Cette page est disponible aussi en anglais
Berlioz habite dans cette maison pendant son deuxième séjour à Londres en tant que membre du jury international chargé d’examiner les instruments de musique exposés à la célèbre Grande Exposition de 1851 à Londres (voyez la page sur Le Palais de Cristal, Exposition de 1851). La maison appartient alors à un ami, Adolphe Duchêne de Vère, qui habite à Londres (cf. Correspondance générale no. 1411).
Tous les jours Berlioz se rend à pied de cette maison à Hyde Park où se trouve le Palais de Cristal (Crystal Palace). Dans sesSoirées de l’orchestre (21ème soirée, repris du Journal des Débats, 20 juin 1851) il décrit l’une de ses promenades quotidiennes qui commençent très tôt le matin:
Londres dormait encore. Aucune des Sara, des Mary, des Kate, qui lavent chaque matin le seuil des maisons, n’apparaissait son éponge à la main. Une vieille Irelandaise aginée fumait sa pipe, accroupie seule dans un coin de Manchester Square. Les vaches nonchalantes ruminaient, couchées sur l’épais gazon de Hyde Park. Le petit trois-mâts, ce jouet du peuple navigateur, se balançait sommeillant sur la rivière Serpentine. Déjà quelques gerbes lumineuses se détachaient des vitraux élevés du palais ouvert à all people that on earth do dwell.
La maison, avec son escalier et son beau salon double, décoré dans le style d’Adam (selon la description de Ganz [1950], p. 93), existe encore. À l’époque du séjour de Berlioz elle comporte aussi la Beethoven Room, où ont lieu les séances de la Beethoven Quartet Society. Berlioz en traite dans ses Soirées de l’orchestre (21ème soirée, repris du Journal des Débats, 31 mai 1851):
Ce salon, capable de contenir deux cent cinquante personnes tout au plus, est en consequence fréquemment loué pour les concerts destinés à un auditoire peu nombreux; il y en a beaucoup de cette espèce. Or, la porte de mon appartement donnant sur l’escalier qui y conduit, il m’était facile en l’ouvrant d’entendre tout ce qui s’y exécutait. Un soir, j’entends retentir le trio en utmineur de Beethoven [opus 1 no.3] ... j’ouvre toute grande ma porte... Entre, entre, sois la bienvenue, fière mélodie!... Dieu! qu’elle est noble et belle! Où donc Beethoven a-t-il trouvé ces milliers de phrases, toutes plus poétiquement caractérisées les unes que les autres, et toutes différentes, et toutes originales, et sans avoir même entre elles cet air de famille qu’on reconnaît dans celles des grands maîtres renommés pour leur fécondité? Et quels développements ingénieux! Quels mouvements imprévus!... Comme il vole à tire d’ailes, cet aigle infatigable! comme il plane et se balance dans son ciel harmonieux!... Il s’y plonge, il s’y perd, il monte, il redescend, il disparaît... puis il revient à son point départ, l’œil plus brillant, l’aile plus forte, impatient du repos, frémissant, altéré de l’infini... Très-bien exécuté! Qui donc a pu jouer ainsi la partie de piano?... Mon domestique m’apprend que c’est une Anglaise. Un vrai talent, ma foi!... Aïe! qu’est-ce que c’est? un grand air de prima donna?... John shut the door! fermez la porte, vite, vite, vite. Ah! la malheureuse! je l’entends encore. Fermez la seconde porte, la troisième; y en a-t-il une quatrième?... Enfin... je respire.....
Toutes les photos reproduites sur cette page ont été prises par Michel Austin en 2001. © Monir Tayeb et Michel Austin. Tous droits de reproduction réservés.
Le no. 27 (actuellement le no. 58) est la troisième maison du côté gauche de la rue.
© Michel Austin et Monir Tayeb pour toutes les images et informations sur cette page.
Avertissement: Tous droits de publication et de reproduction des textes, photos, images, et partitions musicales sur l’ensemble de ce site, y compris leur utilisation sur Internet, sont réservés pour tous pays. Toute mise en réseau, toute rediffusion, sous quelque forme, même partielle, est donc interdite.