(Transcriptions littérales, dans l’ordre de l’inventaire)
Le texte corrigé des lettres de divers correspondants se trouve sur une page séparée
Texte = mots ou lettres de lecture incertaine
*** = mots ou lettres non déchiffrés
[...] = lacune dans le texte
R96.861.5 | Dimanche 21 juillet 1839 | À Adèle Berlioz-Suat | Texte corrigé | Image |
Quatre pages, adresse à la dernière dans la moitié inférieure de la page. Encre assez pâle, écriture saccadée et parfois difficile à lire. Timbres postaux: GRENOBLE, 22 JUIL. 1839; LA COTE ST-ANDRE, 23 JUIL. 1839.
uriage 21 juillet
je suis bien facile à convaincre, ma chere adele, quand il s’agit de croire que tu m’aimes toujours et que tu ne m’as point oubliée : outre le plaisir que j’éprouve à retrouver ton amitié je tai connue trop bonne, trop dévoueé à tes amies pour pouvoir me persuader que tu fusses devenue si differente de toi-même : j’accepte donc toutes tes raisons : et puis on ne se marie qu’une fois ! et quand on est au troisieme ciel on ne distingue que confusement ce qui est si éloigné. ceci n’est point une plaisanterie et encore moins une raillerie ; il est juste de faire une exception pour les tours heureux et uniques de la vie.
je suis heureuse de ton bonheur j’espere qu’il sera aussi solide qu’il est doux. j’aurais désiré pouvoir en être le temoin et
accepter votre aimable invitation pour laquelle je te prie de faire mes
remerciemens à Mr Suat, mais je n’ose plus penser à aucun projet de voyage : à combien peu il a tenu, mon dieu ! que je fusse absente lorsque nous avons perdu ma tante, et que de reproches j aurais eu à me faire si mes desirs se fussent accomplis et que la providence [p. 2] n’y eût apporté des obstacles. la santé de ma tante adélaïde n’est pas assez bonne pour me rassurer. elle a bien des malaises, je la trouve bien defaite et bien vieillie. si dieu lui redonne des forces nous partirons ensemble pour aller voir nos nièces. voilà tout ce que j’ose esperer et encore …..
il est bien decidé par exemple que nous ne passerons pas l’hiver ici. Si nous allons dans le dept de la drome nous nous arrèterons à Grenoble au retour et nous y caserons tout de suite pour l’hiver. celle qui nous rappelait près d’elle est disparue, et peu à peu nos liens se rompent, ceux qui acceptaient nos soins et nos services nous quittent et quand nous ne sommes plus bons à personne nous languissons quelque tems inutiles et puis nous allons rejoindre nos peres. mais pourquoi te ramener sur ces tristes pensées qui ne sont pas de ton âge et par lesquelles tu n’as cependant que trop souffert.
je voudrais bien entrevoir le moment ou tu viendras faire quelque course à Grenoble et je crains que ta grossesse n’y mette obstacle. que votre bonheur ne vous fasse pas oublier votre projet de venir vous y fixer lorsqu’il se presentera une occasion favorable. Nancy est
là d’ailleurs, entr’elle et son mari ils sauront profiter des
circonstances. ce serait ce me semble un veritable adoucissement à [p. 3] la position de ton pere si ses deux filles étaient à Grenoble. ce serait un motif de plus pour y venir, il acheverait de se famillariser avec le sejour et tu pourrais toi-même lui faire de plus frequentes visites. cela sera sans doute un jour ; mais je voudrais bien que ce ne fût pas trop renvoyé.
j’ai été satisfaite d’apprendre qu’Hector etait heureux. l’avenir ne peut qu’apporter des ameillorations dans son sort. que vous avez du avoir de joie et de bonheur à vous revoir ! Helas tout est si difficile dans ce monde que les réunions si desirées, si naturelles rencontrent mille obstacles. — Je ne suis plus préparée à trouver dans Marie Beranger une grande et raisonnable jeune fille ce serait par trop precoce : elle n’a pas encore onze ans et je crois que pour peu que ton examen ait duré tu aurais bientot apprecie son enfantillage. Je suis charmée que Sophie ait pu vous etre bonne à quelque chose et je suis bien sure que sans l’etat de souffrance de son mari ils y auraient mis l’un et l’autre plus d’empressement. ils sont à Lisle dans ce moment ; on a conseillé les bains de riviere à Mr Beranger et il s est décidé à quitter son champrousset tout grillé pour venir à Lisle prendre des bains dans la drome. il commençait à s’en bien trouver. dieu veuille que cela dure [p. 4] et qu’il puisse retrouver une santé si precieuse à toute sa famille.
adieu, ma chere adele je te charge de toutes mes amitiés pour ton pere et pour la sœur
et je te prie de faire ensorte que lorsque je verrai ton mari la connaissance
soit déjà faite à moitié. prépare-moi les voies. adieu encore ton affectionnée et vieille amie
Nancy
[adresse dans la moitié inférieure de la page, verticalement]
Madame
Madame Suat chez Mr Berlioz
À La Côte St André
Isère
R96.862.1 | Septembre 1859 | À sa cousine Adèle Suat | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages à en-tête GÉNIE. Direction du Havre. CHEFFERIE DE DIEPPE. Pas d’adresse ou d’enveloppe. Écriture fine et bien lisible, mais avec cette particularité de joindre les mots ensemble (de même la lettre suivante).
Dieppe, le 7bre 1859
Ma chère cousine,
je vous envoie quelques croquis à laplume, que j’avais promis à Joséphine avantvotredépartde Dieppe.
Ils sont copiés sur des tableaux allemands dontj’ai
tâché de reproduire lanaïve bonhomie, mais j’ai fort mal réussi et ces croquis sont affreusement médiocres, dignes entout point de figurer à côté des sépias mécaniques du magasin des demoiselles, dans l’album dema chère cousine Nancy
je dois direpour m’excuser deles avoir commis, que depuis 6 ans jen’ai pas faisle moindre dessin etqueceux-ci l’ont été beaucoup trop vite.
Quandj’aurai passé mes examens jevous enverrai
commedédommagementdes dessins plus grands etmeilleurs [dans la marge de
droite au haut de la page, écrit de haut en bas d’une main différente -
celle d’Adèle?] arrivée d’Ernest a Coupe-Jarrets le 7 octobre et part le 14 [p. 2] En attendant tenez moi compte de l’intention.
Depuis que vous êtes parties Dieppe est d’une tristesse mortelle. Les étrangers sont presque tous déjà loin ; ceux qui restent encore font leurs malles. Vous avez décidément emporté dans ce beau sac de nuit quevous savez lesoleil ettoute lagaité dece mauditpays. Il ne cesse depleuvoir avec accompagnement d’unvent fantastique.
hier on a été obligé d’étayer le casino que levent a
failli emporter dans la soirée Tout le monde s’est enfui sauf les joueurs d’écarté qui sont restés àleurposte avec un héroïsme digne d’une meilleure cause Le château est inhabitable, portes, fenêtres, ferrures, tableaux, cartes pendues aux murs, touts’agite, tout grince, tout gémit etle sable détaché des falaises parle ventdu nord ouest vient entourbillonant mitrailler nos vitres C’est unsabbat digne desplus beaux temps dela sorcellerie et detemps entemps Louis hurle plus fort quelevent de nepouvoir dormir tranquille « Ah ! surlareine des clippers, jamais [p. 3] non jamais ... [»]
Il travaille beaucoup, Louis, presque trop, à mon gre ; quand j’ai envie de causer, il a toujours quelque chose à faire et jene suis plus deforce àlutter deraisonnements avec sontraité d’algèbre, ainsi jen’obtiens delui que des monosyllabes « oui, non, tu m’embêtes, laisse moi travailler, » voilà tout sonrépertoire, peu varié commevous le voyez mais enrevanche très gracieux ; j’ai beau lui donner des coups depoingt, renverser sa chaise, lui prendre sonlivre, rien n’y fait, il écrit toujours. alors je reviens tristement m’asseoir dans mon bureau et enregardant lapluie ruisseler surletoit d’enface, jem’abîme dans une série de reflexions philosophiques surl’amabilité des cousins qui restent comparée à celle des cousines qui s’envont, hélas, hélas !!
......... Madame Badel ... elle esttoujours ici,
augmentée et embellie d’une fluxion monumentale. Elle n’en continue pas moins à soutenir avec Mr Laurent, Louis etmoi, les discussions les plus étranges. Quant à son départ, il n’en est plus question. Peut-être, [p. 4] aux approches dela Toussaint rentrera-t-elle au bercail. Miss Lee (vous l’avez jugee unpeutrop favorablement) lui fait detemps entemps des traits d’enfants terribles. Si par exemple Mme Badel dit qu’elle estFrançaise et
paraittenir beaucoup à cette flatteuse origine Miss Lee dira d’un petit air pincé ohhh votre mère est anglaise ou bien sil’ondit a Mme Badel qu’elle ade beaux cheveux noirs, Miss Lee aussitôt .. ohhh c’est que Madame a mis beaucoup depommade aujourd’hui ! il y en a bien qui sont blancs !! Bref Miss Lee est douée d’un tact égal à celui deses estimables compatriotes, — ce qui dureste ne diminue enrien ses qualités etses vertus morales. —
J’ai écrit hier à mamère pourl’engager à aller vous voir à sonretourdela Salette si elle s’y décide J’irai vous faire une petite visite àlamêmeépoque. cette réunion doublera pour moi la durée de mon congé.
aurevoir machère cousine dites mille choses affectueuses
demapart amon cousin marc et àmes cousines Josephine et Nancy et croyez bien
amon entiere et sincère attachement E. Caffarel
[dans la marge de gauche, de bas en haut] P. S. Remarquer enpassant que jen’ai pas faitdevisages, qui j’ai écrit assez serré etquejen’ai pas baîllé pendant toute cette lettre.
Remarquez aussi que je n’ai pas parlé de la santé de ma chère cousine Joséphine j’admets qu’elle est parfaitement etradicalement guérie. S’il en était autrement après avoir pris des bains demer à Dieppe et avoir visité Paris de Versailles à Fontainebleau ceserait par taquinerie desapart et jelasais trop bonne ettrop aimable pour lasoupçonner d’une
méchanceté si noire
R96.862.2 | Vendredi 20 janvier 1860 | À sa cousine Adèle Suat | Texte corrigé | Image |
Huit pages en tout, deux feuillets petit format de quatre pages. Pas d’adresse ou d’enveloppe. Mêmes caractéristiques de l’écriture que la lettre précédente (voir l’image).
Dieppe le 20 Janvier 1860
Ma chère cousine,
Pendant que Louis écrit à Joséphine des histoires presque aussi divertissantes que Peaud’âne oule chat botté, jevais vous rendre compte plus sérieusement si j’ensuis capable des commissions dontvous m’avez chargé.
Dabord la broche. J’ai passé 3 jours à la recherche de Jugelet et le 4e j’ai fini parle découvrir ruedela ville l’Evêque 58, dans son atelier, où il râclait mélodieusement surle violoncelle un concerto d’onslow. Enmevoyant, il a déposé sagrosse musique etm’a reçu avec la politesse exquise d’un artiste qui aurait été précepteur dans son jeune âge, (preuve que la musique adoucit les mœurs) Je lui ai demandé tout dabord lapermission d’admirerles merveilles [p. 2] de son atelier etdeses cartons ... Ne vous effrayez pas trop tôt, ma chère cousine, cette longue, trop longue digression nous ramène tout droit à votre broche sans en avoir l’air.
après avoir brulé sous lenez de monpersonnage assez d’encens pour asphyxier un hippopotame, ou, si vous aimez mieux, après lui avoir débité toutes ces banalités flatteuses que les artistes acceptent toujours pour argent comptant, jelui ai montré votre broche, bien certain d’avance quelaréparation neme couteraitpas cher. Effectivement il l’arrangerapourrien etcependant il y a beaucoup à faire
Le maladroit ouvrier qui l’a montée atellement éraillé les bords delapeinture qu’il faudraen rogner une partie, alors pour utiliser la monture que vous avez déjà etdans laquelle votre fixé ainsi réduit nepourraplus s’encadrer, j’en ai acheté un nouveau plus beau quel’ancien et qui en a les dimensions primitives.
ce nouveau fixé coute 10 fr. comme l’ancien.
J’ai pris l’adresse del’ouvier qui fait les montures de Jugelet et, si vous m’y autorisez, la première fois quej’irai aParis jelui ferai monter votre ancienne broche pour Joséphine
[p. 3] Si je suis nommé à Grenoble jevous remettrai les 2 broches
à mon passage à Vienne, sinon jevous les enverraiparlaposte.
Pendant lepetit séjour quejeviens de faire à Paris j’ai passé presque toute une journée avec mon cousin Hector. J’ai commencé par déjeuner avec lui, et, comme vous lepensez bien, nous avons beaucoup causé de Louis. Lesoir nous sommes allés ensemble entendre Orphée, cet opéra de Gluck dont il a dirigé les répétitions etla mise enscène. C’est delamusique sérieuse, mais admirable et admirablement rendue par Mme Viardot Orphée m’a fait unplaisir infini etm’alaissé lesplus doux souvenirs.
après lareprésentation mon cousin apris mon bras et comme
il faisait untemps superbe nous voilà partis à pied à 1 heure dumatin. Nous
avons arpenté presque aupas de course toutelaligne de boulevards qui s’étend entre lethéatrelyrique etlarue dela Chaussée d’Antin, lui déclamant ouchantant les Troyens etmoi osant àpeine l’interrompre par quelques exclamations deplaisir etd’admiration, mais sans enperdre une note. Grâce à Louis jesavais déjà par cœur quelques morceaux des Troyens et [p. 4] cependantj’ai crules entendre pourla 1ere fois. C’est que personne nesaitrendre comme l’auteur ces finesses, ces nuances, ces intentions qui échappent souvent aceux qui l’écoutent.
J’ai laissé mon cousin rue Blanche, bien gai, bien content, enparfaite
santé, etj’ai regagné notrepetit hotel bienplus satisfait encore de l’emploi dema soirée.
hier Louis areçu une lettre delui. Ilneseporte pas tout àfait aussi bien que
lejour où jel’ai vu à Paris
Jesuis allé faire une visite à Mr Eugène Fr. et
à Mme Lawson Louis avait prié cette dame de découvrir, s’il
était possible, les intentions de lafamille Ernest Fromont relativement au
mariage de Melle. B. et Mme Lawson nelui avaitpas encore répondu. J’ai donc été obligé defaire un peu de diplomatie pour me faire confier par Mme Lawson lerésultat de ses démarches. Sans faire aucune demande directe elle a cru comprendre 1o quel’on neveut pas marier Melle B. qui a maintenant18 ans avant 2 ans. 2o qu’il existe [p. 5] un cousin riche, bête et fat appelé Mr de Joinville et que ce gracieux prétendant est accueilli dans la famille avec tous les égards dûs à un parent si richementdoué. Voilà l’ennemi, il seraprobablement appuyé par Mme Fromont, mais heureusement il n’estpas invincible et Melle B. qui est une fille d’esprit doitl’avoir jugé depuis longtemps. D’ailleurs Mrr Eugène et Ernest Fr. sont ainsi que Mme Lawson tout disposés à défendre les interêts de
Louis.
à vaincre sans péril on triomphe sans gloire
J’ai saisi cette occasion pour faire à Mme Lawson un éloge de Louis complet etparti du cœur qui aparu lui causerleplus grandplaisir.
Les anglaises, vous lesavez machère cousine, sontbien
entichés detout cequi tient àl’aristocratie, et en allant voir Mme Lawson j’avais pris labague d’Auguste oùsont gravées les armes dela famille Berlioz comptant bien faire naitre l’occasion deles montrer. C’estce qui est arrivé. Quand onm’a parlé dutitre de M. de Joinville, j’ai prouvé à Mme Lawson que ce monsieur estun intrigant [p. 6] qui s’appellait Joinville tout court il y a 20 ans et que Louis estbaron ettrès baron etpour preuve j’ai retiré ma bague dont j’ai laissé deux empreintes superbes à Mme Lawson. Elle va lui faire graver ses armes sur une bague quelui a laissée Mr Lawson, (c’est une surprise nelui enparlez pas). Louis qui n’est pourrien dans tout cequi s’estpassé pendant cette visite conserve dureste un air de modestie fort intéressant.
tous ces détails doivent vous paraitre bien puérils, ma chère cousine, mais
je suis persuadé, qu’ence bas monde, on arrive à son but, en ne négligeant aucun moyen si petit et si mesquin qu’il puisse être, plutôt qu’enfrappant degrands coups. Si j’ai eu tort dureste, c’est mon affection pour Louis qui m’a égaré.
J’ai vu mongrand père, etma grand mère que j’ai trouvée parfaitement rétablie. Elle se porte mieux que jamais. Quant à
mongrand père il esttrès sérieusement occupé à élever et à faire nicher 18 serins qui font unvacarme assourdissant dans sachambre. On ne s’y entend [p. 7] pas parler Quand jesuis sorti j’avais une extinction de voix. Jules était absent.
J’ai trouvé Auguste bien découragé detous ses vains
efforts pour arriver à une position sociale Il s’est enfin décidé à entrer dans la magistrature, cequ’il aurait dû faire depuis longtemps déjà, etil etil veut être nommé substitut, ou attaché tout au moins auministre dela justice. Nous avons fait ensemble quelques visites dans ce but etcommeje sais combien ma mère désire levoir entrer dans cette voie j’ai eusoin dele compromettre vis avis deses protecteurs detelle manière qu’il nepuisse plus reculer. C’est un excellent garçon qui abeaucoup de cœur etd’intelligence etdont toutes les illusions chimériques sesont dissipées à Paris. Il n’aspire plus maintenant qu’a être nommé substitut leplus tôt possible et serait au comble detous ses désirs si sonheureuse étoile lui faisait donner cette place à Vienne.
Nous continuons à nous ennuyer Louis et moi avec un ensemble déplorable. Dieppe est une ville si attrayante en hiver ! aujourd’hui pour [p. 8] combler la mesure il était unpeu malade mais c’est une indisposition accidentelle et déjà passée. Par lapluie mélée debrouillard dont nous sommes favorisés depuis quelques jours, la cheminée desa chambre à coucher fume, etil s’est réveillé ce matin dans une athmosphère à couper au couteau. Il a eu lamigraine toute lajournée àlasuite de cette mauvaise nuit.
Il travaille bien autrement et ses professeurs le
considèrent tous comme certain d’être reçu. Dans tous les cas s’il n’estpas reçu, aucun des candidats de Dieppe nelesera ; car il est debeaucoup leplus fort detous. En outre sonprofesseur, s’ilpassait un mauvais examen, doit insister ensa faveur auprès des examinateurs
Jeresterais aveclui probablement jusqu’au mois demars. Jen’ai encore aucune nouvelle demon changement. Il me reste bien peu de place, machère cousine, pour toutes les tendresses quejevoudrais vous dire à vous à mon cousin marc etames cousines Joséphine et Nancy mais votre imagination etsurtout votre cœur y suppléera mieux quejenepourrais le faire. Votretoutdévoué cousin Ernest
R96.863.1 | Samedi 6 novembre 1858 | À Adèle Suat | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages, non signé, mais l’écriture est celle de Louise Boutaud. Pas d’adresse ou d’enveloppe.
Tournon le 6 N.bre 58.
J’arrive, et j’apprends, ma chère Adèle, que Joséphine est encore un peu souffrante, qu’elle a repris quelques accès de fièvre. Nous pensons que le froid si inattendu et si vif, en aura été la cause et que depuis la lettre de Mr Suat, les accidens ne se seront plus renouvelés. Tâchez de nous confirmer cette espèrance. Nous attendons une lettre de vous avec une grande impatience. Nous n’avons pas encore fait notre voyage de Lyon, sans cela nous serions certainement allées vous voir mais nous sommes revenues directement ici de La Côte, avec la pensée d’aller un peu plus tard faire nos emplettes [dans la marge de gauche, de bas en haut, fait suite à la dernière page] et puis le style est très bien. Je sais que le journal ne nous donne que des fragmens, plus tard il faudra que je me procure l’ouvrage complet. [dans la marge de droite, de haut en has] adieu chère amie ma fille embrasse les vôtres. Je vous envoie mes meilleures amitiés et vous demande une lettre le plus tôt possible adieu. [p. 2]
d’hiver. Nous attendons pour cela que le froid ait cessé, quand même la
nécessité d’un manteau se fait vivement sentir. Mme Marmion avant son départ, pour Hières, a bien le projet d’aller passer avec vous une journée. Mais ce ne sera pas avant la fin du mois.
Toute la famille est à peu près réunie ce froid janvienal
a chassé tout le monde de la campagne. Ce n’est pas ce que nous avait promis la comète après un si beau mois d’Octobre, nous nous étions flattés que l’hiver ressemblerait un peu à l’automne. Cette surprise est donc une véritable déception.
Mr Dagrive, le notaire, dont vous connaissez la
mère, se marie dans quelques jours avec une charmante jeune fille jolie et
riche, et qui a à peine 17 ans – il fait un beau mariage sous tous les [p. 3] rapports.
Vous avez fait à Vienne l’acquisition de M. et Mme Pion. Ils sont très heureux tous les deux de cette nomination, cette jeune femme est charmante. Vous la trouverez très interessante.
Vous a-t-on parlé de la soirée de Mme Desplagnes, à l’occasion de Mr Nadaud, le chanteur et compositeur. Joséphine, doit certainement connaître quelque chose de lui. La Côte et les environs y ont été invités. La réunion a été fort agréable et très bien composée. Vous savez que depuis long tems nous n’avions plus aucune relation, mais depuis un an, elle s’est posée en Madelaine
repentante, je l’ai rencontrée très souvent chez ma cousine Amélie qui la voit beaucoup, nous avons échangé des paroles polies, enfin, ma chère, je n’ai pas voulu être plus prude que les autres, et j’y suis allée, à la [p. 4] grande satisfaction de Marthe, qui s’y est bien amusée. Mr Nadaud est un agréable et spirituel compositeur. il a promis de revenir l’an prochain et Mme Camille a pris l’engagement d’inaugurer son beau salon pendant son séjour.
Allons, ma chère Adèle, courage, ne vous désolez pas de
voir revenir quelquefois cette fièvre, qui cependant s’éloigne et s’amoindrit toujours. donnez moi bien vite des nouvelles, quand on n’est pas sur les lieux, on ne sait jamais rien d’une manière exacte, ou c’est plus ou c’est moins, suivant, l’esprit ou les exagérations de chacun. Je compte donc sur une lettre bien délaissée.
Raoul, vient de changer de garnison J’avais long tems esperé qu’il viendrait à Lyon, mais on vient de l’envoyer à Vendôme : nouvelle déception pour moi. — Nous lisons les mémoires de votre frère, dans le monde illustré, pour nous, qui avons connu tous les détails qu’il raconte, ils ont un intérêt très-grand. [le texte conclut à la première page]
R96.863.2 | Mardi 21 mai 1839 | À Adèle Suat | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages, adresse à la dernière. Écriture parfois difficile à lire. Timbres postaux: TOURNON, 21 MAI 1839; S***, 22 MAI (18)39; ST CHAMOND, (illisible).
Tournon le 21 mai
Vivent à jamais les maris qui savent, comme les nôtres, Ma chère Adèle, aimer tendrement leurs femmes, les apprécier et leur procurer d’agréables surprises !... le cœur m’a battu bien fort, pour vous, quand j’ai appris votre départ pour Paris, et j’en ai aussi remercié mille fois Monsieur Suat. Vous allez donc revoir un frère chéri ! cette bonne belle-sœur, que vous ne connaissez pas encore, et ce beau petit Louis ! Que je comprends bien votre bonheur, chère amie et que je le partage vivement, et puis ce beau Paris que vous saurez si bien admirer. Je suis sûre, que de ce petit mois, vous tirerez un parti étonnant, prodigieux, résignez vous d’avance à vous abîmer de fatigue mieux vaut se tuer (l’on réssucite plus tard) que d’emporter le regret, de laisser encore quelque chose à admirer. Paris est aussi curieux, je trouve, pour les célebrités, qu’il renferme, que pour les monumens, qui l’embellissent. Votre frère peut vous faire connaître tant d’hommes distingués.. [p. 2] Vous êtes heureuses de toutes manières, je le vois avec une douce joie. Nous le voyons, Ma chère Adèle, il ne faut jamais désespérer de l’avenir, ni du bonheur, alors même qu’on n’y croit le moins ...
Nous sommes arrivés ici, depuis quinze jours Notre voyage a été agréable et heureux. Si je ne connaissais, que votre imagination et non
votre ame, je me garderais bien, folle que vous êtes de vous conter les
nouveaux ennuis que j’ai éprouvés à mon arrivée. Mais je suis sûre de
trouver ma sympathie au milieu même de tous vos entrains de départ. — Mon
mari avait complettement oublié sa gastritte en voyage, et enfait, il n’avait pas de motifs pour s’en souvenir, ensorte, qu’il la traittait sans aucun ménagemens, mais la maudite s’en est bien vengée, à notre arrivée ici, elle a reparu plus méchante que jamais. Mon pauvre Louis sort seulement, depuis deux jours en voiture. il est mieux, et nous nous promettons d’être bien sévères à l’avenir. Sans cette nouvelle maladie j’aurais bien eu depuis long-tems, Ma chère, le plaisir de vous écrire. Mon dieu qu’il me tarde de vous voir avec votre nouveau titre de Madame
[p. 3] Je suis bien impatiente aussi de faire la connaissance de votre mari. Le mois de Septembre nous réunira tous, je l’espère, ne manquez pas au rendez-vous, au moins, je ne compte cette année ne rester à Pointières que jusqu’aux premiers jours d’Octobre. Il faut bien que nous puissions passer un mois ensemble. — Je ne puis vous donner precisément l’adresse de ma tante Adélaïde. Elle ne nous a point écrit, depuis qu’elle est arrivée à Paris, et en vérité, nous aurions été un peu inquiètes sur le compte de tous nos parens, ces jours passés, si nous le les savions tous, d’une humeur énormément pacifique. Je sais cependant, q[mot caché par la cire] avait le projet d’aller loger, dans l’hotel, dont votre oncle lui avait parlé, rue des filles St. Thomas. Au reste, si votre mari veut prendre la peine d’aller la demander chez M. Cornuault rue coq-heron No. 3 (bis), il saura cela positivement.
J’ecrirai bientôt à Nancy. Je compte sur elle pour me donner de vos nouvelles et vous, écrivez moi longuement à votre retour. Adieu, ma chère Adèle, ma mère veut que je lui laisse quelques lignes. Adieu je vous embrasse de toute mon âme Louise Raoul se porte à merveille, il envoie un baiser à Adèle.
[p. 4] [au-dessus de l’adresse, de la main de la mère de Louise Boutaud (Mme Veyron)]
Je partage, chère amie, ton bonheur, et le plaisir qui t’attend. je remersie mille fois ton mari de te rendre la vie si heureuse, sa galenterie inépuisable vient de mettre le comble à ta joie, quel plaisir j’aurai à te revoir rajeunie comme tu le dis, j’en suis vraiment impatiente
[adresse au milieu de la page, de bas en haut, avec l’indication ‘préssée’]
Madame
Suat née Berllioz
à St Chamont
Loire
[au-dessous de l’adresse, de la main de la mère de Louise Boutaud]
Mme camille arrive demain, je proffiterai du retour de sa voiture, et à mon arrivée à la côtte jirai bien vite me réjouir avec ton père en parlant de toi le pauvre homme doit être si heureux
Louise te prie de ne point l’oublier de les rappeller au souvenir de ton frère et de ta belle sœur,
adieu à bientot car à ton retour nous voulons t’embrasser
R96.863.3 | Samedi 25 décembre 1858 | À Adèle Suat | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages, les trois premières écrites, la quatrième vide. Pas d’adresse ou d’enveloppe.
Samedi
J’allais vous écrire, **rie, Chère Adèle, quand j’apprends par une lettre à votre fille, que Mr Suat la vient chercher, après les fêtes. Cette phrase est un peu ambigüe. mais nous allons nous expliquer : ici comme ailleurs, on entend bien par les fêtes, tout le tems compris, entre Noël et les Rois ? Je pense,
ainsi que c’est ce que vous avez voulu dire ? Nancy, a
seulement pris, hier possession de son domicile et je prétends, que vous nous
la laissiez toute à nous, pendant cette quinzaine. Mme
Marmion a toujours le projet de [p. 2] de partir lundi.
Pour la première fois, depuis que je suis à Tournon, Je
suis allée à la messe de minuit, j’y ai conduit mes jeunes filles, que l’entrain de faire un petit réveillon, animait beaucoup plus, ou du moins tout autant que la ferveur religieuse.
Je ne vous écris, que quelques mots à la hâte, les exercices aujourd’hui remplissent presque la journée.
J’ai appris avec une extrême satisfaction, je n’en doutais pas du reste, que l’opinion de Mlle Bressac était conforme à celle des médecins. Joséphine, il me semble, devrait commencer à se convaincre que son état si triste, si douloureux, ne [p. 3] présente pas la plus petite inquiétude, et elle le prolonge, en se tourmentant comme elle le fait. J’espère, ma chère Adèle, que vous touchez à un tems meilleur, et que bientôt cesseront toutes vos angoisses. Adieu il est bien entendu, que Mr Suat ne viendra qu’après les Rois, avant, nous le recevrions excessivement mal et il nous désobligerait excessivement. Marthe est si bien accoutumée à la société de sa chère compagne, que je ne sais vraiment comment elle pourra se déshabituer passer de
cette douce habitude. elles sont comme deux sœurs, elles font d’ici aux Rois, une foule de petits projets, qu’il faut bien se garder de venir déranger.
Adieu, chère amie nous vous embrassons de cœur.
Louise
R96.863.4 | Entre 1847 et 1855 | À Adèle Suat | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages petit format, les trois premières pages écrites, la quatrième vide. Pas d’adresse ou d’enveloppe.
Tournon 15 Juin
Je suis vivement désappointée, Ma chère amie, de recevoir votre lettre, au lieu de vous, que je comptais si bien embrasser aujourd’hui. Enfin, ma chère, tâchez de vous débarrasser le plus tôt possible de ces malencontreuses visites, qui choisissent un moment si inopportun.
= Mathilde a annoncé hier son arrivée pour Jeudi,
vous voyez qu’elle vous devance ; ne retardez pas au delà de samedi soir 7 heures ½. cette fois, c’est sans rémission : voici pourquoi. Mme Léonie Blanchet, qui arrive vendredi à St Vallier, m’a [p. 2] promis de venir passer avec nous la journée du Dimanche. Je vous envoie notre programme. Dîner à 4 heures chez Mme Marmion et le soir soirée musicale et sauterie chez votre servante. Vous comprenez, ma chère quel serait notre désappointement à tous, si vous manquiez, Mesdames, à une petite réunion organisée en votre honneur, et à laquelle je suis bien aise de faire participer ma cousine et sa fille, qui seront charmées de vous trouver ici. — Maintenant récapitulons : La chaleur étant atroce vous ne pouvez arriver, que par le train du soir. J’écris à Mme Léonie pour qu’elle prenne ainsi le samedi le même train. une collation vous attendra, tablez la dessus. Vos appartemens seront tous disposés pour [p. 3] vous recevoir et bien d’autres encore. Dans certaines circonstances on apprecie les grandes maisons. Votre mari aura aussi son
appartement sa chambre nous la lui réserverons s’il ne veut venir
que le lendemain. Samedi soir nous irons donc vous attendre à la gare. en
attendant, adieu chère amie, et puis prenez bien vos arrangemens pour rester
avec nous le plus long-tems possible Mon départ pour les eaux, n’est pas si prochain, que vous le supposez.
Allons adieu, aimable et ennuyeuse femme à bientôt Samedi 7 heures ½
Louise B
R96.863.5 | Jeudi 16 décembre 1858 | À Adèle Suat | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages, pas d’adresse ou d’enveloppe.
La lettre de Monsieur Suat, nous apprend, ma chère Adèle, que vous avez le projet de nous faire enlever Nancy. Je viens, réclamer à ce sujet, et vous rappeler la promesse, que vous m’avez faite, à mon passage à Vienne. Nous nous sommes si bien accoutumées à la présence de votre chère fille, que bientôt, nous ne saurons plus nous en passer, et nous sommes capables de ne vouloir plus vous la rendre. — plus, j’apprécie son aimable caractère et sa gaîté, plus je comprends aussi, qu’il y a sacrifice pour vous dans cet éloignement ; mais ma chère amie, le sacrifice est vraiment nécessaire. Vous avez fait l’expérience [dans la marge de droite, de haut en bas, remplit l’espace vide au haut de la page et déborde sur la marge de gauche, conclusion du texte à la dernière page] une bien grande consolation, que de pouvoir se dire qu’il n’y a rien à redouter de cette triste maladie. Si le présent est douloureux, si les effets sont affreusement pénibles, du moins le résultat n’est pas à redouter. tâchez au moins de vous tranquilliser et de vous soigner si vous pouvez obtenir un peu de repos, que je désire si vivement pour vous. adieu, chère amie, nous nous réunissons pour vous embrasser de demi. — mes souvenirs bien affectueux à vôtre mari [p. 2] que la présence de Nancy, n’apportait aucun soulagement, aucune distraction à votre pauvre Josephine tandis qu’au contraire, l’état de celle-ci, peut par sa tristesse avoir une influence facheuse, sur l’imagination vive et impressionable de sa sœur. Croyez moi, ma chère Adèle, prolongez encore ce sacrifice, M Nancy est maintenant installée ici il vaut bien mieux nous la laisser, que de l’éloigner peu de jours après. — Je ne vous fais pas l’injure de supposer, qu’il se mêle à votre pensée, quelque fausse idée de discrétion, d’embarras, que sais-je ? Ce serait me faire douter de votre amitié, et Dieu merci, nous n’en sommes là, ni l’une ni l’autre.
N’allez pas croire, non plus, que votre fille, mène ici une vie trop mondaine vous savez, qu’à cet âge, il faut si [p. 3] peu pour amuser. Dans ce moment par exemple, elles ont monté un petit Proverbe, qu’elles joueront Dimanche, devant les mères et les tantes, et je vous assure, qu’on ne s’en tire pas trop mal, je regrette, que vous n’amenez pas Josephine. Cette petite distraction lui aurait peut-être fait plaisir. Nancy étudie beaucoup son Piano. Son Jupon brodé avance. Vous voyez, qu’on ne néglige pas l’utile, et il n’y aura rien de changé, quand elle sera définitivement ici, au contraire, elle assistera tous les jours à la leçon de litérature de Marthe. — Je n’ai pas besoin de vous dire, que sa santé est très-bonne. Aujourd’hui Jeudi, Mme Blachier a engagé toutes les jeunes filles, à aller goûter, chez elle. On est fort entrain.
La petite réunion de Mesdames Deville a été assez triste,
on a fait une longue [p. 4] partie de Comète. Dans cette maison par respect pour la belle mère, le son du Piano est interdit. C’est très louable, mais c’est ennuyeux pour les autres, surtout quand il y a de la jeunesse.
Mme Marmion est sauvée, vous savez qu’elle vient d’échapper au charbon et à la lèpre d’Orient !! rien que cela ... Vous conviendrez, qu’elle est heureuse, de conserver toujours sa bonne santé, au milieu des fléaux, des maladies affreuses, dont elle est si souvent atteinte elle part décidément mardi.
Allons, ma chère Adèle, voila qui est convenu nous gardons
Nancy, et s’il vous fallait de nouvelles instances pour vous décider, ma mère se joindrait à moi et vous ne refuseriez pas au nom de cette vieille
amitié.
Puissiez-vous, nous donner bientôt de meilleures nouvelles
de votre Josephine. Malheureusement l’hiver est une mauvaise saison, qui empêche l’essai de remèdes sur lesquels on a droit de compter. Courage et résignation, ma pauvre amie, c’est déjà [texte conclu à la première page]
2011.02.385 et enveloppe 2011.02.386 |
Samedi 15 août 1848 | À Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages, la première porte les initiales L. B. Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) LA-COTE-ST-ANDRE, 16 AOUT (18)48; (verso) GRENOBLE, 16 AOUT (18)48.
Pointières le 15 août 1848
J’arrive de Plombières, ma chère Nancy, et c’est seulement à Lyon, qu’une lettre de ma nièce, m’a appris la douloureuse nouvelle, qui vous afflige. Aujourd Ce triste événement vous était annoncé depuis long-tems, et malgré cela la douleur est toujours aussi poignante. Je sais par moi même, tout ce que les dernières séparations renferment de cruel [un mot écrit sur l’autre], il n’y a que la ferme espérance de se retrouver, dans un meilleur monde, qui puisse donner la résignation nécessaire dans un pareil moment. Votre pauvre père, a été non seulement regretté par sa famille, et ses amis, mais par toutes les personnes, qui l’ont connu et ont pu apprécier les qualités de son cœur ; les témoignages de regrets, qui lui ont [p. 2] été donnés, doivent adoucir l’amertume de votre chagrin. C’est une consolation bien grande pour vous, de voir à quel point il était aimé et estimé dans son pays. Je te répète encore, ma pauvre amie, combien je regrette de ne pas m’être trouvée auprès de vous dans ce cruel moment. il m’a fallu prolonger mon séjour à Plombières bien au delà du terme, que j’avais fixé, pour mon retour. les eaux m’avaient tellement éprouvées qu’il m’a fallu les suspendre, et puis recommencer. J’avais annoncé mon arrivée à ma nièce, ensorte qu’elle a cessé de m’écrire, et je suis restée sans lettres pendant quinze jours, attendu que dans ce malheureux pays il fallait 10 jours, pour avoir une réponse à une lettre…. Ma nièce m’a dit que tu étais partie bien fatiguée, bien brisée ; laisse toi soigner, chère amie, et ne te laisse pas aller à ce découragement et à ce dégout de la vie, qui suivent ordinairement une grande douleur. Tu as ta bonne Mathilde qui est pour toi, une grande consolation, et [p. 3] pour ne pas trop l’affliger tu es obligée de faire un effort sur toi même, et de tacher de vaincre ta douleur ; il en coute, mais c’est un sacrifice, que l’on doit à ceux qui vous entourent, et pour qui l’on vit.
Vous reviendrez tous un peu plus tard. Ton oncle et ma belle sœur, profiteront de ce moment, pour se trouver ici, et j’espère bien, que chaque année tu viendras ainsi que ton mari et ta fille, accepter l’affectueuse hospitalité, que ma nièce et moi, serons si heureuses de vous offrir. J’espère que tu nous places au nombre de ces amis que l’on n’oublie pas, et sur lesquels on peut compter à tout jamais …..
Mon mari m’a annoncé hier Raoul a demi triomphant, il comptait sur un 1er Prix et il n’a eu que 3 accessit. Mr. et Mme. Manion n’étaient pas encore arrivés. Votre cousin de Royer, ou plutôt sa fille est venue les chercher à Cette, et ils sont chez elle, depuis quelques jours. Cependant ils ont annoncé leur retour pour cette semaine. [p. 4] Ma nièce t’a écrit samedi. Nous attendons de tes nouvelles avec impatience, quand tu pourras nous écrire quelques lignes, tu sais tout le plaisir que tu nous feras.
Adieu chère et bonne Nancy, compte à jamais sur une amitié
sûre et sur un dévouement inaltérable.
Louise B
Mes complimens bien affectueux à ton mari. J’embrasse Mathilde de tout mon cœur et Raoul se permet encore pour la dernière fois, d’en faire autant. —
Mon mari t’adresse ses complimens ainsi qu’à Mr. Pal et partage comme moi votre douleur. —
[enveloppe]
Madame Pal née Berlioz
Grand’ rue neuve
Grenoble
R96.864 | Mercredi 1er février 1860 (?) | À Adèle Suat | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages, les trois premières écrites, la dernière vide. Pas d’adresse ou d’enveloppe. Encre assez pâle, lettres petites, indécises et mal formées, et d’une lecture souvent très difficile: un ‘affreux griffonnage’, selon l’expression de Sophie elle-même. — Nous remercions Josiane Boulard pour son aide dans la transcription et l’interprétation de ce texte.
Ta bonne lettre m’arrive à l’instant, ma bien chèr Adèle, et elle me trouve confondu du long retard que j’ai mis à t’écrire, sans rechercher si c’est toi ou moi qui avons écri la dernière promettons nous en nous excusant insuffisamment de ne plus rester si long-temps silencieuses l’une envers l’autre. Notre affection réciproque ne peut s’altérer mais il faut savoir en donner plus fréquemment des témoignages. Depuis la nouvelle année bien souvent j’ais le projet de t’écrire
mieux que cela d’aller t’embrasser à Vienne, ce projet formé comme l’année passée avec Mr Champin, qui est ici ne peut manquer de s’exécuter
bientôt, mais en attendant il faut que je te remercie très chaudement d’avoir été la première à rompre le silence obstiné qui a regné entre nous.
Pourquoi faut il que tu n’ais pas eu des nouvelles plus satisfaisantes à me donner de ta fille Josephine j’espèrais sa guérison complète et radicale il faut espérer de même que le mieux qui se manifeste dans son état actuel se maintiendra de plus en plus [p. 2] et que les bains de mer l’année prochaine ne seront plus qu’une mesure de precaution ou de préservation. Toi, bonne Amie, soigne toi bien, la santé d’une mère est si précieuse et la tienne doit être bien ébranlée par tant d’inquiétudes et de soucis. C’est le lot des Mères. Quant à nous tout ne va pas mal maintenant, Elisée est à peu près remis, il vient de passer quelque temps dans le midi et je suis allée avec mes deux filles le rejoindre à Avignon au couvent de la Visitation, où j’ai une chère cousine religieuse. Mme Fléchon va assez bien elle continue heureusement sa grossesse et la pensée d’avoir bientôt un petit poupou lui donne un bonheur inexprimable mais pour moi c’est un gros soucis, nous pensons Elisée et moi aller à Paris pour ses couches dont nous ne savons pas bien l’issue que elle l’ignore elle même.
Melchior et sa jeune femme sont près de nous là règne un
bonheur bien complet dont je jouis en mère dévouée, ils ont aussi des
espérances de famille pour le mois de 7embre. Si tu viens bientôt à Lyon
comme tu me le fais esperer je serai heureuse de te faire faire connaissance de ma belle fille qui est charmante et que j’aime de tout cœur. Melchior est aussi très aimé dans sa nouvelle famille. Mr et Mme Dugas le comblent de bontés. [p. 3] Je communiquerai ce qui regarde la famille Pavie à Mr Champin quand je le verrai demain peut être. Elle tient aussi beaucoup à aller te voir et les voir à Vienne prochainement mais si nous le pouvons nous tâcherons de t’écrire un mot la veille.
Tu ferais bien aussi quand tu viendras de m’écrire si tu le peux un mot la veille afin d’être sûre de ne pas manquer ta bonne visite car ma santé étant assez bonne cette année je suis souvent en course ou en visite et je ne me consolerai pas si tu venais en mon absence arrange toi aussi pour venir avec nous avec ton oncle nous vous recevrons avec tant de bonheur et de joie. Excuse mon affreux griffonnage je t’écris à la lumière et ma main ne vaut pas plus que mes yeux tout tremble et vieillit, mais mon affection pour toi ne vieillira jamais elle se conserve vive et dévouée
Toute à toi
Sophie
1 février mercredi
P. S.
Mes filles embrassent les tiennes qu’elles pensent voir bientôt. Elisés te fait ses affectueux compliments ainsi qu’à Mr Suat et je me joins à lui de tout cœur.
R96.865 | Mardi 23 novembre 1858 | À Adèle Suat | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages; pas d’adresse ou d’enveloppe.
Je cede bonne et chere Madame à mon désir de venir vous dire : la part que je prends à l’ennui que vous donne la santé de votre chère enfant. Je ne dis pas l’inquiétude, parce qu’il serait absolument déraisonnable d’en avoir. Les symptômes des affections nerveuses sont parfaitement connus et ils sont tellement clairs chez Joséphine qu’il est impossible de s’y méprendre. Je conviens que, quoique parfaitement rassurée sur la gravité du mal, il est bien douloureux de voir cette pauvre enfant en proie à de pareilles souffrances mais heureusement ce n’est qu’une question de temps et c’est déjà beaucoup trop. J’ai eu une de mes amies dans un cas parfaitement semblable seulement beaucoup plus souffrante encore, sa fièvre migraine ayant été horriblement forte. Je vous avoue que, malgré l’avis de tous les médecins, la voyant dans un tel état, j’avais peine à me persuader que ce fût [au haut de la page, de haut en bas, remplit l’espace laissé libre au début de la lettre] Mon mari vous présente ses hommages et son bon souvenir à Monsieur Suat que j’aime je crois un peu trop.
Vous ne douterez pas du plaisir que j’aurais à vous lire mais je vous
dispense de répondre vous avez assez d’occupations et besoin de repos. Encore un bon baiser.
E. B.
23 novembre [p. 2] uniquement une affection nerveuse, et sa position m’inspirait une profonde tristesse. L’indisposition a disparu d’elle-même insensiblement et aujourd’hui elle est tellement bien remise qu’elle a rajeuni de 10 ans.
Courage donc bonne amie, point de découragement ! et
soyez en sûre votre enfant recouvrira la belle santé dont elle jouissait et
qui est une des plus belles prérogatives de son âge. Le lait lui est-il
contraire ? Si elle digérait bien le lait d’ânesse il pourrait avoir sur elle une grande action bienfaisante comme calmant. Sous ce rapport le fameux Vériul en faisait grand cas et le conseillait surtout aux nerfs malades. Je sais bien que cette boisson est peut-être débilitante mais il serait si facile de corriger cet inconvénient par une nourriture substantielle, fortifiante. Il me semble que dans aucun cas l’essai ne pourrait lui faire mal et si elle en éprouvait quelque bien ce moyen vaudrait infiniment mieux que l’opium. Enfin, chère amie, soyez bien persuadée que si les vœux guérissaient, cette santé à laquelle est attachée votre bonheur serait bientôt [p. 3] parfaitement rétablie ! pourquoi sont-ils impuissants ? Toutes, nous regrettons vivement que cette bonne Joséphine augmente son mal par son inquiétude sur la nature de ces bizarres souffrances et voudrions bien pouvoir la convaincre : que ce ne sera absolument rien et que c’est une question de temps qu’un peu plus de tranquillité morale abrègerait certainement. Mais l’on comprend qu’à son âge, il est bien difficile de se résigner à la souffrance, même pour un temps limité !
Il est presque inutile de vous dire que Nancy va très bien, elle doit vous le dire elle-même presque tous les jours ; j’ai passé bien la soirée avec elle chez Mme Louise. Je suis heureuse de vous dire bien sincèrement que tous la trouvent charmante de grâce, de simplicité, de naturel et mon approbation particulière lui est acquise en tous points, sur tout ce que j’en connais. L’on reconnait en elle l’ouvrière qui a façonné.
Vous avez parfaitement bien fait de la confier à sa tante
qui est enchantée de l’avoir et elle [p. 4] me disait bien : que cette enfant lui était un sujet de regret en vue de son départ pour le midi ; sans cette absence elle eût été heureuse que vous lui prétassiez ce charmant meuble pendant tout l’hiver ce sont ses propres expressions, ainsi soyez parfaitement tranquille sur le sujet indiscrétion car oncle et tante s’arrangent fort bien de la posséder et cela ne m’étonne pas. Quant à la pauvre enfant je crois bien que pour rester long-temps au milieu de nous il lui faudrait mettre en jeu toute la raison dont elle est capable ; sa mère et sa sœur tiennent une trop grande place dans son souvenir pour qu’il en soit autrement et sa sœur surtout est l’objet de sa préoccupation constante ; sa santé se trouvera bien de cette petite diversion, laissez-la nous tant qu’elle ne s’ennuiera pas trop. Mme Louise en réclame la survivance quand Mme Marmion partira et c’est une demande faite avec le cœur n’en doutez pas, et consentez.
Je vous quitte bonne et chère amie, la nuit me talonne mais je suis satisfaite de vous avoir écrit ces quelques lignes et en vous disant adieu je vous embrasse ainsi que votre époux et Joséphine avec une sincère affection.
Eugénie Blachier.
R96.866 | Dimanche 11 août 1839 | À Adèle Suat | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages, adresse à la dernière. Timbres postaux: GRENOBLE, 11 AOUT 1839; ST CHAMOND, 12 (?) AOUT (année illisible).
Grenoble 11 aout 1839.
Je ne sais comment il s’est fait, que j’aie attendu de t’écrire jusqu’à ce jour, ma bien chère adèle, malgré le besoin que je sentais de reprendre le cours de notre correspondance, que ton voyage à Paris a interrompu ; ayant de tes nouvelles par nancy, je me serais reprochée de te prendre un temps précieux par sa briéveté, pour voir tout ce que paris renferme de curieux. le temps que tu as été obligée de perdre passer à te reposer a du te faire tor ; je craignais que tu n’allasses au dela de tes forces, et ce m’a été un repos d’esprit de te sentir tranquillement chez toi. tu dois me savoir bon gré d’être contente d’une chose qui m’a imposé une grande privation car je comptais bien te voir à St Vincent ou ici. maintenant dieu sait quand ce sera. si les circonstances ne nous maitrisaient pas toujours je me plairais à faire le projet de te voir chez toi dans le mois de septembre : et voici sur quoi je fonderais mon plan. françois doit passer à Lyon le 14 septembre son examen pour l’école forestière, mon père l’accompagnera et si j’osais croire à un projet je ferais celui de les accompagner, et dela d’aller te voir mais je ne m’attache pas à cette belle idée parcequ’elle est accompagnée de tant d’obstacles qu’elle ne serait pas exécutable ; c’est le temps ou nous partons pour murianette, la pensée de m’éloigner seulement pour quelques jours pourra-t-elle être comprise de ma mère... enfin mille et mille chose prévues et imprevues qui font que je mets ce beau rève au rang des chateaux en Espagne et puis chose à laquelle je ne pensais pas [p. 2] et qui me vient seulement à l’esprit quoiqu’elle soit la plus importante, c’est qu’a cette époque tu seras vraisemblablement chez ton père pour y trouver nancy ainsi c’est une affaire rayée du catalogue des choses possibles, et nous attendrons que tu nous amènes ton poupon auquel je souhaite heureux avénement.
d’après ce que nous a dit nancy tu as trouvé la position d’Hector mieux que tu ne t’y attendais. il est heureux que sa femme. soit si bonne et si sage au moins il est heureux dans son intérieur et c’est l’essentiel. car rien de peut dédomager de cette privation. tu sens cela parceque tu possedes ce bien et que tu sais l’apprécier mais. il n’est pas donné à tout le monde de savoir jouir de sa position et je vois peu de gens qui aient cette sagesse.
Nous avons Mme Vallet depuis deux jours ;
elle vient de faire la remise des fermes qu’elle a vendues et je crois que le cœur lui en saigne, il est certaines gens qui ne voient pas sans peine leur importance tomber en lambeaux, et sela à pure perte car il me semble que I**re a pris la place du couvent dans l’esprit de fanny. on n’y a pas travaillé de toute cette année ci, et je suis persuadée que si cette enfant eut occupé fanny deux ans plus tot son imagination n’aurait pas cherché d’autre pâture. elle s’est affectionnée à elle d’une force qui m’étonne car cette petite n’a rien d’aimable. le physique se dévelope beaucoup moins je
crains que l’esprit ne le soit pas. ces pauvres enfants sont bien malheureux d’avoir perdu leur mère si jeune. je crois que leur père mange le reste de leur fortune à paris où il est depuis près d’un an sous pretexte de solliciter une place. puisque tu as vu Mr Alphonse il a du t’en parler.
nous attendons nancy qui doit passer quelques jours ici pour la fete je pense qu’elle me donnera de tes nouvelles. le temps me dure de voir matilde je crains que l’absence ne nuise à sa belle affection j’en serais bien fachée car elle m’amuse beaucoup.
depuis que je t’ai écris je n’ai rien fait qui ait interrompu notablement mon petit train de vie ordinaire. mes voyages ont été une visite de quelques jours à jarie il y a un mois, et quatre jours [p. 3] de solitude à murianette pour faire des confitures. j’espère aller à St Vincent passer un jour auprès de nancy quand elle y sera retournée. tu vois que je suis assez stationaire, mais une vie plus errante me conviendrait peu et je m’accomode à merveille de celle-là.
Mr. Berthier a été très souffrant d’un mal de gorge qui donnait même de l’inquiètude car on parlait d’excroissance de chair heureusement les craintes n’ont pas été réalisée, et il est mieux ; à propos de mal de gorge Alexandre est ici avec sa mère ils arrivent de champagnai ou ils ont passé près d’un mois. il parait que ses maux sont suspendus par l’effet de la chaleur mais que le fond de son mal n’est pas gueri je lui ai trouvé les yeux moins brillants qu’il ne les avaient cet hiver mais si maigre, si défait qu’on redoute une lésion profonde. la bonne mélanie s’adresse à tous les saints pour obtenir sa guérison. je crois que les autres remèdes n’y peuv[en]t pas grand chose. il compte fuir l’hiver en all[ant] chercher le soleil d’Italie, il est de ces remèdes qui sont penibles à voir emp[lo]ye[r] quoique sont frère doive l’accompagner il me semble qu’il sera bien difficile de lui procurer hors de chez lui tous les soins dont il a besoin. j’ai tant de
plaisir à causer avec toi ma bonne amie que je vais tant que je trouve de la
place sur cette feuille que j’ai prise d’une grandeur demesurée sans penser que tu dois être lasse de mon bavardage mais comme je voudrais toujours de bien longues épitres de ceux que j’aime j’espére que tu seras du même goût. il faut cependant que je te fasses mille amitiés pour mon père, ma mère et mes frères, si tu n’étais pas si loin Victor te ferait homage de sa These de license qu’il doit soutenir mercredi prochain après quoi il sera M. l’avocat.
adieu ma Chère amie parle souvent de nous à ton mari afin
que ce soit un commencement de connaissance. nous voudrions bien qu’elle fut plus complette nous t’embrassons de tout notre cœur.
ton amie Pauline B.
[p. 4] [adresse à la dernière page]
Madame
Madame Suat née Berlioz
St Chamond (par Lyon)
(Loire)
R96.867.1 | Samedi 9 février 1856 (?) | À Marie Recio | Texte corrigé | — |
Un feuillet de quatre pages, les deux premières écrites, le reste vide; pas d’adresse ou d’enveloppe.
ce Samedi 9 février.
Ma chère et tendre Marie
Maman you you a eu grand plaisir à recevoir ta lettre et d’autant plus que Mr Bennet ne s’était pas du tout chargé de la commission pour maman you you et elle ne lui a pas parlé de votre bon voyage. Il paraît du reste qu’elle était un peu fachée que tu sois partie sans la voir tu as dû trouver dans ton dernier journal d’hier les numéros de la loterie ou maman you comme d’habitude n’a rien gagné. dans ta prochaine lettre donne nous des détails sur le concert [p. 2] et dis nous ce que tu en penses. Maman you vient d’avoir une petite angine qui a été très peu de chose mais qui a été très bien soignée par Mr Laguerre et par elle. (style maman you you). tu n’as pas besoin de t’inquieter car elle va parfaitement à prèsent et trotte comme un biche égarée. mes souliers sont trop grands je vais ruiner ma forme pour la prochaine paire que je vais faire.
Miss et cocote toutes deux en parfaite santé se joignent à
nous pour t’embrasser de tout cœur.
ton amie folle aux ¾
Anna Banderali
R96.867.2 | Jeudi 21 février 1856 (?) | À Marie Recio | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages; pas d’adresse ou d’enveloppe.
jeudi 21 février.
Ma chère Marie
Maman you commençait a être inquiète et à trouver le temps long lorsque ta lettre lui est arrivée. Elle a été annoncer la bonne nouvelle à Mme Benete qui a été dans le plus grand des bonheurs en pensant que tintin jouera à la cour et qu’elle vous remercie d’avance d’avoir contribué a cela. Maman you [p. 2] you te fait dire qu’elle n’a pas pris ni chaud ni froid qu’elle ne fait pas de nétoyages et que Marianne à tout fait et qu’elle est très contente d’elle.
Monsieur Amussat est venu voir Maman you deux fois son père est malade.
Il y a un paquet de lettres pour Mr Berlioz Maman you ne l’envoie pas puisque vous allez arriver bientôt.
rien de nouveau [p. 3] pour Maman you quant à
moi je te dis en passant que je vais ce soir aux Italiens pour la première
représentation de l’opéra de Botésini.
Je t’embrasse et Maman you comme tu penses me tient
compagnie.
Mille amitiés à Mr Berlioz.
tout à toi
Anna Banderali
je te ferais remarquer [p. 4] que malgré ma folie et mon étourderie je ne date pas mes lettres du mois de mars en plein mois de fevrier.
R96.868 | Juillet 1844 | À Marie Recio | Texte corrigé | Image |
Une seule page.
à Mademoiselle Recio
Vous chantez – – et de douces larmes
avec nous tombent à vos pieds.
Vous parlez – – ce sont mêmes charmes
et c’est comme si vous chantiez.
Puis, votre voix pure et touchante
vibre comme un écho du ciel,
On dirait un ange qui chante
notre dame du mont carmel.
Emile Deschamps
R96.1007 | Mardi 2 juillet 1844 | À Marie Recio | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages, la première écrite, le reste vide; pas d’adresse ou d’enveloppe. Écriture très soignée.
Mademoiselle
Permettez-moi de vous adresser, tant en mon nom qu’en celui de mes collègues et des dames patronnesses de l’œuvre du Mont-Carmel, l’expression de notre vive gratitude pour l’appui de votre beau talent au concert qu’a précédé la loterie. Les applaudissements de l’assemblée d’Elite qui vous a entendue ont été pour vous un témoignage éclatant de leur admiration. Permettez nous de vous exprimer la nôtre qui est aussi grande que sera durable le sentiment de reconnaissance qui nous anime.
Veuillez agréer, Mademoiselle, l’expression des sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être
Votre très dévoué serviteur
Le Président
Cte de Ferney
[en dessous, d’une autre écriture]
Mais ce que le président du comité du Mont-Carmel n’a pû vous dire et que legal ôse se permèttre, ce sont les vibrations qu’a éprouvé son âme aux délicieuses harmonies de votre belle voix.
de T [signature]
[de l’écriture du Président]
Paris le 2 Juillet 1844
Votre harmonieuse parole
Parfume l’air autour de vous
Quand de votre âme elle s’envole
Comme une note qui console
Et dont le ciel serait jaloux
Escudery
Mademoiselle Marie Recio.
2011.02.299 et enveloppe 2011.02.300 |
Lundi 25 avril 1864 | À Louis Berlioz | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages, les trois premières écrites. Timbres postaux sur l’enveloppe: (recto) LE HAVRE, 25 AVRIL (18)64; (verso) ST NAZAIRE-S-LOIRE, 26 (mois et année effacés); autre timbre illisible.
Monsieur
Jai resut votre laitre que vous adresse amafille zelia jenelui et pas doné car je voudres bien savoirre avans de luir remaitre vos intansions pour elle et lacherre petite clemantine qui est tres interresante mes comment avezvous put resété si le lontant sans donné devos nouvelle vous navez dons pas pansé au chargrin que vous lui avez fait enduré et quelle miserre avec un enfan qui nemerite pas la cherre petite car quand nous avons put les retrouvé il le etter bien dans la miserre jugé une famme seulle avec un anfan san ocune resourse et sant persone puis quelle nos et revenirre a nous apres lafaute quel avet fait denous quité mes a tout paichemiséricorde de puis 20 mois nous nous somme réconsilies et elle est presque toujour avecnous et nous avons la petite [p. 2] toujour a vec nous la cherre petite qui est charmante come une petite ange mes pansé que c’est un grande charge pour nous car cette chere petite elle nes pas ellevés et nous somme sur lage et nous navons de resourse que notre travaille sille vous oublier la merre au moins pansé alanfan qui doit esttre levotre sille vous venies auhavre vous pouvé venirre lavoirre chez nous. sille sela peut vous aitre agreable voila bien tos letans de lamaitre enclasse nous oroins be soin deson acte de nésanse sille vous ettai possible de nous lafere parvenirre vous nous feries gran plaisirre comant ce faitille que zelia vous a ecrit laitre sur laitre et que vous neparlies pas que vous en avez re sut ce pand ans la povre enfan elle a tout fait pour avoirre de vos nouvelle mes elle na put en aupetenirre de personne
[p. 3] mes puis quo jourdui vous demandes de ses nouvelle elle
seporte ases bien et clemantine ausi mes jenelui donnerai votre laitre que quand vous en nores en voiyé une dans la quelle vous voudres bien maitre vos
intansions pour et son anfan qui doit aitre le votre car vous compre née que
sille vous navies pour heus de bonne intansions serai ynutille de lui ferre de nouvos chagrins qui alterre beaucoup sa santé en si Monsieur jatant votre réponse pour lui remaitre vos laitre
en a tans dans je vous salue
Fme Mallet mere de zelia
voila mon adrese
Md Mallet repasseusse
rue louis philippe No 28
au havre
[enveloppe]
Monsieur berliosse louis
ches Monsieur perrot café du commerse
a St nazairre loire enferieurre
2011.02.309 | Samedi 3 juin 1854 | À Mathilde Pal | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages, la première écrite, les deux suivantes vides; adresse à la dernière. Timbres postaux: LA-CÔTE-ST-ANDRE, 4 JUIN (18)54; VOREPPE, 5 JUIN (18)54.
La Cote St andré le 3 Juin 1854
Ma Bonne demoseille
Je vous remercie de l’invitation que vous me renouveller Je suis fort sensible a vos bons souvenir, avang la perte que je viens d’eprouver de ma pauvre sœur Cettait ma premiere pensé d’aller vous voir ; vous comprenez ma position le chagrin ma tellemment eprouvez que je ne me sens pas courages en ce moment d’autant plus que la positions de mon beau frère est fort inquiéte de son existence Nous sommes en cherche de lui procurer quel qu’un de braves et fidéles a seul fin de pouvoir vaquer a ses travaux le petit de pauline est toujours un peu mieux nous esperons que cela continuera vous aurez l’obligeance de remercier [un mot écrit sur l’autre] Anriette et marie de lamitié quelle me porte car je n’en
doutes pas elle sont si bonne
Mon respect a Monsieur votre père
Je suis en attendant votre très devoué
Monique Nety
[adresse à la dernière page]
A Mademoiseille
Mademoiseille pal
au Chevallon près vorèpe
Site Hector Berlioz créé par Michel Austin et Monir Tayeb le 18 juillet 1997; pages Lettres de la famille du compositeur créées le 11 décembre 2014, mises à jour le 1er avril 2015. Cette page mise à jour le 1er décembre 2017. Révision le 1er décembre 2023.
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