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À la cour des Ducs de Saxe-Coburg-Gotha la musique était depuis longtemps à l’honneur: dans son étude sur l’Alceste de Gluck, republiée dans À Travers Chants en 1862, Berlioz cite, entre autres versions de l’histoire, un opéra dû à Anton Schweitzer, compositeur allemand contemporain de Gluck. Kapellmeister à la cour du duc de Gotha de 1778 à 1787 Schweitzer avait écrit l’œuvre pour le théâtre de la cour, fondé en 1775. Au 19ème siècle une succession de ducs de Gotha développe les activités musicales de leur cour. Le duc Auguste, qui règne de 1804 à 1822, fait appel au compositeur Ludwig Spohr et à sa femme la harpiste Dorothea Scheidler, et soutient Weber. Son successeur Ernst, qui règne de 1825 à 1844, fait construire un nouveau théâtre, inauguré en 1840 avec une exécution du Robert le Diable de Meyerbeer. Le duc suivant, appelé lui aussi Ernst (1818-1893, règne à partir de 1844), est le plus entreprenant de tous: compositeur lui-même, il soutient vigoureusement l’activité du théâtre et fait jouer ses opéras à Gotha et ailleurs. C’est sous son règne que Berlioz est invité à Gotha où il dirige le 6 février 1856 une exécution de l’Enfance du Christ.
Dans une lettre de septembre 1855 Berlioz affirme avoir connu le duc ‘depuis longtemps’ (Correspondance générale no. 2029, ci-après CG tout court). La date de leur première rencontre ne semble pas établie. Le duc et la duchesse de Saxe-Coburg-Gotha assistent à une représentation de l’opéra The Maid of Honour de Balfe dirigée par Berlioz au théâtre de Drury Lane à Londres le 16 février 1848, mais on ne sait s’ils se sont rencontrés à cette occasion. Assistent aussi à cette représentation la reine Victoria et le prince Albert, frère cadet du duc de Gotha; Berlioz dédie au prince Albert son Te Deum en 1851 (CG no. 1418). Le prince et la reine Victoria seront également présents à la représentation malheureuse de Benvenuto Cellini à Covent Garden en juin 1853 (CG nos. 1609, 1610). Le duc de Gotha y sera lui aussi, comme on le sait d’après une lettre de Berlioz à Liszt de mars 1854 (CG no. 1717):
[…] Je suis d’ailleurs mal à l’aise avec S. Altesse qui me regarde comme une espèce de mezzo-matto, et qui a fait à Paris de la propagande en ma défaveur. Le Duc a entendu Benvenuto à Londres, et ne peut me pardonner d’avoir écrit une partition qui s’accorde probablement fort peu avec l’idée qu’il se fait de la musique Dramatique. C’est du reste tout ce qu’il connaît de mes méfaits. […]
Les contacts entre Berlioz et la cour de Gotha remontent au moins jusqu’à 1852, mais les détails ne sont qu’en partie connus. Une lettre datée du 14 novembre 1852 de Berlioz au Baron de Wangenheim, intendant du duc, et connue seulement d’après un extrait de catalogue, donne un aperçu suggestif: ‘Je vous avoue que ce serait un grand crève-cœur pour moi de n’être qu’incomplètement exécuté en présence d’un Prince aussi savant juge en musique que S.A. le Duc de Gotha’ (CG no. 1531). Plus tard, en janvier 1854, Berlioz écrit à son ami Robert Griepenkerl, qui entretient des liens avec la cour de Gotha et joue le rôle d’intermédiaire (CG no. 1693; voir aussi les nos. 1659, 1793, 1893, 2090):
[…] Je vous remercie d’avoir parlé de moi au Duc de Gotha. Est-ce une Altesse Royale? Comment faut-il lui écrire? Je serai bien aise de profiter de ses bonnes dispositions, si cette infernale guerre [la guerre de Crimée qui menaçait] ne vient pas détruire tous nos projets. […]
Le premier contact direct entre Berlioz et le duc de Gotha concerne néanmoins non la musique de Berlioz mais celle du duc. En 1854 le nouvel opéra du duc, Santa Chiara, est joué pour la première fois à Gotha le 2 avril, sous la direction de Liszt (cf. CG no. 1717; Gotha est à moins de 50 kms à l’ouest de Weimar); le duc invite Berlioz, alors à Brunswick, à assister à la troisième représentation. Berlioz en réponse décline l’invitation: il est sur le point de partir pour Dresde (CG no. 1729; cf. 1717). Mais l’opéra devient rapidement pour Berlioz une complication dont il aurait pu se passer. Le duc souhaite visiblement que l’ouvrage ait bonne presse à Paris où il ambitionne de le faire monter. Joseph d’Ortigue, ami de Berlioz, rend compte de la première à Gotha dans le Journal des Débats du 3 mai 1854, dont le texte est reproduit ci-dessous; une série d’allusions à ce compte-rendu dans les lettres de Berlioz à Liszt d’avril et mai 1854 laissent entendre que la question le préoccupe (CG nos. 1738-9, 1746, 1762).
C’est dans ce contexte qu’une invitation officielle est adressée à Berlioz plus tard en 1854 à venir diriger sa musique à Gotha. Berlioz, sans souffler mot du jugement négatif du duc sur Benvenuto Cellini, donne une réponse affirmative (CG no. 1793, de La Côte-Saint-André, 19 septembre):
Monseigneur,
Je reçois par l’intermédiaire de mon ami R. Griepenkerl l’invitation que vous voulez bien m’adresser de venir à Gotha donner un ou deux concerts au mois de février prochain. Je suis très reconnaissant de l’honneur que votre Altesse m’accorde, en me donnant l’occasion de lui soumettre quelques unes de mes nouvelles compositions. Rien ne me rendrait plus heureux que d’obtenir le suffrage réel et motivé d’un juge éclairé, ami de l’art et artiste lui-même, tel que vous êtes monseigneur; et je vous prie de croire à ma vive gratitude.
Peut-être, avant mon prochain voyage en Allemagne, me sera-t-il permis d’aller vous l’exprimer de vive voix à Paris, où l’on nous fait espérer que vous viendrez présider aux répétitions de Santa Chiara. […]
Cette dernière allusion se rapporte au projet d’exécuter Santa Chiara à Paris, projet qui en l’occurrence ne se réalisera que l’année suivante.
À l’origine le voyage de Berlioz à Gotha en 1855 était censé précéder une visite à Weimar, mais Berlioz préfère intervertir l’ordre (CG nos. 1811, 1894), d’où de nouvelles complications. À Weimar au début de février 1855 Berlioz se prépare activement à se rendre à Gotha vers la fin du mois; il est en rapport avec le Baron de Wangenheim (CG nos. 1893-4, 1897-8), mais pour finir il est retenu plus longtemps que prévu à Weimar. Il écrit à son beau-frère Marc Suat (CG no. 1901, de Weimar, 27 février):
[…] Je suis sur le point de partir pour Gotha où je ne m’arrêterai que le temps de faire une visite au Duc. On m’a retenu ici et enguirlandé de telle sorte que le jour désigné pour le concert de Gotha je n’ai pu m’y rendre et qu’il a été ensuite impossible d’arranger le répertoire du théâtre pour trouver un autre jour. Cela a causé une petite pique d’amour-propre et il faut que j’aille visiter le Duc de Gotha pour tâcher de lui prouver mon innocence dans cette affaire. […]
Le jour suivant, maintenant à Gotha, Berlioz écrit à Fiorentino ‘Le concert de Gotha est détraqué, je crois qu’il n’aura pas lieu. Je ne puis rester ici, je dîne ce soir chez le Duc’ (CG no. 1903). Le même jour, après le dîner au palais, il écrit à Griepenkerl (CG no. 1904):
[…] Je suis à Gotha depuis hier; je viens de dîner à la cour où j’ai eu l’honneur de causer quelque temps avec S.A. La Duchesse; le Duc étant malade n’a pu paraître au dîner. M. De Wangenheim et la Duchesse m’ont fait promettre de revenir l’an prochain et je me suis engagé à aller directement de Paris à Gotha. Il n’y aura pas de malentendu cette fois. Adieu, je pars cette nuit pour Paris. […]
L’opéra du duc, Santa Chiara, est finalement représenté à l’Opéra de Paris le 27 septembre 1855. L’ouvrage inspire à Berlioz des sentiments visiblement très partagés, mais Berlioz est dans une situation délicate étant donné le voyage prévu à Gotha (il jugera prudent d’inscrire l’ouverture de l’opéra au début du programme de son concert; voir CG nos. 2089, 2090 ci-dessous). Le 30 septembre il écrit à sa sœur Adèle (CG no. 2029):
[…] Ce qui n’empêche pas le ministre d’état de me faire chaudement recommander l’opéra de S.A.R. le Duc de Gotha, que nous avons entendu Jeudi dernier. J’ai répondu que j’avais l’honneur de connaître depuis longtemps son Altesse et que j’eusse en tout cas dit de sa musique ce qu’il en faut dire pour lui être agréable. J’ai en effet terminé hier un prodi-gieux feuilleton qui paraîtra dans deux ou trois jours, et où la vérité se trouve si intimement unie au mensonge, qu’ils ne font qu’un, lequel un, en sa qualité de mâle, domine absolument. A-t-on baillé! L’Empereur a dormi jusqu’au ballet. […]
Le compte-rendu paraît dans le Journal des Débats du 2 octobre 1855. Plus tard dans l’année et au mois de janvier suivant Berlioz prépare activement son voyage à Gotha; il est de nouveau en rapport avec le Baron de Wangenheim sur les questions pratiques. Mme Pohl, femme de Richard Pohl, ami et traducteur de Berlioz, doit venir de Weimar pour jouer les parties de harpe, et on versera 200 Thalers à Berlioz (CG nos. 2056, 2065, 2072, 2074, 2076-7). Berlioz, accompagné de Marie Recio, quitte Paris le 30 janvier, arrive à Gotha le 1er février (CG nos. 2083, 2087), et loge au Deutscher Hof (CG nos. 2090-1; l’emplacement de l’hôtel, qui n’existe plus, n’est pas connu). Le jour de son arrivée (1er février) il écrit à Richard Pohl (CG no. 2089):
[…] Je remercie mille fois Mme Pohl d’avoir bien voulu accepter l’invitation de M. de Wangenheim, je n’aurais rien pu faire sans elle. Le programme est ainsi composé:
1o L’ouverture de Santa Chiara
2o Le Spectre de la rose (mélodie pour contralto et orchestre) chantée par Mme Falconi. J’entendrai ce morceau pour la Ière fois.
3o L’Enfance du Christ
Il y a une partie de harpe dans le Spectre de la Rose, mais Mme Pohl pourra la voir après son arrivée le 4, avant la répétition du 5.
Je ne connais pas une âme, ni une plume à Gotha. Je ne sais pas le nom du rédacteur; je ne sais pas davantage le nom du journal. […]
Le lendemain (2 février 1856) il met Griepenkerl au courant (CG no. 2090):
Je suis à Gotha depuis hier. Tout est en ordre, nous faisons la première répétition aujourd’hui à 4 heures. On en fera trois autres avec orchestre lundi, mardi et mercredi prochains [4-6 février]. Je vois déjà que j’ai eu raison de choisir l’Enfance du Christ pour ce concert, le Cappell Meister (Lambert) et Mme Falconi paraissent très contents de ce qu’ils ont entendu. J’ai dîné avec le Duc hier, il est on ne peut plus aimable et gracieux. J’ai demandé, pour commencer le concert son ouverture de Santa Chiara, que je dois étudier avec lui demain. […]
Le concert a lieu comme prévu le 6 février, presque certainement dans le Hoftheater dans la ville et non dans le petit Ekhof-Theater dans le palais; Liszt vient exprès de Vienne pour y assister. Ensuite il se rend en compagnie de Berlioz à Weimar, d’où Berlioz écrit à Hans von Bülow le 12 février (CG no. 2100):
[…] Nous avons donné assez bien l’Enfance du Christ, à Gotha, dernièrement; j’avais une bonne « Vierge Marie », Mlle Falconi, et d’autres artistes intelligents qui ont convenablement chanté leurs rôles. Cet ouvrage paraît être, de tous les miens, le plus sympathique au public allemand. Le chœur mystique de la fin, « O mon âme », a surtout produit à Gotha une sensation très vive. […]
De retour à Paris Berlioz ajoute quelques précisions sur son séjour. Il écrit à sa sœur Adèle (CG no. 2104, 3 mars; cf. 2106):
[…] J’ai été accueilli comme de coutume en Allemagne […] l’Enfance du Christ a été supérieurement exécutée à Gotha. Le Duc m’a donné sa croix, m’a comblé d’invitations et de politesses. La Duchesse, qui est une virtuose, a été, elle aussi, excellente, pour ma femme. Nous avons été invités l’un et l’autre au bal de la Cour (le mardi gras) [5 février] et au souper qui l’a suivi. […]
À Auguste Morel (CG no. 2128, 23 mai; cf. 2129):
[…] J’ai donné l’Enfance du Christ à Gotha, où le Duc m’a comblé d’amitiés de toute espèce et décoré. J’ai entendu là pour la Ière fois Le spectre de la rose, un morceau de mes Nuits d’été avec orchestre. Cela a tellement pris qu’un éditeur allemand [Rieter-Biedermann] m’a demandé d’instrumenter les autres morceaux de ce recueil et me les a achetés. C’est fait; on grave cette partition en deux langues à Leipzig. […]
Le Spectre de la rose sera dédié à Mlle Falconi, l’interprète à Gotha et aux trois exécutions suivantes (en 1856 et 1857) de la version avec orchestre. On peut remarquer au passage que nulle part dans les lettres qui subsistent Berlioz n’évoque l’accueil fait à l’ouverture de Santa Chiara au concert de Gotha.
Le concert de février 1856 restera le seul donné par Berlioz à Gotha. Peu après son retour d’Allemagne il se plonge dans la composition des Troyens et la série de voyages en Allemagne des années précédentes s’en trouve interrompue. Le seul contact avec Gotha dont on ait connaissance par la suite est en 1859: une lettre de Berlioz au duc évoque le projet d’une exécution à Paris du nouvel opéra du duc, Diane de Solanges, et lui conseille vivement de confier à Rosine Stolz le rôle principal (CG no. 2382, 6 juillet; cf. 2336, 2338, 2354, 2361). Comme avec les autres lettres connues de Berlioz au duc (CG nos. 1729, 1793) on remarque le ton plutôt correct et poli que Berlioz adopte, malgré le succès de la visite de 1856. Berlioz n’a visiblement jamais éprouvé la même sympathie envers le duc qu’il ressentait pour d’autres membres de l’aristocratie allemande, tels le Prince de Hohenzollern, le Roi de Hanovre, ou le Grand Duc de Weimar. Il y avait aussi une certaine tiédeur entre les cours voisines de Weimar et Gotha: Liszt monte à Weimar Benvenuto Cellini, opéra que le duc condamne (CG no. 1717). On est surpris par l’inconscience de la Princesse Sayn-Wittgenstein: elle propose tranquillement d’inviter le duc à assister à la représentation de Benvenuto à Weimar en 1856, et suggère même de faire monter l’ouvrage à Gotha, propositions que Berlioz se garde bien de relever (CG nos. 2093, 2094). Mais pour Berlioz l’obstacle principal est sans doute la musique du duc et ses ambitions de compositeur. Ce n’est peut-être pas par hasard que dans ses Mémoires Berlioz ne parle nulle part de ses rapports avec Gotha: Gotha ne suscite pas pour lui la même chaleur que d’autres villes musicales d’Allemagne, telles Brunswick, Hanovre ou Weimar.
Les photos modernes reproduites sur cette page ont été prises par Michel Austin en avril 2008, et la carte postale de 1958 du Schloß Friedenstein est de notre collection. © Monir Tayeb et Michel Austin. La gravure de 1850 et les vieilles photos du Hoftheater/Landestheater sont reproduites d’après Ursula Krãmer, Eine Residenzstadt und ihr Theater : Das tragische Schicksal des Landestheaters Gotha von 1919 bis 1951 (Verlag Frankenschwelle, 2000). La gravure de Gotha de 1860 et la photo de 1939 du Landestheater sont d’après Kamen Pawlow, Das sehenswerte Gotha, 2006, Redaktion: Matthias Wenzel. Tous droits de reproduction réservés.
Le Hoftheater de Gotha, où Berlioz dirige l’Enfance du Christ en 1856, fut inauguré le 2 janvier 1840 et complètement détruit un siècle plus tard pendant la deuxième guerre mondiale.
On lit sur la plaque commémorative: À cet emplacement se trouvait depuis 1840 le Hoftheater, appelé plus tard le Landestheater, qui fut bâti par Gustav Eberhard, directeur des constructions de la cour, d’après des plans de Karl Friedrich Schinkel. Il fut détruit par un incendie le 3 avril 1945 des suites de la guerre. Malgré la décision de reconstruire le théâtre ses ruines furent détruites en août 1958 au moyen d’explosifs. Entre 1965 et 1998 un gratte-ciel se trouvait ici. Cette stèle commémorative, faite avec une des pierres originales du théâtre, fut fondée en 2001 par la Société pour l’histoire urbaine et la sauvegarde de la ville ancienne.
Le palais fut construit entre 1643 et 1654.
Le Ekhof-Theater du palais est situé dans cette tour.
La photo suivante montre le blason au milieu de la façade de cette tour.
Cette entrée donne sur la ville ancienne.
Le Schloß Friedenstein domine la ville ancienne.
Berlioz utilise le chemin de fer pour se rendre à Gotha. Les images ci-dessous montrent la gare actuelle et un des quais.
Compte-rendu par Joseph d’Ortigue de la première exécution de Santa Chiara (1854)
[…] Les correspondances d’Allemagne sont pleines du succès que vient d’obtenir l’opéra de Santa Chiara sur le théâtre de Gotha. C’est le 2 avril qu’a eu lieu la première représentation. On sait que la musique de cet opéra a été composée par le duc régnant de Saxe-Cobourg-Gotha que nous avons vu dernièrement à Paris encourager par sa présence et ses applaudissemens les principaux artistes de nos théâtres. Santa-Chiara est le quatrième opéra de S. A. R., et tout le monde s’accorde à dire que cet ouvrage signale un progrès immense dans le talent de l’illustre compositeur. On cite dans le premier acte une ballade, un duo et un finale qui annoncent autant de facilité mélodique que de connaissances d’instrumentation ; mais le second acte est le plus important ; les chœurs y sont d’un style large et vigoureux. Dans un quintette qui a été fort applaudi, le ténor, M. Reer, a fait admirer sa belle voix ; le finale est le morceau le plus important de l’ouvrage, et l’office des morts est d’un effet effrayant. Dans le troisième acte un chœur de vignerons d’une gaîté champêtre produit un contraste heureux avec les émotions funèbres des scènes précédentes. On a ensuite fort applaudi un grand air di bravura que toutes les cantatrices vont adopter. M. Reer et Mme Falconi sont des sujets précieux pour l’opéra de Gotha, et qui feraient honneur à toutes les scènes de l’Europe. Inutile de parler de la richesse des costumes, des décors et de la mise en scène, sous le bon goût de l’artiste, on devine la libéralité du prince. Quant à l’exécution, elle est admirable de précision et d’ensemble, et telle qu’on doit s’y attendre avec un chef d’orchestre comme Liszt, qui a dirigé toutes les répétitions avec le plus grand soin. M. le comte de Talleyrand-Périgord, ministre plénipotentiaire de l’Empereur des Français à Carlsruhe, était au nombre des personnages distingués qui ont assisté à la première représentation de Santa-Chiara. […]
Joseph d’Ortigue.
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Note: Ce bref compte-rendu de Santa Chiara fait partie du feuilleton de Joseph d’Ortigue dans le Journal des Débats du 3 mai 1854, dans lequel il rend compte de plusieurs concerts et opéras donnés récemment. Nous avons transcrit le texte d’après une image du feuilleton disponible sur le site internet de la Bibliothèque nationale de France (section Gallica).
Page Berlioz à Gotha créée le 22 juillet 2006; mise à jour le 1er juin 2009. Révision le 1er mars 2024.
© 2002 Ursula Krãmer et © 2006 Kamen Pawlow pour les gravures et photos anciennes de Gotha et du Hoftheater.
© Michel Austin et Monir Tayeb pour le texte, les photos modernes et autres images.