The Hector Berlioz Website

Le Freyschütz

Récitatifs de Hector Berlioz

Livret de Friedrich Kind, traduit par Emilien Pacini

search   home        accueil   searchf

 

Récitatif avant le no. 2 (Trio et chœur)

Récitatif avant le no. 3 (Valse)

Récitatif avant le no. 5 (Ronde)

Récitatif entre les strophes du no. 5

Récitatif avant le no. 8 (Ariette)

Récitatif avant le no. 9 (Scène et Air)

Récitatif avant le no. 10 (Trio)

Récitatif pour les phrases parlées dans le no. 11 (Final)

Récitatif avant le no. 14 (Romance)

Récitatif avant le no. 15 (Ronde favorite)

Récitatif dans le no. 15

Récitatif avant le no. 18 (Final)

Récitatif avant le no. 2 (Trio et chœur)

KUNO

Que vois-je, et qui donc a l’audace
de menacer mon jeune garde-chasse?

KILIAN

Monsieur le Grand Veneur,
on use de son droit.
Nous rions aux dépends
d’un tireur maladroit.

KUNO

Se pourrait-il?

KILIAN

Le paysan l’emporte ma foi
sur le chasseur.

KUNO (à Max)

Toujours manquer ainsi.

MAX

Hélas!

GASPARD (à part)

Merci Samiel, merci.

(haut)

Pour viser de la sorte,
oui, le Diable s’en mêle.

MAX

Ah, que dis-tu?

GASPARD

L’ami, écoute.
Au carrefour de la forêt antique,
vendredi prochain, vers le soir,
en répétant trois fois le nom
du Chasseur Noir,
avec un fer sanglant
trace un cercle mystique.

KILIAN

Dieu nous préserve ici
d’un suppôt de Satan.

KUNO

Mauvais sujet, va-t-en!
Si je croyais sur toi
ce que je viens d’apprendre...

Max, tu dois pourtant justifier
le bienfait éclatant du Prince
qui donne à mon gendre
ma place héréditaire qu’un fils seul
peut prendre.
Au tir royal, sois donc vainqueur demain,
ou sinon de ma fille,
un autre aura la main.

MAX

Demain le coup d’épreuve.

KILIAN

Et quelle est l’origine
de cet usage-là?
Maître, contez-nous donc cela.

KUNO

Volontiers. Mon aïeul, dont chacun j’imagine,
a vu le vieux portrait dans ma maison du bois,
était veneur du prince. Un jour allant en chasse,
on vit passer, lié sur un cerf aux abois,
un braconnier puni d’avoir enfreint les lois.

CHŒUR

O Ciel!

KUNO

Le prince ému promet soudain
la place de garde héréditaire
à qui délivrera le malheureux.
Mon aïeul met en joue,
le cerf tombe.
Hourra! Le braconnier vivra!

CHŒUR ET KUNO

O bonheur!

KUNO

Mon aïeul, qu’à l’envie chacun loue,
obtint l’emploi promis,
et qui doit à mon gendre
être après moi transmis.

KILIAN

Cette prouesse en tout lieu fut vantée.

KUNO

Les envieux parlaient
d’une balle enchantée.

GASPARD

A mon aide, Samiel.

KILIAN

C’est de l’esprit malin un piège m’a-t-on dit.
Ma grand-mère souvent
m’en a parlé de même.
Six de ces balles-là portent,
mais la septième appartient
au démon qui la dirige à son gré.

GASPARD

Bon! le joli conte.

KUNO

A ce temps-là remonte un tel usage.
(à un chasseur)
Or ça, va voir à la maison
si les batteurs sont prêts.
(à Max)
Et quant aux pièges du Diable,
c’est l’amour qui fait le sortilège.
Mais tu réussiras demain
aux yeux de tous.
Allons, courage,
et sois exact au rendez-vous.

Récitatif avant le no. 3 (Valse)

KILIAN

En vérité, c’est un brave homme.
(à Max)
Sans rancune,
soyons amis et meilleure fortune!
En attendant, viens danser!

MAX

Moi, danser!

KILIAN

Eh bien, sans toi le bal va commencer
Avec moi qui veut bien valser?

Récitatif avant le no. 5 (Ronde)

GASPARD

Encore là, camarade?
Ah, tant mieux!

MAX

Tu m’espionnes!

GASPARD

Le beau remerciement
après ce que je fais.
Il faut qu’à moi tu t’abandonnes.
Pour toi la raillerie eût de fâcheux effets.
Vengeons-nous!
Eh quoi, de la bière?

(Il frappe sur la table. Une servante paraît à la porte du cabaret.)

Y pensais-tu?
Oui, du vin! Oui, du vin à plein verre!

(La servante apporte du vin)

A nous deux!

MAX

Mais je ne puis boire ainsi.

(Max fait signe que sa tête n’est pas assez forte pour supporter la boisson.)

GASPARD

Certes, il ne t’en faut guère.
A moi, Samiel!

(Il verse du vin à Max. Samiel paraît à la fenêtre de la salle.)

Que vois-je ici?

MAX

Avec qui parlais-tu?

GASPARD

Moi? Comment? Avec qui?
Je te disais:
buvons à notre premier garde.

MAX

Soit!

(Ils trinquent et boivent.)

GASPARD

Maintenant quelque chanson gaillarde!
Tu ne veux pas?
Bon! Cela me regarde.

Récitatif entre les strophes du no. 5

(Première strophe)

GASPARD

Mais à ton tour fais briller
ton talent à la santé
de la charmante Agathe,
ou sans cela...

MAX

Tu deviens insolent.

GASPARD

Aurais-tu l’âme ingrate?

(Deuxième strophe)

GASPARD

Encore un coup!
Tu trinqueras à la santé
de son Altesse.
Qui ne boit pas est un Judas.

MAX

Pour la dernière fois...

GASPARD

Va, foin de la tristesse.

(Troisième strophe)

(L’horloge sonne sept heures. Max prend son fusil)

GASPARD

Eh quoi! Déjà partir?
Tu vas donc à ta belle
apprendre ta défaite.

MAX

Hélas! La pauvre enfant.

GASPARD

Quel pronostic de fête pour demain!
Reste et suis mon conseil.

(rapidement)

C’est un service sans pareil.

MAX

Un service! Et lequel?

GASPARD

Certains secrets de chasse
ont parfois réussi.
Le disque de la lune est ce soir obscurci.
Pour quelque grande chose,
on te garde sans doute.

MAX

Tu distilles pour moi
le poison goutte à goutte.

GASPARD

Ingrat! Prends mon fusil.
Ne passera-t-il rien?
Ah! Cet épervier, tiens! Fais feu!

MAX

Moi! Quel délire!
Il est hors de portée
et je n’y vois pas là.

GASPARD

Fais feu, te dis-je!

(Il tire. Samiel rit.)

MAX

Eh! Qu’as-tu donc à rire?

(L’aigle tombe.)

Ah! Qu’est-ce là?

GASPARD

Vois, le plus grand des aigles.
Peste, quel coup!
Et tué dans les règles,
juste sous l’aile!
On pourrait l’empailler
pour quelque muséum
d’histoire naturelle.

MAX

Dis, cette balle, quelle est-elle?

GASPARD

Cette balle?

MAX

Oui, réponds sans me railler.
Cette balle...

GASPARD (lent)

...Était enchantée.

MAX

Allons donc, tu veux rire?

GASPARD

Ô jeunesse entêtée.
Le roi de Suède au grand jour de Lützen
portait une cuirasse,
et qui le couvrait bien, et pourtant...

MAX

Ciel!

GASPARD

Vois pour toi quel double espoir brille.
Prendre une bonne place,
épouser une fille charmante.

MAX

Aurais-tu encore de ces balles-là?

GASPARD

Non, j’épuisais mon trésor.

MAX

Mais il m’en faut, quoiqu’il m’en coûte.
Peut-on s’en procurer?

GASPARD

Sans doute.
Non pas une seule, beaucoup.

MAX

Comment?

GASPARD

Viens à minuit dans la Gorge du Loup.

MAX

Ciel, que dis-tu? Jamais!

GASPARD

Tu manques de courage.

MAX

Ah! Tremble. Cet outrage...

GASPARD

Et bien donc, fais ce que je veux!
Ce n’est qu’un jeu d’enfant.
Pour fondre cette balle, si tu n’y consens pas,
la fortune fatale t’accablera.
La mort pour Agathe,
pour toi la défaite, la honte!
A moi, Samiel, à moi!

MAX

Agathe mourir,
moi, me jeter dans l’abîme.
Non, non. Malheur ou crime, j’irai!

GASPARD

Dans la Gorge du Loup?

MAX (avec terreur)

Dans la Gorge du Loup.

GASPARD

A minuit?

MAX

A minuit!

(Max sort.)

GASPARD

Victoire pour le coup.

Récitatif avant le no. 8 (Ariette)

ANNETTE (considérant le portrait)

Ton brave aïeul ainsi restera,
j’en suis sûre, cent ans encore.
Et ta blessure?

AGATHE

Ce n’était rien.
La peur, l’étonnement...
Et Max, que fait-il donc?

ANNETTE

Sans doute, il n’est pas loin sur la route,
car ton père m’a dit
qu’il viendrait promptement.

AGATHE (lent et rêveur)

Autour de ce lieu solitaire,
tout est silencieux.
Je ne sais quel mystère
semble planer ici.

ANNETTE

Oui, quand un jour de noces arrive,
il est triste ma foi d’être seules ainsi,
au fond d’un vieux manoir
et sans âme qui vive.

(avec frayeur)

Ah ! Si les maîtres d’autrefois
ranimés tout à coup
sortaient de ces parois!

AGATHE

Que dis-tu?

ANNETTE

Sans être craintive,
je t’avouerai que j’aime mieux
les vivants que les morts,
les jeunes que les vieux.

Récitatif avant le no. 9 (Scène et Air)

ANNETTE

Ô, les nœuds charmants!
Ah merveille!
Quand je me marierai,
je veux être pareille.

AGATHE

Puisses-tu ce jour-là du moins
n’avoir pas les soucis
dont tes yeux sont témoins.

ANNETTE

Qu’est-ce donc?
Conte-moi la fin de ta visite
chez le bon ermite.
Il t’a donné ces roses blanches?

AGATHE

Oui, et sa main les a consacrées.
Mais un astre fatal sur moi,
dit-il, a lui.
Des visions par le Ciel inspirées
lui font voir mes périls.
Peut-être ce portrait
m’eut tuée en tombant,
sans quelque vœu secret.

ANNETTE

Bien expliqué, vraiment!
Jadis mon père, vaillant soldat,
disait que pour braver la loi du destin,
un moyen efficace et prospère
consistait en ces mots: "Çà, coquin, défends-toi!"

AGATHE

Que ces fleurs ont de prix.

ANNETTE

Par les fraîches rosées,
pour les conserver mieux,
qu’elles soient arrosées!

AGATHE

A ton gré, chère Annette.
Et Max qui tarde encor.

ANNETTE

Allons, retirons-nous,
c’est l’heure de la prière
et des beaux rêves d’or.

AGATHE

Jusqu’au retour de Max,
en ce lieu, je demeure.

ANNETTE

A ton aise! Bonsoir!
Car dans son doux essor, le sommeil
caressant de son aile, m’effleure...

Récitatif avant le no. 10 (Trio)

AGATHE

Te voilà donc enfin!

MAX

O mon Agathe!

AGATHE

Des plumes, qu’est cela?
J’avais cru voir des fleurs.

MAX

Tu m’attendis bien tard.

AGATHE

Te voilà, plus de pleurs.
Reste avec nous, je crains qu’un orage n’éclate.

(Max jette son chapeau sur la table de manière que la plume éteint la lumière.)

ANNETTE

Ah! Mon cousin, qu’as-tu fait?

MAX

Maladroit!

AGATHE (au moment où la lumière est rallumée)

Tu parais mécontent.

MAX

Mécontent ? Au contraire.

AGATHE

As-tu gagné?

MAX

Sans doute.

AGATHE

Est-il vrai?

MAX

J’ai le droit, sans être téméraire,
d’espérer beaucoup pour demain.

AGATHE

Mon bonheur était dans sa main.
Tu fus heureux?

MAX

Mais non pas à la cible.
Vois ce que mon bras invincible
hors de portée en l’air frappa d’un plomb certain!

AGATHE

Ah!

MAX

Mais qu’as-tu donc, du sang?

AGATHE

Ce portrait m’a blessée.

(Max parait triste)

Quel accueil pour ta fiancée!

MAX

Comment? Ce portrait...

AGATHE

...était mal suspendu.

ANNETTE

Aussi pourquoi,
lorsqu’il sonne sept heures
te mettre à ton balcon?

MAX

A sept heures dis-tu?

ANNETTE

Elle guette toujours,
quand au loin tu demeures.

MAX

C’est l’heure où cet oiseau
par moi fut abattu.

AGATHE

Tu parles seul.
Tu parais triste.
Te plaindrais-tu de moi?

MAX

Quand j’apporte, joyeux,
un gage de succès, il offense tes yeux!
Est-ce en cela qu’un tendre amour consiste?

AGATHE

Ah ! Ne sois pas injuste, ami.
Ces grands oiseaux
sont d’un fatal présage.

ANNETTE

Ils sont nobles et beaux.

AGATHE

Pourquoi rêver ainsi?
Sais-tu comme je t’aime, ô Max.
Sans toi le plus beau sort
pour mon fidèle cœur
ne vaudrait pas la mort.

MAX

Je dois pourtant partir
à l’instant même.

AGATHE

Eh quoi?

MAX

Je fus heureux une seconde fois.

AGATHE

Vraiment?

MAX

Le plus beau des exploits,
un vieux cerf seize cors.

AGATHE

Se pourrait-il?

MAX

Pour le prendre, les paysans
au fond des bois, cette nuit,
pourraient bien se rendre.
Je ne veux pas manquer le prix d’un si beau coup.

AGATHE

Où l’as-tu donc laissé?

MAX

Dans la Gorge du Loup.

AGATHE (avec effroi)

Dans la Gorge du Loup!

Récitatif pour les phrases parlées dans le no. 11 (Final)

(CHŒUR)

(GASPARD et SAMIEL)

(Samiel disparaît au bruit du tonnerre)

GASPARD

Tout va bien. Mais où donc est ce Max?
Le drôle manquerait-il à sa parole?
A mon aide, Samiel!

(Max paraît sur le haut des rochers)

(MAX)

GASPARD

Mon sursis est gagné.
Merci, Samiel, merci.
Viens donc, camarade.
L’attente est longue ici.
Est-il bien de tarder ainsi?

(MAX)

GASPARD

Descends donc, l’heure avance

(MAX)

GASPARD

Poltron!

(MAX)

(Il montre un rocher sur lequel on aperçoit un spectre qui lui fait signe de reculer)

GASPARD

A mon aide, Samiel!
Sottises dont je ris.
Allons, viens donc!
Et loin de toi la crainte dont ton âme est atteinte.

(Le premier spectre disparaît, et l’on voit Agathe éperdue qui paraît vouloir se précipiter dans le torrent)

(MAX)

GASPARD (lui jetant sa gourde)

Bois! L’air des nuits est frais,
et puis, à notre affaire.
Tu n’as pas peur?

MAX

Non! non!
Que va-t-il advenir de ceci?

GASPARD

Compagnon, veux-tu fondre toi-même?

MAX

Au pacte c’est contraire.

GASPARD

(Il prend dans sa gibecière plusieurs ingrédients qu’il met dans la cuillère à plomb.)

Regarde, pour apprendre
à ton tour le métier.
Du plomb, du vif argent,
un peu de pierre grise,
du verre pilé pris à des vitraux d’église,
l’œil d’un coq et d’un lynx,
du buis de bénitier.
Et toi, roi ténébreux, tu veilles.
Les cabales à leur terme
seront bientôt.
Viens, viens bénir les balles.
Que la tienne surtout
soit bien comme il la faut.
Regarde ce que je verse
et instruis-toi!
Tireur ennemi du jour,
à ma voix, ne sois pas sourd.
Quitte pour moi ton séjour,
tant que le charme est en cours.
Herbes et plomb ont leur poids.
Choisis-en sept, neuf et trois.
Et la dernière est pour toi.
Samiel, Samiel, viens à moi!

Et maintenant, consacrons les balles.

[...]

Récitatif avant le no. 14 (Romance)

ANNETTE

As-tu bien reposé?
Mais que vois-je? Des larmes?
Bon! Pleurs de fiancée
et brouillard du matin ne durent pas.

AGATHE

Mon cœur est plein d’alarmes:
Max sorti par ce temps affreux !

ANNETTE

Il est certain que cette nuit la pluie et la tempête
semblaient faire écrouler le toit sur notre tête.

AGATHE

Et quel rêve j’ai fait!

ANNETTE

Ah! Raconte-le moi.
Je crois à son effet.
Car dans ce jour
c’est le présage du destin de ton mariage.

AGATHE (lent)

Il me semblait changée
en ramier blanc,
de rameau en rameau,
voltiger en tremblant.
Soudain, on met en joue
et la frayeur me glace.
Je tombe, le ramier disparaît.
A sa place, un grand aigle noir
roule à mes pieds tout sanglant.

ANNETTE

Fort bien!

AGATHE

Que dis-tu donc?

ANNETTE

Heureuse destinée.
L’aigle, c’est ton présent d’hyménée.
Le ramier blanc, c’est toi,
parée ainsi, t’élançant au bonheur.
Tu vois?
Je sais aussi bien expliquer les songes.

AGATHE

Ton amitié cherche de vains mensonges.

ANNETTE

Ah! Que lui dire?
Un rêve a souvent réussi
et la preuve, c’est l’histoire que voici.

Récitatif avant le no. 15 (Ronde favorite)

AGATHE

Je rends grâces aux soins
d’une amitié si bonne.

ANNETTE

Il faut ouvrir ce coffre
où l’on mit ta couronne,
car voici tes filles d’honneur.
Bonjour, belles enfants.
Pour lui porter bonheur,
célébrons la beauté
que l’amour environne.

CHŒUR

Acceptez ces bouquets
que chacune vous donne.

Récitatif dans le no. 15

(ANNETTE, CHŒUR)

AGATHE

De tous nos vœux,
mon cœur est pénétré.
Ah, pourquoi dans mon âme
une crainte fatale?

ANNETTE

Allons, par nous que son front
soit orné de la parure nuptiale!

(CHŒUR)

AGATHE

Ô ciel!

ANNETTE

Grand Dieu!
La couronne de mort!
Comment et par quelle méprise?

Allons, on aurait tort de s’effrayer.
Oui, par la vieille Lise l’erreur sans doute
fut commise. Mon triste cœur se brise.

(Annette referme la boite et s’éloigne)

AGATHE

Si le Ciel me parlait
par ce signe de deuil?
Ô fleurs, ornerez-vous l’autel ou le cercueil?

ANNETTE

Mais que faisons nous?
Ô la bonne pensée!

(Elle arrange les fleurs sur la tête d’Agathe)

Avec ces roses-là,
que pour la fiancée
une couronne soit tressée!
A merveille! On attend.
C’est l’heure, hâtez-vous!

(CHŒUR)

Récitatif avant le no. 18 (Final)

OTTOKAR

Faisons trêve au banquet.
Au tir je vous invite.
Brave chasseur, votre gendre me plaît.

KUNO

Votre altesse est trop bonne.

GASPARD (à part)

Où donc est la petite?
Samiel, à moi!

(Il regarde sur l’arbre et regarde derrière lui.)

OTTOKAR

Un triomphe complet
justifie en ce jour son choix
et mon bienfait.

KUNO

Prince, croyez qu’il le mérite.

MAX (à part)

Dieu! Si mon bras tremblait!

OTTOKAR

Je ne vois pas la fiancée.

KUNO

Daignez permettre, mon seigneur,
que sans elle
l’épreuve ici soit commencée.
L’émotion redouble
au moment du bonheur.

OTTOKAR

Volontiers.
Ah, sans doute à pareil jour,
nos cœurs battaient aussi.

MAX (à part)

A la fin te voici,
instant que je redoute.
Ô, qui de toi, désormais,
dépend mon destin!
Balle enchantée,
au but, ton coup soit certain!

(Il charge son fusil avec précipitation)

OTTOKAR

Jeune chasseur, sois prêt!
Tiens, cet oiseau: qu’il tombe!

MAX

Cette colombe blanche?!

(à part)

Ah, soutiens-moi, mon Dieu!

(Il vise)

OTTOKAR

Allons, courage! Feu!

AGATHE (accourant)

Arrête! C’est moi la colombe!

(Le coup part, Agathe tombe)

(FINAL)

© Monir Tayeb et Michel Austin. Tous droits de reproduction réservés.

Back to Berlioz Libretti main page

Retour à la page principale Livrets de Berlioz