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Berlioz en Italie

NICE

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Contenu de cette page:

Présentation
    Premier séjour: avril-mai 1831
    Deuxième séjour: septembre 1844
    Troisième séjour: mars 1868

Nice en images: Nice autrefois  Le Nice de Berlioz de nos jours

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Présentation

    Nice occupe une place très spéciale dans le cœur de Berlioz à cause des circonstances particulières de son premier séjour en avril-mai 1831. Arrivé à Rome en mars Berlioz est rongé d’inquiétude par l’absence de nouvelles de sa fiancée Camille Moke à Paris; le 1er avril il se décide à quitter Rome pour retourner à Florence. Après une attente là de deux semaines il reçoit une lettre de la mère de Camille Moke qui lui apprend que les fiançailles sont rompues et que sa fille va maintenant épouser le riche facteur de pianos Camille Pleyel. Berlioz décide sur le champ de retourner à Paris pour tirer vengeance des coupables en les assassinant tous les trois… En route et de passage à Gênes il tente vainement de se suicider mais revient vite à la raison; abandonnant son projet vengeur il s’arrête à Nice où il reste un mois du 19-20 avril environ jusqu’au 21 mai. Il donnera plus tard un récit plein d’humour de cet épisode dans son Voyage en Italie de 1844, récit qu’il reprendra pour l’essentiel dans ses Mémoires posthumes (chapitre 34); mais sans aucun doute la blessure personnelle avait été cruelle. En l’occurrence le séjour à Nice marque un moment décisif dans sa vie; il peut amorcer son retour à la vie, et plus tard il appellera cette période ‘les vingt plus beaux jours de ma vie’. Nice évoquera désormais pour lui des souvenirs heureux qu’il rappellera souvent dans ses écrits par la suite. Il y reviendra à deux reprises, une première fois en septembre 1844 où il fait un séjour de plusieurs semaines, et une deuxième fois vers la fin de sa vie, en mars 1868, mais cette fois son séjour a des conséquences tragiques dont il ne se remettra jamais complètement.

Premier séjour, avril-mai 1831

    C’est presque par accident que Berlioz s’arrête à Nice: son intention première était de retourner en France en passant par Turin, mais la police italienne lui refuse un laisser-passer et lui enjoint de passer plutôt par Nice (Nice à l’époque faisait partie de royaume de Piémont-Sardaigne et ne sera rattachée à la France qu’en 1860). Hasard heureux: il est immédiatement séduit par la ville, sa situation et ses environs, et d’ailleurs la proximité de la France lui permet d’être en correspondance suivie avec sa famille à La Côte-Saint-André. Peu après son arrivée il leur écrit longuement (CG no. 219, 21 avril):

[…] J’ai arrêté une chambre délicieuse chez une vieille dame; je suis sur une petite montagne fortifiée, mes fenêtres donnent sur la mer; j’ai pour compagnon de logis dans la même maison, deux jeunes gens d’Arles avec lesquels notre bonne dame m’a fait faire connaissance ce matin.
Voici l’adresse: H.B. chez Mme veuve Pical, maison Clerici, consul de Naples, aux Ponchettes, Nice-Maritime. […]
Nice est une ville vraiment fraîche et rosée, la mer, les montagnes, tout y est verdoyant. Je suis si près de vous que le voyage de Lyon ne coûte que 62 francs; tout le monde parle français. […]

    C’est de son séjour à Nice que date l’amour de Berlioz pour la mer. Une longue lettre adressée à un groupe d’amis à Paris donne un récit détaillé de son arrivée en Italie et de la suite des événements jusqu’à son séjour à Nice (CG no. 223, 6 mai, de Nice):

[…] J’ai un appartement délicieux dont les fenêtres donnent sur la mer. Je suis tout accoutumé au continuel râlement des vagues; le matin, quand j’ouvre ma fenêtre, c’est superbe de voir les crêtes accourir comme la crinière ondoyante d’une troupe de chevaux blancs. Je m’endors au bruit de l’artillerie des ondes, battant en brèche le rocher sur lequel est bâtie ma maison.
Nice, par sa position, est une petite ville vraiment charmante; fraîches et rosées sont la mer et les montagnes. Je fais quelquefois, au risque de me rompre les membres, des excursions dans les rochers; j’ai découvert l’autre jour les ruines d’une tour bâtie sur le bord du précipice; il y a une petite place devant, je m’y étends au soleil et je vois arriver au large de lointains vaisseaux, je compte les barques de pêcheurs et j’admire ces petits sentiers rayonnants et dorés qui (à ce que dit Th[omas] Moore) doivent conduire à quelque île heureuse et paisible.* C’est, parbleu! en nature le sujet de la lithographie de nos mélodies; Gounet, c’est tout à fait cela. […]

* Note: on trouvera le text original complet de ce poème dans la version anglaise de cette page.

    Mais Berlioz fait plus que contempler la mer et faire de longues promenades: les circonstances du séjour stimulent la fièvre créatrice du compositeur. Dès son arrivée il fait part de ses intentions (CG no. 219, 21 avril, à sa famille):

[…] Je vais entreprendre quelqu’immense ouvrage; il ne faut pas que je m’amuse à rêver; ce que je redoute par-dessus tout ce sont les retours de tendresse, les souvenirs de bonheur. En me montrant un avenir, j’oublierai le passé. […]
Oh mon jeune et sublime orchestre, nous nous reverrons donc!… Nous avons de grandes choses à faire ensemble. Il y a une Amérique musicale, dont Beethoven a été le Colomb, je serai Pizarre ou Cortez. […].

    Très vite ses projets se concrétisent. Pendant son arrêt à Florence en attendant des nouvelles de Camille Moke il lit pour la première fois le Roi Lear de Shakespeare: quelques jours après son arrivée à Nice il commence une ouverture sur ce sujet qu’il termine en moins de trois semaines (CG nos. 222, 223, 225), après quoi il entreprend une deuxième ouverture (Rob Roy) qui sera achevée quelques semaines plus tard, et aussi un nouvel ouvrage de caractère autobiographique (le Mélologue, plus tard appelé Lélio) qui mêle déclamation et musique (CG nos. 228, 231). Son séjour à Nice se prolonge plus longtemps que d’abord prévu; pour finir il se met en route pour Rome le 21 mai en passant par Gênes puis Florence, et en cours de route continue à travailler au Mélologue qui sera finalement achevé à Rome (CG no. 230).

Deuxième séjour, septembre 1844

    Berlioz n’oubliera jamais les moments heureux passés à Nice dans des conditions idylliques. Par la suite quand il traverse des périodes difficiles son esprit revient souvent vers ces souvenirs. Dans une lettre au Général Lvov à Saint-Pétersbourg en janvier 1848 il lui écrit: ‘Vous me demandez où je compte passer l’été; je n’en sais rien. Pourtant il est à croire que j’irai encore visiter Nice, comme je fais toujours quand j’ai passé un rude hiver’ (CG no. 1170). À cette date il est déjà revenu une première fois à Nice, en septembre 1844: au cours de l’été il avait organisé et dirigé (1er août) un vaste concert à l’occasion du Festival de l’Industrie, et sur le conseil de son ami le médecin Amussat il va passer quelque temps à Nice pour se remettre de ses fatigues. À l’encontre du séjour de 1831 aucune lettre n’a survécu datant de cette visite, mais d’après le récit des Mémoires (chapitre 53, déjà publié une première fois dans Le Monde Illustré le 13 février 1858), ce deuxième séjour répond à son attente. Au cours de son premier séjour Berlioz était resté semble-t-il aux alentours de Nice, mais cette fois il s’aventure plus loin le long de la côte:

Je ne revis pas sans émotion les lieux où je m’étais trouvé treize ans auparavant, lors d’une autre convalescence, au début de mon voyage d’Italie... Je nageai beaucoup dans la mer; je fis de nombreuses excursions aux environs de Nice, à Villefranche, à Beaulieu, à Cimiez, au Phare. Je recommençai mes explorations des rochers de la côte, où je retrouvai, toujours dormant au soleil, de vieux canons de ma connaissance; je revis des anses fraîches et riantes, tapissées d’algues marines, où je me baignais autrefois. La chambre où j’avais, en 1831, écrit l’ouverture du Roi Lear, étant occupée par une famille anglaise, j’étais allé me nicher dans une tour appliquée contre le rocher des Ponchettes, au-dessus de la maison.

J’y jouis avec délices d’une vue admirable sur la Méditerranée et d’un calme dont je sentais plus que jamais le prix. Puis, guéri tant bien que mal de ma jaunisse, et à bout de mes huit cents francs, je quittai cette ravissante côte de Sardaigne qui a toujours pour moi un si puissant attrait, et je revins à Paris reprendre mon rôle de Sysiphe.

    Ce que Berlioz ne dit pas ici, c’est que, comme au cours de son premier séjour, il a composé à Nice une nouvelle ouverture, nommée d’abord, comme il sied, La Tour de Nice et exécutée pour la première fois dans un concert l’année suivante; l’ouvrage est remanié par la suite entre 1846 et 1851 et rebaptisé Le Corsaire. Berlioz affectionnait particulièrement la tour de Nice (qu’il nomme la Tour des Ponchettes): à l’occasion du rattachement de Nice à la France en 1860 il salue l’événement dans un de ses feuilletons du Journal des Débats (26 juin): ‘Ah ! ma chère tour de Ponchettes, où j’ai passé tant de douces heures, du haut de laquelle j’ai tant de fois envoyé mon salut matinal à la mer endormie, avant le lever du soleil, tu tressailles de joie sur ta base de rochers, tu te sens heureuse d’être une tour de France !’

Troisième séjour, mars 1868

    Au fil des ans Berlioz continue à évoquer Nice de temps à autre dans sa correspondance, et toujours avec bonheur et le souhait de pouvoir y retourner. À sa sœur Adèle en 1857 (CG no. 2254, 12 octobre):

[…] Je suis bien chagrin de ce que tu me dis de la santé de mon oncle; je ne puis croire que le climat de Nice lui soit contraire; comment cela se pourrait-il? c’est l’air le plus doux et le plus pur qu’on puisse respirer. Ah! je voudrais bien pouvoir y aller. […]

    À son fils Louis en 1864 (CG no. 2839, 1er mars; cf. no. 2945):

[…] J’allais mieux depuis que j’ai pris mon parti de ne plus faire de feuilleton. Je puis avec beaucoup d’économie, me passer de ce qu’ils me rapportaient. Mais j’aurais besoin d’aller à Nice guérir mon mal de gorge qui augmente; et je ne puis pas. […]

    À son oncle Marmion en 1867 (CG no. 3227, 12 mars):

Votre lettre m’a fait bien plaisir, j’ai partagé le bonheur que vous éprouvez à vivre tranquille sur le bord de la mer dans cette adorable ville de Nice; et, si je le pouvais, j’irais bien vous y tenir compagnie. J’y suis allé déjà deux fois; mon quartier était celui des Ponchettes. J’habitais, la 1ère fois, la maison Clerici, et la deuxième, la tour qui est bâtie au-dessus contre le rocher. C’est là que j’ai écrit, sinon composé (je composais toujours au bord de la mer) mon ouverture du Roi Lear, il y a trente-cinq ans. Hélas ! Hélas ! elle est encore jeune mais l’auteur est bien vieux. […]

    Pendant sa dernière tournée de concerts à l’étranger, au cours de l’hiver de 1867-1868 en Russie, une pensée revient constamment dans ses lettres: il voudrait échapper aux rigueurs de l’hiver russe pour jouir de nouveau du soleil bienfaisant de Nice et de Monaco (CG nos. 3319, 3327, 3330, 3334). De retour à Paris après son voyage il écrit à Vladimir Stasov (CG no. 3346, 1er mars 1868):

Je ne vous ai pas écrit depuis mon retour, je souffrais horriblement. Aujourd’hui je vais un peu mieux et je viens vous dire bonjour en vous annonçant mon départ pour Monaco. Je partirai ce soir à 7 heures. Je ne sais pas pourquoi je ne meurs pas. Puisqu’il en est ainsi, je vais revoir ma chère côte de Nice et les rochers de Villefranche et le soleil de Monaco. […]

    Mais cette fois tout tourne au tragique. Une première lettre fait part brièvement de ses deux chutes coup sur coup, à Monaco vers le 6 mars et le lendemain à Nice quand il est frappé d’une congestion cérébrale; la lettre est adressée à Josef Derffel après le retour de Berlioz à Paris (CG no. 3347, 19 mars):

Je vous ai écrit, comme nous en étions convenus, peu de jours après mon arrivée de Pétersbourg. Depuis lors je suis allé à Monaco et à Nice où je n’ai éprouvé que désappointements et accidents. Je suis d’abord tombé dans les rochers de Monaco, où je me suis abîmé la figure; c’est un miracle que je ne me sois pas tué. Et puis une autre chute encore à Nice où j’ai dû rester au lit huit jours.
Ici depuis mon retour je reste toujours au lit, et n’ai d’ailleurs pas envie de me montrer, ma figure n’est pas présentable. Cependant mes traits commencent à reprendre leur ensemble. […]

    Le premier récit détaillé est donné par Berlioz à Estelle Fornier quelques jours plus tard (CG no. 3348, 25 mars):

Je vous écris au lieu d’aller vous voir. Je suis dans mon lit à Paris. J’y ai été huit jours à Nice. C’est très bizarre, j’ai fait un absurde voyage. Ma nièce ne sait rien, mon beau-frère ne sait rien, à Grenoble on ne sait rien non plus, mais je ne puis vous laisser plus longtemps ignorer mon accident.
Sachez donc que je m’ennuyais à Monaco depuis deux jours, quand un matin j’ai voulu descendre à la mer par des rochers impraticables. Au bout de trois pas, mon imprudence a été manifeste, je n’ai plus pu retenir ma course, je suis tombé la tête la première sur la figure; je suis resté longtemps à terre seul, sans pouvoir me relever, et ruisselant de sang. Enfin, au bout d’un quart d’heure, j’ai pu me traîner à la villa où l’on m’a essuyé et pansé comme on a pu.
J’avais retenu ma place dans l’omnibus pour retourner à Nice, le lendemain; j’y suis retourné, mais écoutez ceci: arrivé à Nice, j’ai voulu, si défiguré que je fusse, voir la terrasse du bord de l’eau que j’aimais tant autrefois, et j’y suis monté. Je suis allé m’asseoir sur un banc; mais comme je ne voyais pas bien la mer, je me suis levé pour changer de place, et à peine avais-je fait trois pas que je suis tombé raide, sur la figure encore, et que j’ai versé plus de sang que la veille. Deux jeunes gens qui se promenaient sur la terrasse sont venus tout épouvantés me relever et m’ont conduit par les bras à l’Hôtel des Etrangers, voisin du lieu où j’étais tombé. Je suis resté là immobile pendant huit jours au lit, et, quand j’ai eu la force, je suis revenu à Paris sans m’inquiéter de la figure que je faisais en chemin de fer. Ma belle-mère et ma domestique ont fait des cris en me voyant entrer. Depuis lors, je ne quitte pas mon lit, il y a quinze jours que je souffre sans guérir. Mon nez, mes yeux, sont dans un état pitoyable; le médecin, pour me consoler, me dit que c’est un bonheur pour moi d’avoir versé tout ce sang, sans quoi je serais resté sur le coup, le second jour surtout. […]

    Au cours des semaines qui suivent plusieurs lettres donnent un récit semblable des deux accidents (CG nos. 3350, 3354, 3356, 3360; CG no. 3349 précise qu’à Nice la chute de Berlioz est liée à une congestion cérébrale). Une lettre à la Grande-Duchesse de Russie, datée du 14 avril et qu’il met deux jours à écrire (CG no. 3363), ajoute quelques détails supplémentaires (CG no. 3354; cf. 3364):

[…] M. Becker [le secrétaire de la Grande-Duchesse] m’apprend aussi que vous seriez bien aise de savoir par moi-même comment m’est arrivé le double accident dont les journaux ont parlé après mon retour de Russie.
J’étais allé à Monaco pour trouver un peu de soleil. Je n’en trouvais guère; et un matin, après avoir retenu ma place dans l’omnibus de Nice, j’étais allé faire une excursion dans les rochers qui avoisinent la mer; je m’imaginais descendre dans un passage inaccessible. Je n’eus pas fait quatre pas que je sentis la pente m’entraîner, je perdis pied et je vis que je ne pouvais plus me retenir. Aussitôt je tombai la tête la première. Je perdis à peu près connaissance et je restai à terre versant des flots de sang. Des ouvriers qui travaillaient en bas à un chemin de fer entendirent le coup et ne purent venir à mon aide. Quelques minutes après je parvins à grand’peine à l’hôtel de Paris. On me lava et je me couchai.
Le lendemain je voulus profiter de mon omnibus de Nice et malgré ma figure abîmée j’y montai pour m’en retourner. Il fallut quatre heures pour faire le voyage. J’étais à peine arrivé que je voulus encore faire la visite de la terrasse que j’avais autrefois fort aimée près de l’hôtel des Etrangers, où j’étais allé m’installer. Sans doute ma chute de Monaco m’avait donné une rude secousse, car je voulus seulement choisir un endroit pour mieux voir la mer, et sans faire le moindre faux pas je tombai encore sur la figure comme la veille, et plus rudement. Deux jeunes gens qui passaient vinrent me relever tout effrayés de ma chute. J’étais encore en sang, ils me conduisirent à l’hôtel et m’aidèrent à me coucher. Là je restai immobile pendant huit jours, au bout desquels je me fis conduire au chemin de fer. Ce fut ainsi que je revins à Paris sans avoir vu un médecin. Celui que je vis enfin m’a retenu et me retient encore au lit. Il m’assure que je suis heureux d’avoir répandu tant de sang; et que je serais resté sur le coup sans cette circonstance. Maintenant je commence à respirer un peu et il y a des jours où je vais beaucoup mieux. […]

    En fait Berlioz ne se remettra jamais complètement des suites conjuguées de la chute et de la congestion cérébrale, et un peu plus d’un an après il n’est plus.

Nice et ses environs en images

    Sauf indication contraire, toutes les images sur cette page ont été reproduites d’après des gravures, cartes postales et autres publications dans notre collection. © Michel Austin et Monir Tayeb. Tous droits de reproduction réservés.

    Pour l’histoire des lieux illustrés ci-dessous nous avons consulté plusieurs publications, notamment Promenade des Anglais, Nice 1833-1933 (publié dans les années 1930), Nice d’Antan (HC Editions, 2005), un guide pour visiteurs intitulé Musée Masséna, et Nice, La tour Bellanda, document publié par le Centre du Patrimoine à Nice.

1. Nice et ses environs autrefois

1.1 Vues générales de Nice

Nice vers 1830
Nice

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    L’original du tableau ci-dessus par Hippolyte Caïs de Pierlas (1787-1868) est au Musée Masséna.

Nice en 1858
Nice

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    La gravure ci-dessus fut publiée dans The Illustrated London News du 18 décembre 1858.

Nice vers 1860
Nice

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1.2 Vues générales de Villefranche et de Beaulieu

Villefranche en 1858
Nice

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    La gravure ci-dessus fut publiée dans The Illustrated London News du 18 décembre 1858.

Villefranche vers 1900
Nice

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Villefranche vers 1910
Nice

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Beaulieu – le port vers 1880
Nice

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Beaulieu – vue générale et la villa grecque Kérylos
Nice

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Beaulieu – le port, la pointe de la Fourmi et la villa Kérylos

Nice

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Beaulieu au début du XXe siècle
Nice

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1.3 Endroits où Berlioz a séjourné pendant ses visites de 1831 et 1844

1831 – La Maison Clerissi au pied de la Tour Bellanda
1844 – La Tour Bellanda

    La Tour Bellanda surplombe la Rue des Ponchettes, qui tire son nom des petites maisons de pêcheurs connues sous le nom des Ponchettes. C’est sans doute pour cette raison que dans ses lettres, dans les Soirées de l’orchestre et dans son feuilleton de 1860 Berlioz nomme la tour Tour des Ponchettes.

    L’origine de la tour remonte à la construction au XVe siècle d’un mur de défense autour de la ville haute et du château sur la colline (appelée maintenant Colline du Château) qui domine la mer et la ville basse, l’actuel Vieux Nice. Appelée d’abord Tour du Môle, la tour est rebaptisée Tour Saint-Elme au XVIIe siècle (Saint-Elme était le saint protecteur des marins). En 1705 Louis XIV prit la ville et son fort et en 1706 fit démolir complètement le château et le mur de la ville.

    Au pied de la Tour Saint-Elme, dont seul la base a survécu, un certain Clerissi construisit une maison. En 1824 Onorato Clerissi obtint la concession pour les ruines de la tour, et bâtit sur elles une tour imposante avec en haut une terrasse donnant une vue panoramique sur les environs. La tour fut nommée Tour Clerissi après une visite du Roi de Sardaigne Charles Félix pendant l’hiver de 1826-1827. On aménagea des chambres dans la tour pour faire complément à la pension installée à la Maison Clerissi. (On remarquera que dans sa lettre du 21 avril 1831 Berlioz écrit Clerici pour Clerissi; le texte de la plaque qui commémore la reconstruction en 1825 de la tour connue plus tard sous le nom de Tour Bellanda écrit Cléricy.)

    La tour a changé plusieurs fois de propriétaire. Un des derniers propriétaires de la tour reconstruite la rebaptisa Bellanda vers 1850-1860 d’après une autre tour beaucoup plus en retrait, qui formait une autre partie de mur de fortification d’origine du XVe siècle et était nommée Tour Bellanda.

    En 1866 la tour et ses terrains attenants furent achetés par l’hôtelier suisse Jean-Édouard Hug, qui avait déjà acheté en 1856 la vieille Maison Clerissi dans laquelle il avait établi l’Hôtel et Pension Suisse.

    La tour fut rendue plus accessible par la construction en 1888 de l’Escalier Lesage, nommé d’après Jean-Charles Lesage, bienfaiteur de la Ville de Nice qui fit un legs de 50,000 francs pour embellir le château où se trouve la tour.

    Pendant son premier séjour à Nice en 1831 Berlioz demeura à la Maison Clerissi, et pendant son deuxième séjour en 1844 dans la tour (CG no. 3227). Une plaque sur la tour commémore son séjour de 1844.

    En 1924 on ouvrit une annexe de 60 chambres près de la tour.

    Pendant la deuxième guerre mondiale on conçut le projet d’ouvrir un Musée Berlioz dans la tour, mais le projet fut abandonné dans les années 1950 par manque de documentation. En l’occurrence un Musée Naval fut inauguré dans la tour le 1er juin 1963, qui ferma par la suite le 1er décembre 2002. Après une remise en état complète par la Ville de Nice la tour fut ouverte au public à l’été de 2010 avec une exposition d’œuvres par le grand peintre niçois Charles Martin-Sauvagio (1881-1962).

Nice en 1610
Nice

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    La tour à droite dans l’image et près de la mer est la tour appelée d’abord Tour du Môle, puis Tour Saint-Elme, ensuite Tour Clerissi après la reconstruction de 1825 et finalement Tour Bellanda.

    Un exemplaire de la gravure ci-dessus, l’œuvre de Gio Ludovico Baldoino, est aux Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice. L’image ci-dessus a été saisie d’après une plaquette publiée par le Centre du Patrimoine, Nice.

Cascade du Château de Nice
Nice

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Les Ponchettes en 1843
Nice

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    La gravure ci-dessus a été saisie d’après Promenade des Anglais, Nice 1833-1933. La rue qui mène à la Tour Bellanda (voir ci-dessous) se trouve maintenant dans la vieille ville, bordée de belles maisons à toits plats et de galeries d’art.

La Tour Clerissi (maintenant la Tour Bellanda) vers 1834
Nice

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    La lithographie ci-dessus est l’œuvre de Paul-Emile Barbéri (c. 1835) et se trouve au Musée Masséna, Nice. La rue qui mène à la tour est la Rue des Ponchettes.
    La photo reproduite ci-dessus a été prise avec l’autorisation du Musée.

La Tour Bellanda et la Maison Clerissi au milieu du XIXe siècle
Nice

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    La peinture en huile sur toile ci-dessus, reproduite sur une carte postale, et intitulée “Pêcheurs tirant leurs filets sur le bord de mer aux Ponchettes”, est par le peintre niçois Ercole Trachel (1820-1872). L’original de la peinture est au Musée Masséna

La Tour Bellanda au début du XXe siècle
Nice

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    Cette photo de la Tour Bellanda vient de Promenade des Anglais, Nice 1833-1933.

Les Ponchettes vers 1890
Nice

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Les Ponchettes au début du XXe siècle
Nice

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1.4 L’hôtel où Berlioz a séjourné pendant sa visite de 1868

L’Hôtel des Étrangers en 1863
Nice

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    La gravure ci-dessus fut publiée dans L’Illustration en 1863. L’omnibus tiré par des chevaux à la gauche de la gravure porte le nom de l’hôtel et était sans doute pour l’usage exclusif des clients de l’hôtel.

L’Hôtel des Étrangers vers la fin du XIXe siècle
Nice

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    La carte postale ci-dessus fut postée le 2 avril 1904.

    Berlioz ne mentionne pas dans sa correspondance le site exact de l’hôtel, mais la lettre de Berlioz du 14 avril 1868 montre qu’il se trouvait à proximité des terrasses mentionnées ci-dessous.

    Nous remercions bien vivement Mr. Ian Woolf de nous avoir fourni des compléments d’information sur l’hôtel et sur le bâtiment qui se trouve maintenant sur son emplacement. L’hôtel se trouvait au 3, Raoul Bosio dans le Vieux Nice, qui était alors la rue de la Terrasse. Le bâtiment actuel est une annexe de la Mairie, à laquelle il fut incorporé en 1937 (voir le paragraphe suivant). Le jardin intérieur, célèbre à l’époque, a maintenant disparu.

    Nous remercions également M. Alain Dornic de nous avoir renseigné sur les origines historiques de l’Hôtel des Étrangers d’après un panneau explicatif qui se trouve au Centre du Patrimoine de la ville de Nice. Le bâtiment était à l’origine le Palais Corvesy, construit en 1768 par l’architecte Philippe Juvarra et commandé par Clément Guigliotti, puis Clément Corvesy de Gorbio. Confisqué en 1792 à Clément Corvesy, comte de Gorbio, il fut transformé en un hôtel, le célèbre « Hôtel des Étrangers ». En 1937 il fut racheté par la Ville de Nice qui le transforma en annexe de la Mairie qui existe encore, et édifia une halle sur le jardin, aujourd’hui remplacée par un parking et une école.

1.5 Les Terrasses

    L’origine des terrasses remonte au milieu du XVIIIe siècle quand on adapta les toits d’une rangée de entrepôts et de logements au profil bas pour former une terrasse où les visiteurs étrangers déambulaient. Ils pouvaient se promener dans les deux directions et admirer d’un côté la vue sur la mer au sud et de l’autre les montagnes au nord. En 1839, pour recevoir le nombre croissant de touristes on construisit une nouvelle terrasse parallèle entre l’ancienne et la mer. À cause du succès de la Promenade des Anglais, qui avait été récemment ouverte, les deux terrasses tombèrent peu à peu en désuétude.

    C’est très probablement sur la première terrasse qu’en mars 1868 Berlioz subit une congestion cérébrale et tomba, selon le récit des deux lettres citées ci-dessus (CG nos. 3348, 3354).

    À présent les terrasses ne servent plus de promenade, mais les escaliers qui y mènent existent encore et sont situés dans le Cours Saleya.

La première Terrasse vers 1821
Nice

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La première Terrasse au début du 19ème siècle
Nice

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La première Terrasse vers 1834
Nice

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La première Terrasse vers 1845

Nice

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Les Terrasses – vue de la colline du Château vers 1880
Nice

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    La peinture en huile sur toile ci-dessus, reproduite sur un carte postale, est par le peintre niçois François Bensa (1811-1895). L’original de la peinture est au Musée Masséna.

Vue à vol d’oiseau des Terrasses vers 1907
Nice

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Vue à vol d’oiseau des Terrasses vers 1908
Nice

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Les Terrasses vers 1914
Nice

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L’escalier de la première Terrasse dans le marché aux fleurs
Nice

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    La carte-postale ci-dessus date du début du XXe siècle et vient de Nice d’Antan (HC Editions, 2005).

1.6 La Promenade des Anglais

    La Promenade des Anglais fut amorcée vers 1822; la colonie anglaise de Nice en conçut le project et supporta les premières dépenses.

Promenade des Anglais vers 1861
Nice

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    La carte postale ci-dessus reproduit une lithographie par Delbecchi d’après la peinture de Jacques Guiaud (1811-1876); l’original de la lithographie fut publiée dans Nice, vues et costumes (1861). La carte postale a été publiée par le Musée Masséna, Nice.

Promenade des Anglais dans les années 1860
Nice

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    Cette gravure vient de Promenade des Anglais, Nice 1833-1933.

1.7 La gare de Nice

    La gare de chemin de fer fut l’un des premiers bâtiments construits après le rattachement de Nice à la France en 1860, événement salué par Berlioz à l’époque. Commandé par le Maire de Nice, François Malausséna il fut construit par l’architecte en chef de la compagnie PLM (Paris-Lyon-Méditerranée) dans le style néo-Louis XIII courant à l’époque en France pour les gares de chemin de fer. Le premier train entra en gare le 27 septembre 1864. La station a subi de nombreux changements et développements depuis lors, mais le bâtiment d’origine existe encore et fait partie de l’édifice actuel.

    En 1868 Berlioz fit le voyage de Paris à Nice par le train à l’aller et au retour. Pour continuer le voyage vers Monaco avec retour à Nice il prit l’omnibus (CG nos. 3348, 3354).

La gare de Nice vers 1907
Nice

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