Meylan

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3rd century

 

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Présentation

    Le petit village de Meylan à quelques kilomètres de Grenoble tient une place particulière dans la vie de Berlioz. Le Meylan que Berlioz connaissait était situé sur une pente raide au flanc du Mont Saint Eynard; de nos jours il est désigné le Haut Meylan pour le distinguer du Meylan actuel, situé plus bas dans la vallée et qui s’est développé à partir des années 1950.

    Le grand-père maternel de Berlioz, Nicolas Marmion, habitait à Meylan; chaque été le jeune Hector et sa famille lui rendaient visite. Mais dans l’esprit de Berlioz Meylan était lié avant tout à Estelle Dubœuf: c’est là qu’en 1815, âgé de douze ans, il rencontre pour la première fois la jeune fille, de six ans plus âgée que lui (elle était née en 1797). Il conçoit pour elle une passion qui durera toute sa vie. Estelle et sa sœur Ninon passait d’habitude une partie de l’été avec leur grand-mère maternelle Madame Anne Gautier à Replat, au-dessus de Meylan. Nancy Clappier, la nièce d’Anne Gautier, était une amie intime de la mère de Berlioz et les deux familles se rencontraient souvent à Meylan.

    Estelle Dubœuf, plus tard Estelle Fornier, était fille cadette d’un fonctionnaire des impôts de Grenoble. À la fin des années 1820 elle épousa un homme de beaucoup son aîné, un riche avocat du nom de Casimir Fornier, qui devint par la suite président de la Haute Cour de Grenoble. Elle eut six enfants, dont quatre parvinrent à l’âge adulte. Son mari mourut en 1845.

    Estelle, que Berlioz appellait sa ‘Stella montis’, apparaît à plusieurs reprises dans les Mémoires du compositeur. Elle est mentionnée longuement dans trois chapitres (chapitres 3, 58 et le Voyage en Dauphiné à la fin des Mémoires), et n’est évoquée que brièvement et en passant dans trois autres chapitres (24, 46 et 59; voir ci-dessous). La rédaction des Mémoires s’étend sur bien des années: Berlioz commence à les écrire en 1848 pendant son premier séjour à Londres, mais l’ouvrage n’est terminé qu’au début de 1865. Le caractère des Mémoires évolue au fil des ans, mais ce n’est que tard, en 1864, qu’ils atteignent leur forme définitive et qu’Estelle devient avec le recul du temps la figure centrale de l’ouvrage. Elle en constitue à la fois le point de départ et l’aboutissement, et l’amour du compositeur pour elle devient un des deux fils conducteurs de toute sa carrière, l’autre étant sa passion pour la musique, comme il l’écrit à la fin de son ouvrage: ‘Laquelle des deux puissances peut élever l’homme aux plus sublimes hauteurs, l’amour ou la musique ?... […] Pourquoi séparer l’un de l’autre ? Ce sont les deux ailes de l’âme’ (voir plus longuement la page sur la genèse des Mémoires, et notamment le développment sur le Voyage en Dauphiné).

    On ne sait combien de fois le jeune Berlioz vit Estelle après avoir fait sa connaissance, mais les visites prirent fin dès l’année suivante (Mémoires, chapitre 3). Pour lui elle représentait une figure idéale mais inaccessible, mais il ne l’oublia jamais, et son souvenir hanta son imagination tout au long de sa vie. Il la revit brièvement et par hasard en 1832 après son retour d’Italie, mais à cette occasion elle ne le reconnut sans doute pas (fin du chapitre 3). Il l’évoque brièvement en rapport avec sa passion pour l’actrice Harriet Smithson en 1827 (début du chapitre 24). Au cours de la composition du Requiem en 1837 il dit avoir rêvé d’Estelle deux fois (note au chapitre 46). En 1848, après la mort de son père, Berlioz se rend à La Côte-Saint-André, mais tient ensuite à revoir Meylan, pour la première fois depuis 32 ans. Il veut visiter de nouveau le lieu où il a vu Estelle pour la première fois, et il se renseigne aussi sur elle; la visite est racontée en détail au chapitre 58 des Mémoires. Berlioz lui écrit même une lettre, dont il reproduit le texte à la fin du chapitre. La lettre reste sans réponse, mais une note au chapitre montre que par la suite, en 1854, il continue à s’enquérir d’elle. Il apprend qu’elle est toujours en vie et habite Lyon, mais une allusion passagère au chapitre suivant, qui porte la date du 18 octobre 1854, laisse entendre qu’à ce moment il ne s’attend pas à jamais la revoir. Et cependant, en 1864, presqu’à la fin de sa carrière active, Berlioz est saisi de nouveau du désir de revoir Meylan. Cette fois l’histoire a une fin heureuse: en septembre 1864 il parvient à rencontrer Estelle, pour la première fois depuis plus de trente ans (depuis 1832), à son domicile à Lyon. Il est accepté par elle et par son fils, maintenant installés à Genève, comme un ami de famille. Son fils Charles et sa belle-fille Suzanne lui rendent visite à Paris, et en retour il vient les voir ainsi qu’Estelle à deux reprises à Genève, en 1865 et 1866, logeant à l’Hôtel de la Métropole pendant son séjour. Plus tard il leur rend visite à Saint Symphorien d’Ozon près de Lyon où Estelle finit par s’installer. Tout ceci fait l’objet du Voyage en Dauphiné qui porte la date du 1er janvier 1865; la boucle est maintenant bouclée, et Berlioz peut conclure le récit de sa vie sur cette note positive: ‘Stella ! Stella ! je pourrai mourir maintenant sans amertume et sans colère’. Dans son testament Berlioz léguera à Estelle 1,600 francs de rente annuelle et viagère, qui contribueront à améliorer le confort de ses dernières années: ’Je la supplie d’accepter cette petite somme comme un souvenir des sentiments que j’ai éprouvés pour elle toute ma vie’, dit le texte du testament. Estelle mourut en 1876 et fut enterrée à Saint Symphorien.

    Cette page a pour objet d’illustrer en plusieurs volets le cadre de cette remarquable histoire d’amour: d’abord la maison du grand-père de Berlioz Nicolas Marmion à Meylan, et sa tombe au cimetière du village; puis la maison de Madame Gautier, grand-mère d’Estelle Dubœuf, avec citation de passages des Mémoires; puis des vues du mont Saint-Eynard qui domine le village de Meylan; et finalement le monument de Berlioz dans le Meylan moderne plus bas dans la vallée, inauguré en 2003, bicentenaire de la naissance du compositeur, pour commémorer Berlioz et son lien avec Estelle.

Pages annexes:

La maison de Nicolas Marmion, grand-père de Berlioz
La maison de Madame Gautier, grand-mère d’Estelle Fornier
Le Saint-Eynard
Le monument de Berlioz

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