(Transcriptions littérales et textes corrigés)
Transcriptions littérales
Textes corrigés
Texte = mots ou lettres de lecture incertaine
*** = mots ou lettres non déchiffrés
[Don 2017] | Vendredi 11 juillet 1828 | À Mademoiselle Duchesnois | Texte corrigé | Image |
Une page, adresse au verso; lettre pliée et cachetée, sans enveloppe; pas de timbre postal. La lettre a sans doute été portée à la main directement à la Comédie française. — À l’avant-dernière ligne la date ‘1828’, écrite en caractères plus petits que le reste de la lettre, aurait pu être ajoutée après coup après ‘Friday 11th July’ qui est suivi d’un point.
Ma chere Madame, voulez vous avoir la bonte de me donner une loge pour ce soir, s’il n’est pas indiscret a le demander.
Votre tout devoué
Harriet C. Smithson
Friday 11th July. 1828
No. 1 rue neuve St. Marc
(adresse au verso)
a Mademoiselle
Mademoiselle Duchenois
2003.01.03 | Jeudi 26 décembre 1833 | À Adèle Berlioz | Texte corrigé | Image |
Deux pages séparées qui accompagnaient la lettre de Berlioz à Adèle du 26 décembre 1833 (CG no. 370; R96.151). Les deux textes sont cités dans CG II p. 145-6 n. 1.
Dear Madam /
The affectionate course you have pursued towards your brother is the proof of an amiable and good heart, it has made a deep impression on us both. — And the greatest pleasure that could result from our future efforts, should they be successful, would be to prove to you how truly grateful we feel for your kindness ; at present I can only offer my heartfelt acknowledgements.
I am sure your kindness is as sincere as my gratitude for we can neither of us be actuated by any interested motive. True friendship is so rare in this World that you could offer to me nothing so valuable, according to my mode of thinking, and I accept it and hope I may live to repay it in every way.
Yours most sincerely
H. Berlioz-Smithson
Thursday 26th Dec. 1833
Rue neuve St. Marc N01
Paris
[2003.01.04] (Traduction de la lettre d’Harriet par Hector Berlioz)
Mademoiselle
ou ma chère demoiselle (en anglais Chère Madame)
Vos témoignages d’affection envers votre frère sont la preuve d’un excellent cœur, et nous y sommes l’un et l’autre profondément sensibles. Le plus grand plaisir que pourraient nous procurer les succès que nous espérons obtenir dans notre carrière difficile, serait de pouvoir vous prouver combien est sincère le sentiment de reconnaissance que votre bonté nous inspire. Mon cœur répond au votre, c’est tout ce que je puis dire aujourd’hui. Notre conduite et nos motifs sont entièrement désinteressés et je suis sure que votre amitié et ma gratitude sont également vraies. Les véritables amis sont si rares dans ce monde que, a mon avis, vous ne pouvez rien m’offrir de plus précieux que votre amitié, et je l’accepte avec l’espérance que je vivrai assez pour vous payer de retour de toutes les manières.
Votre très sincère
H. B. S.
P. S. Je n’ai pas pu traduire littéralement partout. C’est impossible ; mais c’est exactement le sens.
R96.187 | Dimanche 28 juillet 1839 | À Adèle Berlioz- Suat | Texte corrigé | Image |
Deux pages; pas d’adresse ou d’enveloppe, mais la lettre a sans doute accompagné la lettre de Berlioz à Adèle (CG no. 657) postée le 29 juillet (timbre de la poste). Le français très appromixatif de la lettre d’Harriet rend la transcription difficile. Le texte de la lettre est cité dans CG IV p. 563-4 n. 1. La date ‘28 juillet’ en haut de la première page est de l’écriture de Berlioz, qui d’après le contenu a sans doute relu la lettre.
28 Juillet
Enfin ma Chère Adele j ai pris la resolution et la plume pour essayer d’exprimer tout le contentement de mon cœur en apprenent que vous et mon beau frere êtes arrivés sains et saufs dans votre tranquille retraite. — Vous me dites que vous esperer avoir trouvés une amie de plus en moi, oui ma chère Adele j ai une sincère amitié pour vous et je croir vous avez aperçu que je ne puis ni flatter ni complimenter.
Hector voudrez corriger ma lettre mais non — elle est incorrigible ainsi
laisser la aller comme elle est pour vous fair rire — tant mieux —
Jespere vous et votre cher Mari serer heureux just a ce que je ecrirai bien la lange francaise alors ce sera pour éternité.
Dieu bénisse tout les deux
H. Berlioz
[p. 2] Hector a etè très malade et moi en ce moment je suis assez souffrante d’une fluxion causér par un mal de dents —
Jai été voir votre portrait avec Louis et Mr
Duffeuillant. Louis a examiné plusieurs tableaux que nous dissions ètre votre
portrait. Mais il a secoué la tete et dit NON ; mais mais en le laissant chercher tout seul, il a decouvert le véritable sous une chaisse et en frappant dans les mains il a criè c’est elle ! c’est elle !!
Je n’ai pas pu m’empecher de verser quelques larmes en le voyent ; parceque Dieu seul sait si dans ce Monde nous nous rencontrons plus. — mais vous aures toujours mes meilleurs vœux pour vous et les votres.
God bless you.
R96.854 | Vendredi 14 juillet 1848 | À son fils Louis | Texte corrigé | Image |
Trois pages, adresse à la troisième. Lettre souvent difficile à transcrire, à cause de l’écriture, de l’orthographe et des anglicismes. Timbres postaux: MONTMARTRE, 14 JUIL. (18)48; ROUEN, ? JUIL. (18)48; COURRIERS (?), 16 JUIL. (18)48 (?).
Mon Cher petit Louis /
tu sais bien que ta pauvre mère est Anglaise et que elle n’a prise ecrire dans la Langue Francais alors mon fils pardon tout le fault dans ma lettre, il ne pas oucune dans mon cœur — Oh ! mon bein ami fils je ne te ecrit plus tot parceque je n’ose pas te dire le funeste position de Montmartre ou je suis — à la grand vacance prochain quand et je te embrasse et te benis tu le saurai ma tristess et le danger de ma possition, mais je deux Chose pour me soutenire, Dieu et mon cher, cher fils — ecrit moi tout suit. ta petite Chambre et prète pour toi ausi ton [ta corrigé en ton] chambre jardin.
Ta mère tojours affectionée
H. B. S
[p. 2]
Il faut ecrire a ton Père tout de suit.
Montmartre petite rue St Vincent No 12.
14 Juillet 1848
[p. 3] [adresse]
Monsieur
Monsieur Louis Berlioz
Elève au Lycée
Rouen
R96.855.1 | Mercredi 20 mars 1861 | À ses nièces Joséphine et Nancy Suat | Texte corrigé | Image |
Quatre pages, pas d’adresse ou d’enveloppe.
Paris ce 20 mars 1861.
Mes chères nièces,
Je pensais que votre vous répondrais, mais je crains qu’il ne vous fasse attendre, et je ne veux pas vous laisser plus longtemps sans nouvelles, qui sans être excellentes, ne son pas trop mauvaises.
Quel bonheur si notre pauvre Josephine pouvait guérir !
Il est temps que son épreuve finisse, mais je ne saurais trop lui recommander d’employer tout ce qu’elle à d’énergie et de volonté pour y croire, c’est la moitié du succès. Il faut qu’elle se secoue, s’occupe beaucoup. Je sais cela par moi-même, quand je me laisse abattre, je sens bien que la maladie prend le dessus. Quel malheur d’avoir des nefs. Heureusement j’ai beaucoup de courage, mais elle a de plus que moi, la jeunesse, ce qui n’est pas à dédaigner. Je viens d’être mise à une rude épreuve pendant 15 jours, je crois cependant être à la fin de la crise. Le sort trouvant que votre oncle n’avait pas assez de ses maux et d’occupations lui à donné pour distraction, celle de purger la société de quelques misérables. C’est vous dire qu’il est membre du Jury à la cour d’assises depuis le 16 de ce mois
jusqu’au 31. lui qui a l’habitude de rester au lit toute la matinée, il lui faut être là bàs à 9 h 1/2. [p. 2] Hier il est parti bien souffrant et il parait heureusement que le président l’a pris en pitié, on l’a exempté aujourd’hui et il espère en faire autant lundi, où il vient une cause qui doit durer 4 jours, alors il serait quitte. Esperons qu’il ne retombera plus au sort.
J’attends pour lui aussi, le printemps avec impatience, nous avons eu un hiver si affreux, en ce moment il semble que le ciel est déchainé contre la terre, depuis quelques jours quelles tempêtes ! Mais la plus terrible (celle-ci est toute terrestre) est celle que nous avons eue mercredi 13 à l’Opéra. De mémoire d’abonné on ne se rappelle pas semblable chute, méritée en tout point il faut le convenir. Il en cuit à présent à Mr Wagner d’avoir employé l’autorité impériale, pour passer sur le dos de tous. Il est tombé à plat, et à été
enterré sous les rires et les sifflets. La 2eme représentation a été encore plus orageuse que la première, et on n’annonce pas la 3eme.
L’Empereur était au deux représentations et il à pu voir maneuvrer les Français. Du reste il a ri lui-même, donc il était désarmé.
Nous voilà débarrassés de toute la clique [p. 3] de la musique de l’avenir, il faut espérer dumoins qu’après si rude épreuve, elle en restera là.
Rien de nouveau pour les Troyens, cependant on dit le ministre très bien disposé, ce qui vient d’arriver à l’opéra ne peut qu’être
bon pour leur faire prendre la route de la rue Lepelletier, ce qui serait
autrement digne que d’être exécute en place de Greve, où va être le nouveau théatre Lyrique.
Hector ne peut pas s’occuper de cela en ce moment, ce qui est facheux.
Je voudrais comme vous me le demander plaider votre cause, (car ce serait plaider la mienne) mais la place n’est pas bonne à abandonner en ce moment, et tel desir que nous ayons de vous embrasser, il faut nous contenter de le faire sur le papier.
J’oubliais une bonne nouvelle. Le Conservatoire c’est enfin décidé à venir demander à Hector quelqueche de lui pour leur 7eme
concert. Cette fois c’est la montagne qui vient à lui, car il n’a fait aucunes demarches pour celà.
Louis va bien, il vous écrira avant de partir
[p. 4] J’ai fait commander une messe pour le 6 du mois prochain, nous associerons nos regrets aux votres. Je redoute ce jour pour Josephine, Mais il faut qu’elle s’arme de tout son courage.
J’ai vu mon oncle Victor il y a 4 jours, il allait bien ainsi que ma tante, qui attend un beau jour pour faire son ascension jusques chez nous, c’est tout un voyage pour elle. Ce bon oncle malgré tout, il est gai. Je dois avouer que j’ai un faible pour lui, et je l’embrasse
toujours avec plaisir, je trouve qu’il ressemble à Hector. Je pense que sa fille va venir passer quelques jours avec vous, dites lui mille et mille choses de notre part.
Demandez à votre père s’il reste encore une pièce de vin de 1859 pareille à celles qu’il nous a envoyées. Mr De La Roche en voudrait une pour sa campagne et il faudrait l’envoyer
à cette adresse : Mr De La Roche à St Germain-en-laye rue des
monts grevés dépt. de Seine et Oise.
adieu chères petites nièces, je vous assure que si vous pensez à nous, nous vous le rendons bien. Deux bons baisers à votre père et autant pour vous.
Marie Berlioz
R96.855.2 | Samedi 22 juin 1861 | À ses nièces Joséphine et Nancy Suat | Texte corrigé | Image |
Deux pages, pas d’adresse ou d’enveloppe. Les mots ‘(Le directeur de l’opéra)’ à la p. 2 ont été ajoutés au-dessus de la ligne de la main de Berlioz d’une plume et d’une encre différentes.
Samedi 22 juin 1861.
Mes chères nièces,
J’étais à St Germain sans cela vous auriez déjà reçu ma réponse, malheureusement elle n’est pas comme vous la desirez. Il y a un proverbe qui dit bien, ce que femme veut, Dieu le veut. Dieu oui, mais un mari !….
Vous me direz à cela, le meilleur ne peut être un Dieu, donc malgré ma volonté je crains bien de ne pas vous embrasser à Plombières. Dites nous toujours une fois là bàs où vous logez. Moi qui connais ma ville, je saurai où vous êtes. Je pourrais presque dire d’avance où vous irez chaque jour et vous suivre dans vos excursions que je voudrais bien partager.
Votre oncle va mieux depuis quelque temps. Robert lui fait suivre un traitement qui lui va.
Vous devez savoir la nouvelle ?…
Ses Troyens sont reçus par le directeur de l’opéra ; il n’y a plus que l’assentiment du ministre, mais comme l’obstacle [p. 2] venait de Royer (Le directeur de l’opéra) le reste ira tout seul il faut l’esperer. Maintenant c’est une question de temps. Le fera-t-on passer tout de suite étant prêt, ou après les deux, qui ont pris rang, mais qui ne sont pas faits. Je laisse votre oncle faire sa paix avec vous. Dites mille choses aimables de ma part à Mme
Burdet.
J’embrasse de tout mon cœur vos quatre joues à les faire rougir, ce qui ne doit pas être difficile avec la chaleur tropicale que nous avons. On grille à Paris, aussi je compte aller respirer encore à St
Germain.
nous n’avons pas de nouvelles de Louis non plus depuis quelques jours, il doit être à la Ciotat.
Adieu encore et mille tendresses Car on vous aime quoique vous en disiez.
Marie Berlioz
[Don 2017] | Vendredi 11 juillet 1828 | À Mademoiselle Duchesnois | Transcription littérale | Image |
Cette lettre autographe, acquise et donnée par nous au Musée Hector-Berlioz en 2017, ne semble pas avoir été publiée ailleurs (elle ne figure pas dans l’ouvrage de Peter Raby, Fair Ophelia (Cambridge, 1982). Malgré sa brièveté elle n’est pas sans intérêt, par la lumière qu’elle jette sur les rapports de Harriet Smithson avec l’actrice Catherine-Joséphine Duchesnois, née Rafin, connue sous le nom de Mademoiselle Duchesnois (1777-1835). (On remarquera au passage que la destinataire a évidemment tenu à conserver ce brief billet, d’où sa survie.) Mademoiselle Duchesnois entre à la Comédie française en 1802 et y reste jusqu’en 1829. Après les célèbres représentations à l’Odéon en septembre 1827, où Berlioz découvre Shakespeare et en même temps s’éprend de son interprète Harriet Smithson, Harriet Smithson se produit avec succès à l’automne 1827 à la Comédie française (Salle Favart) dans Jane Shore de Rowe (représenté en anglais), où elle a vraisemblablement fait la connaissance de Mademoiselle Duchesnois. Elle continue à se produire sur des scène parisiennes jusqu’en juin 1828, et commence ensuite une tournée en France; elle est de passage à Paris en juillet, comme le montre cette lettre (nous n’avons pu déterminer pour quelle représentation, sans doute à la Comédie française, elle demande une loge à Mademoiselle Duchesnois). Par la suite, Mademoiselle Duchesnois rendra service à Harriet Smithson en participant avec d’autres acteurs, actrices et musiciens à une représentation à bénéfice pour l’actrice irlandaise le 2 avril 1833 à la Salle Favart, dans des circonstances que raconte Berlioz dans ses Mémoires (chapitre 45) et dans une lettre à sa sœur Adèle le lendemain (CG no. 332):
[...] Si je ne t’ai pas répondu plus tôt, en voilà la raison: depuis l’accident de ma pauvre Ophélie, j’ai été continuellement préoccupé d’un soin unique et essentiel, celui de lui composer une représentation à bénéfice pour la tirer d’embarras; j’y suis parvenu; elle a eu lieu hier après des peines infinies. Je dois rendre justice aux artistes des différents théâtres de Paris, ils se sont tous empressés à l’envi d’y concourir. Le Théâtre Français surtout s’est conduit d’une manière admirable; Mlle Mars, Mlle Duchesnois m’ont secondé de toute leur puissante influence; les chanteurs Italiens, Rubini, Tamburini, Mlle Grisi, également. Quant aux artistes musiciens, j’en étais sûr; tout est allé aussi bien que les circonstances peu favorables du moment le permettaient. Tu as dû voir le programme dans les journaux; la recette a été de six mille cinq cents francs. [...]
L’adresse où la lettre de Harriet Smithson a été écrite, 1 Rue Neuve Saint-Marc, jouera un rôle déterminant dans la vie de Berlioz du fait de sa proximité au no. 96 rue de Richelieu où le compositeur vient s’installer en 1828: voir à ce sujet la page sur 96, rue de Richelieu et 1, rue Neuve Saint-Marc.
Ma chère Madame, voulez-vous avoir la bonté de me donner une loge pour ce soir, s’il n’est pas indiscret [de] le demander.
Votre toute devouée
Harriet C. Smithson
Friday 11th July. 1828
No. 1 rue Neuve St. Marc
2003.01.03 | Jeudi 26 décembre 1833 | À Adèle Berlioz | Transcription littérale | Image |
Sur le mariage de Berlioz avec Harriet Smithson et les remous causés au sein de la famille Berlioz en 1833, voir 2011.02.290. Cette lettre en anglais d’Harriet Smithson-Berlioz accompagne la lettre d’Hector à Adèle du 26 décembre 1833 (CG no. 370; R96.151). Extrait de la lettre d’Hector à sa sœur: […] Tu l’as bien fait pleurer, ma pauvre Ophélie, par le petit passage de ta lettre où tu la charges d’une commission pour moi ; je ne puis te dire combien elle y a été sensible. Aussi a-t-elle voulu t’écrire une petite lettre anglaise dont je t’envoie en même temps la traduction. […]
Dear Madam
The affectionate course you have pursued towards your brother is the proof of an amiable and good heart, it has made a deep impression on us both. — And the greatest pleasure that could result from our future efforts, should they be successful, would be to prove to you how truly grateful we feel for your kindness ; at present I can only offer my heartfelt acknowledgements.
I am sure your kindness is as sincere as my gratitude for we can neither of us be actuated by any interested motive. True friendship is so rare in this world that you could offer to me nothing so valuable, according to my mode of thinking, and I accept it and hope I may live to repay it in every way.
Yours most sincerely
H. Berlioz-Smithson
Thursday 26th December 1833
Rue Neuve-St.-Marc N01
Paris
[2003.01.04] (Traduction de la lettre d’Harriet par Hector Berlioz)
Mademoiselle
ou ma chère demoiselle (en anglais Chère Madame)
Vos témoignages d’affection envers votre frère sont la preuve d’un excellent cœur, et nous y sommes l’un et l’autre profondément sensibles. Le plus grand plaisir que pourraient nous procurer les succès que nous espérons obtenir dans notre carrière difficile, serait de pouvoir vous prouver combien est sincère le sentiment de reconnaissance que votre bonté nous inspire. Mon cœur répond au vôtre, c’est tout ce que je puis dire aujourd’hui. Notre conduite et nos motifs sont entièrement désintéressés et je suis sûre que votre amitié et ma gratitude sont également vraies. Les véritables amis sont si rares dans ce monde que, à mon avis, vous ne pouvez rien m’offrir de plus précieux que votre amitié, et je l’accepte avec l’espérance que je vivrai assez pour vous payer de retour de toutes les manières.
Votre très sincère
H. B. S.
P. S. Je n’ai pas pu traduire littéralement partout. C’est impossible ; mais c’est exactement le sens.
R96.187 | Dimanche 28 juillet 1839 | À Adèle Berlioz- Suat | Transcription littérale | Image |
Sur le voyage des Suat à Paris en mai-juin 1839 où ils furent les premiers de la famille Berlioz à rendre visite à Hector, Harriet et le petit Louis, voir R96.861.1. Sur la réaction d’Adèle à la réception de cette lettre et de celle d’Hector qui l’accompagnait, voir 2011.02.138.
28 juillet [1839]
Enfin, ma chère Adèle, j’ai pris la résolution et la plume pour essayer d’exprimer tout le contentement de mon cœur en apprenant que vous et mon beau-frère êtes arrivés sains et saufs dans votre tranquille retraite. — Vous me dites que vous espérez avoir trouvé une amie de plus en moi, oui ma chère Adèle j’ai une sincère amitié pour vous et je crois [que] vous avez aperçu que je ne puis ni flatter ni complimenter.
Hector voudrait corriger ma lettre mais non — elle est
incorrigible, ainsi laissez-la aller comme elle est pour vous faire rire —
tant mieux —
J’espère [que] vous et votre cher mari serez heureux [jusqu’]à ce que [j’écrive] bien la langue française, alors ce sera pour [l’]éternité.
Dieu [vous] bénisse tous les deux
H(arriet) Berlioz
Hector a été très malade et moi en ce moment je suis assez souffrante d’une fluxion causée par un mal de dents —
J’ai été voir votre portrait avec Louis et Mr Duffeuillant. Louis a examiné plusieurs tableaux que nous disions être votre portrait. Il a secoué la tête et dit NON ; mais en le laissant chercher tout seul, il a découvert le véritable sous une chaise et en frappant dans les mains il a crié : c’est elle ! c’est
elle !!
Je n’ai pas pu m’empêcher de verser quelques
larmes en le voyant ; parce que Dieu seul sait si dans ce monde nous nous rencontr[er]ons plus. — Mais vous aurez toujours mes meilleurs vœux pour vous et les vôtres.
God bless you.
R96.854 | Vendredi 14 juillet 1848 | À son fils Louis | Transcription littérale | Image |
On hésite à ‘corriger’ une lettre dont l’original exprime infiniment mieux la détresse d’Harriet, isolée dans sa petite maison à Montmartre alors que son fils Louis étudiait au lycée à Rouen et son mari Hector était sur le chemin du retour de Londres après un long séjour. Voir aussi ses lettres à son fils de 1846 et 1849 à la Bibliothèque nationale de France.
Mon cher petit Louis
Tu sais bien que ta pauvre mère est Anglaise et qu’elle n’a [pas] appris [à] écrire dans la langue française; alors, mon fils, pardon [de] toutes les fautes dans ma lettre, il [n’y en a] pas aucune dans mon cœur — Oh ! mon bien-aimé fils je ne t’ai [pas] écrit plus tôt parce que je n’ose pas te dire la funeste position de Montmartre où je suis — à la grand vacance prochaine quand je t’embrasserai et te bénirai tu le sauras ma tristesse et le danger de ma position, mais j’ai deux choses pour me soutenir, Dieu et mon cher, cher fils — écris-moi tout [de] suite. Ta petite chambre est prête pour toi [et] aussi ton jardin.
Ta mère toujours affectionée
H(arriet) B(erlioz)-S(mithson)
Il faut écrire à ton père tout de suite.
Montmartre
Petite rue St Vincent No 12.
14 juillet 1848
R96.855.1 | Mercredi 20 mars 1861 | À ses nièces Joséphine et Nancy Suat | Transcription littérale | Image |
Ces deux lettres de Marie Recio-Berlioz à ses nièces Joséphine et Nancy Suat ne représentent évidemment qu’une petite partie d’une correspondance qui fut sans doute beaucoup plus développée (à titre de comparaison rappelons que la Correspondance générale de Berlioz
comporte pas moins de 67 lettres de Berlioz à ses deux nièces Suat datant d’entre 1854 et 1868). Dans son testament Marie lègue divers bijoux à ses nièces, comme Berlioz leur dit dans une lettre du fonds Chapot au Musée Hector-Berlioz datant du 30 juin 1862, peu après la mort de sa femme (CG no. 2627, inventaire R96.380): ‘J’ai à vous envoyer dans peu divers petits legs que ma pauvre Marie vous a faits dans son testament. Ce sont des bijoux que je vous prierai de porter pour l’amour d’elle et de moi.’ Le testament autographe de Marie (dont une photocopie se trouve au Musée Hector-Berlioz) précise: ‘Je lègue à mes nièces ce qui suit. À Joséphine mon bracelet or avec une plaque émail bleu entourée de diamants et chiffre en diamants (venant du Roi de Hanovre) et ma pointe de dentelle noire à deux volants. À Nancy, ma broche de diamants avec un saphir au milieu (venant du l’Empereur de Russie), et mon bracelet or, diamants et perles avec une émeraude au milieu.’ On peut supposer que c’est par le même biais que plusieurs documents se rapportant à Marie ont pris place dans le fonds Chapot du Musée, documents qui sont tous publiés ici: le manuscrit du morceau pour piano de Théodore Döhler dédié à elle, la lettre du comité du Mont-Carmel, l’hommage d’Émile Deschamps, et les deux lettres d’Anna Banderali. — Voir aussi les lettres de Marie Recio de 1843 et 1858 à la Bibliothèque nationale de France.
— Sur le service de Berlioz comme membre du Jury à la cour d’assises voir CG no. 2545. — Sur la représentation houleuse de Tannhaüser à l’Opéra en mars 1861 voir la page sur Berlioz et Wagner. — Le concert au Conservatoire (extraits de Faust), eu lieu le 7 avril 1861.
Paris ce 20 mars 1861.
Mes chères nièces,
Je pensais que votre [oncle] vous répondrait, mais je crains qu’il ne vous fasse attendre, et je ne veux pas vous laisser plus longtemps sans nouvelles, qui sans être excellentes, ne sont pas trop mauvaises.
Quel bonheur si notre pauvre Joséphine pouvait guérir ! Il est temps que son épreuve finisse, mais je ne saurais trop lui recommander d’employer tout ce qu’elle a d’énergie et de volonté pour y croire, c’est la moitié du succès. Il faut qu’elle se secoue, s’occupe beaucoup. Je sais cela par moi-même, quand je me laisse abattre, je sens bien que la maladie prend le dessus. Quel malheur d’avoir des nerfs. Heureusement j’ai beaucoup de courage, mais elle a de plus que moi, la jeunesse, ce qui n’est pas à dédaigner. Je viens d’être mise à une rude épreuve pendant 15 jours, je crois cependant être à la fin de la crise. Le sort trouvant que votre oncle
n’avait pas assez de ses maux et d’occupations lui a donné pour distraction, celle de purger la société de quelques misérables. C’est vous dire qu’il est membre du Jury à la cour d’assises depuis le 16 de ce mois jusqu’au 31. Lui qui a l’habitude de rester au lit toute la matinée, il lui faut être là-bas à 9 h 1/2. Hier il est parti bien souffrant et il paraît heureusement que le président l’a pris en pitié, on l’a exempté aujourd’hui et il espère en faire autant lundi, où il vient une cause qui doit durer 4 jours, alors il serait quitte. Espérons qu’il ne retombera plus au sort.
J’attends pour lui aussi, le printemps avec impatience, nous avons eu un hiver si affreux, en ce moment il semble que le ciel est déchaîné contre la terre, depuis quelques jours quelles tempêtes ! Mais la plus terrible (celle-ci est toute terrestre) est celle que nous avons eue mercredi 13 à l’Opéra. De mémoire d’abonné on ne se rappelle pas semblable chute, méritée en tout point il faut le convenir. Il en cuit à présent à Mr Wagner d’avoir employé l’autorité impériale, pour passer sur le dos de tous. Il est tombé à plat, et à été enterré sous les rires et les sifflets. La 2eme représentation a été encore plus orageuse que la première, et on n’annonce pas la 3eme.
L’Empereur était au deux représentations et il a pu voir manœuvrer les Français. Du reste il a ri lui-même, donc il
était désarmé.
Nous voilà débarrassés de toute la clique de la musique de l’avenir, il faut espérer du moins qu’après si rude épreuve, elle en restera là.
Rien de nouveau pour les Troyens, cependant on dit le ministre très bien disposé, ce qui vient d’arriver à l’Opéra ne peut qu’être bon pour leur faire prendre la route de la rue Lepelletier, ce qui serait autrement digne que d’être exécuté en place de Grève, où va être le nouveau Théâtre Lyrique.
Hector ne peut pas s’occuper de cela en ce moment, ce qui est fâcheux.
Je voudrais comme vous me le demandez plaider votre cause,
(car ce serait plaider la mienne) mais la place n’est pas bonne à abandonner en ce moment, et tel désir que nous ayons de vous embrasser, il faut nous contenter de le faire sur le papier.
J’oubliais une bonne nouvelle. Le Conservatoire c’est enfin décidé à venir demander à Hector quelque chose de lui pour leur 7eme concert. Cette fois c’est la montagne qui vient à lui, car il n’a fait aucune démarche pour cela.
Louis va bien, il vous écrira avant de partir.
J’ai fait commander une messe pour le 6 du mois prochain, nous associerons nos regrets aux vôtres. Je redoute ce jour pour Joséphine, mais il faut qu’elle s’arme de tout son courage.
J’ai vu mon oncle Victor il y a 4 jours, il allait bien ainsi que ma tante, qui attend un beau jour pour faire son ascension jusques chez nous, c’est tout un voyage pour elle. Ce bon oncle malgré tout, il est gai. Je dois avouer que j’ai un faible pour lui, et je l’embrasse toujours avec plaisir, je trouve qu’il ressemble à Hector. Je pense que sa fille va venir passer quelques jours avec vous, dites lui mille et mille choses de notre part.
Demandez à votre père s’il reste encore une pièce de vin de 1859 pareille à celles qu’il nous a envoyées. Mr De La Roche en voudrait une pour sa campagne et il faudrait l’envoyer à cette adresse : Mr De La Roche à St Germain-en-Laye, rue des monts grevés, département de Seine-et-Oise.
Adieu chères petites nièces, je vous assure que si vous
pensez à nous, nous vous le rendons bien. Deux bons baisers à votre père et
autant pour vous.
Marie Berlioz
R96.855.2 | Samedi 22 juin 1861 | À ses nièces Joséphine et Nancy Suat | Transcription littérale | Image |
Sur la décision de Berlioz de ne pas se rendre à Plombières dans l’été de 1861 voir la page sur Berlioz et Plombières. En l’occurrence Joséphine et Nancy se rendront à Bade pour assister au concert de Berlioz le 26 août, comme le souhaitait leur oncle
(CG no. 2562).
Sur l’admission des Troyens à l’Opéra voir la page sur le Théâtre Lyrique et les lettres CG nos. 2555, 2557, 2565 et 2579, mais comme on sait cette promesse n’eut pas de suite. Rappelons que les mots ‘(le directeur de l’opéra)’ ont été ajoutés au-dessus de la ligne par Berlioz lui-même en relisant la lettre, comme on peut le voir sur l’image.
Samedi 22 juin 1861.
Mes chères nièces,
J’étais à St Germain sans cela vous auriez déjà reçu ma réponse, malheureusement elle n’est pas comme vous la désirez. Il y a un proverbe qui dit bien, ce que femme veut, Dieu le veut. Dieu oui, mais un mari !….
Vous me direz à cela, le meilleur ne peut être un Dieu,
donc malgré ma volonté je crains bien de ne pas vous embrasser à
Plombières. Dites-nous toujours une fois là-bas où vous logez. Moi qui connais ma ville, je saurai où vous êtes. Je pourrais presque dire d’avance où vous irez chaque jour et vous suivre dans vos excursions que je voudrais bien partager.
Votre oncle va mieux depuis quelque temps. Robert lui fait
suivre un traitement qui lui va.
Vous devez savoir la nouvelle ?…
Ses Troyens sont reçus par le directeur de l’opéra ; il n’y a plus que l’assentiment du ministre, mais comme l’obstacle venait de Royer (le directeur de l’opéra) le reste ira tout seul il faut l’espérer. Maintenant c’est une question de temps. Le fera-t-on passer tout de suite étant prêt, ou après les
deux, qui ont pris rang, mais qui ne sont pas faits. Je laisse votre
oncle faire sa paix avec vous. Dites mille choses aimables de ma part à Mme Burdet.
J’embrasse de tout mon cœur vos quatre joues à les faire rougir, ce qui ne doit pas être difficile avec la chaleur tropicale que nous avons. On grille à Paris, aussi je compte aller respirer encore à St Germain.
Nous n’avons pas de nouvelles de Louis non plus depuis quelques jours, il doit être à la Ciotat.
Adieu encore et mille tendresses car on vous aime quoique vous en disiez.
Marie Berlioz
Site Hector Berlioz créé par Michel Austin et Monir Tayeb le 18 juillet 1997; pages Lettres de la famille du compositeur créées le 11 décembre 2014, mises à jour le 1er avril 2015 et le 1er mai 2018. Révision le 1er décembre 2023.
© Musée Hector-Berlioz pour le texte et les images des lettres
© Michel Austin et Monir Tayeb pour le commentaire et la présentation
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