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Les Grotesques de la Musique

Extraits de la correspondance du compositeur

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Extraits de la correspondance de Berlioz

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Présentation

    Cette page rassemble les passages dans la correspondance de Berlioz qui se rapportent à son ouvrage les Grotesques de la musique, publié en 1859.

    La correspondance de Berlioz apporte une précision importante sur la genèse du livre: à l’encontre de ses deux précédents ouvrages publiés, le Voyage musical en Allemagne et en Italie et les Soirées de l’orchestre, les Grotesques de la musique résultent non d’une initiative de Berlioz mais d’une commande d’un éditeur, ou plus exactement de deux éditeurs. On sait par une lettre d’octobre 1858 (CG no. 2325) que le journal la Chronique de Paris avait sollicité Berlioz de publier un ‘article gai’; en réponse Berlioz publie sans tarder dans ce journal, entre le 24 octobre et le 23 novembre, quatre articles humoristiques sous le titre Les grotesques de la musique, articles tirés de ses feuilletons antérieurs (notons au passage que ces quatre articles ne sont pas mentionnés dans le tome 9 de Critique musicale p. xv-xvi, où il est question des Grotesques de la musique). Les articles eurent sans doute du succès puisque un autre éditeur, A. Bourdilliat, directeur de la Librairie nouvelle, ne tarde pas à lui commander un petit volume écrit dans le même esprit (CG nos. 2345, 2347, 2352; cf. 2568). Berlioz se met au travail sans tarder et termine le livre rapidement au début de 1859 (CG nos. 2341, 2348, NL p. 514, no. 2352bis); le livre va tout de suite sous presse et paraît non moins rapidement au début de mars (CG no. 2361).

    L’ouvrage fait pendant aux Soirées de l’orchestre et lui fait écho, mais Berlioz, soucieux comme toujours de faire du neuf, marque bien la différence entre les deux livres. Les Soirées sont dédiées ‘À mes bons amis les artistes de l’orchestre de X****, ville civilisée’, alors que les Grotesques sont dédiés ‘À mes bons amis les artistes des chœurs de l’Opéra de Paris, ville barbare’. Les deux ouvrages sont à la fois sérieux et humoristiques (cf. CG no. 2355), mais le ton et l’humour des Grotesques sont d’un caractère différent. ‘C’est une série d’histoire risibles, et de plaisanteries d’une gaîté corrosive’ (CG no. 2345). ‘C’est horriblement gai’ (CG no. 2347, cf. 2352). ‘Ce sont les grognements et les coups de boutoir épars auparavant dans une foule de feuilletons, rien de plus’ (CG no. 2361). ‘On dit que j’écris avec du vitriol. Au fond, ce rire est fort triste’ (CG no. 2364, cf. NL no. 2366bis). Il conseille même à sa sœur Adèle de ne pas lire le livre: ‘En maint endroit tu serais choquée par des plaisanteries irrévérencieuses pour des idées que tu révères’ (CG no. 2366). Autant de qualificatifs qui s’appliqueraient mal aux Soirées de l’orchestre, qui respirent une joie de vivre qui fait parfois défaut dans les Grotesques de la musique.

    Malgré les réserves de Berlioz sur son propre ouvrage, le livre a du succès et se vend (CG nos. 2364, 2366, NL no. 2366bis). Comme avec les Soirées Berlioz envoie des exemplaires du livre à ses proches et amis (CG nos. 2341, 2347, 2352, 2361, 2364, 2366; NL no. 2366bis, CG nos. 2900, 2902, 3116, 3122, 3226). Dès avant sa parution il envisage une traduction allemande, faite comme celle des Soirées par Richard Pohl, et qui paraîtra finalement après des retards en 1864 (CG nos. 2355, 2393, 2479, 2663, 2678, 2868, 2870).

Introduction

    This page collects the passages in Berlioz’s correspondence which relate to his book les Grotesques de la musique, which was published in 1859.

    Berlioz’s correspondence reveals an important detail about the composition of the work: unlike his two previously published books, the Voyage musical en Allemagne et en Italie and les Soirées de l’orchestre, les Grotesques de la musique resulted not from an initiative on Berlioz’s part but from a commission by a publisher, or more exactly two publishers. From a letter of October 1858 (CG no. 2325), it is known that the newspaper la Chronique de Paris had asked Berlioz for a ‘cheerful article’; in reply Berlioz lost no time in publishing in that journal, between 24 October and 23 November, four humorous articles under the title Les grotesques de la musique, articles which were derived from his earlier feuilletons (incidentally, these four articles are not mentioned in volume 9 of Critique musicale p. xv-xvi, where les Grotesques de la musique are discussed). The articles must presumably have been well received, since another publisher, A. Bourdillat, the director of the Librairie nouvelle, quickly commissioned from him a small volume written in the same spirit (CG nos. 2345, 2347, 2352; cf. 2568). Berlioz set to work without delay and quickly completed the work early in 1859 (CG nos. 2341, 2348, NL p. 514, no. 2352bis); the book was immediately sent to the printer and appeared no less quickly in early March (CG no. 2361).

    The work is a counterpart to les Soirées de l’orchestre and echoes it, but Berlioz, ever anxious for novelty, pointedly emphasises the difference between the two works. Les Soirées are dedicated ‘To my good friends the artists of the orchestra of X****, a civilised city’, whereas les Grotesques are dedicated ‘To my good friends the choristers of the Opera of Paris, a barbaric city’. Both works are at once serious and humorous (cf. CG no. 2355), but the tone and humour of les Grotesques are of a different character. ‘It is a series of ridiculous stories, and of jokes of corrosive jollity’ (CG no. 2345). ‘It is horribly jolly’ (CG no. 2347, cf. 2352). ‘These are the grunts and thrusts of a boar’s snout, which previously were scattered in a mass of feuilletons, and no more’ (CG no. 2361). ‘They say that I write with vitriol. In truth, this laughter is very sad’ (CG no. 2364, cf. NL no. 2366bis). He even advised his sister Adèle not to read the book: ‘There are many places where you would be shocked by jokes which mock ideas which are dear to you’ (CG no. 2366). These are epithets which could hardly be appled to les Soirées de l’orchestre, which exude a joie de vivre that is sometimes missing in les Grotesques de la musique.

    Despite Berlioz’s reservations about his own work, the book was successful and sold well (CG nos. 2364, 2366, NL no. 2366bis). As with les Soirées, Berlioz sent copies to his relatives and friends (CG nos. 2341, 2347, 2352, 2361, 2364, 2366; NL no. 2366bis, CG nos. 2900, 2902, 3116, 3122, 3226). Even before it appeared, Berlioz thought of having a German translation, which, as with les Soirées, was done by Richard Pohl; it eventually appeared after some delay in 1864 (CG nos. 2355. 2393, 2479, 2663, 2678, 2868, 2870).

Extraits de la correspondance de Berlioz

Abréviations:

CG = Correspondance générale (1972-2003)
NL = Nouvelles lettres de Berlioz, de sa famille, de ses contemporains (2016)

1858

À sa sœur Adèle Suat (CG no. 2325; 22 octobre):

    […] J’avais commencé cette lettre hier, mon oncle Victor est venu m’interrompre, il est resté une heure au coin de mon feu, puis sont venues d’autres visites et je n’ai pu que ce matin trouver le temps de t’écrire. Comme j’allais m’y remettre on est venu me demander un article gai pour la Chronique de Paris, on m’a pressé à l’aide de ces bons arguments dont parle Beaumarchais, et j’ai fait l’article. […]

1859

À Adolphe Samuel (CG no. 2341; 1er janvier):

    […] J’écris en ce moment un petit volume que je vous enverrai. Cela s’appelle les Grotesques de la Musique. […]

À sa sœur Adèle Suat (CG no. 2345; 10 janvier):

    […] Je viens d’achever un volume, que le directeur de la librairie nouvelle [A. Bourdilliat] m’avait demandé; cela s’appelle: Les Grotesques de la musique. On va le mettre sous presse. C’est une série d’histoire risibles, et de plaisanteries d’une gaîté corrosive…. […]

À la princesse Sayn-Wittgenstein (CG no. 2347; 22 janvier):

    […] Je vous enverrai dans quelques semaines un petit volume intitulé: les Grotesques de la Musique, que m’a soutiré le directeur de la Librairie nouvelle; le même qui va publier le livre de Liszt sur les Bohémiens. C’est horriblement gai. […]

[Sur le livre de Liszt voir Journal des Débats, 13 juillet 1859]

À sa sœur Adèle Suat (CG no. 2348; 23 janvier):

    […] Je viens de faire un petit volume, intitulé: Les Grotesques de la Musique. Cela paraîtra dans un mois; c’est très peu payé, mais encore… […]

À son beau-frère Camille Pal (CG no. 2352; 9 février):

    […] On imprime en ce moment un petit volume qui m’a été soutiré par le directeur de la Librairie Nouvelle. Cela s’appelle les Grotesques de la Musique. Je vous l’enverrai tout frais sortant de la presse. C’est assez amèrement gai. […]

[cf. CG no. 2364 ci-dessous]

À son oncle Félix Marmion (NL p. 514, no. 2352bis; vers le 9 février):

    […] On imprime à ce moment un petit volume de ma façon, Les Grotesques de la musique. […]

À Richard Pohl (CG no. 2355; 19 février):

    […] Si vous pouvez trouver un éditeur allemand pour publier le volume que je publie en ce moment: Les Grotesques de la Musique, je serais bien aise de le voir traduit par vous. Mais jusqu’à présent les éditeurs de musique et les libraires d’Allemagne se sont montrés si rats à mon égard que je suis à peu près sûr que le travail de la traduction ne serait pas convenablement rétribué pour vous et qu’il ne n’en [sic] reviendrait rien pour moi. Cela pourrait pourtant avoir du succès; il est si rare que les livres sur la musique soient amusants tout en disant quelque chose de cruellement sérieux!!! Celui-là sera d’ailleurs fort difficile à traduire. […]

[Cf. CG no. 2360; 10 mars, à Richard Pohl: il lui envoie le volume (paraphrase du texte de la lettre)]

À la princesse Sayn-Wittgenstein (CG no. 2361; 10 mars):

    […] Je vous ai envoyé hier les Grotesques; ce sont les grognements et les coups de boutoir épars auparavant dans une foule de feuilletons, rien de plus. Je doute que vous ayez la patience de lire cela jusqu’au bout. C’est égal, et peut-être utile de semer ainsi du crin haché et des pointes d’aiguille dans le lit des gredins et des imbéciles. D’ailleurs, cela soulage le semeur. […]

À son beau-frère Camille Pal (CG no. 2364; fin mars ou début avril):

    […] Vous recevrez avec cette lettre mon volume des Grotesques que je n’avais pas eu le temps de vous adresser jusqu’ici. Cela se vend, on le lit, on le cite, on rit beaucoup, on dit que j’écris avec du vitriol. Au fond, ce rire est fort triste, vous le verrez. […]

À sa sœur Adèle Suat (CG no. 2366; 13 avril):

    […] Je viens d’envoyer à ton mari mon volume des Grotesques; je ne t’engage pas à le lire; en maint endroit tu serais choquée par des plaisanteries irrévérencieuses pour des idées que tu révères.
    Cela se vend bien; je crois que nous ferons dans quelques mois la seconde édition. […]

À son oncle Félix Marmion (NL p. 518-19, no. 2366bis; 13 avril):

    […] À propos de Bade, je vous ai envoyé hier un livre où il en est question: Les Grotesques de la musique. Cela se vend; on dit que j’ai l’écrit avec du vitriol. D’autres trouvent, avec raison, ma gaîté fort triste. […]

À Richard Pohl (CG no. 2393; 17 août):

    […] Je vous remercie de tout ce que vous avez fait et préparé pour les Grotesques. Vous me donnerez des nouvelles de Weimar. […]

1860

À Richard Pohl (CG no. 2479; 10 février):

    Vous ne me donnez pas de nouvelles de notre volume des Grotesques. Il devait paraître au mois de décembre dernier. Voilà que je reçois de Leipzig une lettre de M. Gleich qui m’assure que malgré les annonces qu’on en fait depuis longtemps le livre ne paraît pas, et qui me demande mon autorisation pour en faire lui une traduction allemande. Que faut-il penser? Que faut-il répondre? Ecrivez-moi quelques lignes à ce sujet. […]

1861

À Humbert Ferrand (CG no. 2568; 27 juillet):

    […] Je suis allé trouver le directeur de la Librairie Nouvelle (M. Bourdilliat) et je lui [ai] proposé la chose en lui remetant la note manuscrite que vous m’avez envoyée et un exemplaire de Traître ou Héros? que je l’ai prié di lire. Il paraît disposé à accepter votre proposition, il me rendra réponse et me fera ses offres lundi prochain. Son magasin de nouveautés littéraires est plus achalandé encore que celui de Lévy. J’y ai publié mes Grotesques de la Musique. J’espère réussir pour vous. […]

À Humbert Ferrand (CG no. 2569; 2 août):

    Après trois rendez-vous manqués (non par moi) M. Bourdilliat a fini par me donner une réponse évasive qui équivaut à un refus. Nichel Lévy n’est pas de retour, il sera sans doute à Paris quand je reviendrai de Bade; alors j’essayerai auprès de lui. […]

1862

Richard Pohl à Berlioz (CG no. 2663; 12 octobre, de Weimar):

    Vous m’avez fait un grand plaisir par votre nouveau livre [À Travers chants] qui m’a surpris tout à coup la semaine passée! Je vous en remercie beaucoup car nul autre que vous peut être le généreux qui a pensé à moi.
    Après avoir parcouru ce livre, plein d’esprit, j’étais aussitôt résolu de réparer la négligence qui empêchait (malgré moi) la traduction allemande des “Grotesques”. J’ai écrit immédiatement à un nouveau jeune éditeur à Leipzig, Gustav Heinze en lui offrant la traduction de “A travers chants”. Je viens de recevoir sa réponse qu’il est prêt de faire une publication allemande, sitôt que possible, si vos conditions sont tellement modérées que l’édition est possible pour sa petite caisse.
    Vous connaissez, cher Maître, assez les relations en Allemagne, mais vous savez que les “droits d’auteur” sont toujours payés misérablement chez nous. Du reste, ce ne peut pas être le but d’une telle publication, mais il est d’importance, que vos Etudes et Critiques musicales, qui sont à peu près inconnues en Allemagne, trouvent une propagation si grande que possible; et ils seront d’autant plus répandus à mesure que le prix sera de bien bon marché, et le prix d’un volume dépend chez nous des conditions de l’auteur.
    Je le trouve de plus d’importance que “A travers chants” soit connu en Allemagne que les “Grotesques” — c’est pourqoi je prends la liberté de vous prier de mettre aussi peu d’obstacles que possible à la publication. […]
    Si vous voulez me répondre dites-moi pourtant: que signifie littéralement “à travers chants”? Est-ce que c’est un calembour avec, à travers champ? Je crains que ce titre n’est pas à traduire; il faudrait peut-être une “transcription” par exemple “Croisades musicales”? […]

Richard Pohl à Berlioz (CG no. 2678; 9 décembre, de Weimar):

    […] M. Heinze m’a annoncé qu’il a reçu le traité signé par vous. A présent je commence le travail de la traduction avec tant de zèle. Le travail est difficile, et me coûte beaucoup de temps, mais j’espère qu’il ne sera pas mauvais. M. Heinze a l’intention de publier toute suite les “Grotesques”, si “A travers chants” sont fini; il a bon espoir pour les résultats, et moi je l’ai aussi. — Nous publions ces œuvres en livraisons, en forme d’une souscription. J’espère que je puis faire peu à peu une édition allemande de vos œuvres complètes. […]

À un destinaire inconnu (CG no. 2683; 24 décembre): voir Soirées

1864

À Gustav Heinze (CG no. 2868; 17 juillet): voir Soirées

À son fils Louis Berlioz (CG no. 2870; 22 juillet):

    […] Il y a encore des honnêtes gens; en même temps que ta lettre, il m’en arrive ce matin une de mon éditeur de Leipzig; il m’apprend que tous mes volumes traduits en allemand ont paru et que mon Traité d’instrumentation va voir finir sa 1ère édition. A la seconde, et à toutes les autres, me dit-il, il m’enverra cent thalers sur lesquels je ne comptais pas. […]

À Madame Estelle Fornier (CG no. 2900; 27 septembre): voir Soirées

À Madame Estelle Fornier (CG no. 2902; 30 septembre): voir Soirées

1866

À Humbert Ferrand (CG no. 3116; 16 mars): voir Soirées

À Humbert Ferrand (CG no. 3122; 22 mars): voir Soirées

1867

À Ferdinand Hiller (CG no. 3226; 12 mars): voir Soirées

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