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Ouvert par un Grec en 1760 (d’où son nom), le Café Greco est un rendez-vous de prédilection pour les artistes étrangers à Rome tout au long the 18ème et 19ème siècles. Il compte parmi ses visiteurs des écrivains et poètes tels que Keats, Byron et Goethe, et des compositeurs comme Berlioz, Mendelssohn, Liszt, Wagner et Bizet. De nos jours les murs du café affichent des facsimilés laminés de lettres, des vieilles coupures de journaux et des photographies de quelques-uns de ses illustres visiteurs.
Sis au no. 86 de la Via Condotti près de la Place d’Espagne, le Café Greco, non loin de la Villa Medici, était à l’époque de Berlioz le lieu de rencontre habituel des pensionnaires du Prix de Rome. La réaction de Berlioz au Caffè Greco est à intepréter à la lumière de son dédain pour Rome, qu’il exprime par exemple dans une lettre à sa famille quelques semaines après son retour de Nice (CG no. 232, 24 juin 1831):
[…] J’essaie quelquefois de descendre à Rome, mais je m’y ennuie encore davantage; point de spectacle, pas l’ombre de musique, point de cabinet littéraire, des cafés sales, obscurs, mal servis, sans journaux; dans le pays de marbre on vous sert sur de petits vilains guéridons de bois comme celui qui est à la cuisine pour porter la lampe. Tout y est à cent cinquante ans en arrière de la civilisation, et en général dans toute l’Italie. […]
Rome, en d’autres termes, a le tort aux yeux de Berlioz de ne pas être Paris, où les cafés tels que le Café du Cardinal sont un de ses lieux de rencontre préférés. Mais à Rome il n’y avait pas moyen d’éviter le Caffè Greco. Le jour même de son arrivée Berlioz s’y rend, comme il le raconte dans ses Mémoires (chapitre 33):
Le soir même, après avoir salué M. Vernet, je suivis mes camarades au lieu habituel de leurs réunions, le fameux café Greco. C’est bien la plus détestable taverne qu’on puisse trouver : sale, obscure et humide, rien ne peut justifier la préférence que lui accordent les artistes de toutes les nations fixés à Rome. Mais son voisinage de la place d’Espagne et du restaurant Lepri qui est en face, lui amène un nombre considérable de chalands. On y tue le temps à fumer d’exécrables cigares, en buvant du café qui n’est guère meilleur, qu’on vous sert, non point sur des tables de marbre comme partout ailleurs, mais sur de petits guéridons de bois, larges comme la calotte d’un chapeau, et noirs et gluants comme les murs de cet aimable lieu. Le Cafe Greco, cependant, est tellement fréquenté par les artistes étrangers, que la plupart s’y font adresser leurs lettres, et que les nouveaux débarqués n’ont rien de mieux à faire que de s’y rendre pour trouver des compatriotes.
La visite au Café Greco fait effectivement partie des mondanités de Rome, comme Berlioz le raconte plus loin dans ses Mémoires (chapitre 36):
Le soir, c’était la visite obligée au café Greco, où les artistes français non attachés à l’Académie, que nous appelions les hommes d’en bas, fumaient avec nous le cigare de l’amitié, en buvant le punch du patriotisme. Après quoi, tous se dispersaient…
Et Berlioz d’évoquer ensuite ‘ceux qui rentraient vertueusement à la caserne académique’ après la visite au café, pour passer la soirée avec des concerts improvisés. Il laisse à l’imagination du lecteur de déterminer la destination des autres.
Toutes les photos reproduites sur cette page ont été prises par Michel Austinen mai 2007; toutes les autres images ont été reproduites d’après les publications dans notre collection. © Michel Austin et Monir Tayeb. Tous droits de reproduction réservés.
La gravure ci-dessus fut publiée dans l’Illustrated London News du 4 mai 1850.
D’après cette petite plaquette de l’époque, ‘L’histoire de ce café depuis la date de sa fondation en 1760 est particulièrement intéressante, puisqu’il a été un lieu de rencontre pour des artistes, poètes et écrivains de tous les pays. Byron, Shelley, Goethe, Keats, Thackeray, Thorwaldsen, Mark Twain, Canova, Gounod, Bizet, Berlioz, Gogol, Wagner, le roi Louis de Bavière et bien d’autres célébrités mondiales ont de tout temps été des habitués du Caffé Greco.’
Cette photo, imprimée dans la plaquette ci-dessus, montre le salon Médaillon, ‘connu sous le nom d’OMNIBUS à cause de sa forme’.
© Michel Austin et Monir Tayeb pour toutes les images et informations sur cette page.
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