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Berlioz à Paris

L’Opéra de Paris – Le Peletier

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    L’Opéra de Paris a subi de nombreuses vicissitudes depuis les années 1790. Appelé successivement Théâtre de l’Opéra, Théâtre des Arts, Académie Impériale de Musique, et Académie Royale de Musique, il a aussi occupé différents locaux: le Théâtre de la Porte-St-Martin, le Théâtre Montansier, la première Salle Favart, le Théâtre Louvois, l’Opéra Le Peletier, le Palais Garnier, et à l’heure actuelle l’Opéra Bastille.

    L’Opéra connu de Berlioz était Le Théâtre de l’Académie Royale de Musique (l’Opéra), connu sous le nom d’Opéra Le Peletier. Construit en douze mois dans la Rue Le Peletier par l’architecte Debret il ouvre ses portes en 1821; le 6 février 1822, on y utilise pour la première fois le gaz pour éclairer les effets de scène dans Aladin ou La Lampe merveilleuse. Dans la nuit du 28 au 29 octobre 1873, un incendie qui dura près de vingt-quatre heures détruit complètement le théâtre. Les ruines sont démolies et son terrain vendu en 14 lots. Le théâtre de l’Opéra Garnier lui succède.

    Tout comme le Conservatoire, l’Opéra joue un rôle de premier plan dans la carrière de Berlioz, et presque dès son arrivée à Paris en novembre 1821. Ses visites a l’opéra ont une influence décisive dans le développement de sa personnalité musicale, comme le montre une lettre à sa sœur Nanci datée du 13 décembre 1821, où il donne un récit enthousiaste d’une représentation d’Iphigénie en Tauride de Gluck. Ce n’est que plusieurs années plus tard, en 1828, qu’il va découvrir Beethoven et avec lui les possibilités de la musique symphonique. Mais c’est à l’opéra que se révèle à lui la musique de Gluck, son idole, de Spontini et autres; il y entend la grande tragédienne lyrique Mme Branchu, dont il gardera le souvenir toute sa vie; la splendeur du spectacle, et la puissance d’un grand orchestre de premier ordre, l’impressionent vivement. C’est aussi à l’opéra qu’il commence à se lier d’amitié avec de nombreux musiciens professionels et inaugure son apprentissage de l’art de l’instrumentation. Les Mémoires du compositeur abondent en détails sur ces premières impressions décisives (en particulier les chapitres 5, 13 et 15).

    Pour réussir à Paris il fallait réussir à l’Opéra: c’est pour Berlioz un obstacle pendant toute sa carrière. Il ne parviendra jamais à s’imposer comme compositeur d’opéras comme le firent Rossini dans les années 1820 et surtout Meyerbeer à partir de 1831. Les opéras de Meyerbeer sont une succession de triomphes qui font de leur auteur le compositeur le plus riche d’Europe: avec Robert le Diable (novembre 1831), Les Huguenots (février 1836), Le Prophète (avril 1849), Le Pardon de Ploërmel (avril 1859), et pour finir L’Africaine (monté en avril 1865, après la mort de Meyerbeer), Meyerbeer domine la scène parisienne comme nul autre avant lui. Berlioz de son côté doit lutter sans succès tout au long de sa carrière. En 1826 il cherche à faire accepter son opéra de jeunesse Les Francs Juges, mais se heurte à un refus sans civilité du chef d’orchestre Rodolphe Kreutzer (Mémoires chapitre 11). Une exécution de sa fantaisie sur la Tempête de Shakespeare le 7 novembre 1830 fait long feu (Mémoires chapitre 27). Après son retour d’Italie et avec de puissants appuis il parvient à faire accepter son opéra Benvenuto Cellini, mais l’œuvre se heurte à une telle hostilité dès sa première représentation le 10 septembre 1838 qu’elle disparaît rapidement de l’affiche: c’est un des plus graves échecs de sa carrière (Mémoires chapitre 48). Benvenuto Cellini ne sera plus représenté en France du vivant du compositeur, mais aura une certaine revanche en Allemagne en 1852 et 1856 grâce au dévouement de Liszt qui le monte à Weimar dans une nouvelle version.

    Désormais le rôle de Berlioz à l’Opéra va par à-coups: une exécution de la Symphonie funèbre le 1er novembre 1840, la composition de récitatifs et l’instrumentation d’un ballet pour le Freischütz de Weber en 1841 (Mémoires chapitre 52), un grand festival le 7 novembre 1842 (Mémoires chapitre 51, qui l’assimile au concert de 1840). En 1861, puis à nouveau en 1866, il dirige les études pour des représentations d’Alceste de Gluck (celles de 1861 font l’objet d’un compte-rendu détaillé dans À travers chants).

    Mais l’essentiel fait défaut: pas plus qu’au Conservatoire Berlioz n’obtient la place qui aurait dû lui revenir de droit. En 1847 les nouveaux directeurs de l’Opéra, Roqueplan et Duponchel, parlent de nommer Berlioz chef d’orchestre, mais l’hypocrisie des deux larrons s’étale bientôt au grand jour (Mémoires chapitre 57). En 1841 Berlioz entreprend la composition d’un nouvel opéra, La Nonne sanglante, sur un livret du puissant Eugène Scribe, mais le projet finit par avorter. La certitude que les portes de l’Opéra lui sont fermées décourage Berlioz pendant des années d’entreprendre la composition des Troyens, son chef-d’œuvre: seul l’Opéra dispose des moyens nécessaires pour mettre en scène dignement cette œuvre monumentale (Mémoires chapitre 59, daté du 18 octobre 1854). Finalement il se laisse persuader par la princesse Carolyn Sayn-Wittgenstein d’entreprendre l’ouvrage (1856-8), mais il ne parvient pas à convaincre Napoléon III de s’y intéresser. En 1863 de guerre lasse Berlioz devra se résoudre à laisser monter au Théâtre Lyrique, trop petit, une version mutilée de son ouvrage, amputé des deux premiers actes et avec de nombreuses coupures (Mémoires, Postface de 1864). On remarqueera cependant que le récit de Berlioz dans ses Mémoires ne rend pas justice au directeur du Théâtre-Lyrique Léon Carvalho, sans lequel l’ouvrage n’aurait pas été représenté. Quoiqu’il en soit, succès assez relatif, mais pour Berlioz pratiquement un échec, qui assombrit les dernières années du compositeur, d’autant plus que l’éditeur Choudens manque à ses engagements et se refusera à publier la partition des Troyens du vivant de Berlioz.

Illustrations

Sauf indication contraire, toutes les images ont été reproduites d’après des gravures, journaux et livres dans notre collection. ©  Monir Tayeb et Michel Austin. Tous droits de reproduction réservés.

Vue de l’Opéra rue Le Peletier en mars 1827
Opéra Le Peletier

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Une copie de cette gravure se trouve actuellement à la bibliothèque de l’Opéra de Paris.

L’Opéra rue Le Peletier en 1861
Opéra Le Peletier

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Cette gravure date de 1861.

L’Opéra avant sa destruction dans l’incendie de 1873
Opéra Le Peletier

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Cette gravure fut publiée dans LUnivers illustré du 15 novembre 1873.

Une autre vue de l’Opéra avant sa destruction
Opéra Le Peletier

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Nous remercions M. Laurent Ludart de nous avoir envoyé cette image.

L’intérieur de l’Opéra vers 1850
Opéra Le Peletier

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Cette gravure par B. Metzeroth date de 1850.

L’intérieur de l’Opéra vers 1873
Opéra Le Peletier

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Cette gravure fut publiée dans LUnivers illustré du 15 novembre 1873.

L’incendie de l’Opéra
Opéra Le Peletier

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Nous remercions M. Laurent Ludart de nous avoir envoyé cette image.

“Burning of the Old Opera-House, Paris”
[L’incendie de l’ancienne salle de l’Opéra, Paris]
Opéra Le Peletier

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Cette gravure, avec le titre ci-dessus, fut publiée à la page 444 du numéro de l’Illustrated London News du 8 novembre 1873.

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