Chronologie
Présentation
1843
1853
Après 1853
Programmes de concerts
Leipzig en images
Cette page est disponible aussi en anglais
Mars: Berlioz rencontre Mendelssohn à Rome
Schumann publie à Leipzig une série d’articles sur la Symphonie fantastique dans la Neue Zeitschrift für Musik
Novembre: exécution de l’ouverture des Francs-Juges à Leipzig
Mars: la Société Euterpe de Leipzig décerne à Berlioz son Diplôme
28 janvier: Berlioz voyage de Weimar à Leipzig
30 janvier: première rencontre de Berlioz et Schumann
31 janvier: première répétition, en présence de Schumann
2 février: Berlioz fait l’aller-retour entre Leipzig et Dresde pour y organiser des concerts; le soir il assiste à un concert de Mendelssohn
3 février: deuxième répétition
4 février: premier concert au Gewandhaus
6-19 février: Berlioz à Dresde
12 février: Berlioz instrumente Absence à Dresde
19 février: Berlioz revient de Dresde à Leipzig
22 février: second concert (pour les pauvres) au Gewandhaus
27 février: Berlioz rend visite aux Schumann, mais il est malade
28 février: Berlioz quitte Leipzig pour Brunswick
23 novembre: Berlioz voyage de Brême à Leipzig
1er décembre: premier concert au Gewandhaus
10 décembre: second concert au Gewandhaus
13 décembre: Berlioz quitte Leipzig pour Paris
Avril: publication d’une édition allemande de La Fuite en Egypte par Kistner à Leipzig
C’est grâce à Mendelssohn que Berlioz est invité à Leipzig en 1843, mais leurs rapports remontent à bien des années avant. Quand Berlioz arrive à Rome en mars 1831 Mendelssohn est un de ceux qu’il rencontre, et il est tout de suite impressionné. Dans les années à venir Berlioz gardera l’opinion positive formée alors de Mendelssohn en tant qu’homme, musicien et compositeur, malgré les grandes différences de tempérament et de points de vue entre les deux. Berlioz racontera ses expériences italiennes de Mendelssohn dans la quatrième lettre de la série Voyage Musical en Allemagne, publiée pour la première fois dans le Journal des Débats le 3 septembre 1843 (Critique musicale tome V p. 285-95). Avec les autres lettres de la série elle est bientôt reprise dans le premier des deux tomes du Voyage musical en Allemagne et en Italie de 1844, et sera finalement incorporée dans les Mémoires Posthumes dans une forme pratiquement identique à celle de la première publication (sauf pour quelques notes supplémentaires). On peut comparer le récit donné là avec les lettres de Berlioz datant de son séjour italien, dont la plus ancienne, adressée à une série d’amis à Paris, est datée du 6 mai 1831 quand Berlioz se trouvait à Nice (Correspondance générale no. 223, ci-après CG tout court):
[…] J’ai trouvé Mendelssohn [sc. à Rome]; Mon[t]fort le connaissait déjà, nous avons été bien vite ensemble. C’est un garçon admirable, son talent d’exécution est aussi grand que son génie musical, et vraiment c’est beaucoup dire. Tout ce que j’ai entendu de lui m’a ravi; je crois fermement que c’est une des capacités musicales les plus hautes de l’époque. C’est lui qui a été mon cicerone; tous les matins, j’allais le trouver, il me jouait une sonate de Beethoven, nous chantions Armide de Gluck, puis il me conduisait voir toutes les fameuses ruines que me frappaient, je l’avoue, très peu. Mendelssohn est une de ces âmes candides comme on en voit si rarement; il croit fermement à sa religion luthérienne, et je le scandalisais quelquefois beaucoup en riant de la Bible. Il m’a procuré les seuls instants supportables dont j’aie joui pendant mon séjour à Rome. […]
Le 16 mai Berlioz écrit à son père en termes identiques (CG no. 228), et des lettres à d’autres correspondants plus tard la même année font part de la même réaction (CG nos. 241 [17 septembre]; 251 [3 décembre]). Mendelssohn quitte Rome en septembre 1831 (CG no. 241); les lettres de 1832 continuent à parler de lui (CG nos. 256, 265, 270, 280, 284), mais son nom disparaît ensuite de la correspondance du compositeur pendant bien des années. Les deux hommes ne se reverront que bien plus tard, mais dans l’esprit de Berlioz la place de Mendelssohn ne fait pas de doute: c’est un des premiers compositeurs de l’époque. Les références à sa musique dans les articles de Berlioz des années 1830 sont presque sans exception positives (par exemple Critique Musicale tome I p. 160; III p. 286; IV pp. 42, 83; V pp. 47-9, 77-8, 93), et il en sera de même plus tard dans la carrière de Berlioz (voir par exemple Journal des Débats 26 mai 1844; 12 août 1851; 27 juillet 1853). Ajoutons au passage que pour Berlioz les origines juives de Mendelssohn n’entrent pas en ligne de compte (de même pour Halévy et Meyerbeer), et plus tard Berlioz réprouvera le critique russe Wilhelm von Lenz à ce sujet.
De son côté Mendelssohn est beaucoup plus réservé sur le compositeur français et ses œuvres, comme Berlioz le saura plus tard, mais la cordialité de leurs rapports extérieurs n’en est pas affectée. En 1835 Mendelssohn est nommé directeur artistique de l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig, et l’année suivante son ami Ferdinand David (1810-1873) devient son premier violon, poste qu’il occupera jusqu’à la fin de sa vie. Sous l’impulsion de Mendelssohn la vie musicale de Leipzig atteint un haut niveau, mais face à Dresde, sa voisine et rivale, Leipzig fait figure de bastion du conservatisme qui se plaît à afficher un sérieux plein de réserve.
C’est cependant grâce non à Mendelssohn mais à Robert Schumann que les rapports de Berlioz avec Leipzig semblent prendre un départ prometteur dans les années 1830. En 1834 Schumann fonde sa revue Neue Zeitschrift für Musik, dans laquelle il publie l’année suivante une série d’études sur la transcription pour piano par Liszt de la Symphonie fantastique qui avait paru l’année d’avant (CG nos. 342, 357, 416, 453). De 1836 à 1839 il correspond de temps en temps avec Berlioz (CG nos. 472bis, 475bis, 485bis, 485ter, 496bis, 619bis [toutes dans le tome VIII]). En février 1837 Berlioz publie dans la Revue et Gazette Musicale une longue lettre ouverte à Schumann le remerciant d’une exécution de l’ouverture des Francs-Juges à Leipzig en novembre 1836, mais expliquant qu’il avait hâte d’aller lui-même en Allemagne pour se charger personnellement de l’exécution de ses œuvres (Critique Musicale III pp. 37-40, reproduit dans CG no. 486). En mars 1838 la Société Euterpe de Leipzig décerne son Diplôme à Berlioz et c’est Schumann qui lui fait part de l’honneur (CG 548bis [tome VIII]). La même année la Revue et Gazette Musicale annonce une exécution de l’ouverture des Francs-Juges à Cologne sous la direction de Mendelssohn. En 1839 la célèbre pianiste Clara Wieck, qui deviendra l’année suivante la femme de Schumann, arrive à Paris. Berlioz écrit à Schumann une lettre élogieuse (CG no. 630, 14 février; cf. 645bis [tome VIII]), mais son compte-rendu d’un concert donné par elle n’est sans doute pas aussi prodigue de louanges que Schumann et Clara Wieck ne l’avaient espéré (Journal des Débats 18 avril 1839). La correspondance entre les deux hommes s’interrompt ensuite jusqu’à 1843, mais à partir de 1840 la Neue Zeitschrift für Musik se met à republier à Leipzig des articles de Berlioz parus dans des revues parisiennes.
Fort de ses rapports avec Mendelssohn puis avec Schumann une visite à Leipzig s’impose à Berlioz lors de son premier grand voyage en Allemagne (CG no. 791), et la proximité de Dresde recommande d’organiser une visite aux deux villes ensemble. De séjour à Weimar au début de 1843 Berlioz écrit le même jour (23 janvier) à Lipinski à Dresde (CG no. 803), qu’il a rencontré auparavant à Paris, et à Mendelssohn à Leipzig (CG no. 804):
Il y a bien longtemps que nous nous sommes perdus de vue et nous avons probablement suivi, dans notre recherche du beau, des routes différentes, parallèles ou divergentes. Je n’hésite pas néanmoins à vous demander votre assistance pour faire entendre quelques-unes de mes compositions au public de Leipzig. […]
Mendelssohn répond sans tarder: il souhaite la bienvenue à Berlioz, prodigue les renseignements pratiques et conseille aussi à Berlioz de prendre part à un concert au bénéfice des pauvres prévu pour le 22 février. Berlioz cite la lettre dans ses Mémoires, mais sous forme condensée (l’original est plus développé; voyez CG no. 805, 25 janvier). Berlioz répond immédiatement: il communique son plan de voyage, avance des propositions pour le premier concert le 4 février et le concert de bienfaisance qui y ferait suite, et conclut (CG no. 806, 26 janvier):
[…] Vous ne sauriez croire combien je me sens joyeux de vous revoir et désireux de renouer une amitié dont je suis si fier et que j’ai tant regretté de voir s’en aller à l’état crépusculaire.
Il ne dépendra pas de moi que ce soit pour elle le crépuscule du matin au lieu de celui du soir. […]
Berlioz voyage de Weimar le 28 janvier et arrive le même jour à Leipzig (CG no. 806), où il loge à l’Hôtel de Bavière (Bayern Hotel), qu’il utilisera de nouveau en 1853 (CG nos. 806, 810, pour 1843; 1657, 1661, 1664, 1669, pour 1853; l’emplacement de l’hôtel ne semble pas connu). Selon les Mémoires Berlioz arrive à temps pour entendre Mendelssohn répéter son Walpurgisnacht, œuvre qui l’impressionne vivement. La rencontre des deux hommes est amicale, et ils décident d’échanger leurs bâtons de chef d’orchestre. Berlioz reçoit celui de Mendelssohn sur le champ, et envoie le sien avec une lettre datée du 2 février. La lettre est citée dans les Mémoires; il en existe aussi une copie autographe (CG no. 813). La journée du 2 février est fort bousculée: outre cette lettre Berlioz en écrit au moins trois autres (CG nos. 810, 811-12), fait le matin le voyage à Dresde par le chemin de fer pour y organiser sa visite (cf. CG no. 812), revient à Leipzig l’après-midi, et assiste le soir à un concert dirigé par Mendelssohn. Il écrit le même jour à Chélard à Weimar (CG no. 810; cf. 820 à son père, 14 mars):
[…] Je viens de Dresde où tout est arrangé. Je donne ici concert samedi [4 février], j’ai déjà fait une répétition, l’orchestre est admirable, excellent, et Mendelssohn aussi.
Je suis horriblement fatigué d’avoir fait 70 lieues aujourd’hui en chemin de fer. […]
Le lendemain (3 février) il dirige la deuxième répétion; elle comprend la mélodie Absence chantée par Marie Recio. Dans un album qui l’accompagne dans son voyage en Allemagne Berlioz recopie le premier couplet de la mélodie avec la date du 3 février et le commentaire ‘Après la répétition où Marie a très bien chanté’ (David Cairns, Berlioz II [2002], 263; la page est reproduite dans l’ouvrage Damnation! Berlioz et l’Allemagne [2006] p. 23). Comme le souligne Berlioz, les répétitions vont bon train grâce à la discipline établie par Mendelssohn et Ferdinand David, qui sont d’un soutien sans faille. Mais Berlioz juge nécessaire d’augmenter le nombre des violons de 16 à 24 – le manque de cordes est pour lui un souci constant avec de nombreux orchestres allemands de l’époque, de même que la difficulté de remplir les parties de cor anglais, ophicléide et harpe qui à Paris ne posent pas de problème (cf. CG no. 812). Le programme du concert au Gewandhaus du 4 février comprend les ouvertures du Roi Lear et des Francs-Juges, la Rêverie et caprice avec en soliste Ferdinand David, les mélodies Absence et Le Jeune pâtre breton, toutes deux chantées par Marie Recio, et la Symphonie fantastique. Le jour d’avant son retour à Leipzig Berlioz écrit de Dresde à son ami Auguste Morel (CG no. 815, 18 février):
[…] J’ai donné aussi un beau concert, peu productif à Leipzig [en comparaison avec ceux de Dresde], où je retourne pour diriger le final de Roméo et Juliette, dont Mendelssohn instruit les chœurs en mon absence; puis j’irai à Berlin où Meyerbeer m’attend. […]
L’intention première de Berlioz était d’inscrire le finale de Roméo et Juliette au programme du concert pour les pauvres du 22 février (CG no. 806), mais comme le racontent les Mémoires l’insuffisance du chanteur chargé de la partie du Père Laurence obligera Berlioz à changer le programme à la dernière minute, gaspillant ainsi tout le travail dépensé en répétitions par Mendelssohn et Berlioz. Lipinski qui a fait exprès le voyage de Dresde pour entendre l’œuvre est déçu. Berlioz substitue l’ouverture du Roi Lear et Absence (chantée par Marie Recio), deux morceaux joués au concert du 4 février et déjà connus de l’orchestre, et l’Offertoire du Requiem qui ne présente aucune difficulté au chœur (les lettres écrites par Berlioz après le concert ne parlent pas de ce changement obligé de programme). Le jour de son départ de Leipzig Berlioz donne à son ami Joseph d’Ortigue une vue d’ensemble de ses journées à Leipzig (CG no. 816, 28 février):
[…] Il y a longtemps que j’aurais dû t’écrire, mais un métier de galérien comme celui que je fais me paraît une excuse suffisante à ce retard. J’ai été malade et le suis encore des fatigues incroyables que m’ont données les répétitions de Dresde et de Leipzig; figure-toi que j’ai fait à Dresde en 12 jours 8 répétitions, de 3 h ½ chacune, et 2 concerts, et qu’il m’a fallu une fois aller de Leipzig à Dresde et revenir dans le même jour, c’est-à-dire faire 60 lieues en chemin de fer, préparer mes deux concerts et revenir assister à celui que Mendelssohn dirigeait ici. Mendelssohn a été charmant, excellent, attentif, en un mot bon camarade tout à fait; nous avons echangé nos bâtons de chef d’orchestre en signe d’amitié. C’est un grandissime maître, je le dis malgré ses compliments enthousiastes pour mes Romances; car des symphonies, ni des ouvertures, ni du Requiem, il ne m’a jamais dit un mot. Il a fait exécuter ici pour la première fois sa Nuit du Sabbat [le Walpurgisnacht] sur un poème de Goethe et je t’assure que c’est une des plus admirables compositions orchestrales qu’on puisse entendre. Schumann, le taciturne Schumann, est tout électrisé par l’Offertoire de mon Requiem; il a ouvert la bouche l’autre jour, au grand étonnement de ceux qui le connaissent, pour me dire en me prenant la main: cet offertorium surpasse tout!
Rien en effet n’a produit sur le public allemand une pareille impression, les Journaux de Leipzig ne cessent depuis quelques jours d’en parler et de me demander une exécution du Requiem tout entier, chose impossible, puisque je pars pour Berlin, et parce que les moyens d’exécution manquent ici pour les grands morceaux de la prose.
[…] Ici [sc. à Leipzig] j’ai donné à mon concert [le 4 février] le Roi Lear, la Fantastique, qui les a plus étonnés que touchés etc; le finale (le Sabbat) a été exécuté avec une précision et une fureur diabolique sans exemple. Puis on m’a demandé quelques morceaux pour un concert au bénéfice des Pauvres [le 22 février] et je leur ai donné de nouveau le Roi Lear, une mélodie avec orchestre [Absence, chantée par Marie Recio], et l’éternel Offertoire. Ces trois morceaux ont décidément enlevé les Leipziquois. […]
Berlioz poursuit son chemin vers Brunswick (et non Berlin comme d’abord prévu); le 6 mars il écrit de là à son ami le violoncelliste Desmarest, et évoque entre autres le succès d’Absence ‘que j’ai instrumentée et QU’ON [sc. Marie Recio] a réellement très bien chantée’ (CG no. 817). La partition autographe d’Absence porte effectivement l’indication ‘Instrumentée à Dresde 12 février 1843, recopiée à Brunswick 12 mars’ et l’inscription ‘Pour Marie’ (la mélodie est jouée pour la première fois dans sa version avec orchestre à Dresde le 17 février). Le même jour (6 mars) il écrit à son ami Auguste Morel: ‘L’offertoire a tourné la tête des Leipziquois à mon retour de Dresde et les journaux l’ont redemandé pendant plusieurs jours en réclamant une exécution complète du Requiem. Ceux qui vous ont dit que les journaux allemands ne parlaient pas de mes concerts ne savent ce qu’ils disent, ou le savent peut-être trop bien’ (CG no. 818).
Les Mémoires évoquent l’approbation exprimée par ‘le taciturne Schumann’ pour l’Offertoire du Requiem; c’est la seule mention du compositeur allemand dans l’ensemble des Mémoires (alors que Mendelssohn y est cité à plusieurs reprises, ainsi que dans les autres écrits de Berlioz). Le journal tenu par Clara et Robert Schumann montre qu’en fait les contacts avec Berlioz ont été plus fréquents à Leipzig que Berlioz ne le révèle (voyez David Cairns, Berlioz II [2002], p. 305-6 et 310). Schumann et Berlioz se rencontrent peu après l’arrivée à Leipzig et de nouveau aux répétitions suivantes. Berlioz est invité chez les Schumann le 27 février; Clara est assez critique envers Berlioz qu’elle trouve froid (mais Berlioz est malade), alors que Robert, malgré ses réserves, continue à s’intéresser au compositeur français; il lui offre divers cadeaux, ainsi que des lettres en témoignent, mais Berlioz s’excuse de ne pouvoir rendre la pareille (CG nos. 815bis et 816bis [toutes deux dans le tome VIII], 27 et 28 février). Schumann écrit de nouveau à Berlioz à Berlin et évoque semble-t-il une publication d’œuvres de Berlioz en Allemagne; Berlioz répond de Hanovre le 28 avril (CG no. 831bis [tome VIII]). C’est le dernier échange de lettres connu entre les deux hommes (ils se rencontreront brièvement par hasard à Berlin le 19 avril 1847 quand Berlioz est en route pour la Russie). Il semble donc que les rapports amorcés dans les années 1830 n’ont pas eu de suite à long terme et les deux compositeurs s’en iront chacun de son côté. Une raison importante en est sans doute linguistique: aucun des deux ne parlait la langue de l’autre, et de fait tous les musiciens ou mélomanes allemands avec lesquels Berlioz deviendra intime (tel Robert Griepenkerl) pouvaient parler et écrire le français avec assez de facilité.
Berlioz ne reverra jamais Mendelssohn mais il reste en rapport. En 1845 pendant un voyage à Marseille il lui écrit pour lui recommander un joueur de hautbois allemand qui ambitionne de revenir dans son pays, et demande: ‘Que devenez-vous? Quand le télégraphe électrique sera établi de Leipzig à Paris, je pense que vous me donnerez quelquefois de vos nouvelles’ (CG no. 971, 29 juin). L’année suivante, pendant son séjour à Prague, il écrit de nouveau (CG no. 1033, 14 avril 1846):
[…] Je crains de ne pouvoir pas aller vous serrer la main à mon passage à Leipzig [sc. en route de Prague à Brunswick]. C’est un véritable chagrin pour moi. Permettez-moi de vous dire que j’ai entendu à Breslau votre Songe d’une nuit d’été et que j’ai n’ai jamais rien entendu d’aussi profondément shakespearien que votre musique; en sortant du théâtre j’aurais donné bien volontiers trois ans de ma vie pour pouvoir vous embrasser. […]
P.S. Voulez-vous me rappeler au souvenir d’un véritable artiste de vos amis, M. David.
Mendelssohn meurt le 4 novembre 1847 à l’âge de 38 ans, et Berlioz, maintenant à Londres, écrit peu après à Henry Chorley (CG no. 1139; cf. 1144, 1987):
[…] Je partage votre tristesse, vous n’en pouvez douter. Sans avoir été aussi intimement lié que vous avec Mendelssohn, je l’ai beaucoup connu cependant; et me fut-il d’ailleurs resté totalement étranger je le regretterais comme grand artiste et esprit éminemment supérieur.
C’est un rude coup que la mort vient de frapper sur la musique digne et sérieuse, et nous devons tous le sentir profondément. […]
Quand Berlioz reprend le chemin de l’Allemagne en 1852 et 1853 il n’envisage sans doute pas d’emblée de retourner à Leipzig. Bien reçu dix ans auparavant, il ne trouve peut-être pas dans le relatif conservatisme musical de la ville un terrain aussi favorable que dans d’autres villes d’Allemagne. Un de ses plus chauds partisans, J. C. Lobe – ‘ce type du véritable musicien allemand’ selon les Mémoires – a cependant quitté Weimar pour s’installer à Leipzig en 1846 où il gère sa propre revue musicale (cf. CG nos. 1444, 1655, 1663bis [tome VIII]). Pendant ou peu après son séjour à Weimar en novembre 1852 Berlioz reçoit semble-t-il une proposition de Leipzig d’exécuter son Faust dans cette ville, mais il répugne à laisser jouer ses œuvres en son absence (CG nos. 1543, 1560bis). En octobre 1853 il part de Paris à destination de Brunswick et Hanovre, et peut-être aussi Brême, mais Leipzig ne fait pas encore partie de son itinéraire (CG nos. 1629, 1630, 1632-3). Mais pendant son séjour à Hanovre il reçoit une invitation de Ferdinand David à laquelle il répond le 7 novembre (CG no. 1643):
Griepenkerl vient d’arriver ici de Brunswick et de me communiquer la lettre si bienveillante que vous lui avez écrite. Je désire beaucoup, vous n’en pouvez douter, produire quelques-unes de mes dernières compositions à Leipzig; mais je n’ai pas la moindre prétention à changer les usages de la société du Gewandhaus à cette occasion. Je ne vise pas à l’argent, je crois l’avoir prouvé depuis longtemps. Je ne cherche que la possibilité d’agir artistement. Or donc, si vous croyez que je puisse dans le courant du mois de décembre donner avantageusement un concert pour moi, après avoir été entendu dans un de vos propres concerts, voici ce que je vous proposerai:
[Berlioz fait ensuite des propositions pour une participation à un concert au Gewandhaus, évoque la possibilité d’un deuxième concert consacré uniquement à sa propre musique qui comprendrait des extraits de la Damnation, et demande:]
Si je pourrai avoir les chanteurs nécessaires pour Faust (ténor), Méphisto (basse), Brander (basse), et Marguerite (mezzo-soprano). Si cela est possible, je pourrai vous envoyer bientôt les parties et partitions de chant. Mais je vous demanderai confidentiellement si ces chanteurs sont des dieux ou seulement des hommes; je ne voudrais avoir affaire qu’à des hommes, indigne que je suis de fréquenter les divinités; il faut néanmoins que ces hommes soient musiciens. […]
David répond rapidement, et au cours des jours suivants plusieurs lettres seront échangées au sujet des préparatifs pour la visite de Berlioz (CG nos. 1646-7, 1747bis [tome VIII]); dans la première de ces lettres Berlioz observe: ‘Je vois que votre orchestre du Gewandhaus s’est considérablement renforcé (sous le rapport du nombre des artistes)’. Le 13 novembre, toujours à Hanovre, Berlioz écrit à Griepenkerl (CG no. 1649):
[…] David m’écrit des lettres charmantes et qui me donnent le droit de compter sur son concours le plus chaleureux à Leipzig, quelles que soient ses opinions musicales à mon sujet. C’est un honnête homme.
Adieu, très cher ami, j’espère un peu vous revoir à Leipzig ou tout au moins vous serrer la main en passant à Brunswick le 23. Je ne sais à quelle heure le train de Leipzig passera à l’embarcadère de Brunswick, mais vous le saurez bien vous même. […]
De Hanovre Berlioz se rend à Brême où il donne un concert (22 novembre); le lendemain matin il part pour Leipzig (CG nos. 1646-7, 1649), où les préparatifs pour ses deux concerts, le 1er et le 10 décembre, commencent sans retard (cf. CG no. 1654). Le 30 novembre il écrit à sa sœur Adèle (CG no. 1657):
[…] Ici [à Leipzig] tout s’annonce bien pour le concert de demain [1er décembre]. Celui-là n’est pas pour moi pécuniairement, mais honorifiquement. C’est un concert de la terrible et difficile société du Gewandhaus, le centre musical de l’Allemagne, dont mes compositions font presque seules les frais. Il n’y a qu’une symphonie de Beethoven pour commencer; tout le reste est de moi. Ce matin, le bruit des répétitions précédentes avait été tel par la ville, que la salle était à moitié pleine de curieux. Tout le monde était dans un enchantement d’autant plus agréable pour moi qu’on est ici plus difficile et plus exclusif. Il y a quatre-vingts dames et demoiselles amateurs qui chantent les chœurs, avec une soixantaine d’étudiants et de négociants (musiciens) et les enfants de chœur de l’Église de St Thomas. C’est superbe. J’ai entendu pour la Ière fois ce matin (en entier) mon Mystère de la Fuite en Égypte, dont le morceau Le repos de la Sainte famille a eu tant de succès à Londres et dans toutes les villes allemandes que je viens de visiter. Vraiment c’est bien, c’est naïf et touchant (ne ris pas), c’est dans le genre des enluminures des vieux missels. Tout le monde dit que j’ai parfaitement saisi la couleur convenable à cette Légende Biblique; et l’on me presse de continuer cet ouvrage en faisant maintenant La Ste famille en Égypte. Je le ferai volontiers, car ce sujet me charme, quand j’aurai trouvé les documents qui me manquent sur le séjour de Jésus en Égypte; c’est moi qui fais aussi les paroles. […]
Liszt arrive demain de Weimar pour assister au concert. J’en donnerai un pour moi dans huit jours. L’Académie de chant dont je t’ai parlé tout à l’heure s’est déjà mise à l’étude pour apprendre nos chœurs. Il y aura d’assez grands frais pour ce concert, bien que les chanteurs ne se fassent pas payer; mais je m’en tirerai. […]
Le 3 décembre, après le concert, il envoie une lettre de remerciement à l’Académie de Chant de Leipzig (CG no. 1658):
Vous avez au dernier concert du Gewandhaus exécuté plusieurs de mes compositions avec une telle supériorité, un sentiment si exquis des plus fines nuances musicales, que je ne puis m’empêcher de vous témoigner ma reconnaissance et mon admiration.
Permettez-moi de vous dire aussi combien je suis touché de la bonté que vous avez de me venir en aide pour mon concert, et de la grâce obligeante avec laquelle vous voulez bien faire d’ennuyeuses répétitions. Ce sont des témoignages d’intérêt qui me flattent plus que je ne pourrais dire et pour lesquels je vous prie de recevoir l’expression de ma vive gratitude. […]
Le même jour il écrit à Robert Griepenkerl (CG no. 1659; une reproduction de l’original de cette lettre se trouve sur ce site):
[…] Le concert de Gewandhaus a été très brillant et très animé pour Leipzig. Tout le monde dit que j’y ai obtenu un grand succès; il faut bien le croire, malgré la froideur de ce public, que je ne pouvais m’empêcher de comparer à l’ardeur du public de Brunswick, de Hanovre et de Brême. Ce qui a le plus réussi auprès de ce singulier auditoire, c’est le petit oratorio de la Fuite en Égypte, exécuté en entier pour la première fois. Il y a maintenant des querelles violentes entre mes partisans et les autres. Le Tagblatt de ce matin contient un très bel article de M. Gleich, très chaud et très intelligent.
Les artistes et les amateurs de l’Académie de chant sont excellents pour moi; quant à David, qui a joué supérieurement l’alto d’Harold, il est admirable, cordial, actif, amical, enfin parfait.
Nous donnons à mon concert [le 10 décembre] les deux premières parties de Roméo, avec les chœurs, prologue, etc. Encore une fois la Fuite en Égypte et les deux premiers actes de Faust. […]
Le 5 décembre il écrit à Lipinski à Dresde (CG no. 1660):
[…] Tout va bien ici, les journaux et le public et les artistes me traitent fort bien. Les préventions locales se dissipent; le temps a marché. Je n’ai plus qu’un tort aux yeux de quelques habitants de Leipzig; c’est de n’être pas Allemand. À cela il n’y a pas de remède, il faut bien que je prenne mon parti d’être français. […]
P.S. mon concert va avoir lieu le 10 de ce mois; c’est la veille de mon jour de naissance; en rentrant je boirai à votre santé vers dix heures du soir, au même instant buvez à la mienne.
Le 9 décembre, la veille du deuxième concert, il écrit à Joachim à Hanovre et lui fait part de sa rencontre avec le jeune Brahms (CG no. 1664):
[…] Je reste ici jusqu’à mardi prochain [13 décembre]. Mon concert a lieu demain. Tout va bien. Malgré leur air froid les Leipzickois mordent à la chose. Tous les journaux m’ont admirablement traité. L’opposition enrage et nous nous moquons d’elle. […]
[…] Bra[h]ms a beaucoup de succès ici. Il m’a vivement impressioné l’autre jour chez Brindel [Brendel] avec son Scherzo et son Adagio. Je vous remercie de m’avoir fait connaître ce jeune audacieux si timide qui s’avise de faire de la musique nouvelle. Il souffrira beaucoup…
Quant à mon admiration pour vous, elle grandit depuis que je vous ai quitté. Et lorsque je réfléchis à votre valeur musicale si complète, si brillante et si pure, je me surprends quelquefois à m’écrier (tout seul, à propos de rien) « Ah! ça, mais c’est énorme, c’est prodigieux! » […]
P.S. David est bien bon, bien cordial, et bien prudent. Il connaît son monde de Leipzig, et je me suis on ne peut mieux trouvé de ses conseils. C’est un véritable artiste… d’esprit… ce qui ne gâte jamais rien. […]
Deux jours après le concert, le 12 décembre, il écrit de nouveau à Joachim (CG no. 1667):
[…] Le concert d’avant-hier a été mirobolant. Il y a dans le Tageblatt de ce matin un superbe article que je vous porterai demain. Les étudiants sont venus après le concert me donner une Sérénade. Tout le monde est content et moi aussi. […]
Berlioz espérait visiblement rencontrer Joachim à nouveau à la gare de Hanovre en provenance de Leipzig, mais il avait mal lu l’horaire, comme le montre une autre lettre à Joachim le lendemain: ‘Excusez mon étourderie. J’apprends que nous ne passons pas par Hanovre, ainsi ne venez pas vous geler à la station de chemin de fer’ (CG no. 1667bis [tome VIII]).
De retour à Paris Berlioz envoie un compte-rendu détaillé de son séjour à Leipzig à sa sœur Adèle (CG no. 1669, 17 et 19 décembre):
Ta lettre m’est arrivée à temps, j’étais encore à Leipzig, elle a complété une de mes grandes joies. Je venais de donner mon concert et d’obtenir le succès le plus important que je puisse ambitionner en Allemagne. Ce terrible public de Leipzig s’est dégelé. Toute la presse s’est prononcée encore une fois pour moi; après le concert j’ai été redemandé avec des acclamations qui me rappelaient Hanovre et Brunswick. Une heure après, les Étudiants sont venus à l’Hôtel de Bavière me donner une sérénade. Le lendemain, (on savait que c’était mon jour de naissance,) dans une soirée où je me trouvais, une Demoiselle est venue me présenter une couronne et me lire à bout portant des vers (traduits en prose française) qu’un poète de Dresde avait écrits dans la journée pour la circonstance. Puis les musiciens se sont refusés à recevoir le payement convenu pour mon concert. Leur chef (Ferdinand David) me dit qu’on n’a jamais vu rien de pareil à Leipzig. Cela doit avoir des conséquences très heureuses et de la plus haute importance pour moi dans toute l’Allemagne. Je n’ai plus qu’un malheur, c’est d’être Français. Cela les tourmente, on le voit. Ces Dames de l’Académie de chant me disaient l’autre jour avec une sorte d’impatience: « Mais pourquoi ne parlez-vous pas Allemand, M. Berlioz? ce devrait être votre langue. Vous êtes Allemand: à quoi cela vous sert-il de parler Anglais? Quelquefois vous dites par mégarde des phrases Anglaises aux musiciens. Il faut parler Allemand. » […]
Le succès des concerts à Leipzig en décembre 1853 semble pour Berlioz marquer un tournant dans sa situation en Allemagne. Au chapitre 59 des Mémoires, daté du 18 octobre 1854, Berlioz évoque la chaleur qu’il avait ressentie récemment en Allemagne:
On m’y accueille de mieux en mieux; les artistes m’y témoignent une sympathie de jour en jour plus vive; ceux de Leipzig, de Dresde, de Hanovre, de Brunswick, de Weimar, de Carlsruhe, de Francfort, m’ont comblé de marques d’amitié pour lesquelles je manque d’expressions de reconnaissance.
Mais dans le même chapitre se trouve aussi une remarque qui vise Leipzig nommément:
À Leipzig aussi, bien qu’on entende aujourd’hui ma musique avec d’autres oreilles qu’au temps de Mendelssohn (à ce que j’ai pu voir, et à ce que m’assure Ferdinand David) il y a encore quelques petits fanatiques, élèves du Conservatoire, qui, me regardant, sans savoir pourquoi, comme un destructeur, un Attila de l’art musical, m’honorent d’une haine forcenée, m’écrivent des injures et me font des grimaces dans les corridors du Gewandhaus quand j’ai le dos tourné.
À la fin de 1853 les pronostics semblent cependant encourageants. Le 18 décembre Berlioz écrit de Paris à Ferdinand David et lui envoie plusieurs partitions – le Requiem, Sara la Baigneuse et Tristia – en vue de concerts éventuels à venir, et s’enquiert même de la possibilité d’une mise-en-scène de Benvenuto Cellini à Leipzig (CG no. 1668). L’éditeur Kistner de Leipzig, encouragé par le succès de La Fuite en Égypte, décide de publier sur place une édition allemande de l’œuvre, qui paraîtra en avril 1854 et sera dédiée à l’Académie de Chant de Leipzig (cf. CG nos. 1685, 1688 [avec le tome VIII], 1731, 1731bis [tome VIII], 1736, 1745, 1751).
Mais des complications surgissent bientôt. Pendant l’absence de Paris de Berlioz en novembre et décembre 1853 un comte polonais, Tadeusz Tyskiewicz, rédacteur d’un journal sur la musique à Leipzig, intente procès à l’Opéra de Paris pour avoir présenté une version mutilée du Freischütz de Weber, et Berlioz se voit absurdement impliqué dans l’affaire: c’était en effet grâce à lui qu’en 1841 l’Opéra de Paris avait mis en scène la première version intégrale du chef-d’œuvre de Weber. Berlioz publie une lettre ouverte pour rétablir la vérité, lettre publiée dans plusieurs journaux de Paris et qu’il envoie à de nombreux amis en Allemagne pour publication dans la presse allemande (cf. CG no. 1682, au Baron Donop). Mais le 6 janvier 1854 il reçoit une lettre d’un étudiant de Leipzig du nom de Wisthling qui l’accuse d’avoir mutilé l’œuvre de Weber, suivie d’une autre dans laquelle l’étudiant prétend parler au nom de ces mêmes étudiants qui quelques semaines plus tôt avaient donné une sérénade à Berlioz… Dans sa réponse Berlioz remet vertement l’impertinent à sa place: ‘Sachez encore que j’ai donné plus de preuves de mon respect religieux pour les grands maîtres allemands que vous n’en pourrez donner pendant toute votre vie, et que je suis là-dessus hors des atteintes des accusations et des jugements superficiels’ (CG no. 1684, 7 janvier). Le même jour, visiblement furieux, il évoque l’affaire dans une lettre à Ferdinand David: ‘Tout cela est révoltant d’injustice et d’absurdité’ (CG no. 1685).
Les perspectives de nouveaux concerts à Leipzig n’aboutiront finalement à rien. Au passage un accroc imprévu: à Leipzig le poème de Sara la Baigneuse est jugé une atteinte au bon goût… ‘Soyez assez bon pour m’envoyer dans le même paquet la partition de Sara la Baigneuse, que ma pudeur me permet à peine de nommer … vu l’extrême danger à faire chanter de telles indécences par les Dames de votre académie de chant, elle ne vous servira à rien’, rétorque Berlioz à Ferdinand David (CG no. 1731, 11 avril 1854; cf. 1668, 1688). Le projet d’une édition allemande de l’ensemble de l’Enfance du Christ par Kistner à Leipzig n’aura pas non plus de suite, et l’idée est finalement abandonnée par l’éditeur en 1856 par souci d’économie (CG nos. 1755bis [VIII], 1934, 1983, 2012, 2095). Au cours de 1855 Berlioz avait en fait eu l’idée d’une édition complète de toutes ses œuvres, publiée par Härtel à Leipzig avec le concours de Liszt, mais le projet n’aboutira pas du vivant du compositeur (CG no. 1901, cf. 1908, 1913, 1918, 1965). Les rapports de Berlioz avec Ferdinand David restent cordiaux, mais semblent prendre fin après 1855 (cf. CG no. 2012, 10 septembre 1855). Le seul lien durable de Berlioz avec Leipzig restera le fidèle J. C. Lobe: le 5 avril 1863 Berlioz lui écrit dans l’espoir de le revoir à Weimar où Berlioz est venu pour une représentation de Béatrice et Bénédict (CG no. 2707bis [tome VIII]).
Vous trouverez ci-dessous les images des programmes des concerts de Berlioz en 1843 et 1853. Nous avons fait don des originaux de ces programmes au Musée Hector-Berlioz en 2014. © Musée Hector Berlioz. Tous droits réservés.
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Sauf indication contraire, toutes les photos modernes ont été prises par Michel Austin en 2008; les autres images ont été reproduites d’après des gravures, cartes postales, journaux et livres dans notre collection datant du 19ème ou du début du 20ème siècle. © Michel Austin et Monir Tayeb. Tous droits de reproduction réservés.
C’est à cette gare que Berlioz a pris le train pour Dresde le 2 février 1843. Voyez aussi Un voyage en train à Dresde en 1843.
Cette carte du 8 avril 1989 avec timbre de premier jour commémore le 150ème anniversaire de l’inauguration en 1839 de la ligne Leipzig-Dresde, la première ligne de chemin de fer en Allemagne.
La gare principale (Hauptbahnhof), construite entre 1909 et 1915 et inaugurée en octobre 1915, remplaçait les quatre gares de la ville, parmi elles la gare de Leipzig-Dresden. Cette nouvelle gare centrale fut gravement endommagée au cours de la deuxième guerre mondiale et reconstruite par la suite. La photo ci-dessus vient de Hugo Johst, Leipzig in alten Ansichtskarten (Weidlich Verlag, 2001).
Le Gewandhaus (‘Salle aux Textiles’), construit en 1781 par l’architecte Johann Carl Friedrich Dauthe dans la rue de l’Université [Universitätsstraße] près du centre de la ville, fut la première salle de concert digne du nom à Leipzig. Le premier concert y est donné le 25 novembre de la même année, sous la direction de J. A. Hiller. En 1835 Mendelssohn est nommé chef de l’orchestre du Gewandhaus, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort en 1847.
En 1842 on ajoute un étage supplémentaire au vieux bâtiment, et des galeries offrent plus de place au public grandissant. La décoration de la salle est refaite, et on remplace les lampes à huile par un éclairage au gaz.
L’orchestre du Gewandhaus continue à donner des concerts dans ce bâtiment jusqu’en 1884, quand un nouveau Gewandhaus, plus grand, est construit sur la Königsplatz, plus loin du centre. Le bâtiment original continue à exister pendant une dizaine d’années jusqu’à sa démolition en 1895. Le deuxième Gewandhaus, sur la Königsplatz, est détruit par un bombardement allié au cours de la deuxième guerre mondiale. Le troisième et actuel Gewandhaus est construit par l’architecte Rudolf Skoda sur l’Augustplatz. Il est inauguré le 8 octobre 1981 et comprend une Salle Mendelssohn ainsi que la Grande Salle où l’on donne les principaux concerts.
L’image ci-dessus vient de Adam Carse, The Orchestra from Beethoven to Berlioz (Cambridge, 1948), p. 131.
La gravure ci-dessus vient de Rudolf Skoda, Die Leipziger Gewandhaus Bauten (Verlag Bauwesen, 2001), p. 26.
L’image ci-dessus vient de Adam Carse, op. cit. face à la page 140.
La gravure ci-dessus fut publiée dans Le Journal illustré, no. 48, 8-15 janvier 1865. La cantatrice dans cette image est Carlotta Patti, sœur ainée d’Adelina Patti.
L’aquarelle ci-dessus par Gottlob Theuerkauf (1833-1911) date de 1895. L’image vient de Rudolf Skoda, Die Leipziger Gewandhaus Bauten (Verlag Bauwesen, 2001), p. 32.
L’image ci-dessus vient de Rudolf Skoda, Die Leipziger Gewandhaus Bauten (Verlag Bauwesen, 2001), p. 30.
L’image ci-dessus représente un concert dirigé par Carl Reinecke. Cette image vient de Rudolf Skoda, Die Leipziger Gewandhaus Bauten (Verlag Bauwesen, 2001), p. 48.
Le monument Mendelssohn devant le bâtiment, construit en 1892, fut supprimé par les National-Socialistes en novembre 1936. En 2008 un nouveau monument, inspiré de l’original, fut inauguré à Leipzig non loin de la Thomaskirche (Église St Thomas).
La photo ci-dessus vient de Rudolf Skoda, Die Leipziger Gewandhaus Bauten (Verlag Bauwesen, 2001), p. 75.
Sur le mur du bâtiment à gauche dans la photo ci-dessus, à la hauteur du passant en rouge, se trouve une grande plaque en métal qui commémore le Gewandhaus original (voir les 3 photos suivantes).
Traduction du texte:
Ici se trouvait le Gewandhaus,
La halle des marchands d’étoffes.
Pour la transcription et traduction du texte voyez l’image plus grande.
Voyez aussi sur ce site:
Faust à Leipzig
Un voyage en train de Leipzig à Dresde en 1843
Site Hector Berlioz créé par Michel Austin et Monir Tayeb le 18 juillet 1997; page Berlioz à Leipzig créée le 3 janvier 2007; augmentée le 1er janvier 2012, et le 1er novembre 2014. Révision le 1er mars 2024.
© (sauf indication contraire) Michel Austin et Monir Tayeb