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Berlioz en Italie

Les Abruzzes et les pifferari

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    Berlioz avait une piètre opinion de la musique à Rome, surtout en ce qui concerne la musique d’orchestre. ‘L’art instrumental est lettre close pour les Romains. Ils n’ont pas même l’idée de ce que nous appelons une symphonie’ (Mémoires, chapitre 39). Il poursuit:

J’ai remarqué seulement à Rome une musique instrumentale populaire que je penche fort à regarder comme un reste de 1’antiquité: je veux parler des pifferari. On appelle ainsi des musiciens ambulants, qui, aux approches de Noël, descendent des montagnes par groupes de quatre ou cinq, et viennent, armés de musettes et de pifferi (espèce de hautbois), donner de pieux concerts devant les images de la madone. Ils sont, pour 1’ordinaire, couverts d’amples manteaux de drap brun, portent le chapeau pointu dont se coiffent les brigands, et tout leur extérieur est empreint d’une certaine sauvagerie mystique pleine d’originalité. J’ai passé des heures entières à les contempler dans les rues de Rome, la tête légérement penchée sur 1’épaule, les yeux brillants de la foi la plus vive, fixant un regard de pieux amour sur la sainte madone, presque aussi immobiles que l’image qu’ils adoraient. La musette, secondée d’un grand piffero soufflant la basse, fait entendre une harmonie de deux ou trois notes, sur laquelle un piffero de moyenne longueur exécute la mélodie; puis, au-dessus de tout cela, deux petits pifferi très courts, joués par des enfants de douze à quinze ans, tremblotent trilles et cadences, et inondent la rustique chanson d’une pluie de bizarres ornements. Après de gais et réjouissants refrains, fort longtemps répétés, une prière lente, grave, d’une onction toute patriarcale, vient dignement terminer la naïve symphonie. […] De près, le son est si fort qu’on peut à peine le supporter; mais à un certain éloignement, ce singulier orchestre produit un effet auquel peu de personnes restent insensibles. J’ai entendu ensuite les pifferari chez eux, et si je les avais trouvés si remarquables à Rome, combien l’émotion que j’en reçus fut plus vive dans les montagnes sauvages des Abruzzes, où mon humeur vagabonde m’avait conduit.

    Il ne semble y avoir aucune mention des pifferari dans les lettres écrites par Berlioz pendant son séjour en Italie.

    Dans le troisième mouvement de sa symphonie Harold en Italie, ‘Sérénade d’un montagnard des Abruzzes à sa maitresse’, Berlioz a introduit une ritournelle imitant la musique des pifferari. On trouve aussi un écho de cette musique dans le premier des trois morceaux pour l’orgue-mélodium d’Alexandre qui datent de 1844: il a pour titre ‘Sérénade rustique à la Madone sur le thème des pifferari romains’.

Les Abruzzes et les pifferari en images

Sauf indication contraire, toutes les photos modernes sur cette page ont été prises par Monir Tayeb en 2012, toutes les autres images ont été reproduites d’après des gravures et autres publications dans notre collection. © Monir Tayeb et Michel Austin. Tous droits de reproduction réservés.

1. Les Pifferari autrefois

Les Pifferari dans les Abruzzes
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L’original de ce tableau par William Turner (ca 1838) se trouve au Glasgow Art Gallery and Museum, Glasgow, Écosse.

L’original des gravures et d’autres publications suivantes a été donné par nous au Musée Hector Berlioz qui en détient le droit de reproduction.

Les Pifferari à Rome en 1827
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(Image plus grande)

Cette gravure, d’après une peinture faite à Rome, porte la signature de Sir David Wilkie et la date de 1827. Elle a été inspirée par le spectacle des pifferari défilant dans les rues à l’époque de Noël en 1825. 

Les Pifferari à Rome
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La gravure ci-dessus fut publiée dans l’Illustrated London News du 4 mai 1850.
Les Pifferari à Romagna
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La gravure ci-dessus date de 1850.

Les Pifferari à Rome
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Cette gravure est tirée d’un article par le Lieutenant George H. Preble dans le livre intitulé Ballou’s Pictorial Drawing-Room Companion, publié le 18 avril 1857.

2. Musique populaire italienne et musiciens traditionnels de notre temps (2012)

Les photos suivantes montrent les musiciens qui ont joué ensemble les sérénades de leur régions respectives: Sardaigne, Corse, Sicile, Gênes, Naples… au Festival Berlioz en août et septembre 2012. Les concerts ont eu lieu au jardin du Musée Hector Berlioz.

2.1.  Stefano Valla (piffero et chant); Daniele Scurtai (accordéon)

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2.2.  Ensemble Unavantaluna 
Les musiciens sont, de droit à gauche: Pietro Cernuto (cornemuse, chant), Carmelo Cacciola (Luth Crétois, chant), Luca Centamore (guitare, chant), Francesco Salvadore (percussion, chant).

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