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Chronologie des voyages de Berlioz
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Berlioz a beaucoup voyagé au long de sa carrière. Dès son enfance il avait une passion pour les voyages et les contrées lointaines, comme il le dit dans ses Mémoires (chapitre 2):
[…] Je passais de longues heures devant des mappemondes, étudiant avec acharnement le tissu complexe que forment les îles, caps et détroits de la mer du Sud et de l’archipel Indien; réfléchissant sur la création de ces terres lointaines, sur leur végétation, leurs habitants, leur climat, et pris d’un désir ardent de les visiter. Ce fut l’éveil de ma passion pour les voyages et les aventures.
Mon père, à ce sujet, disait de moi avec raison : “Il sait le nom de chacune des îles Sandwich, des Moluques, des Philippines; il connaît le détroit de Torrès, Timor, Java et Bornéo, et ne pourrait dire seulement le nombre des départements de la France.” Cette curiosité de connaître les contrées éloignées, celles de l’autre hémisphère surtout, fut encore irritée par l’avide lecture de tout ce que la bibliothèque de mon père contenait de voyages anciens et modernes; et nul doute que, si le lieu de ma naissance eût été un port de mer, je me fusse enfui quelque jour sur un navire, avec ou sans le consentement de mes parents, pour devenir marin. Mon fils a de très bonne heure manifesté les mêmes instincts. Il est aujourd’hui sur un vaisseau de l’État, et j’espère qu’il parcourra avec honneur la carrière de la marine, qu’il a embrassée et qu’il avait choisie avant d’avoir seulement vu la mer.
En fait ce n’est pas une curiosité de touriste qui a poussé Berlioz sur le chemin du voyage: il n’en avait ni le temps ni l’argent, même si son œil critique, toujours en éveil, s’ intéressait à tout ce qu’il voyait autour de lui. La plupart du temps Berlioz voyage en réponse à des impératifs musicaux. Son voyage en Italie en 1831-1832 résulte du Prix de Rome de 1830. Ses voyages dans les années 1840 et par la suite obéissent à plusieurs nécessités. Nécessité en partie de gagner sa vie, étant donné les limites de ce qu’il pouvait accomplir à Paris. Par exemple le premier voyage en Russie résulte en partie de la catastrophe financière de la première de la Damnation de Faust à Paris en 1846: Berlioz espérait pouvoir combler ses dettes en Russie (ce qui arriva en fait). Nécessité surtout de faire connaître sa musique à l’étranger et de la faire entendre sous sa direction comme il la concevait. Trop originale et déroutante, sa musique ne pouvait être confiée sans danger à d’autres chefs: leçon durement apprise, lors des premières exécutions d’Harold en Italie sous la direction de Narcisse Girard au Conservatoire en 1834, ou pendant les répétitions de Benvenuto Cellini sous la direction de Habeneck à l’Opéra en 1838. Pour la même raison Berlioz hésite à faire publier trop vite ses partitions, et se voit forcé de devenir lui-même chef d’orchestre: il fallait à tout prix établir par l’exemple une tradition qui ferait autorité avant de confier la tâche à d’autres. C’est donc presque que par hasard que Berlioz devient grand chef d’orchestre, sans doute le premier de son époque si l’on en croit les témoignages contemporains. Partout dans l’ Europe musicale on réclame ses talents. Il profite de ses concerts non seulement pour jouer sa propre musique, mais aussi pour défendre ses idoles (notamment Gluck et Beethoven): son tout dernier voyage en Russie à la fin de sa carrière en 1867-1868 a pour but, entre autres, de faire sentir à son auditoire russe la grandeur de Gluck.
Au cours de ses voyages Berlioz rencontre de nombreux musiciens, compositeurs, et personnalités intellectuelles marquantes de l’Europe du XIXème siècle: rencontres qui auront parfois une influence décisive sur sa carrière. C’est pendant son premier voyage en Russie, par exemple, que Berlioz fait la connaissance de la Princesse Carolyn Sayn-Wittgenstein, qui plus tard jouera un rôle déterminant dans la genèse des Troyens, mais ce n’est qu’à la suite de ses visites à Weimar entre 1852 et 1856 que leurs rapports deviendront plus étroits.
Bien entendu, les musiciens voyagent depuis longtemps: la carrière de Mozart en est un exemple. On recherche virtuoses et chanteurs un peu partout – parmi les contemporains de Berlioz on peut citer Paganini ou Liszt entre bien d’autres, ou la célèbre cantatrice Jenny Lind qui va même jusqu’en Amérique du Sud: de nombreux musiciens font la traversée de l’Atlantique à l’époque. À l’encontre de bien de ces musiciens Berlioz n’était pas lui-même virtuose. Mais il se signale de ses prédecesseurs à deux points de vue, comme compositeur qui fait connaître et comprendre ses œuvres dans toute l’Europe musicale de son temps, et comme le premier des grands chefs d’ orchestre itinérants. Novateur il l’est aussi dans son activité littéraire. Tous ses voyages sont connus en détail par sa correspondance, et la plupart de ses grands voyages feront l’objet de récits littéraires, d’abord dans des revues et journaux tels le Journal des Débats (voyez le recueil des ses articles dans Hector Berlioz: Critique Musicale), puis dans des livres – notamment les Soirées de l’orchestre (1852), les Grotesques de la musique (1859), et finalement dans ses Mémoires posthumes.
Les voyages de Berlioz se répartissent en plusieurs périodes définies. Jusqu’en 1830 les premières étapes de la carrière du compositeur se déroulent uniquement à Paris. Son premier voyage, qui le mène en Italie en 1831-1832, découle du règlement du Prix de Rome que Berlioz remporte en 1830: le lauréat était tenu d’aller faire un séjour d’études à Rome, même si à l’époque Berlioz aurait préféré rester à Paris, pour des raisons tant personnelles que musicales. Pendant une dizaine d’années après son retour d’Italie il est retenu dans la capitale où il s’efforce d’asseoir sa position et de s’ imposer comme compositeur. La période des grands voyages commence en 1842 et se poursuit de manière intermittente jusqu’en 1856, avec une interruption en 1849-1850 après la révolution de 1848. Après la visite à Gotha en 1856 les voyages à l’étranger s’interrompent jusqu’en 1863, sauf pour le voyage que Berlioz fait chaque année à Bade de 1856 à 1863. Pendant cette périod sa préoccupation majeure est la composition des Troyens (1856-1858), et par la suite la tentative de faire monter l’opéra nouveau à Paris – tentative qui ne se soldera que tardivement avec un demi-succès en 1863. Berlioz reprend alors ses voyages, en 1863 puis en 1866-1868, mais de manière moins active, avec en conclusion son deuxième voyage en Russie, le dernier voyage musical de sa carrière.
La chronologie ci-dessous ne donne qu’une vue d’ensemble des voyages de Berlioz; pour plus de détails on se reportera aux pages consacrées à chaque pays dont la liste est présentée ci-dessous.
Voyage en Italie faisant suite au Prix de Rome de 1830
Septembre-octobre: voyage préliminaire à Bruxelles et Francfort
12 décembre 1842 - mai/juin 1843: premier grand voyage en Allemagne, au cours duquel Berlioz donne un ou plusieurs concerts à Stuttgart, Hechingen, Mannheim, Weimar, Leipzig, Dresde, Brunswick, Hambourg, Berlin, Hanovre, et Darmstadt. Il passe aussi par Bruxelles et Francfort mais sans y donner de concerts
Juin: Berlioz se rend à Marseille où il donne deux concerts (19 et 25 juin)
Juillet: Berlioz se rend de Marseille à Lyon où il donne deux concerts (20 et 24 juillet)
Août: Berlioz assiste à Bonn aux célébrations en l’honneur de Beethoven organisées par Liszt
22 octobre 1845 - mai 1846: second grand voyage en Allemagne et en Europe centrale, au cours duquel Berlioz donne un ou plusieurs concerts à Vienne, Prague, Pesth, Breslau et Brunswick
14 juin: Berlioz donne un concert à Lille qui comprend la première exécution de la cantate Chant des chemins de fer écrite spécialement pour l’occasion
Février - mai: premier voyage en Russie, avec concerts à St Pétersbourg et à Moscou; sur le chemin du retour Berlioz donne des concerts à Riga (mai) et à Berlin (juin)
3 novembre 1847 - 14 juillet 1848: premier voyage à Londres
29 octobre: Berlioz dirige un concert dans la salle de l’opéra du château de Versailles
10 mai - 28 juillet: second voyage à Londres
4 mars - 20 juin: troisième voyage à Londres
14 - 24 novembre: voyage à Weimar, où Berlioz entend Benvenuto Cellini sous la direction de Liszt et donne un concert
14 mai - 9 juillet: quatrième voyage à Londres
2 août - fin du mois: voyage en Allemagne, où Berlioz donne un concert à Bade et deux concerts à Francfort
14 octobre - 12 décembre: voyage en Allemagne, où Berlioz donne deux concerts chacun à Brunswick, Hanovre et Leipzig et un à Brême
28 mars - 7 mai: voyage en Allemagne, où Berlioz donne un concert à Hanovre, la première exécution de l’ouverture du Corsaire à Brunswick, quatre concerts à Dresde, et s’arrête aussi à Weimar
8 février - 2 mars: voyage à Weimar, où Berlioz donne deux concerts; il parle aussi du projet d’écrire Les Troyens, et s’arrête à Gotha au retour
12-29 mars: voyage à Bruxelles, où Berlioz donne trois concerts
8 juin - 7 juillet: cinquième (et dernier) voyage à Londres
1er février - 3 mars: voyage en Allemagne, où Berlioz donne des concerts à Gotha et à Weimar, où il entend aussi Benvenuto Cellini sous la direction de Liszt
20 juillet -29 août: voyage à Bade, où Berlioz donne un concert, et s’arrête à Plombières à l’aller et au retour
15 juillet - 20 août: voyage à Bade, où Berlioz donne un concert, et s’arrête à Plombières à l’aller
8 août - 5 septembre: voyage à Bade, où Berlioz donne un concert (avec quelques répétitions à Carlsruhe), et revient en passant par Strasbourg
8 juin: Berlioz dirige un concert à Bordeaux
18 août - 4 septembre: voyage à Bade, où Berlioz donne un concert
11 août - début septembre: voyage à Bade, où Berlioz donne un concert
6 - 29 août: voyage à Bade, où Berlioz donne un concert
28 juillet - 13 août: voyage à Bade, où Berlioz donne les deux premières exécutions de Béatrice et Bénédict
30 mars - 23 avril: voyage en Allemagne, où Berlioz donne deux exécutions de Béatrice et Bénédict à Weimar (en allemand), et un concert à Löwenberg
15-23 juin: voyage à Strasbourg pour y diriger une exécution de L’Enfance du Christ (22 juin)
3 - 21 août: voyage à Bade, où Berlioz donne deux exécutions de Béatrice et Bénédict
17 - 20 juillet: voyage à Louvain, où Berlioz est membre d’un jury qui examine des œuvres sacrées
5 - 21 décembre: voyage à Vienne, où Berlioz donne une exécution de la Damnation de Faust
23 - 27 février: voyage à Cologne, où Berlioz donne un concert qui comprend Harold en Italie
12 novembre 1867 - 13 février 1868: second (et dernier) voyage en Russie, où Berlioz donne 6 concerts à St Pétersbourg et 2 à Moscou; le concert du 8 février 1868 à St Pétersbourg est le dernier qu’il ait dirigé
Pour la commodité du lecteur on a réparti les voyages de Berlioz en différents pays. Suivant l’abondance de l’ information certaines pages sont elles aussi divisées en différentes parties (c’ est le cas notamment de l’Allemagne et de l’Europe centrale, qui recouvrent de nombreuses villes et une série de voyages répartis sur une période assez étendue). La liste de pays donnée ici suit l’ordre chronologique de la carrière de Berlioz.
France
Italie
Monaco
Belgique
Allemagne (et Europe centrale)
Russie
Angleterre (Berlioz a seulement visité Londres)
Suisse (Berlioz a seulement visité Genève)
Voyez aussi sur ce site:
Biographie de Berlioz
Mémoires de Berlioz
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