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Présentation
Chronologie
Principaux lieux visités par Berlioz
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Voir aussi: Berlioz en Italie. Le voyage en Italie – Le séjour à Rome
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Le premier voyage à l’étranger de Berlioz se distingue de tous ses voyages ultérieurs en Europe. Il résulte uniquement du succès de Berlioz au concours du Prix de Rome en 1830: le réglement imposait en effet au candidat heureux un séjour de deux ans à Rome. Berlioz aurait préféré ne pas quitter Paris, pour des raisons à la fois personnelles et musicales – ses fiançailles avec Camille Moke, et la nécessité de poursuivre sa carrière à Paris, centre de son monde musical. Il essaya bien de se faire dispenser du voyage, et d’éminentes personnalités interviennent en sa faveur – son maître Lesueur, Spontini, Meyerbeer, Fétis – mais en vain.
Voyage stérile donc d’un certain point de vue. Par rapport à ce qu’il trouvait à Paris l’état de la musique en Italie faisait assez piètre figure et ne pouvait aiguiser son instinct musical. Pas d’orchestres, pas de concerts, de mauvais théâtres – et la mesquinerie de la musique à St Pierre détonnait avec la grandeur de l’édifice. La seule musique à retenir son attention était la musique populaire des campagnes italiennes et à Rome, dont on retrouvera des traces dans ses œuvres ultérieures, notamment Harold en Italie et Benvenuto Cellini. Pendant son séjour Berlioz ne songera même pas à donner un seul concert. Les loisirs ne manquent pas – il n’en aura jamais autant par la suite – mais le séjour italien ne se signale pas par un production abondante et originale, comme Berlioz lui-même le constate dans ses Mémoires (chapitre 39). Le bilan se réduit essentiellement aux ouvertures Le Roi Lear et Rob Roy (cette dernière condamnée par la suite par Berlioz après sa première exécution), la Méditation religieuse pour chœur et orchestre, le Quartetto e coro dei maggi, la mélodie La Captive. Il remanie aussi plusieurs mouvements de la Symphonie fantastique. Le Mélologue (qui deviendra par la suite Lélio) ne contient pratiquement pas de musique nouvelle, mais réutilise différents morceaux composés avant le voyage en Italie.
Mais d’un autre point de vue le voyage en Italie marque une étape essentielle dans le développement artistique du compositeur. Berlioz y jouit d’une liberté totale et en profite pour errer à l’aventure dans la campagne italienne où il recueille quantité d’impressions qui marqueront son œuvre de manière ineffaçable. Il visite aussi plusieurs grandes villes en route vers Rome ou sur le chemin du retour (Gênes, Florence, Nice, Milan, Turin, mais pas Venise), et de sa base de Rome il fait de nombreuses excursions aux alentours et au sud vers la Campanie et jusqu’à Naples, mais il n’aura pas l’occasion de visiter la Sicile (Mémoires, chapitre 41; Correspondance générale no. 269, ci-après CG tout court). A l’époque son exil romain lui paraîtra souvent pesant et ennuyeux, mais par la suite il se souviendra avec nostalgie du séjour italien: ce n’est pas un effet du hasard si les Mémoires donnent une place si large au voyage en Italie (chapitres 32-43). L’atmosphère et le coloris méditerranéen que l’on trouve dans tellement d’œuvres écrites par la suite – Harold en Italie, Benvenuto Cellini et l’ouverture du Carnaval romain, Roméo et Juliette, Béatrice et Bénédict – remontent évidemment au séjour en Italie. Le voyage donne également à Berlioz l’occasion de visiter le cadre d’une partie de l’Enéide, dont la lecture avait tellement marqué son imagination d’enfant: étape importante donc sur le long chemin qui mènera plus tard à la composition des Troyens à partir de 1856. Des événements plus récents stimulent aussi son imagination lors du voyage de retour en France: c’est en traversant la plaine du nord de l’Italie que Berlioz a l’idée d’une symphonie pour harmonie militaire inspirée par les souvenirs de la campagne d’Italie de Napoléon (un carnet d’esquisses de 1832-1836 en porte la trace). L’œuvre ne verra jamais le jour, mais a pu inspirer en partie la Symphonie funèbre de 1840 et le Te Deum de 1848-1855.
Le voyage en Italie s’avère bénéfique aussi sous d’autres rapports. L’atmosphère cosmopolite de Rome et de la Villa Medici donnent à Berlioz l’occasion de rencontrer deux autres compositeurs, Mendelssohn et Glinka, dont il admire la musique et qu’il reverra par la suite – Mendelssohn lors de son premier voyage en Allemagne en 1843 qui l’invite à visiter Leipzig, et Glinka en 1844 quand le compositeur russe vient s’installer pour un an à Paris. Dans deux des concerts qu’il donne au Cirque Olympique en 1845 Berlioz fait entendre de la musique du compositeur russe (16 mars et 6 avril). Mais les rapports établis alors entre les deux hommes ne se prolongeront pas par la suite.
L’Italie fournira aussi à Berlioz un champ nouveau pour son activité littéraire. Malgré sa répugnance à faire le voyage et sa hâte de revenir, l’écrivain en lui a été inspiré par l’Italie. Les lettres écrites d’Italie, parmi les plus belles de sa correspondance, donnent un avant-goût de ses récits à venir; plus d’une cinquantaine ont survécu, la plupart à sa famille mais quelques-unes aussi à des amis. Elles donnent ses impressions sur le vif du pays qu’il est en train de découvrir, et permettent aussi d’établir une chronologie plus précise de ses déplacements que ne le font les Mémoires. Puis en décembre 1831 Berlioz reçoit une première commande pour un article sur la musique en Italie, article qui paraîtra bientôt (15 mars 1832) dans la Revue européene (Critique Musicale I, p. 69-83 [ci-après CM]). De retour à Paris il entreprend une longue série d’articles sur son voyage et ses impressions d’Italie, qui paraîtront dans la presse parisienne de 1833 à 1836 (CM I p. 91-112, 153-70, 211-19, 239-44; II p. 263-70, 477-82, 521-9, 567-81; voir aussi V p. 509-15.). Tous ces articles fourniront la matière du récit italien dans le second tome de son Voyage musical en Allemagne et en Italie, paru en 1844, et ce récit à son tour sera repris avec peu de changements dans les chapitres italiens de ses Mémoires (chapitres 22-23, 25, 29-43).
Berlioz ne retournera jamais en Italie par la suite – à l’exception de Nice – mais la possibilité se présentera à lui au moins une fois. En 1843 et 1844, après le succès de son premier voyage en Allemagne, le compositeur s’enhardit à élargir ses horizons musicaux à d’autres pays. Entre autres projets (Hollande, Danemark, Angleterre) il envisage un voyage en Italie: il correspond avec Alberto Mazzucato, professeur de chant au Conservatoire de Milan, au sujet d’une éventuelle visite pour donner des concerts au théâtre de La Scala. Le projet n’aboutira pas: Liszt et d’autres amis mettent Berlioz en garde contre l’insuffisance des ressources instrumentales disponibles et le peu d’intérêt à attendre du public (CG nos. 861, 872, 901; cf. aussi 842, 902). La question ne semble pas se poser de nouveau par la suite. D’un autre côté Berlioz est en rapport à partir de 1843 avec la maison d’édition Ricordi à Milan, dont il avait une excellente opinion – il existe plusieurs lettres de Berlioz, d’abord à Giovanni Ricordi (1785-1853) le fondateur de la maison, puis à son fils Tito (1811-1888), l’éditeur des opéras de Verdi. Ricordi publie en 1843 une édition italienne du Traité d’instrumentation, traduite par Alberto Mazzucato, qui sera réimprimée en 1864. Il publie aussi en 1853 la deuxième édition du Requiem, suivie d’une troisième en 1867, édition qui fera dire par Berlioz à son ami Humbert Ferrand: ‘Si j’étais menacé de voir brûler mon œuvre entière, moins une partition, c’est pour la Messe des morts que je demanderais grâce’ (CG no. 3209).
Mais pour Berlioz les souvenirs d’Italie les plus durables ne concernent pas en premier lieu la musique. Jamais plus il n’aura la même liberté que celle dont il jouit en Italie comme lauréat du Prix de Rome; citons les Mémoires (chapitre 37):
Cruelle mémoire des jours de liberté qui ne sont plus! Liberté de cœur, d’esprit, d’âme, de tout; liberté de ne pas agir, de ne pas penser même; liberté d’oublier le temps, de mépriser l’ambition, de rire de la gloire, de ne plus croire à l’amour; liberté d’aller au Nord, au Sud, à l’Est ou à l’Ouest, de coucher en plein champ, de vivre de peu, de vaguer sans but, de rêver, de rester gisant, assoupi, des journées entières, au souffle murmurant du tiède Scirocco! Liberté vraie, absolue, immense! O grande et forte Italie! Italie sauvage! insoucieuse de ta sœur, l’Italie artiste,
La belle Juliette au cercueil étendue.
Note: pour le séjour de Berlioz en Italie les Mémoires donnent peu de dates exactes; la chronologie ci-dessous est établie d’après la correspondance du compositeur qui laisse plusieurs incertitudes de détail.
1830
30 décembre: Berlioz quitte Paris pour La Côte
1831
8 février: Berlioz quitte La Côte et part pour l’Italie, en passant par Lyon puis Marseille
16-27 février: Berlioz voyage par mer de Marseille à Livourne
1-5 mars: Berlioz à Florence; il voit I Capuletti e I Montecchi de Bellini mais sort après le premier acte de La Vestale de Pacini
Vers le 10 mars: Berlioz arrive à Rome
De mars au début avril: Berlioz loge à la Villa Medici, où il rencontre Mendelssohn
1er avril: Berlioz quitte Rome pour Florence, où il reste jusque vers le 15 avril. Il lit Le Roi Lear et forme le projet d’un oratorio, Le Dernier Jour du Monde; il assiste à l’enterrement d’un neveu de Napoléon
Vers le 15 avril: il apprend de la mère de Camille Moke que sa fille s’est fiancée à Camille Pleyel, et décide de retourner à Paris pour les tuer tous les trois
17 avril: Berlioz se jette à la mer à Gênes mais est repêché
18 avril: avant d’atteindre San Remo Berlioz renonce à son voyage à Paris
Vers le 19-20 avril: Berlioz s’arrête à Nice, où il passe presque un mois; il
écrit l’ouverture Le Roi Lear, commence un autre ouverture, Rob Roy, ainsi que le Mélologue (plus tard nommé Lélio)
21 mai: Berlioz quitte Nice
Vers le 23-25 mai: séjour de Berlioz à Gênes, où il voit Agnese de Fitzhenry de Päer
Vers le 28-30 mai: séjour de Berlioz à Florence
Vers le 31 mai-2 juin: Berlioz voyage de Florence à Rome, et termine le trajet à pied tout en écrivant le texte du Mélologue
3 juin: Berlioz arrive à Rome
Juin: à Rome Berlioz remanie le Mélologue
18 juin: première visite à Tivoli
Vers le 3 juillet: Berlioz va passer 6 jours à Tivoli
9 juillet: Berlioz se rend à Subiaco et passe deux semaines à errer dans les Apennins
Vers le 25 juillet: retour de Berlioz à Rome
Août-septembre: Berlioz à Rome
Août: Berlioz compose la Méditation religieuse sur un poème de Thomas Moore
Début septembre: nouvelle visite à Subiaco
Fin septembre: Berlioz se met en route pour Naples avec quelques amis
1er octobre: Berlioz arrive à Naples où il assiste à Zaira de Mercadante et à Le convenienze ed inconvenienze teatrali de Donizetti
2 octobre: Berlioz visite le Pausilippe
4-5 octobre: Berlioz fait l’ascension du Vésuve
7 octobre: Berlioz explore la baie de Baia; souvenirs virgiliens
Entre le 8-12 octobre: Berlioz rend visite à Pompeii et à Castellamare di Stabia; il renonce au projet de se rendre en Sicile
14 octobre: Berlioz quitte Naples pour retourner à pied à Rome
21 octobre: Berlioz arrive à Subiaco où il reste 3 jours; il est de retour à Rome dans la dernière semaine d’octobre
Vers le 20 novembre: excursion à Tivoli et Subiaco
28 novembre: on demande à Berlioz un article pour Le Correspondant sur l’état de la musique en Italie
2ème moitié de décembre: Berlioz écrit l’article pour Le Correspondant,
qu’il envoie vers la mi-janvier; l’article est publié dans la Revue
européenne en mars 1832, et aussi dans la Revue musicale en mars-avril. De larges emprunts de cet article seront faits plus tard par Berlioz dans ses Mémoires
1832
Janvier-avril: Berlioz rencontre le compositeur russe Glinka; il compose le Quartetto e coro dei maggi et forme le projet d’une œuvre inspirée par le Roméo et Juliette de Shakespeare
Entre le 1-15 février: pendant une excursion dans les montagnes Berlioz écrit La
Captive sur un poème de Victor Hugo
Vers le 15 février: autre excursion dans les montagnes
Mars: excursions dans la campagne autour de Rome
Avril: excursions à Tivoli, Subiaco, Palestrina et Albano
Fin avril: achèvement du portrait de Berlioz par Signol
2 mai: Berlioz quitte Rome et prend la route du retour pour Paris (qu’il n’atteindra qu’en novembre)
12 mai au 14 mai ou plus tard: arrêt à Florence
20 mai: arrêt à Milan jusque vers le 23 mai
25 mai: de passage à Turin Berlioz conçoit le projet d’une symphonie pour harmonie militaire inspirée par les souvenirs de la campagne d’Italie de Napoléon
Fin mai: Berlioz quitte définitivement l’Italie
1844
Septembre: deuxième séjour de Berlioz à Nice
1868
Début mars: dernier séjour de Berlioz à Nice (qui fait partie de la France depuis 1860)
Rome:
La Villa Medici
La basilique Saint-Pierre
La chapelle Sixtine
Le Café Greco
La Place d’Espagne et l’escalier de la Trinità dei Monti
La Piazza del Popolo
La Place Navone (Piazza Navona)
Le Colisée
Les thermes de Caracalla
Transtévère
Benvenuto Cellini à Rome
Tivoli:
Le temple de Vesta
La Villa Gregoriana
La Villa d’Este
La Villa Adriana
Subiaco
Les Abruzzes et les pifferari
Naples et la Campanie
La grotte du Pausilippe et ‘le tombeau de Virgile’
Mantoue et le Mont Albain
Nisida
Milan
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