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Les rapports de Berlioz avec Her Majesty’s Theatre (qu’il nomme régulièrement Théâtre de la Reine) sont étendus et on peut les considérer sous plusieurs rubriques.
Berlioz semble au départ avoir espéré faire jouer sa musique à ce théâtre, mais en l’occurrence aucun de ses ouvrages n’y sera joué de son vivant. Une raison en est l’évolution de ses rapports de 1847 à 1853 avec le directeur du théâtre, Benjamin Lumley (1811-1875); ces rapports sont examinés en détail ailleurs et peuvent être résumés brièvement ici. Avant de se rendre à Londres Berlioz semble espérer avoir en Lumley un allié utile sur place, et à cette fin il cherche à se le concilier dans deux articles du Journal des Débats en janvier et février 1847. Mais quelle qu’en soit la raison Lumley ne se laisse pas séduire; Berlioz en prend ombrage et ne se gêne pas pour le faire sentir. Résultat à long terme: quand en juin 1853 Benvenuto Cellini tombe à Covent Garden devant une cabale hostile, l’hostilité vient en partie des partisans de Lumley. Hostilité de longue date envers un théâtre rival, selon Berlioz, mais les mauvais rapports entre Lumley et Berlioz ont aussi pu jouer un rôle.
Avec les musiciens du théâtre c’est une autre histoire: Berlioz, comme souvent ailleurs, a de bonnes relations avec plusieurs d’entre eux, entre autres le violoniste Adolph Ganz qui joue à son concert du 29 juin 1848 à Hanover Square Rooms, et le corniste Henry Jarrett qui l’assiste de manière efficace au cours de sa saison de concerts en 1852.
Pendant son deuxième séjour à Londres en 1851 Berlioz assiste aussi à plusieurs opéras à Her Majesty’s Theatre: les Noces de Figaro et Don Juan de Mozart, Fidelio de Beethoven, et Florinda de Sigismond Thalberg. Il rend compte de ces représentations pour le Journal des Débats (1er juillet, 29 juillet et 12 août 1851), et l’année suivante reprend un extrait du compte-rendu des Noces de Figaro dans le deuxième Épilogue des Soirées de l’orchestre. Il s’élève particulièrement contre l’habitude courante dans les théâtres de Londres de modifier l’instrumentation d’œuvres de maîtres comme Beethoven, Mozart, Weber et Rossini. Dans son compte-rendu de l’opéra de Thalberg il se montre très dur sur l’invraisemblable confusion qui préside à l’exécution et conclut en décochant une flèche à l’adresse de Lumley personnellement (on trouvera ce passage cité ailleurs sur ce site). On n’a pas connaissance de rapports de Berlioz avec le théâtre pendant son séjour de 1855.
Bien des années plus tard, en décembre 1863, Berlioz reçoit des propositions de Her Majesty’s Theatre en vue d’une éventuelle mise en scène des Troyens en 1864. Lumley a maintenant quitté le théatre et un nouveau directeur, James Mapleson, est maintenant en fonctions, mais le projet n’aboutira pas pour des raisons qui sont examinées ailleurs.
Situé à Haymarket presque en face du Theatre Royal Haymarket, ce théâtre a été reconstruit quatre fois depuis 1705. Appellé à l’origine Queen’s Theatre (Théâtre de la Reine – la reine Anne règne à ce moment), il est bâti par Sir John Vanbrugh et ouvre le 9 avril 1705; on y voit surtout des opéras italiens. Détruit par un incendie en 1789 il est reconstruit par Michael Novosielski et achevé en 1791 sous le nom de King’s Theatre (George III est maintenant sur le trône). Des travaux ultérieurs ajoutent des élévations au bâtiment de John Nash et sont terminés en 1819 (Elkin, 1955). C’est ce second théâtre que Berlioz a connu.
En 1837, quand la reine Victoria monte sur le thrône, le nom du théâtre est changé pour devenir Her Majesty’s Theatre, Italian Opera House. La désignation ‘Italian Opera House’ est par la suite supprimée du nom en 1847. La Philharmonic Society a trois saisons au théâtre, et Mendelssohn qui fait en tout dix visites à Londres entre 1829 et 1847, s’y produit comme compositeur, chef d’orchestre et pianiste. Son ouverture La Grotte de Fingal et sa Symphonie italienne y sont entendus pour la première fois.
Le théâtre est de nouveau incendié en 1867 et remplacé par un bâtiment nouveau en 1869, démoli à son tour en 1892. L’actuel Her Majesty’s Theatre, plus petit que ses trois prédécesseurs mais construit à peu près au même endroit, ouvre en 1897.
(Pour en savoir plus sur Her Majesty’s Theatre voyez notre source: Elkin,1955.)
Les photos modernes reproduites sur cette page ont été prises par Michel Austin en 2002; toutes les autres images ont été reproduites d’après des gravures et journaux dans notre collection. © Monir Tayeb et Michel Austin. Tous droits de reproduction réservés.
Cette gravure fut publiée dans le Pictorial Times du 3 avril 1847.
Cette gravure est tirée de l’Illustrated London News du 14 décembre 1867.
© Michel Austin et Monir Tayeb pour toutes les images et informations sur cette page.
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