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L’appartement au 41 rue de Provence était loué non pas par Berlioz mais par Marie Recio sous son nom (CG no. 1191). À partir de 1844 jusqu’à son départ pour Londres en novembre 1847 Berlioz y habite avec Marie Recio, mais son adresse légale pendant cette période est 43 rue Blanche (et plus tard 65 rue Blanche), où Harriet Smithson a son domicile. La première mention du 41 rue de Provence dans la correspondance du compositeur est indirecte: dans une lettre datant de vers le 15-18 octobre 1844 Berlioz dit qu’il n’est pas encore installé dans son nouvel appartement mais que son correspondant peut lui rendre visite le lendemain au 41 rue de Provence où il se trouvera; il laisse donc entendre que ce n’est pas sa véritable adresse (CG no. 922; cf. nos. 942, 961). La première lettre à donner l’adresse 41 rue de Provence ouvertement date du 26 décembre 1844 (CG no. 930); après cette date l’adresse se trouve fréquemment dans la correspondance. Après 1845, et après le retour de son deuxième voyage en Allemagne, voyage qu’il fait en compagnie de Marie Recio qui se présente alors comme sa femme, Berlioz n’hésite plus à utiliser l’adresse même avec des personnes à Paris qui occupent des positions officielles (par exemple CG nos. 1062 [le Ministre de la Guerre; tome VIII], 1068 [le roi Louis-Philippe], 1078bis [la duchesse d’Orléans; tome VIII], 1119 [le Ministre de l’Intérieur], 1123 [les directeurs de l’Opéra]). D’autres lettres de Berlioz de cette époque donnent parfois l’adresse 43 rue Blanche, mais elles datent d’avant le second voyage en Allemagne et on n’en trouve plus après 1845. D’un autre côté Berlioz ne semble jamais avoir révélé aux membres de sa famille l’adresse au 41 rue de Provence; à sa sœur Nanci, du moins, il donne à deux reprises son adresse comme étant le no. 10 rue Neuve St Georges, qui était en fait l’adresse de la Salle Sax (CG nos. 1045 [29 juin 1846], 1120 [31 juillet 1847]).
C’est pendant son séjour au 41 rue de Provence que Berlioz écrit, entre autres, la cantate Chant des chemins de fer (CG no. 1044bis) et achève la Damnation de Faust (par exemple CG nos. 1057, 1068, 1078bis [tome VIII]).
Marie Recio continue à louer l’appartement jusqu’aux premiers mois du séjour de Berlioz à Londres en 1847-1848; une lettre de Berlioz datée du 24 avril 1848 dit que Marie Recio a maintenant déménagé et va arriver à Londres le jour même (CG no. 1191); c’est la dernière mention de l’adresse rue de Provence. À son retour de Londres en juillet 1848 Berlioz ira s’installer au 15 rue de la Rochefoucauld, où Marie Recio s’était sans doute déjà installée quelques mois plus tôt avant de rejoindre Berlioz à Londres.
Les photos ci-dessous montrent l’actuel no. 41, rue de Provence. Il est cependant douteux qu’il soit l’immeuble de l’époque de Berlioz, bien que Jacques Hillairet dans son Dictionnaire historique des rues de Paris, tome II page 307, le laisse entendre. L’immeuble à sa droite porte le numéro 43 et une plaque avec la date de 1842, mais les actuels numéros 39 et 41 sont alignés un peu en retrait et datent sans doute de l’époque du percement de la rue Lafayette en 1862 qui fait angle avec la rue de Provence. Le percement de la rue Lafayette en biseau a dû occasioner non seulement un renumérotage des immeubles de la rue de Provence (il manque des numéros après le 25, qui porte la date de 1921), mais la destruction totale d’une série immeubles dans l’espace de la rue Lafayette, destruction masquée par le numérotage actuel qui passe directement du 35bis d’un côté de la rue Lafayette au 37 de l’autre. Il est par conséquent possible que l’appartement de Marie Recio à l’ancien no. 41 ait complètement disparu. Nous remercions M. Ludart, un visiteur à notre site, d’avoir attiré notre attention sur ces questions.
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