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Berlioz à Londres

76 Harley Street (actuellement le no. 27)

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    Berlioz habite ici pendant la plus grande partie de son premier séjour à Londres, logé dans un appartement distinct de celui du propriétaire (Jullien) qui l’a engagé comme chef d’orchestre (voyez la page Theatre Royal Drury Lane). La maison a été reconstruite depuis le séjour de Berlioz. Dans une lettre à son père datée du 7 novembre 1847 Berlioz décrit sa première arrivée en Angleterre (Correspondance générale no. 1134, ci-après CG tout court):

[…] Je suis logé chez M. Jullien (artiste Français qui a épousé une Anglaise) directeur du Théâtre de Drury-Lane dont l’orchestre m’est confié. Je le connaissais depuis longtemps et je me trouve chez lui parfaitement à mon aise sous tous les rapports. J’ai fait une traversée charmante, la mer était calme et le vaisseau marchait comme il eût fait sur un lac. J’étais accompagné d’un homme de lettres anglais, M. Gruneizen, qui en arrivant à Folkstone s’est empressé de sauter à terre le premier pour pouvoir me tendre la main et me dire cordialement: « Soyez le bienvenu sur le sol Britannique! » C’est là une de ces bonnes idées anglaises suggérées par l’amour propre national, qui ne viendraient jamais à un homme du continent. Londres est effrayant ou effrayante par son immensité. Il faut trois quarts d’heure pour aller de chez Jullien à Drury-Lane, et ils appellent cette distance quelques pas. […]

    Dans une autre lettre, à son ami Auguste Morel, il décrit sa vie sociale à Londres dans les semaines qui suivent son arrivée (CG no. 1146; 30 novembre 1847):

[…] Je m’ennuie terriblement dans le joli appartement que Jullien m’a donné. J’ai reçu pourtant force invitations depuis que je suis ici, et votre ami M. Grimblot a la bonté de me venir voir souvent. Il m’a fait recevoir de son club; mais Dieu sait le divertissement qu’on peut trouver dans un club anglais! Macready [1793-1873, célèbre acteur anglais] a donné en mon honneur un magnifique dîner, il y a huit jours; c’est un homme charmant et point du tout prétentieux dans son intérieur. Il est terrible aux répétitions, et il a raison de se montrer tel. Je l’ai vu, l’autre jour, dans une nouvelle tragédie, Philippe d’Artevelde; il y est superbe, et il a mis en scène la pièce d’une manière vraiment extraordinaire: personne ici n’entend comme lui l’art de grouper les masses populaires et de les faire agir. C’est admirable.

     À la mi-janvier 1848 la banqueroute de Jullien oblige Berlioz à prendre ses précautions, comme il l’écrit à sa sœur Nanci le 14 janvier (CG no. 1163):

[…] J’ai fait enlever hier toute ma musique de la maison de Jullien, dans la crainte d’une saisie qui grâce à l’étrangeté de la loi anglaise pourrait m’atteindre. J’ai transporté ces ballots, sans prix pour moi, chez un de mes amis français M. Grimblot où ils sont en sûreté. Quant à mes habits, linges etc, on m’assure qu’ils sont insaisissables, et je reste ici chez Jullien en attendant qu’il me paye et qu’il sache s’il peut remplir à mon égard tous ses engagements.
Dans le cas où il ne pourrait ou n’oserait donner mon premier concert qui est annoncé pour le 7 février, je tâcherais de m’arranger avec le directeur du théâtre de la Reine [Lumley], qui est de mes amis et même de mes obligés.
Tout le monde me dit ici qu’il y a une belle position à prendre pour moi; position devenue libre, place demeurée vacante par la mort de ce pauvre Mendelssohn l’idole des Anglais. Je n’ai point en effet de rivaux sérieux ici, et je crois qu’avec un peu de temps les espérances de mes amis se réaliseront; si je puis y rester toute la saison (c’est-à-dire jusqu’à juillet). Ce sera une grande chance en ma faveur. […]

    Le 24 avril, dans une lettre à Auguste Morel dans laquelle il mentionne que Marie Recio arrive de Paris le même jour pour le rejoindre, Berlioz écrit (CG no. 1191):

[…] J’ai dû quitter la maison de Jullien il y a quatre jours, une nouvelle saisie y ayant été opérée au nom de la reine pour la queen-tax qu’il n’avait pas payée.
Avant-hier les journaux de Londres ont annoncé la banqueroute de Jullien, qui, dit-on, est à cette heure en prison. Je n’ai donc plus rien à espérer de lui. […]

    Berlioz déménage avec Marie Recio au 26 Osnaburgh Street, Regent’s Park; ce bâtiment a été démoli depuis, de même que tous les appartements du même côté de la rue, pour être remplacé par un grand immeuble. Il séjournera ici jusqu’à son retour à Paris à la mi-juillet 1848.

Toutes les photos reproduites sur cette page ont été prises par Michel Austin en 2001. © Monir Tayeb et Michel Austin. Tous droits de reproduction réservés.

Le domicile de Berlioz à Harley Street en 2001
Harley Street

(Image plus grande)

Vue générale de Harley Street
Harley Street

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Le no. 76 (actuellement le 27) est la quatrième maison du côté gauche de la rue.

Vue générale de Harley Street
Harley Street

(Image plus grande)

Le no. 76 (actuellement le 27) est la quatrième maison du côté droit de la rue. La rue à droite au premier plan est Queen Anne Street; Berlioz y logea au no. 27 pendant son séjour à Londres en 1851.

© Michel Austin et Monir Tayeb pour toutes les images et informations sur cette page.

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