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Berlioz à Paris

La Société Philharmonique, 1850-1851

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Berlioz 1851

Contenu de cette page

Présentation 
Concerts de la Société Philharmonique
Choix de lettres
Table des séances du comité de la Société Philharmonique
Illustrations

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Voir aussi la page La Société Philharmonique, 1850-1851: textes et documents
Berlioz à Paris: Concerts et exécutions 1825-1869
Berlioz à Paris: Concerts et exécutions 1825-1869 — textes et documents

Abréviations

CG = Correspondance générale (1972-2003)
CM = Critique musicale (8 tomes parus, 1996-2016)
NL = Nouvelles lettres de Berlioz, de sa famille, de ses contemporains (2016)
RGM = Revue et gazette musicale 
Tiersot = Julien Tiersot ‘Berlioz directeur de concerts symphoniques’, Le Ménestrel 1909-1910

Présentation

    Vers la fin de l’année 1849 Berlioz fonde une nouvelle société de concerts: c’est la Grande Société Philharmonique de Paris, pour lui donner son titre complet. Elle comprend plus de 200 musiciens, avec un orchestre d’une centaine d’instrumentistes et un chœur de 120, et se propose de donner des concerts de musique symphonique et chorale tous les mois le mardi soir pendant la saison des concerts, dans la Salle Sainte-Cécile qui vient d’être construite. La fondation de cette société représente pour Berlioz une nouvelle initiative de grande envergure, à laquelle il consacre beaucoup de temps et de peine: c’est la réalisation d’un projet qu’il a longtemps caressé, celui de doter Paris d’une grande société musicale comparable à celles d’autres capitales de l’Europe, telles que Londres, Vienne et St Pétersbourg. Outre des concert réguliers adressés à un public plus large de mélomanes, qui feraient appel aux talents de nombreux musiciens de profession établis à Paris, elle donnerait à Berlioz l’occasion de se produire en public tant comme compositeur que comme chef d’orchestre. En l’occurrence la nouvelle société ne répondra pas aux espérances de son fondateur et de ses partisans à Paris. Le concert d’ouverture, le 19 février 1850, est un succès incontestable et la société donnera par la suite plusieurs concerts remarqués, mais dès la première saison des difficultés surgissent. La Société parviendra à mener à terme une deuxième saison en 1850-1851, mais perd son élan et pour finir Berlioz y renoncera à l’automne de 1851 sans avoir réussi à lancer une troisième saison.

    Julien Tiersot a traité de la Société philharmonique dans son étude ‘Berlioz directeur de concerts symphoniques’ publiée dans Le Ménestrel en 1909 et 1910, dans le cadre de sa série novatrice d’articles intitulés Berlioziana qu’on trouvera reproduits intégralement sur ce site (Tiersot, soit dit en passant, ne disposait à l’époque que d’une partie de la documentation maintenant disponible sur ce sujet). La Société philharmonique est bien entendu évoquée dans les ouvrages d’ensemble consacrés à Berlioz, tels que la grande biographie en deux tomes du compositeur par David Cairns (tome II, p. 482-90). Mais malgré son importance dans la carrière de Berlioz et la documentation abondante dont on dispose, elle ne semble pas encore avoir fait l’objet d’une étude de fond. La raison en est sans doute qu’après la disparition de la Société Berlioz lui-même a peu dit sur cet épisode. Il est frappant de constater que les Mémoires ne disent absolument rien sur le sujet: il y est question ici et là d’autres sociétés philharmonique dans différents villes d’Europe — Hambourg, Vienne, Pesth, Londres — mais il n’y a pas la moindre allusion à la société philharmonique fondée et dirigée par lui pendant une période de presque deux ans. Le silence de Berlioz témoigne sans doute de sa déception: il ne veut pas s’étendre sur un des grands échecs de sa carrière. Mais de toute façon après 1848 les Mémoires deviennent beaucoup plus avares de détails sur la suite de la carrière du compositeur. Au début du sombre chapitre 59, qui porte la date du 18 octobre 1854, Berlioz avoue sa hâte d’en finir avec ses Mémoires qui le fatiguent: ‘La route qui me reste à parcourir […] doit sûrement ressembler beaucoup à celle que j’ai parcourue.’

    Cette page, et la page de textes qui y fait pendant, se propose de donner une vue d’ensemble de l’histoire de la Société philharmonique établie à partir de textes et documents contemporains: les écrits de Berlioz, la presse parisienne de l’époque, et des documents qui émanent directement de la Société philharmonique. Une rubrique sur cette page donne une liste en ordre chronologique de tous les concerts donnés par la société, avec le détail de leur programmes et des renvois aux sources, sources qu’on trouvera en partie sur cette page et en partie sur une page annexe de textes et documents.

Berlioz: correspondance et feuilletons

    L’histoire de la Société philharmonique est bien documentée, et d’abord par les écrits du compositeur lui-même. Sa correspondance offre de nombreux aperçus sur l’évolution de la Société, depuis sa création à la fin de 1849 jusqu’à son dernier souffle à l’automne de 1851. Un choix de ses lettres est reproduit ci-dessous. Ce choix comporte en premier lieu des lettres à ses proches et familiers, et ne représente en pratique qu’une petite partie de celles qui concernent directement ou indirectement la Société. À quelques exceptions près ces dernières n’ont pas été retenues ici; elle sont pour la plupart assez brèves et traitent de questions pratiques telles que (cette liste n’a rien d’exhaustif):

    Outre sa correspondance, les travaux de Berlioz critique musical fournissent d’autres informations, notamment ses feuilletons pour le Journal des Débats; on les trouvera reproduits intégralement sur ce site. Berlioz s’est servi de sa tribune au journal pour lancer la nouvelle Société (5 février 1850; 19 octobre 1850), parfois pour annoncer à l’avance certaines exécutions ou artistes, et parfois pour évoquer après coup des concerts qui avaient eu lieu. Ce qu’il n’a pas fait, c’est de faire de la réclame pour ses propres œuvres, qui formaient cependant une partie non négligeable des concerts donnés. Les listes des concerts ci-dessous comportent des renvois à toutes ces sources.

La presse parisienne

    Tout au long de sa carrière Berlioz s’est intéressé attentivement à la presse parisienne: il correspond beaucoup avec de journalistes et d’éditeurs de journaux, qu’il connaît souvent personnellement. L’histoire de la Sociéte philharmonique figure largement dans la presse parisienne de l’époque. On trouvera sur une page séparée de larges extraits de trois journaux différents, L’Illustration, Le Ménestrel, et la Revue et gazette musicale (RGM). Ces extraits ne représentent bien entendu qu’un choix parmi toute la presse si active du Paris de cette époque, mais ils offrent un éventail d’opinions de la plume de différents auteurs et critiques musicaux. Les textes choisis ont été répartis en deux groups, d’abord annonces et programmes de concerts à venir, ensuite articles et comptes-rendus de concerts qui ont eu lieu. (Cette division ne concerne que les deux derniers journaux cités.)

    Parmi ces trois journaux L’Illustration n’est pas une publication spécialisée vouée uniquement à la musique (elle a pour sous-titre Journal universel), mais elle comporte régulièrement une rubrique intitulée Chronique musicale, signée dans ces années par Georges Bousquet. Bousquet, lauréat du Prix de Rome, a composé des opéras et était actif aussi comme chef d’orchestre et de chœurs; Berlioz parle de lui a plusieurs reprises dans ses feuilletons du Journal des Débats et lui est en général favorable (voir notamment 29 octobre 1844; 7 janvier 1849; 25 décembre 1852; 7 janvier 1853; 6 mars 1857). Les concerts de la Société philharmonique figurent souvent dans la Chronique musicale de L’Illustration, mais de manière intermittente: certains concerts sont évoqués brièvement ou pas du tout, d’autres font l’objet de comptes-rendus plus développés. De façon générale Bousquet semble bien disposé envers Berlioz et sa musique, à une exception près (le concert du 22 octobre 1850). Remarquons au passage que Bousquet semblait suivre de près ce que publiait la Revue et gazette musicale (RGM): un de ses comptes-rendus (10 mai 1851) fait visiblement écho directement à celui paru une semaine plus tôt dans la RGM (3 mai 1851).

    Le Ménestrel par contre est exclusivement consacré à la musique et au théâtre; il paraît tous les dimanches, mais à cette date ne comporte encore que quatre pages de format plus petit que les deux autres publications. Les comptes-rendus sont d’ordinaire signés. Des deux critiques qui paraissent dans les textes choisis, Edmond Viel est le plus favorable à Berlioz, tandis que son collègue Jules Lovy, s’il est d’ordinaire bien disposé envers le compositeur ne peut parfois résister à la tentation de faire de l’esprit et de décocher quelques flèches à l’adresse de Berlioz ou d’autres cibles.

    De loin le plus riche en informations des trois journaux est la Revue et gazette musicale (RGM); tout comme Le Ménestrel elle paraît tous les dimanches, mais comprend huit pages en plus grand format, et est consacrée exclusivement à la musique. Berlioz a entretenu d’étroits rapports avec ce journal pendant des années et y a publié de nombreux articles. C’est sa tribune de choix pour tout ce qui concerne la publicité pour la Société philharmonique: il existe à la Bibliothèque nationale de France un exemplaire du prospectus pour le concert d’ouverture de la Société, annoté de la main de Berlioz et envoyé par lui à l’éditeur Brandus; le texte du prospectus est publié intégralement dans la RGM du 3 février 1850 (voir l’illustration sur une page séparée). La semaine précédente (27 janvier 1850), la RGM avait publié un article annonçant la création de la nouvelle société, de la plume du journaliste Léon Kreutzer, ami et partisan de Berlioz de longue date, dont il se fait ici pratiquement le porte-parole. Par la suite Kreutzer publiera des comptes-rendus très développés de plusieurs concerts. D’autres comptes-rendus sont signés par Maurice Bourges et (moins souvent et plus brièvement) par Henri Blanchard, tous deux favorables à Berlioz, notamment Bourges. Pour l’histoire de la Société philharmonique la RGM est de loin la source la plus instructive: chaque concert est annoncé à l’avance, avec parfois des mises à jour sur des concerts à venir, et chaque concert fait l’objet d’un compte-rendu plus ou moins développé.

Documents de la Société philharmonique

    Les documents émanant de la Société philharmonique constituent une source particulièrement intéressante pour son histoire. De ces documents l’un d’eux — le prospectus pour le lancement du premier concert, annoté de la main de Berlioz — vient d’être cité. Beaucoup des autres se trouvent maintenant au Musée-Hector-Berlioz à La Côte Saint-André; ils faisaient partie de la collection Chapot qu’héberge maintenant le Musée, ce qui signifie qu’ils se trouvaient parmi les nombreux papiers du compositeur qui ont été transmis aprés sa mort à la famille de sa sœur Adèle Suat. D’où une constation intéressante: malgré l’échec de la Société et la répugnance de Berlioz à en parler par la suite, il a cependant gardé les papiers qui la concernaient. Ils comprennent divers documents, tels que des listes de destinataires de billets de faveur (beaucoup ont été distribués; un exemple est illustré sur une page séparée), ou de la correspondance se rapportant à la Société (CG nos. 1358 et 1387 en sont deux exemples). De loin la pièce la plus importante est un cahier contenant les procès-verbaux manuscrits des séances du comité de la société, datant du 22 janvier 1850 au 4 novembre 1851. Le cahier comporte une centaine de pages écrites; à une date plus tardive, une autre main a numéroté au crayon les pages impaires de 1 à 99, dans la marge de droite en haut de la page. Le titre à la page 3 dit simplement ‘Société philharmonique. Procès Verbaux des Séances du Comité’. La table ci-dessous donne une liste chronologique de toutes les séances pendant les deux années de l’existence de la Société. Les procès-verbaux sont de différentes mains, certaines plus lisibles que d’autres, et plusieurs des procès-verbaux (mais non la majorité) sont de la main de Berlioz; sur la table ci-dessous les procès-verbaux écrits par Berlioz sont marqués d’un *astérisque. Ce document, moins connu qu’il mérite de l’être, est d’un grand intérêt mais n’a pas encore été exploité à fond; on y trouve une quantité détails curieux et inédits concernant le fonctionnement de la société. Nous avons transcrit d’après les originaux au Musée-Hector-Berlioz quelques extraits de ces procès-verbaux. qui sont reproduits sur la page annexe de textes et documents: ils donnent une idée du genre d’informations qu’on peut tirer de cette source. Quelques pages de ces procès-verbaux sont illustrées sur des pages séparées (voir ci-dessous).

La fondation de la société

    Le titre complet de la nouvelle société est Grande société philharmonique de Paris. On remarquera que ce titre n’a pas été choisi par pure emphase, mais sans doute dans l’intention de distinguer cette société d’une autre bien plus ancienne, la Société philharmonique de la ville de Paris, qui existait depuis déjà un quart de siècle. Cette dernière société est une organisation à petite échelle, et consiste en un petit orchestre de joueurs amateurs qui donne des concerts de musique généralement légère, et offre ses concerts gratuitement au public (sur elle voir par exemple RGM 19 janvier 1851).

    La nouvelle Société philharmonique est entièrement l’idée de Berlioz: il est à la fois organisateur, chef d’orchestre, compositeur et président; il en est l’âme et sans lui elle ne pourrait exister. Dans sa correspondance Berlioz s’exprime très franchement là-dessus (CG nos. 1289, 1297, 1312), de même que son ami et soutien Léon Kreutzer dans le manifeste qu’il publie pour le lancement de la Société (RGM 27 janvier 1850). Comme on peut le constater dans les journaux et les comptes-rendus, tout le monde suppose comme allant de soi que Berlioz et la Société ne font qu’un.

    Le moment précis où Berlioz décide de fonder la Société peut être fixé précisément à décembre 1849: ceci découle du témoignage de la lettre CG no. 1289 et de l’article de Kreutzer du 27 janvier 1850 dans lequel il affirme: ‘Il y a un mois à peine que M. Berlioz a commencé à mettre à exécution un projet qu’il portait depuis longtemps dans sa pensée’. Ceci appelle commentaire. Berlioz déplorait effectivement depuis longtemps l’absence à Paris d’un équivalent des sociétés philharmoniques des grandes capitales européenes. Il y avait il est vrai la Société des concerts du Conservatoire fondée par Habeneck on 1828, par laquelle plusieurs des œuvres de Berlioz avaient été créées dans les années 1830. Mais après 1843 Berlioz se voit en pratique exclu de Conservatoire, tant comme compositeur que comme chef d’orchestre; d’ailleurs le public restreint du Conservatoire est conservateur dans ses goûts, le répertoire des concerts se limite aux classiques établis et considère toute musique nouvelle avec méfiance, et l’usage de la salle est le privilège jalousement gardé de la Société des concerts. Mais au début de 1849 il se passe quelque chose de nouveau; dans un article publié dans la RGM du 29 janvier 1849 [CM VII pp. 21-28] Berlioz débute ainsi:

Il faut en commençant annoncer la grande nouvelle: Paris possède une salle de concert!!! une salle excellente, d’une sonorité parfaite, d’une grandeur suffisante, située dans le meilleur quartier de Paris, d’un prix de location modéré, et propre à tous les genres de musique, depuis le quatuor jusqu’à l’oratorio et à la plus vaste symphonie avec chœurs.

   La salle en question venait d’être construite: c’est la Salle Sainte-Cécile, au 49bis de la Chaussée d’Antin. Berlioz poursuit en expliquant en détail que la salle du Conservatoire n’est pas en pratique disponible aux musiciens, et que la meilleure alternative disponible, la Salle Herz, ne convient qu’à des concerts à petite échelle du fait de ses dimensions modestes. La majeure partie de l’article est consacrée au premier concert donné dans la Salle Sainte-Cécile par une nouvelle société de concerts, l’Union musicale dirigée par Jean Manéra, lui-même membre de l’orchestre du Conservatoire. La fondation de cette société est un événement d’importance: c’est la première tentative pour briser le monopole du Conservatoire, et l’exemple sera suivi en moins de deux ans par deux autres sociétés, la Société philharmonique fondée par Berlioz à la fin de l’année, et la Société Sainte-Cécile fondée à la fin de 1850 (RGM 3 novembre 1850). En l’occurrence aucune des trois sociétés ne durera, mais avec le recul du temps on peut voir qu’elles préfigurent l’avenir: en octobre 1861 Jules Pasdeloup, qui avait été timbalier dans la Société philharmonique (CG no. 2077), fonde ses Concerts populaires qui seront voués à un brillant avenir, et son exemple sera suivi dans les années 1870 par les Concerts Colonne puis par les Concerts Lamoureux.

    Il ne semble pas évident que ces deux événements — la construction de la Salle Sainte-Cécile et la création de l’Union musicale — ait eu une influence immédiate sur Berlioz. En avril 1849 une lueur d’espoir brille pour lui: pour la première fois depuis des années le Conservatoire joue de sa musique (deux extraits de la Damnation de Faust; voir CG no. 1256), mais c’est un jour sans lendemain. Pendant une bonne partie de l’année jusqu’en septembre Berlioz est occupé à terminer la partition de son Te Deum commencée l’année d’avant, et il est manifeste qu’en septembre il se préoccupe, non de former une nouvelle société de concerts, mais de faire exécuter son nouvel ouvrage (CG no. 1280). Il se trouve que Jean Manéra, fondateur de la nouvelle Union musicale, meurt subitement le 3 août; sa place est prise par François Seghers, un musicien dont Berlioz pensait du bien. Dans le Journal des Débats du 27 octobre 1849 il évoque en termes fort élogieux les répétitions du nouvel orchestre pour un concert au nouvel an, et il accueille chaleureusement leur premier concert le 20 janvier 1850 (Journal des Débats 5 février 1850). Il est surprenant de voir Berlioz se décider en décembre à lancer sa propre entreprise, malgré l’existence d’une autre société éventuellement rivale. On pourrait avancer que d’après sa propre expérience Berlioz répugnait à confier sa musique à d’autres chefs d’orchestre que lui. Quoi qu’il en soit, Berlioz une fois lancé ne perd pas de temps: en quelques semaines il met en mouvement amis et partisans, et recrute un orchestre plus un chœur parmi les nombreux musiciens de Paris qu’il connaît bien depuis des années.

La Salle Sainte-Cécile

    Tous les concerts réguliers de la Société philharmonique prendront place à la Salle Sainte-Cécile, sauf pour deux exécutions spéciales qui auront lieu dans des églises (3 mai 1850 et 1er mars 1851). Les concerts sont fixés au mardi soir à 8 heures une fois par mois, date qui a ses inconvénients, mais la seule disponible (cf. CG no. 1361). En l’occurrence la Salle Sainte-Cécile ne durera que quelques années, et il ne semble pas exister d’images d’elle. Elle était plus grande que la Salle Herz et sans doute aussi que le Conservatoire, et pouvait accueillir plus de deux cents musiciens, mais sa capacité exacte ne semble pas être connue. Elle ne pouvait évidemment suffire pour les grands effectifs nécessaires pour le Te Deum, et Berlioz ne semble jamais avoir songé à l’exécuter aux concerts de la Société philharmonique. Au départ Berlioz est enthousiaste: la nouvelle salle répond à ses rêves, mais après un usage prolongé il change d’avis. Dans un article dans le Journal des Débats du 19 octobre 1850 il précise que la Société a dû refuser d’accueillir de nouveaux membres: les 200 musiciens existants étaient plus que suffisants pour la Salle Sainte-Cécile et il serait dangereux de surcharger l’acoustique de la salle. En mai 1850, après la fin de la première saison, le comité de la société décide de solliciter du Ministre de l’Intérieur la permission d’utiliser la salle du Conservatoire pendant la saison à venir. Une lettre est envoyée au ministre, mais sa réponse est négative et maintient l’état présent (voir le procès-verbal de la séance du 12 mai 1850 avec la note); la saison 1850-1851 aura donc lieu dans la Salle Sainte-Cécile. Mais quand en octobre 1851 Berlioz envisage de lancer une troisième saison de concerts, il déclare vouloir l’inaugurer dans une nouvelle salle (CG no. 1433): ce ne peut être que la Salle Barthélémy récemment ouverte, mais l’entreprise n’aboutira pas, on verra comment.

Programmes et répertoire

    Soulignons d’emblée que tout au long des deux saisons de l’existence de la Société, le chœur joue un rôle important dans chaque concert: il constitue en effet la moitié de la Société.

    Le but déclaré de la société est ‘l’initiation du public aux principales compositions de toutes les époques sans exception aucune’ (RGM 3 février 1850), et dans son compte-rendu du premier concert Kreutzer souligne que ‘la Société avait promis de faire entendre à son public […] les œuvres des grands maîtres sans exception aucune’ (RGM 24 février 1850). Mais d’un autre côté Berlioz, écrivant à ses sœurs dans les derniers mois de 1849, fait bien entendre que sa priorité est maintenant de faire exécuter ses œuvres existantes (CG nos. 1280, 1289). Dans son manifeste pour la nouvelle société Léon Kreutzer ne fait pas mystère du fait qu’un de ses buts est de faire entendre la musique de Berlioz (RGM 27 janvier 1850), point de vue qu’il réaffirme dans un compte-rendu du deuxième concert de la deuxième saison: ‘la Société philharmonique nous mettra à même d’apprécier le plus grand nombre des ouvrages de M. Berlioz, ouvrages trop rarement entendus’ (RGM 24 novembre 1850). Il y a donc d’emblée une certaine équivoque dans la mission de la nouvelle société: jouer de la musique de toutes les époques, mais aussi fournir à Berlioz le moyen qui lui manque de se faire entendre à Paris.

    En l’occurrence la musique Berlioz prend une large part à nombre des programmes de la société. Des 11 concerts réguliers qu’elle donne au cours de ses deux saisons, deux seuls ne contiennent rien de lui (17 décembre 1850, 29 avril 1851): le public de Paris assiste à un long Festival Berlioz tel qu’il n’a pas connu et ne reverra qu’après sa mort. En un peu plus d’un an Berlioz parvient à faire entendre les deux premières parties de la Damnation de Faust (la première partie deux fois, la Marche hongroise trois fois), la Symphonie fantastique (deux fois), Harold en Italie (le second mouvement deux fois), les quatre premières parties de Roméo et Juliette (deux fois), la cantate Le Cinq mai, l’ouverture des Francs-Juges, La belle voyageuse, un air de Benvenuto Cellini, et son instrumentation de l’Invitation à la valse de Weber (deux fois). En outre il donne une première audition de plusieurs ouvrages plus brefs: la version avec orchestre de Sara la baigneuse (deux fois) et La Menace des Francs, et il a la satisfaction de mystifier le public et les critiques en faisant passer son Adieu des bergers à la sainte famille pour un ouvrage de Pierre Ducré, compositeur (imaginaire!) du XVIIème siècle (concert du 12 novembre 1850). De plus son Requiem est choisi pour être exécuté à Saint-Eustache au cours d’une cérémonie pour honorer les victimes d’un désastre à Angers, quand l’écroulement d’un pont fait de nombreuses victimes dans l’armée (3 mai 1850). À en juger par les comptes-rendus, les ouvrages de Berlioz sont généralement bien accueillis, parfois même redemandés, mais un critique relève l’excès de musique d’un seul compositeur dans un même programme (L’Illustration 1-8 novembre 1850); c’est sans doute pour répondre à ce genre de reproche que Berlioz décide d’écarter complètement sa musique du concert du 17 décembre 1850 (CG no. 1360). Mais dans les trois concerts qui suivent en 1851 la musique de Berlioz tient de nouveau une place importante.

    À part Berlioz, les programmes des concerts de la société sont en fait assez variés. Ils révèlent souvent les goûts personnels de Berlioz: son idole Gluck figure dans quatre concerts, de même que Weber (sans compter l’Invitation à la valse), et Berlioz tient à placer au début de son premier concert l’ouverture de Léonore no. 2, peu connue du public. Mais autrement il préfère éviter la concurrence avec le Conservatoire: Beethoven tient une place limitée dans ses autres concerts (une exécution de la cinquième symphonie, et une de la sonate Appassionata). On peut aussi déceler la main de Berlioz dans la présence de musique de son maître Lesueur (22 octobre et 17 décembre 1850), d’un air de Dalayrac (25 février 1851), deux chœurs du russe Bortniansky (22 octobre et 12 novembre 1850, 28 janvier 1851), et la première à Paris de l’ouverture d’Athalie de Mendelssohn (23 avril 1850). C’est Berlioz aussi qui incite la société à inscrire à ses programmes chaque année de la musique du dernier lauréat du concours du prix de Rome (procès-verbal de la séance du 14 février 1850): c’est Léon Gastinel qui en bénéficie, et sa musique figure dans deux concerts (30 mars 1850, 25 mars 1851) (Gastinel est élu membre du comité le 10 septembre 1850, en remplacement d’Auguste Morel quand ce dernier quitte Paris après des années de séjour pour revenir à Marseille sa ville natale).

    Les programmes révèlent aussi les exigeances qui pèsent sur la société. Il est naturel que ses membres s’attendent à voir leurs œuvres exécutées; à part Gastinel cela s’applique à Dietsch (30 mars 1850), Félicien David et Cadaux (tous deux le 23 avril 1850), et Membrée (28 janvier 1851), et aussi à plusieurs solos dinstrumentistes: le violoncelliste Jacquart (23 avril 1850), le flûtiste Petiton (25 mars 1851). Il était sans doute inévitable qu’il fallait faire des concessions au goût du public. D’où notamment la part importante dans nombre de concerts de morceaux de bravoure par des cantatrices (Pauline Viardot, Mme Frezzolini, Mme Ugalde et autres), ou par des virtuoses (les violonistes Joachim et Wieniawski et autres). D’où aussi l’aspect parfois hybride et morcelé de bien des programmes. Une caractéristique de plusieurs programmes est l’apparition de très jeunes virtuoses: les enfants prodiges pouvaient faire sensation, tels que les violonistes Jullien (17 décembre 1850) et Reynier (28 janvier 1851), la pianiste Wilhelmine Clauss (25 février 1851) et le violoncelliste Massart (25 mars 1851).

    Une des ambitions déclarées de la société est de transporter par chemin de fer ses concerts dans les villes de province (Léon Kreutzer, RGM 27 janvier 1850). On peut reconnaître ici la pensée de Berlioz (on peut comparer le discours qu’il fait à Kehl en juin 1863): il s’intéresse depuis longtemps au développement des transports de son temps, dont il a pu profiter au cours de ses voyages en Allemagne en 1842-3 et de nouveau en 1845-6, et dans son imagination il rêvait d’un avenir où les déplacements auraient lieu par voie aérienne… En octobre 1848 il avait transporté son orchestre de Paris à Versailles pour y donner un concert (Kreutzer semble faire allusion à cet épisode dans son article). Des concerts à Rouen, Amiens et ailleurs sont projetés par la société (voir par exemple Kreutzer dans la RGM 24 février 1850 [à la fin] et les procès-verbaux des séances du 27 avril et 1er mai 1850), mais en l’occurrence ils n’aboutiront pas.

Le déclin de la Société philharmonique

    Les débuts de la société sont très prometteurs. Le premier concert est un succès incontesté, très bien reçu par la presse; on loue en particulier la qualité de l’exécution sous la direction de Berlioz. Plusieurs des concerts ultérieurs seront favorablement accueillis, mais la nouvelle société ne tarde pas à se heurter à des problèmes. Des tensions éclatent à l’assemblée générale du 27 avril 1850; Berlioz offre sa démission, mais l’orchestre ne veut pas en entendre parler. Il explique ‘dans quel but de progrès et d’art il a créé la société. Il ajoute que dans les quatre concerts il n’a donné qu’une très petite part de ses œuvres’. Ceci suppose des résistances au sein de la société à la part que prennent ses compositions dans les programmes: l’opposition vient non de l’orchestre mais de certains choristes qui auraient réclamé que Sara la baigneuse soit supprimée du 3ème concert (elle ne sera exécutée que le 22 octobre 1850). Le meneur de la fronde se révèle être le chef des chœurs Dietsch, qui tient absolument à diriger les chœurs dans l’exécution à venir du Requiem à Saint-Eustache. On cite l’opinion de certains choristes: « l’exécution des œuvres de Mr Berlioz fatigue les artistes du chant ». En l’occurrence Dietsch refusera de participer à l’exécution du Requiem et démissionne de la société avec un groupe de choristes (séance du 5 mai 1850). Dans son compte-rendu de l’exécution, publié le même jour que la séance, Léon Kreutzer lance un défi: ‘Nous n’avons pas eu à regretter l’absence du chef de chant, M. Dietsch ; orchestre et chœur ont rivalisé de talent, sous la direction unique de M. Berlioz’ (RGM 5 mai 1850).

    Au fil du temps l’enthousiasme de la société commence à se refroidir et son dynamisme s’essouffle. Alors qu’en 1850 Berlioz affirme ne pouvoir quitter Paris pendant l’été à cause de la société qu’il ne peut ni ne doit abandonner (CG nos. 1335, 1343, 1344), il n’hésite pas en mai de l’année suivante à accepter la demande du ministre de servir comme membre d’un jury pour la Grande Exposition de 1851 à Londres, et ne revient à Paris qu’à la fin de juillet. Même évolution dans l’attitude de Léon Kreutzer, du missionnaire zélé de janvier-février 1850, au ton plus prudent d’octobre et novembre 1850, jusqu’au dernier article presque désabusé d’avril 1851: ‘à défaut de fortes recettes [les sociétés philharmoniques] se contenteront de gloire’. Au cours de la deuxième saison, la fréquence des séances du comité de la société diminue considérablement, et en 1851 l’assemblée générale ne se réunit qu’une seule fois (voir la table ci-dessous).

    Autre élément à versier au dossier, qui va peser sur l’avenir de la société: à la fin de 1850 une nouvelle société est constituée, la Société Sainte-Cécile sous la direction de François Seghers nommé ci-dessus (RGM 3 novembre 1850, 5 janvier 1851). Un peu plus petite que la Société philharmonique (elle compte au départ 130 exécutants contre 200), elle se produit dans la même Salle Sainte-Cécile, mais tous les quinze jours et non tous les mois, les dimanche après-midi quand la Société des concerts ne joue pas, et non un jour de semaine: elle bénéficie d’emblée de plusieurs avantages. La nouvelle société aura plus de succès et durera plus longtemps que la société de Berlioz. On remarquera cependant que Berlioz n’accusera jamais la nouvelle société ou son chef Seghers d’avoir par leur concurrence hâté la chute de la sienne: au contraire dans ses feuilletons il prodigue son soutien à cette société et à son chef (voir le Journal des Débats 21-22 avril et 27 novembre 1851; 21 février 1852; 7 janvier et 26 juillet 1853).

    La difficulté fondamentale, comme Kreutzer le laisse entendre, c’est l’argent: les concerts de la Societé philharmonique ne rapportent pas assez pour pouvoir durer (cf. CG no. 1311). Les frais sont élevés: location de la salle, copie de parties d’orchestre et de chant, répétitions, cachets des chanteurs et virtuoses, et le nombre élevé de billets de faveur qu’il faut distribuer à la presse et aux membres de la société et leurs amis. Les procès-verbaux des séances du comité fournissent de nombreux détails sur les finances de la société; il ne peut s’agir pas de les reproduire intégralement ici. Prenons un exemple: le procès-verbal de l’assemblée générale du 27 avril 1850 donne un résumé du profit net des trois premiers concerts, et on peut y ajouter quelques détails supplémentaires à partir des procès-verbaux de séances précédents. Le premier concert produit une recette de 4119 frs. de la vente des billets, et laisse un profit net appréciable de 2772.30 frs. Mais dès le second concert les chiffres s’effondrent: sur une recette de 1428 frs. on ne réalise qu’un profit de 441 frs. Au troisième concert la recette n’est que de 897 frs. et le profit se réduit à la somme pitoyable de 156.55 frs. Comme le montre le procès-verbal du 27 avril, la société reçoit du ministre des Beaux-Arts une subvention de 1000 frs. pour sa première saison, mais elle ne sera pas renouvelée pour la seconde. Comme on doit partager tous les profits entre les 200 et quelque membres de la société, la part de chacun est minime; Berlioz lui-même, chef d’orchestre et président, ne touche que 84 frs. pour l’ensemble de la première saison (CG no. 1343).

    Au cours de la deuxième saison la société se voit obligée d’avoir recours à des financements d’urgence: les quatre derniers concerts dans lesquels elle prend part ne sont rendus possibles que par de lourdes subventions. Le dernier concert donné à la Salle Sainte-Cécile le 29 avril est très insolite: il ne comporte aucun des attraits des concerts précédents, tels que morceaux à succès de chanteurs ou virtuoses. À part une ouverture d’Auguste Morel, l’ami de Berlioz, la totalité du programme consiste en un seul ouvrage intitulé Le Moine par un compositeur peu connu, Henry Cohen, ouvrage qui dure deux heures et demie. Mais Cohen avait offert 1000 francs à la société, offre qu’on ne pouvait refuser (CG nos. 1401, 1411). Concert catastrophique: la salle est presque vide, et même le plus poli des critiques doit se faire violence pour dire du bien de la partition de Cohen. Les deux concerts suivants, sur lesquels on sait très peu, ont lieu au Jardin d’Hiver le 1er mai et le 4 mai, grâce à une autre subvention de 1000 frs. par une société de bienfaisance. C’est la dernière fois que Berlioz dirigera l’orchestre de la société. Le tout dernier concert dans lequel la Société philharmonique prend part est le 24 juin, très en dehors de la saison normale des concerts; elle célèbre l’inauguration d’une nouvelle salle, la Salle Barthélémy, concert rendu possible par un don de 1500 frs. par Ernest Reyer pour faire exécuter son ouvrage Le Sélam, qu’il dirige lui-même (Berlioz ne reviendra pas de Londres pour ce concert).

    Berlioz n’a cependant pas abandonné la Société tout à fait. Au début d’octobre il envisage, mais sans enthousiasme, de relancer les concerts dans une nouvelle salle (CG no. 1433). La nouvelle salle dont il s’agit est certainement la Salle Barthélémy; plusieurs années auparavant il avait fait l’éloge du projet pour sa construction (Journal des Débats 12 octobre 1847). M. Barthélémy avait été en rapport avec la société pendant plusieurs mois concernant le concert d’inauguration de la salle (qui eut lieu le 24 juin). En septembre 1851 les gérants de la salle s’adressent maintenant à la société avec une proposition d’y donner deux concerts moyennant une garantie de 3000 frs. (procès-verbal du 26 septembre 1851), mais comme le procès-verbal de la séance suivante le montre (16 octobre 1851) il y a dispute sur le financement des concerts et la société refuse de bouger. Le témoignage suivant est une lettre de Barthélémy du 26 octobre adressée à la RGM: il vante les mérites de sa salle et affirme avoir le soutien de plusieurs personnalités (Berlioz, Félicien David, Lacombe, Méry) pour un concert qui doit avoir lieu le 1er novembre… (RGM 26 octobre 1851, p. 350). Ce concert n’aura jamais lieu, et on apprend peu après que la Salle Barthélémy est devenue une salle de bal: elle a été prise en charge par les Bals Arban (fondés par Arban, célèbre cornettiste de l’époque), nouveau rôle dans lequel elle a grand succès (RGM 9, 16 et 30 novembre 1851). Triste fin sans gloire pour une salle qui avait coûté tant de peine, d’imagination et d’argent à son créateur.

    Le sort de la Salle Barthélémy scelle en même temps celui de la Société philharmonique. La dernière séance connue du comité, le 4 novembre 1851, ne rassemble que quatre membres (dont Berlioz, qui rédige le procès-verbal). Le seul sujet discuté est une question d’argent qui oppose la société au compositeur Niedermeyer concernant l’exécution de sa messe le 1er mars dernier; il n’est plus question de projets de concerts. Quand la RGM publie sa Revue de l’année 1851 elle suppose que la Société philharmonique et l’Union musicale ont cessé d’exister: des quatre sociétés en fonction en 1851 il ne reste maintenant que la Société Sainte-Cécile et l’éternelle Société des concerts du Conservatoire.

Concerts de la Sociéte Philharmonique

Note. La liste de programmes ci-dessous vise à recenser ce qui a été réellement exécuté à chaque concert, et l’ordre dans lequel il a été exécuté. Mais ceci fait parfois difficulté: d’une part les concerts ne suivent pas toujours exactement les programmes annoncés (par exemple, par suite de l’indisposition d’un chanteur), et de l’autre les comptes-rendus ne précistent pas toujours tout ce qui a été exécuté ni dans quel ordre.

1850

  19 février (Salle Sainte-Cécile)

Programme: Beethoven, Léonore no. 2 (ouverture); La Damnation de Faust (I, II; Roger, Levasseur); Ernst, Fantaisie sur Rossini Otello (Joachim, violon); Gluck, Iphigénie en Tauride (air et chœur; Mme Viardot); Gluck, Écho et Narcisse (Acte III, scène I); Solo de violoncelle (Demunck); Méhul, Joseph (air, Roger); Meyerbeer, Les Huguenots (Bénédiction des poignards).
Voir CG nos. 1291, 1295, 1296, 1297, 1299 (avant le concert); CG nos. 1307bis [voir tome VIII], 1308bis [NL p. 349], 1312, 1315 (après le concert)
Journal des Débats 5 février 1850
L’Illustration 2 mars 1850 (compte-rendu)
Le Ménestrel 17 février 1850 (programme), 24 février 1850 (compte-rendu)
RGM 27 janvier 1850 (manifeste), 3 février 1850 (programme), 24 février 1850 (compte-rendu)

  19 mars (Salle Sainte-Cécile)

Programme: Weber, ouverture du Freyschütz; Palestrina, Adoremus; Harold en Italie (Massart, alto); Chœur sans accompagnement du XVIe s.; Concerto for violon (extrait; Herman); Gluck, Alceste Acte I (extraits; Mme Julienne, Arnoldi); Rossini, Moïse (finale; Mme Julienne, Arnoldi).
Voir CG nos. 1308, 1315
L’Illustration 30 mars 1850 (compte-rendu)
Le Ménestrel 17 mars 1850 (programme, 24 mars 1850 (compte-rendu)
RGM 3 mars 1850 (programme), 24 mars 1850 (compte-rendu)

  30 mars (Salle Sainte-Cécile)

Programme: Dietsch, Credo; Chœur sans accompagnement du XVIe s.; Gastinel, Symphonie (extraits); Niedermeyer, O Salutaris et Agnus dei; Solo de violon (Wieniawski); Harold en Italie (II); Weber, Konzertstück (Mme Massart, piano); Spontini, air de Fernand Cortès (Mlle Dobré); Vogel, ouverture de Démophon.
Voir CG nos. 1310, 1311bis [voir tome VIII], 1319
Journal des Débats 13 avril  et 19 octobre 1850, 9 février 1853
L’Illustration 6 avril 1850 (compte-rendu)
Le Ménestrel 24 mars 1850 (programme), 7 avril 1850 (compte-rendu)
RGM 24 mars 1849 (programme), 7 avril 1850 (compte-rendu)

  23 avril (Salle Sainte-Cécile)

Programme: Mendelssohn, Athalie (ouverture); La Damnation de Faust (I; Roger); Rossini, air de La Donna del Lago (Mme Grisi); Félicien David, Marche de Moïse au Sinaï; Solo de violoncelle par Servais (Jacquart); Air (Mme Laborde); Méhul, Joseph (air; Roger); Cadaux, Chœur de chasseurs; morceaux pour violon sur Meyerbeer, Robert-le-Diable (A. de Kontski, violon); Weber, Invitation à la valse orch. Berlioz.
Voir L’Illustration 4 mai 1850 (notice)
Le Ménestrel 21 avril 1850 (programme), 28 avril 1850 (compte-rendu)
RGM 21 avril 1850 (programme), 28 avril 1850 (compte-rendu)

  3 mai (Église Saint-Eustache)

Berlioz, Requiem
Voir CG nos. 1320bis [voir tome VIII], 1321, 1325, 1326, 1327bis, 1331
Le Ménestrel 28 avril 1850 (annonce), 5 mai 1850 (notice)
RGM 28 avril 1850 (annonce), 5 mai 1850 (compte-rendu)
Voir Saint-Eustache et les procès-verbaux des séances du comité du 20 avril, 27 avril et 5 mai 1850

  22 octobre (Salle Sainte-Cécile)

Programme: Beethoven, Symphonie no. 5; Sara la baigneuse (version pour chœur; première exécution); Schubert, Sérénade et airs de Donizetti et Bellini (Mme Frezzolini); Bortniansky, Chant des chérubins; Les Francs-Juges, ouverture; Le Cinq mai (Barroilhet); Halévy, air (Mlle Lefebvre) et boléro (Barroilhet); Lesueur, chœur.
Voir CG nos. 1344, 1357
Journal des Débats 19 octobre 1850
L’Illustration 1-8 novembre 1850 (compte-rendu)
Le Ménestrel 27 octobre 1850 (compte-rendu)
RGM 13 octobre et 20 octobre 1850 (programme), 27 octobre 1850 (compte-rendu)

  12 novembre (Salle Sainte-Cécile)

Programme: Symphonie fantastique; Bortniansky, Chant des Chérubins; Donizetti, air (Mme Ugalde); ‘Pierre Ducré’ [= Berlioz !], Les adieux des Bergers à la sainte famille; Sara la baigneuse; Verdi et Donizetti, airs (Mme Ugalde); Piccinni, chœur; Weber, L’Invitation à la valse orch. Berlioz.
Voir CG nos. 1358, 1359bis [NL p. 362], 1360
Les Grotesques de la musique (sur ‘Pierre Ducré’)
Le Ménestrel 10 novembre 1850 (programme), 17 novembre 1850 (compte-rendu)
RGM 3 novembre 1850 (programme), 24 novembre 1850 (compte-rendu)

  17 décembre (Salle Sainte-Cécile)

Programme: Weber, Oberon (ouverture); Gluck, Armide (extraits); Weber, Oberon (chœur); Solo de violon (Jullien); Lesueur, extraits de La Caverne et d’Alexandre à Babylone; Méhul, La chasse du Jeune Henri (ouverture); Solo de piano (Mme Mattemann); Rossini, Moïse (prière).
Voir CG nos. 1366antebis [NL p. 363], 1360, 1370
Journal des Débats 17 janvier et 13 avril 1851
Le Ménestrel 15 décembre 1850 (annonce)
RGM 15 décembre 1850 (programme), 22 décembre 1850 (compte-rendu)

1851

  28 janvier (Salle Sainte-Cécile)

Programme: Roméo et Juliette (I-IV; Mme Maillard, Roger); Bortniansky, Pater noster; Membrée, Polyphème et Galathée (Roger, Mlle Dobré); Donizetti, air (Mme Maillard); Zimmerman, O Salutaris (Mlle Dobré); Solo de violon par Alard (Reynier); Stradella, air (Roger); Gluck, Armide (extrait pour chœurt).
Voir CG nos. 1371, 1376, 1379
Journal des Débats 15 décembre 1850 et 17 janvier 1851
Le Ménestrel 19 janvier 1851 (programme), 2 février 1851 (compte-rendu)
RGM 19 janvier et 26 janvier 1851 (programme), 2 février 1851 (compte-rendu)

  25 février (Salle Sainte-Cécile)

Programme: Roméo et Juliette (I-IV; Mme Maillard, ténor?); Dalayrac, air (Mme Maillard); Mlle de Reyset, Symphonie (extrait); Pergolèse, air (Mme Viardot); Weber, Preciosa (Marche et chœur); Beethoven, sonate op. 57 et morceau de Wilmers (Mlle Clauss); air de Rossini et chansonnettes espagnoles (Mme Viardot); Marche hongroise de la Damnation de Faust.
Voir CG nos. 1382, 1385, 1388, 1392
Journal des Débats 23 février 1851
L’Illustration 14-21 mars 1851 (compte-rendu)
Le Ménestrel 23 février 1851 (programme), 2 mars 1851 (compte-rendu)
RGM 16 février 1851 (programme), 2 mars 1851 (compte-rendu)

  1er mars (Église Saint-Thomas d’Aquin)

Niedermeyer, Messe
Voir CG nos. 1387, 2125
L’Illustration 14-21 mars 1851 (notice)
RGM 23 février 1851 (annonce), 9 mars 1851 (compte-rendu)

  25 mars (Salle Sainte-Cécile)

Programme: Symphonie fantastique; Solo de piano (Reinecke); Benvenuto Cellini, air (Mme Gras-Dorus); Auber, air (Massol); La belle voyageuse; Solo de flûte (Petiton); Gastinel, ouverture; Auber, air (Mme Gras-Dorus); Solo de violoncelle (Massart); La Menace des Francs (première exécution).
Voir Le Ménestrel 23 mars 1851 (programme), 30 mars 1851 (compte-rendu)
RGM 23 mars 1851 (programme), 6 avril 1851 (compte-rendu)

  29 avril (Salle Sainte-Cécile)

Programme: Morel, Ouverture; Cohen, Le Moine (Hermann-Léon, Jourdan, Mlles Dobré et Vavasseur).
Voir CG nos. 1396, 1399, 1401, 1411
Journal des Débats 21-22 avril 1851
L’Illustration 10 mai 1851 (compte-rendu)
Le Ménestrel 27 avril 1851 (programme), 4 mai 1851 (notice)
RGM 27 avril 1851 (programme), 3 mai 1851 (compte-rendu)
L’Argus des théâtres 10 mai 1851 (compte-rendu de l’ouverture de Morel)
Voir aussi le procès-verbal de la séance du comité du 15 mars 1851

  1er mai (Jardin d’Hiver)

Programme: peut-être semblable à celui du concert du dimanche 4 mai au Jardin d’Hiver (ci-dessous)
Voir CG no. 1411
J. Tiersot, Le Ménestrel 29 janvier 1910
(?) RGM 3 mai 1851 (notice de ce concert?)
Voir aussi les procès-verbaux des séances du comité du 15 mars et 6 mai 1851

  4 mai (Jardin d’Hiver)

Programme (Fête musicale des crèches): Roméo et Juliette (II), Weber, Invitation à la valse orch. Berlioz; Marche hongroise de la Damnation de Faust; Solo de cornet à pistons (Denault).
Voir CG no. 1411
J. Tiersot, Le Ménestrel 29 janvier 1910
Voir aussi les procès-verbaux des séances du comité du 15 mars et 6 mai 1851

  24 juin (Salle Barthélémy)

Programme (dirigé par Ernest Reyer): Morceau pour chœur (École Chevé); Mendelssohn, Athalie ouverture; Vieuxtemps, Concerto pour violon (Vieuxtemps); deux airs Italiens (Mme Taccani); Ernest Reyer, Le Sélam
Sur la Salle Barthélémy voir Journal des Débats 12 octobre 1847; sur Le Sélam voir Journal des Débats 13 avril 1850
Le Ménestrel du 29 juin 1851, p. 1 évoque dédaigneusement l’inauguration de la salle mais ne dit rien sur le concert lui-même.
RGM du 29 juin 1850, p. 213-14 donne un compte-rendu détaillé de l’inauguration, mais traite longuement de la salle et dit peu du concert.
Voir aussi les procès-verbaux des séances du comité du 15 mars, 25 mars et 9 juin 1851

Choix de lettres

1849

À sa sœur Adèle Suat (CG no. 1280; 24 septembre)

[…] J’ai beaucoup travaillé tous ces derniers temps; j’ai fini plusieurs ouvrages considérables. Je suis en ce moment à me tâter pour en faire entendre une partie vers la fin de novembre. Mais les frais, les impôts, et l’indifférence musicale de ces crapauds de Parisiens me donnent beaucoup à réfléchir. Je ne voudrais pas perdre le moindre argent dans une entreprise de cette nature. On m’a écrit de Londres pour me demander la partition de mon Te Deum, mais je n’envoie pas ainsi mes manuscrits à des gens que je connais peu. […]
J’ai pourtant une envie démesurée de voir ou plutôt d’entendre fonctionner cette grande Locomotive musicale, qui, si je ne me flatte ridiculement, est bien de la force de quelques douzaines de chevaux. Enfin, qui vivra verra. […]

À sa sœur Nancy Pal (CG no. 1289; 29 décembre)

[…] Je travaille beaucoup sans rien faire c’est-à-dire sans rien composer. Il ne s’agit maintenant que de produire ce qui est composé. Pour y parvenir je viens d’organiser une grande Société Philharmonique à l’instar de celles de Londres, de Vienne et de Pétersbourg; j’en suis l’âme et le chef et je fais exécuter là ce que je voudrai. Mais la copie et l’autographie des parties séparées de mes dernières Partitions me ruinent je n’ai même pas assez d’argent pour y subvenir, n’ayant pas donné de concerts à Paris depuis mon retour d’Angleterre. Mes revenus suffisent à peine à ma dépense mensuelle. Demande je te prie à Camille s’il pourrait trouver à emprunter sur ce qui m’appartient une somme de deux mille francs; je vais en avoir un besoin pressant. Ce serait même mieux s’il trouvait à vendre une parcelle de mon lot. […]

1850

À Heinrich Wilhelm Ernst (CG no. 1291; vers le 1er janvier)

Je viens d’organiser une grande société musicale qui se nomme la Société philharmonique de Paris. Elle est composée de 200 artistes (90 musiciens, 110 choristes). Nous donnerons seulement un concert par mois Les Mardi soir à huit heures. L’inauguration de la société aura lieu dans la salle Ste Cécile rue du Mont-Blanc le Mardi 19 février prochain, nous répèterons les 14 = 16 = et 18; vous conviendrait-il de vous faire entendre à Paris ce jour-là? Belloni m’avait donné à espérer que vous n’en seriez pas éloigné. En tout cas si vos affaires vous retiennent encore en Angleterre le mois prochain, rappelez-vous que notre 2e Concert est fixé au 19 mars et le concert spirituel du samedi saint (concert extraordinaire) au 30 du même mois. La chose se présente bien et excite de vives sympathies, sans compter les antipathies du Conservatoire et de la société de l’Union. Nous avons des patrons puissants. L’orchestre et les chœurs sont pleins d’ardeur. […]

À Franz Liszt (CG no. 1295; 8 janvier)

Je viens d’organiser une société Philharmonique composée de 200 membres (110 choristes, 90 instr.) Nous donnons notre premier concert le 19 février. Les séances auront lieu le 2e mardi de chaque mois à 8 h. du soir dans la salle Ste-Cécile rue du Montblanc. Cela se présente bien sous tous les rapports. Veux-tu nous autoriser à te nommer en tête de nos membres honoraires? Ce sera pour la société une espérance d’exécuter quelques unes de tes nouvelles œuvres quand tu viendras à Paris.
Je ne t’écris que quelques lignes à la hâte; nous avons comités sur comités, débats de toute sortes.
J’ai la plus grande peine à me plier à ces formes de gouvernement représentatif qui nous font employer 8 jours pour faire ce que je ferais en une heure. […]

À son beau-frère Camille Pal (CG no. 1296; 12 janvier)

[…] Adieu, je vous quitte pour un comité de ma nouvelle Société Philharmonique, nous ouvrons dans un mois, et il faut bien employer les semaines qui nous restent.
Nous ne pouvons commencer que par un coup d’éclat; j’essaie d’intéresser à cette entreprise les ministres de l’Intérieur et de l’Instruction publique, le préfet de la Seine, l’Institut, et les principaux amateurs de musique, tels que le prince Poniatowski chez qui j’ai dîné avant-hier, la princesse Czartoriska, son mari, son père, la duchesse de Rauzan, la pri[ncesse de Chimay?] Rodriguez, La Moskowa et [?] aristocratiques figureront à merveille sur une affiche républicaine. […]

[Note: il n’y a pas de procès-verbal du comité de la société avant le 22 janvier]

À sa sœur Adèle Suat (CG no. 1297; 12 janvier)

[…] Tu me demandes si je ne donne pas de concerts. Dieu m’en garde! Je ne jouerai plus en France à ce jeu-là! Il faut exposer 4 000 fr. pour en gagner 400. Je viens seulement d’organiser une grande Société Philharmonique de 200 exécutants dont je suis le chef. Nous allons donner un concert chaque mois et nous partagerons la recette. De cette façon je ne risque rien. Et pourtant j’aurais grand besoin de gagner de l’argent; j’ai toutes les peines du monde à joindre les deux bouts. […]

À Charles de Bériot (CG no. 1311; sans date)

[…] Il faut en prendre son parti; à moins de quelques circonstances produites par le hasard, à moins de certains associations avec les arts inférieurs et qui le rabaissent toujours plus ou moins, notre art n’est pas productif dans le sens commercial du mot; il s’adresse trop exclusivement aux exceptions des sociétés intelligentes, il exige trop de préparatifs, trop de moyens pour se manifester au dehors. Il doit donc y avoir nécessairement une sorte d’ostracisme honorable pour les esprits qui le cultivent sans préoccupation aucune des intérêts qui lui sont étrangers… […]

À son beau-frère Camille Pal (CG no. 1312; 3 mars)

[…] Vous êtes bien bons, Nanci et vous, de me parler de mes affaires musicales au milieu de vos douloureuses préoccupations. J’ai obtenu en effet un très grand succès de compositeur, de conducteur et d’organisateur. Nous avons fait une très belle recette qui, de même que les recettes suivantes, sera partagée entre les 220 membres de la société par parts égales; on me donne quatre parts; voilà tous mes avantages d’argent. […]

À sa sœur Adèle Suat (CG no. 1315; 16 mars)

[…] Quoi qu’il en soit, j’ai fondé une grande institution musicale qui obtient une magnifique succès, qui a de l’avenir et les sympathies de toute la presse. Deux gredins d’Italiens exceptés parmi les critiques, tous m’ont chaudement applaudi et loué.
Mes deux premiers actes de Faust sont allés aux nues. Je donnerai les deux autres plus tard.
Mardi prochain [19 mars] nous aurons un second concert magnifique, où je donne seulement ma 2e symphonie (Harold) dont l’exécution sera supérieure à tout ce que j’ai obtenu pour elle jusqu’à ce jour. […]

À sa sœur Nancy Pal (CG no. 1319; 3 avril)

[…] Toujours des répétitions, toujours des concerts, et fort heureusement aussi toujours grands succès! Ce succès même exaspère jusqu’à la rage les deux ou trois ennemis qui me restent. Il y en a un surtout qui, non content d’attaquer ma musique avec fureur dans l’Ordre et dans la Revue des Deux Mondes, vient, m’a-t-on dit, de publier, non pas une brochure, mais un volume pour démontrer que je ne sais pas la musique et que tout ce que j’écris est abominable et stupide. Ce monsieur se nomme Scudo, il espère que je lui répondrai et que je contribuerai ainsi à le faire connaître!… Je n’ai garde, ce tour-là est vieux et je ne m’y laisserai jamais prendre.
Outre nos concerts de la Société philharmonique, j’en procure de temps en temps d’autres à nos musiciens et je leur fais ainsi gagner de l’argent sans prendre moi-même aucune part à ces exercices, plus ou moins aventurés, des amateurs riches. […]

À sa sœur Adèle Suat (CG no. 1325; 29 avril)

[…] Je suis dans l’organisation de l’exécution de mon Requiem pour les victimes d’Angers. Cette cérémonie aura lieu à St Eustache vendredi prochain [3 mai] et je ne sais où donner des jambes et de la tête. Il s’agit de faire répéter 400 personnes, d’avoir des Dames patronesses pour la quête, d’écrire des centaines de lettres, etc. […]

À Humbert Ferrand (CG no. 1327bis [voir le tome VIII]; 2 mai)

C’est demain vendredi à 11 h. qu’on exécutera mon Requiem dans l’Eglise de St Eustache. Une conspiration de notre maître de chant [Dietsch] a empêché aujourd’hui plus de quatre-vingt choristes de venir à la répétition. Mais n’importe — nous marcherons sans eux, et il boira sa honte. […]

[Sur le rôle de Dietsch voir les procès-verbaux des séances du comité du 20 avril, 27 avril et 5 mai 1850]

À sa sœur Adèle Suat (CG no. 1335; 23 juin)

[…] En conséquence de la fondation de la Société Philharmonique, laquelle fait sous ma direction des études chaque semaine cet été, je ne puis quitter Paris, sans laisser tout aller à vau l’eau. […]

À sa sœur Adèle Suat (CG no. 1343; 24 septembre)

[…] Ma part des bénéfices de la Société Philharmonique, où nous sommes deux cents à partager, a été l’hiver dernier de 84 fr. Encore cette institution musicale me fait perdre un temps énorme et comme chef et comme auteur et comme président des comités. Mais cela doit s’améliorer avec le temps, en tout cas c’est une chose que j’ai fondée et que je ne puis ni ne dois abandonner maintenant. […]

À Ferdinand Hiller (CG no. 1344; 26 septembre)

[…] Il me serait fort difficile de quitter Paris cet hiver, même pour une semaine. J’ai sur le dos la Société Philharmonique que j’ai fondée l’an dernier et qu’il n’y a pas moyen de livrer à elle-même dans cette saison; nous répétons dès à présent deux fois par semaine. Notre premier concert aura lieu le 22 octobre prochain. […]

À Auguste Morel (CG no. 1357; 15 novembre)

[…] Nos concerts marchent; le second a eu lieu avant-hier et m’a tellement abîmé de fatigue que je me lève à l’instant pour la Ire fois depuis mardi soir. Nous avons fait sept répétitions pour la Symph. Fantastique et deux fois j’ai été amené à déclarer à l’orchestre que je renonçais à la faire marcher. Je voulais qu’on remît à quinzaine le concert. Mais ils ont tant fait, qu’en me promettant une répétition supplémentaire et ATTENTIVE le mardi jour du concert, j’ai consenti à laisser continuer l’affichage; et fort heureusement cette répétition a suffi pour me rassurer. L’exécution en effet a été excellente et pleine de qualités dont notre orchestre n’avait point encore fait preuve. Le public a montré un enthousiasme excessif; on a redemandé le Bal (que je n’ai pas voulu répéter), l’adagio a eu trois ou quatre salves d’applaudissements, quant à la Marche au supplice les cris ont été tels qu’il a bien fallu la redire. Après le final nos dames des chœurs m’ont fait la farce de me présenter une énorme, une Fantastique couronne de Chêne, Laurier et Troëne; (albaque Ligustra, de Virgile), chose que je me suis empressé de dérober à l’attention des Parisiens de la salle, qui s’en fussent par trop divertis. […]
Nous sommes maintenant assaillis de demandes par les cantatrices. Les ovations de Mme Frezzolini et de Mme Ugalde leur donnent des vertiges et toutes aspirent plus ou moins à la divinité. Je suis sous ce rapport bien heureux d’avoir un comité responsable. Les compositeurs ne s’endorment pas non plus et vous n’avez pas d’idée des œuvres qu’ils nous envoient. Viennent ensuite les enfants prodiges, les Pianistes et les joueurs de flûte. Famae sacra fames!… […]

[Auguste Morel fut un membre assidu du comité de la société pendant toute sa première saison et prodigua son soutien à Berlioz; vers la fin août 1850 il quitta Paris pour Marseille après de longues années de séjour dans la capitale; à une séance le 10 septembre il fut remplacé comme membre du comité par le compositeur Léon Gastinel]

Albert Sowinski à Berlioz (CG no. 1358; 15 novembre)

J’ai bien des compliments à vous faire sur vos magnifiques compositions et sur la manière dont elles ont été exécutées au dernier concert [le 12 novembre]. On doit aussi vous remercier d’avoir fondé une société philharmonique aussi remarquable et qui ne peut que prospérer ayant à sa tête un homme de votre mérite. Devant passer cet hiver à Paris, je me propose de suivre vos beaux concerts et si ce n’était pas trop indiscret de ma part je vous demanderais vos bons offices pour une ouverture que je serais heureux de voir admise dans un de vos concerts. […]

[La proposition de Sowinski ne fut pas admise; voir le procès-verbal du comité du 26 novembre 1850]

À sa sœur Adèle Suat (CG no. 1360; 25 novembre)

[…] Tu me demandes des nouvelles de nos concerts philharmoniques; jusqu’à présent ils sont très beaux et nous avons beaucoup de monde. J’ai eu un succès énorme au 2e, avec ma Symph. Fantastique et le triple chœur de Sara la baigneuse; il y a eu bis, couronnes, etc. Mais c’est un métier de cheval. J’ai été obligé pour la Symphonie seule de faire sept répétitions et j’ai cru avant la dernière que je ne viendrais pas à bout de la faire marcher. Cependant l’exécution excellente m’a dédommagé de ma peine. Au prochain concert le programme ne contient rien de ma composition. J’ai tenu à ce qu’il en fût ainsi pour faire la place plus large à d’autres. […]

À un compositeur inconnu (CG no. 1361; 26 novembre)

[…] Si vous donnez un concert un jour de la semaine, dans le jour, il n’y aura pas de public; si vous le donnez le Dimanche à 2 heures, vous aurez une concurrence à la même heure, le Conservatoire, ou la société de l’Union, ou la Société de Ste Cécile. Si vous voulez donner votre concert le soir (comme le fait la société philharmonique que je dirige) il sera encore très difficile d’avoir l’orchestre à cause du service des théâtres, la société Philharmonique ayant réuni presque tous ceux des musiciens qui peuvent obtenir un congé le soir. […]

1851

À sa sœur Adèle Suat (CG no. 1370; 4 janvier)

[…] J’ai fait jouer à notre dernier concert [17 décembre 1850] un solo de violon à un enfant de 10 ans nommé Julien, que tu connais peut-être. Il est de Vienne (Isère), son père est un artisan, serrurier je crois ou menuisier. Cet enfant est prodigieux, il a eu un succès fou, on l’a couvert de bouquets et ce qui vaut mieux il a joué en musicien consommé et en grand virtuose. […]

[Voir Journal des Débats 17 janvier et 13 avril 1851]

À Philarète Chasles (CG no. 1371; 9 janvier)

[…] Nous organisons avec acharnement pour le mardi 28 l’exécution des quatre premières parties de ma symphonie avec chœurs Roméo et Juliette. J’espère que nous parviendrons à nous en tirer pour les grands ensembles; but the queen Mab is so extravagantly wicked qu’elle me fait rêver chaque nuit d’orchestre en désarroi, de fausses notes et de trompettes discordantes. […]

[Note: il n’y a pas de trompettes dans le scherzo de la Reine Mab!]

À Émile Deschamps (CG no. 1372; 9 janvier)

[…] Nous exécutons à la fin de ce mois (mardi 28) au concert de la Société Philharmonique, les quatre premières parties de Roméo et Juliette et je voudrais vous compter parmi nos auditeurs. Dites-moi si vous serez rentré à Paris à cette époque. Le concert d’ailleurs sera beau, je l’espère; voyez le programme. Ainsi arrangez-vous pour y assister. […]

À Auguste Morel (CG no. 1376; vers le 31 janvier)

[…] Vous saurez que notre dernier concert (mardi dernier [28 janvier]) a été admirable. Les 4 premiers morceaux de Roméo ont produit un effet immense et nous les redirons au prochain concert. […]

Au général Alexis Lvov (CG no. 1379; 1er février)

[…] La biographie de Bortniansky sera sans doute très bien aussi reçue. Nous avons dit son Pater (en latin) au concert de mardi dernier [28 janvier]; il a été fort bien chanté et encore mieux accueilli. […]

À Alexis Dupont (CG no. 1380; 10 février)

[…] Voulez-vous êtes assez bon pour chanter dans le prologue le solo de Ténor (Mab la messagère) que vous avez chanté il y a quelques années pour la Ière fois au Conservatoire [en novembre et décembre 1839], avec tant d’esprit. […]

[Note: Dupont ne chanta pas au concert du 25 février]

À James Pradier (CG no. 1382 [voir le tome VIII]; 15 février)

Voulez-vous me faire le plaisir de venir mardi prochain [25 février] entendre une partie de ma symphonie de Roméo et Juliette? Le reste du programme de ce concert est d’ailleurs fort beau et pourra vous dédommager de l’ennui que je suis fort capable de vous causer. […]

À un journaliste (CG no. 1385; 18 février)

Je vous remercie mille fois, monsieur, et de votre dernier article et de la lettre si gracieuse qui l’avait précédé. Je serai bien heureux qu’il vous fût possible d’assister au prochain concert de notre Société Philharmonique [25 février]. Le programme contient quelques morceaux qui vous intéresseraient peut-être, et deux artistes d’un grand talent doivent s’y faire entendre pour la première fois. […]

Léon Niedermeyer à Berlioz (CG no. 1387; 1er mars)

Je ne veux pas remettre à demain l’expression de ma vive reconnaissance pour la magnifique exécution que je vous dois. Vous m’avez fait éprouver une jouissance bien rare dans la vie d’un artiste, celle d’entendre son œuvre telle qu’il l’a conçue; aucune de mes intentions ne vous a échappé, vous devinez tout en grand artiste que vous êtes.
Veuillez offrir tous mes remerciements à l’admirable orchestre et aux excellents chœurs qui ont si bien suivi l’énergique impulsion que vous leur avez imprimée.
Grâce à vous et à eux le Ier mars est une date que je n’oublierai jamais. […]

[Voir le concert du 1er mars 1851]

À son beau-frère Camille Pal (CG no. 1388; 3 mars)

[…] J’ai eu de très grands succès ces deux derniers mois; avez-vous vu dans les journaux ma dernière histoire? Une couronne d’or qui m’a été offerte par deux belles dames suivies de plusieurs amateurs, au beau milieu du concert [25 février] après le second morceau de Roméo et Juliette. Et quelle tempête d’applaudissements. La couronne en outre doit être d’un prix énorme. […]

À sa sœur Adèle Suat (CG no. 1392; 17 mars)

[…] Tu as su l’ovation qu’on m’a fait subir à notre dernier concert [25 février]; la superbe couronne d’or présentée par deux belles dames au milieu de l’Exécution de Roméo et Juliette, les terribles applaudissements du public et des artistes etc, etc. On dit que la couronne vaut deux mille francs. […]

À Auguste Morel (CG no. 1401; 16 avril)

Parbleu si vous aurez des billets!… Envoyez-moi tout de suite la liste des personnes auxquelles nous devrons les faire parvenir. Le concert est pour le 29. Nous commençons par votre ouverture. Le reste du programme est occupé en entier par un ouvrage de M. Cohen intitulé le Moine et qui dure deux heures et demie. Mais M. Cohen a donné mille francs à la Société comme indemnité pour les répétitions. Vous concevrez qu’on ne pouvait résister à cet argument. […]

[Voir le concert du 29 avril 1851, le procès-verbal du comité du 15 mars 1851, et l’image de la liste de billets de faveur pour ce concert]

À sa sœur Adèle Suat (CG no. 1433; 1er octobre)

[…] Notre Société Philharmonique va recommencer aussi ses séances dans une nouvelle salle dont nous ferons l’inauguration. Cela me rapportera peu. Je suis inquiet et tourmenté de ne pas payer au moins les intérêts de ce que je dois à ton mari et à Camille [Pal]. Sois assez bonne pour me donner un aperçu exact de ce que forment aujourd’hui ces intérêts. […]

Table des séances du comité de la Société Philharmonique

Notes:
(1) La mention (AG) après une date indique une assemblée générale de la société
(2) Un *astérisque après le chiffre indique un procès-verbal de la main de Berlioz.

1850

Janvier 22, 26, ? Mai 1 (AG), 5, 7, 12*, 14*, 16*, 22, 28*, 31 Septembre 3*, 10*
Février 6, 8, 11, 14, 19*, 20* Juin 25 Octobre 1*, 8*, 15, 21, 23, 26, 29
Mars 3*, 6, 9*, 11, 14, 18, 21, 23, 25, 30 Juillet 2, 9, 11 (AG), 16, 18 Novembre 5, 11, 14, 16, 19, 23 (AG), 26
Avril 4, 9, 10*, 19*, 20, 22, 24*, 27 (AG) Août 1 (AG), 13*, 20, 27* Décembre 3, 14, 24, 29

1851

Janvier 7, 21, 27 Mai 6, 13 Septembre 26
Février 1, 8, 11 Juin 6 (AG), 6 (comité), 9 Octobre 16
Mars 3*, 8, 15, 25 Juillet Novembre 4*
Avril 1, 26* Août Décembre

On trouvera des extraits des procès-verbaux des séances du comité dans la page La Société Philharmonique, 1850-1851: textes et documents. Pour quelques illustrations voir ci-dessous.

Illustrations

On trouvera sur des pages séparées les images suivantes:

 

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