automne de 1845, après la visite à Bonn, Berlioz entreprend d’écrire la Damnation de Faust, qui intègre et développe considérablement les Huit Scènes de Faust de 1828-9. Il poursuit son travail sur la nouvelle partition en cours de voyage, comme il le raconte dans les Mémoires (c’est, semble-t-il, la seule partition majeure de Berlioz a avoir été écrite en partie en voyage). Comme le librettiste qu’il a choisi (Almire Gandonnière, cf. CG no. 999) n’est pas sur place, Berlioz se voit forcé de devenir pour la première fois son propre librettiste et de compléter son texte lui-même (CG nos. 1029, 1045, 1060). On peut facilement supposer que le renouveau d’intérêt qu’il porte au sujet découle en partie du contact direct avec les lieux qui se rattachent à la légende de Faust (cf. Premier voyage en Allemagne, 3ème lettre, sur les souvenirs littéraires évoqués par sa visite à Weimar au début de 1843).

    Le succès du voyage a tout de même un résultat imprévu. À Vienne on fait à Berlioz une proposition très attrayante: le poste de chef permanent de l’orchestre impérial. Mais après un instant de réflexion Berlioz refuse. Ainsi qu’il l’explique à ses amis et à sa famille, la proposition lui fait prendre conscience des liens profonds qui le rattachent à Paris, malgré toutes les difficultés qu’il y rencontre (CG nos. 1028, 1029). Une lettre à son père de septembre 1846 résume le dilemme en peu de mots (CG no. 1060):

On voulait même me garder à Vienne pour remplacer le maître de la chapelle Impériale qui est mort pendant mon séjour en Autriche. Mais il eût fallu pour cela abandonner complètement la France et j’avoue que malgré toute l’amabilité des Viennois et la bonté de leur souverain cet effort m’eût été impossible. Il n’y a au monde que Paris; c’est une ville électrique qui attire et repousse successivement mais vers laquelle en définitif il faut toujours revenir quand on l’a habitée et surtout quand on est Français.

  Voyages ultérieurs, 1852-1867

    Tout comme après le premier voyage, Berlioz de retour à Paris suppose qu’il va bientôt être sur le chemin du retour vers l’Allemagne et l’Europe centrale. Il veut particulièrement retourner à Prague où il a été si chaleureusement reçu (CG nos. 1041, 1044, 1057, 1174). Mais en fait il perd petit à petit contact avec beaucoup des amis qu’il s’y est fait et malheureusement ce retour n’aura jamais lieu. Ce n’est qu’en 1852 qu’il reprendra le chemin de l’Allemagne. Les années entre-temps sont assombries par des revers qui le touchent gravement: l’échec de la Damnation de Faust à Paris en décembre 1846, compensé en partie par le grand succès de son voyage en Russie en 1847, succès qui à son tour est remis en cause par la déception de son premier voyage à Londres en 1847-8: l’impresario Jullien qui l’a invité fait banqueroute. Pendant qu’il est encore à Londres des révolutions éclatent partout en Europe en 1848, et, choc le plus cruel, son père meurt peu après le retour de Berlioz à Paris pendant l’été.

    Comme pour le premier voyage en Allemagne, Berlioz rédige le récit du second pour le Journal des Débats, dans la même forme de lettres ouvertes (dans la version définitive des Mémoires elles seront toutes adressées à son ami Humbert Ferrand). Mais cette fois la tâche prend plus longtemps (voir ci-dessus). Le contenu des lettres diffère aussi de la première série: elles font moins de place aux concerts de sa propre musique donnés par Berlioz, sauf pour la première exécution de la Marche hongroise à Pesth (3ème lettre), et les visites à Breslau et Brunswick ne sont pas mentionnées (la visite à Breslau est évoquée au début du chapitre 54 des Mémoires). Les lettres brossent par contre un tableau plus complet de l’état de la musique à Vienne (lettres 1 et 2) et à Prague (lettres 4 à 6), et dans la 5ème lettre Berlioz propose une série de recommendations pour l’enseignement de la musique au Conservatoire de Paris.

    À l’encontre des deux grands voyages des années 1840, les voyages de Berlioz en Allemagne à partir de 1852 ne feront pas l’objet de récits développés de sa part (voir ci-dessus). On aurait tort d’en déduire leur moindre importance. Berlioz y remporte des succès éclatants, et ses voyages auront pour conséquence de relancer sa carrière de compositeur d’opéras. Benvenuto Cellini, qui avait échoué à Paris en 1838, est ressuscité par Liszt à Weimar en 1852 et sera promis par la suite à une longue carrière en Allemagne. C’est au cours d’une visite à Weimar en 1856 que Berlioz est finalement convaincu d’entreprendre la composition de son grand opéra les Troyens. Et c’est à indirectement grâce à ses liens avec Bade que Berlioz composera et pourra faire représenter son dernier opéra Béatrice et Bénédict.

    C’est grâce à Liszt que Berlioz reprend le fil de ses voyages en Allemagne: Liszt, établi à Weimar depuis 1848, la transforme en cité-phare consacrée aux grandes œuvres de la musique contemporaine. Entre autres mises en scène qu’on lui doit se trouve Benvenuto Cellini, délaissé depuis son échec à Paris en 1838, mais repris en 1852 dans ce qui deviendra la version dite de Weimar. Berlioz fait le voyage de Weimar en novembre 1852 pour assister à une représentation de l’opéra. Les années suivantes il retourne à Weimar à plusieurs reprises pour y donner plusieurs concerts (1854-6, 1863). Les visites des années 1850 vont influer profondément sur sa carrière, au delà de la reprise de Benvenuto Cellini. En 1853-4 on l’encourage à achever l’Enfance du Christ, qui aura un succès immédiat à Paris et sera exécuté souvent à l’étranger. C’est à Weimar que la princesse Carolyne Sayne-Wittgenstein convainc finalement Berlioz en 1856 d’entreprendre la composition de la grande épopée des Troyens, tâche longtemps méditée mais constamment repoussée. Mais c’est également à Weimar qu’il faut chercher les causes du désaccord qui s’installera plus tard entre Berlioz et son vieil ami et défenseur: Liszt défend la musique de Wagner avec autant d’ardeur que celle de Berlioz et voudrait que Berlioz partage ses convictions, mais à sa déception Berlioz s’y refuse.

    De 1853 à 1856 Berlioz va chaque année en Allemagne pour des tournées de concert, soit dans des villes où il s’est déjà produit (Brunswick, Dresde, Hanovre, Leipzig, Weimar), soit à de nouvelles destinations (Brême, Gotha). En général les voyages sont de plus courte durée que les grandes entreprises de 1842-3 et 1845-6. Le voyage en Allemagne est maintenant un trajet régulier et la musique de Berlioz y est de plus en plus connue, exécutée et appréciée; sa bande d’amirateurs ne cesse de grandir. D’un autre côté Berlioz, compositeur français, est parfois l’objet de préjugés dans la presse allemande, comme par exemple à propos du rôle joué par lui dans les représentations du Freischütz de Weber à l’Opéra en 1841 (CG nos. 1674, 1679, 1682, 1684, 1685), et de son interprétation de la légende de Faust, où même certains de ses admirateurs allemands émettent des critiques: le fidèle Griepenkerl trouve que Marguerite n’est ‘pas assez allemande, elle est trop passionnée’ (CG nos. 1750, 2070). Et puis il y a la question essentielle de la langue: beaucoup de musiciens allemands de l’époque apprennent le français (Mendelssohn et Wagner entre bien d’autres), mais Berlioz, passionné de litterature mais non linguiste, n’a jamais essayé d’apprendre l’allemand, et ne pouvait donc jamais se sentir tout à fait chez lui en Allemagne. En 1854 on lui offre un poste permanent à Dresde, comme à Vienne en 1846, avec la perspective de ‘faire de Dresde le centre musical de l’Allemagne’ (Mémoires, chapitre 59). Plus tôt cette même année le bruit avait même couru qu’il avait été nommé (CG no. 1692). Berlioz ne rejette pas d’emblée l’offre qu’on lui propose (comme il avait fait avec l’offre de Vienne de 1846), mais pour finir l’idée n’aboutit pas et Berlioz reste assujeti à Paris jusqu’à la fin de sa carrière.

    L’époque des grands voyages en Allemagne prend fin en 1856 quand Berlioz se consacre d’abord à la composition des Troyens et ensuite au défi de faire exécuter l’œuvre nouvelle. Pendant plusieurs années jusqu’en 1863 ses déplacements se réduisent pour l’essentiel à une visite tous les ans en été à Bade pour y donner un concert, grâce à l’initiative de l’impresario Edouard Bénazet. C’est Bénazet qui accepte Béatrice et Bénédict, le dernier opéra de Berlioz, à la place de l’opéra qu’il lui avait commandé en 1858 mais que Berlioz n’écrivit pas; Béatrice et Bénédict est représenté pour la première fois à Bade en août 1862 – le seul ouvrage important de Berlioz à être inauguré en dehors de la France (il ne sera jamais représenté à Paris du vivant de Berlioz). L’ouvrage est joué encore à Weimar l’année suivante, et de nouveau à Bade en août 1863. L’année 1863 marque en fait pratiquement la fin de la longue association de Berlioz avec Bade et avec Weimar; dans son esprit c’est aussi la fin de sa carrière active. Par la suite Berlioz ne fera que deux autres voyages en Allemagne, pour diriger la Damnation de Faust à Vienne en décembre 1866, et pour donner un concert à Cologne en février de l’année suivante.

    Longue et complexe histoire que celle des rapports de Berlioz avec l’Allemagne, de son vivant et après sa mort. Posons cependant quelques jalons. C’est à Karlsruhe qu’a lieu la première mise en scène complète des deux parties des Troyens en 1890 sous la direction de Felix Mottl, l’un des plus actifs partisans du compositeur après sa mort. C’est comme il sied en Allemagne que la première tentative – certes défectueuse – d’une édition complète des œuvres musicales de Berlioz est entreprise par la firme de Breitkopf et Härtel à Leipzig entre 1900 et 1907, sous la direction de Charles Malherbe et du chef d’orchestre Felix Weingartner, partisan convaincu de Berlioz tout au long de sa carrière. C’est également en Allemagne que la deuxième publication – cette fois définitive – est lancée en 1967 (par Bärenreiter) pour célébrer le centenaire en 1969 de la mort du compositeur, entreprise qui approchait de son terme au moment du bicentenaire de la naissance du compositeur en 2003 et qui fut finalement achevée en 2006.

Chronologie

(1) 1821-1842

1821
(novembre) Berlioz commence à assister aux représentations à l’Opéra où il découvre la musique de Gluck

1824
(décembre) Berlioz entend pour la première fois la musique de Weber au théâtre de l’Odéon

1827-8
Berlioz entend la musique de Beethoven au Conservatoire et lit le Faust de Goethe en traduction

1829
Berlioz publie une biographie de Beethoven dans Le Correspondant (Critique Musicale I pages 47-61) et une série d’articles en traduction allemande dans le Berliner Allgemeine Musikalische Zeitung (ib. pages 17-45)

1830
Berlioz remporte le premier Prix de Rome, qui l’oblige à un voyage d’études en Italie et en Allemagne

1832
Berlioz projette un voyage en Allemagne en 1833, mais sa rencontre avec Harriet Smithson à la fin de l’année le détourne de ce projet

1833
(16 avril) Les Beaux-Arts autorisent Berlioz à remettre son voyage en Allemagne à 1834
(octobre-décembre) Après son marriage avec Harriet Smithson Berlioz envisage d’abord de partir avec elle en Allemagne, mais le projet tourne rapidement court

1834
(14 janvier) Berlioz sollicite du Ministre du Commerce le prochain versement de sa pension du Prix de Rome et affirme être sur le point de partir pour l’Allemagne (CG no. 302)
(novembre) Publication à Paris et à Berlin de la transcription pour piano par Liszt de la Symphonie fantastique
(décembre) Berlioz touche l’avant-dernier versement de sa pension du Prix de Rome sans être obligé d’aller en Allemagne

1835
(avril-mai) Berlioz refuse une demande de Vienne d’envoyer des exemplaires de ses symphonies
(juillet) Berlioz touche le dernier versement de sa pension du Prix de Rome
(juillet-août) En réponse à un article hostile de Fétis, Schumann publie dans la Neue Zeitschrift für Musik une étude détaillée de la Symphonie fantastique fondée sur la transcription pour piano de Liszt
(décembre) Berlioz apprend le grand succès en Allemagne de la Symphonie fantastique dans la transcription pour piano de Liszt

1836
(février) Publication de la grande partition de l’ouverture des Francs-Juges et d’une transcription pour piano à quatre mains
(22 mars) Schumann publie dans la Neue Zeitschrift für Musik un article sur l’ouverture des Francs-Juges
(23 mars) Article dans la Neue Zeitschrift für Musik par J.-C. Lobe sur l’ouverture des Francs-Juges
(avril-mai) L’éditeur Hoffmeister de Leipzig publie un arrangement dénaturé pour piano de l’ouverture des Francs-Juges; Berlioz lui écrit une lettre de protestation (8 mai)
(11 juin) Dans la Neue Zeitschrift für Musik Schumann parle en termes élogieux de l’ouverture de Waverley
(août) Berlioz envoie à Schumann la grande partition de l’ouverture des Francs-Juges après avoir reçu de lui sa sonate pour piano op. 11
(7 novembre) Exécution de l’ouverture des Francs-Juges à Leipzig sous la direction de C. G. Müller
(28 décembre) Dans une lettre ouverte Berlioz remercie Schumann de son article sur la Symphonie fantastique, et explique sa répugnance à une publication prématurée de ses partitions avant de pouvoir les diriger lui-même en Allemagne, visite qu’il projette depuis longtemps

1837
(19 février) Dans une lettre ouverte Berlioz remercie Schumann d’avoir fait exécuter l’ouverture des Francs-Juges à Leipzig, et développe les mêmes arguments que dans sa lettre du 28 décembre 1836
(avril-mai) Berlioz reçoit d’Allemagne des demandes pour la publication de ses symphonies qu’il refuse
(19 mars) Exécution de l’ouverture des Francs-Juges à Weimar
(7 avril) J.-C. Lobe publie un autre article sur l’ouverture des Francs-Juges dans la Neue Zeitschrift für Musik
(9 mai) Lettre ouverte de J.-C. Lobe en l’honneur de Berlioz dans la Neue Zeitschrift für Musik 
(13 mai) Schumann envoie à Berlioz un exemplaire de l’article de J.-C. Lobe du 7 avril
(14 novembre) Dans une lettre à sa mère Berlioz parle du voyage qu’il projette en Allemagne où l’ouverture des Francs-Juges a été jouée avec succès dans plusieurs villes et la presse allemande réclame sa présence (CG no. 517)

1838
(26 mars) Schumann envoie à Berlioz le Diplôme décerné par la Société Euterpe de Leipzig
(31 mars) Berlioz correspond avec Ludwig Rellstab à Berlin
(mai) Publication de la grande partition du Requiem
(décembre) Le don de 20,000 francs de Paganini encourage Berlioz à envisager avec optimisme le voyage en Allemagne

1839
(février) Berlioz écrivant à Schumann déclare qu’il va se rendre en Allemagne en 1840
(juin) Berlioz espère se rendre à Vienne à la fin de l’année
(décembre) Berlioz estime que le succès de Roméo et Juliette lui sera favorable en Angleterre et en Allemagne

1840
(17 février) Le Journal des Débats annonce une traduction allemande par Duesberg du livret de Roméo et Juliette
(
24 juin) Exécution de l’ouverture des Francs-Juges à Mayence sous la direction de Lachner
(24-26 juin) Exécution du Requiem à un festival de musique à Munich; Berlioz avait espéré y assister et donner un concert

1841
Le mariage de Berlioz et Harriet Smithson est à la dérive; début de la liaison de Berlioz avec Marie Recio
Berlioz est retenu à Paris par l’espoir d’y obtenir un poste permanent
(5 mai) Article de Richard Wagner sur Berlioz dans la Dresdener Abendzeitung
(octobre) Echange de lettres entre Berlioz et Wagner à propos d’un concert au bénéfice de la veuve de Weber (CG no. 757, cf. 765)

1842
(10 janvier) Le Journal des Débats annonce la foundation d’une société à Berlin consacrée à l’exécution d’œuvres religieuses, dont une prévue du Requiem
(17 mai) Le Journal des Débats annonce une exécution de l’ouverture des Francs-Juges le 18-20 juin au cours du festival annuel des Sociétés Philharmoniques du Nord à Minden
(septembre-octobre) Voyage de Berlioz à Bruxelles où il donne deux concerts (26 septembre, 9 octobre), tentative qui doit servir de préliminaire au voyage en Allemagne longtemps médité; il se rend ensuite à Francfort mais ne peut y donner de concert

(2) 1842-1867

Premier voyage en Allemagne

1842
(12 décembre) Départ pour Bruxelles avec Marie Recio
(14-17 décembre) Bruxelles (pas de concert)
(19-24 décembre) Francfort (pas de concert)
(24-30 décembre) Stuttgart (concert le 29)
(31 décembre) En route pour Hechingen

1843
(1-3 janvier) Hechingen (concert le 2)
(3-ca 8 janvier) Retour à Stuttgart (pas de concert)
(ca 8 janvier) Karlsruhe (pas de concert)
(9-14 janvier) Mannheim (concert le 13)
(14-17 janvier) Retour à Francfort (pas de concert)
(17 janvier) Berlioz part pour Weimar sans Marie Recio mais elle le rejoint
(18-28 janvier) Weimar (concert le 25)
(29 janvier-ca 6 février) Leipzig (concert le 4)
(2 février) Aller et retour dans la journée de Leipzig à Dresde par le train
(6-19 février) Dresde (concerts le 10 et 17)
(19-28 février) Retour à Leipzig (concert le 22)
(ca 1-15 mars) Brunswick (concert le 9)
(ca 15-25 mars) Hambourg (concert le 22)
(fin mars - ca 26 avril) Berlin (concerts le 8 et 23)
(27 avril) Magdeburg (pas de concert)
(28 avril- ca 14 mai) Hanovre (concert le 6 mai)
(ca 15 mai - fin du mois) Darmstadt (concert le 23)
(fin mai ou début juin) Berlioz de retour à Paris

(13 août) Début de la publication du Voyage musical en Allemagne dans le Journal des Débats, achevée en janvier 1844
(novembre) Un projet de voyage en Hollande et au Danemark ne se réalise pas (CG nos. 840, 869)
(23 décembre) Berlioz envoie des exemplaires de son Traité d’instrumentation à Meyerbeer à Berlin et au Roi de Prusse, auquel il est dédié; l’ouvrage paraît en janvier 1844

1844
(18 février) Début de la publication d’Euphonia, ou la ville musicale dans la Revue et gazette musicale
(mi-août) Publication sous forme de livre du Voyage musical en Allemagne et en Italie
(fin août) Un projet de voyage à Bade est annulé

1845
(10-12 août) Berlioz assiste aux célébrations à Bonn pour l’inauguration de la statue en l’honneur de Beethoven

Deuxième voyage en Allemagne

(22 octobre) Berlioz part pour Vienne (avec Marie Recio)
(2 novembre) Arrivée à Vienne: concerts le 16, 23, 29 novembre, et le 17 décembre

1846
(janvier) Concerts à Vienne le 2 et 11 janvier
(14 janvier) Arrivée à Prague: concerts le 19, 25 and 27 janvier
(29 janvier) Retour à Vienne; concert le 1er février
(6 février) Départ pour Pesth; concerts le 15 et 20 février
(27 février) Retour à Vienne
(ca 1 mars) Départ pour Breslau; concert le 20 mars
(25 mars) Retour à Prague: concerts le 31 mars, 7 et 17 avril
(18 ou 19 avril) Berlioz passe par Dresde et Leipzig
(21 avril) Arrivée à Brunswick; concert le 24 avril
(début mai) Berlioz de retour à Paris

Voyages ultérieurs

1847
(ca 24 mai - 2 juin) Berlioz à Riga à son retour de Russie; concert le 29
(juin) Berlioz à Berlin; intégrale de la Damnation de Faust le 19
(27 août) Début de la publication du Voyage musical en Autriche, en Russie et en Prusse, achevée seulement en août 1848

1852
(14-24 novembre) Berlioz à Weimar, où il entend Benvenuto Cellini sous la direction de Liszt et donne un concert le 20 novembre

1853
(août) Berlioz en Allemagne; il donne un concert à Bade (11 août) et deux à Francfort (20 et 24 août)
(13 octobre - 12 décembre) Berlioz en Allemagne; il donne deux concerts à Brunswick (22 et 25 octobre), deux à Hanovre (8 et 15 novembre), un à Brême (22 novembre), et deux à Leipzig (1 et 10 décembre)

1854
(27 mars - 6 mai) Berlioz en Allemagne; il donne un concert à Hanovre (1er avril), un à Brunswick (2 avril, la première exécution de l’ouverture du Corsaire), quatre à Dresde (22, 25, 29 avril et 1er mai), et s’arrête à Weimar sur la route du retour (ca 3-6 mai)
(juillet-août) Berlioz annule un projet de voyage à Munich pour se présenter comme candidat à l’Institut (CG nos. 1783-4)

1855
(8 février - 2 mars) Berlioz en Allemagne; il donne deux concerts à Weimar (17 et 21 février) où il parle aussi du projet des Troyens; arrêt à Gotha le 27-28 février mais sans donner de concert
(12-29 mars) Berlioz en Belgique, où il donne 3 exécutions de l’Enfance du Christ à Bruxelles (17, 22, 27 mars)

1856
(31 janvier - 2 mars) Berlioz en Allemagne; il donne un concert à Gotha (6 février) et deux à Weimar (17 février et 1er mars); à Weimar il entend aussi Cellini sous la direction de Liszt (16 et 18 février)
(août) Berlioz à Bade, où il donne un concert (16 août)

1857
(août) Berlioz à Bade, où il donne un concert (18 août)

1858
(août- début septembre) Berlioz à Bade, où il donne un concert (27 août)

1859
(août- début septembre) Berlioz à Bade, où il donne un concert (29 août)

1860
(août) Berlioz à Bade, où il donne un concert (27 août)

1861
(août) Berlioz à Bade, où il donne un concert (26 août)

1862
(fin juillet - 12 août) Berlioz à Bade, où il dirige les deux premières exécutions de Béatrice et Bénédict (9 et 11 août)

1863
(avril) Berlioz en Allemagne, où il dirige deux exécutions de Béatrice et Bénédict à Weimar (8 et 10 avril) et donne un concert à (19 avril)
(août) Berlioz à Bade, où il dirige deux exécutions de Béatrice et Bénédict (14 et 18 août)

1866
(décembre) Berlioz à Vienne, où il dirige la Damnation de Faust (16 décembre)

1867
(février) Berlioz à Cologne, où il donne un concert (26 février)

Villes visitées par Berlioz

    Une page séparée est consacrée à haque ville d’Allemagne et d’Europe centrale visitée par Berlioz et où il a donné un ou plusieurs concerts. Pour la commodité la liste, qui est en ordre alphabétique, comprend plusieurs villes en hors de l’Allemagne qui forment partie des mêmes voyages musicaux (Bruxelles,  Pesth, Prague, Riga).

Bade Darmstadt Löwenberg
Berlin Dresde Mannheim
Bonn Francfort Pesth/Budapest
Brême Gotha Prague
Breslau (Wroclaw) Hambourg Riga (en Russie à l’époque)
Bruxelles Hanovre Stuttgart
Brunswick Hechingen Vienne
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