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Berlioz à Paris

Galerie Colbert et Galerie Vivienne

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    Les deux galeries avoisinantes, la Galerie Colbert et la Galerie Vivienne, furent construites au milieu des années 1820 et ouvertes au public pour servir d’espaces commerciaux élégants. De nos jours seule la Galerie Vivienne abrite encore des magasins; la Galerie Colbert héberge maintenant l’Institut National d’Histoire de l’Art. Toutes les deux ont été acquises par la Bibliothèque Nationale.

    Pendant que Berlioz, en loge à l’Institut de France, écrivait sa cantate Sardanapale pour le Prix de Rome de 1830, la révolution de Juillet éclata; sitôt sa cantate finie, Berlioz sortit dans les rues de Paris pour se joindre à la foule. Dans ses Mémoires (chapitre 29) il donne un récit saisissant de l’amosphère enivrée de ces journées mémorables. C’est dans la Galerie Colbert que Berlioz reçut alors ce qu’il nomme ‘une impression ou, pour mieux dire, une secousse musicale d’une violence extraordinaire’. Il avait participé aux chants de la foule dans les rues avec un tel succès que, le nombre grossissant sans cesse, il avait dû avec ses chanteurs aller chercher refuge:

Parvenus à la galerie Colbert qui conduit à la rue Vivienne, cernés, traqués comme des ours en foire, on nous somme de recommencer nos chants. Une mercière dont le magasin s’ouvrait sous la rotonde vitrée de la galerie, nous offre alors de monter au premier étage de sa maison, d’où nous pouvions, sans courir le risque d’être étouffés, verser des torrents d’harmonie sur nos ardents admirateurs. La proposition est acceptée, et nous commençons la Marseillaise. Aux premières mesures, la bruyante cohue qui s’agitait sous nos pieds s’arrête et se tait. […] Après le second couplet, on se tait encore; après le troisième, même silence. Ce n’était pas mon compte. A la vue de cet immense concours de peuple, je m’étais rappelé que je venais d’arranger le chant de Rouget de Lisle à grand orchestre et à double chœur, et qu’au lieu de ces mots: ténors, basses, j’avais écrit à la tablature de la partition: Tout ce qui a une voix, un cœur et du sang dans les veines. Ah! ah! me dis-je, voilà mon affaire. J’étais donc extrêmement désappointé du silence obstiné de nos auditeurs. Mais à la 4e strophe, n’y tenant plus, je leur crie: « Eh! sacredieu! chantez donc! » Le peuple, alors, de lancer son: Aux armes, citoyens ! avec l’ensemble et l’énergie d’un chœur exercé. Il faut se figurer que la galerie qui aboutissait à la rue Vivienne était pleine, que celle qui donne dans la rue Neuve-des-Petits-Champs était pleine, que la rotonde du milieu était pleine, que ces quatre ou cinq mille voix étaient entassées dans un lieu sonore fermé à droite et à gauche par les cloisons en planches des boutiques, en haut par des vitraux, et en bas par des dalles retentissantes, il faut penser, en outre, que la plupart des chanteurs, hommes, femmes et enfants palpitaient encore de l’émotion du combat de la veille, et l’on imaginera peut-être quel fut l’effet de ce foudroyant refrain... Pour moi, sans métaphore, je tombai à terre, et notre petite troupe, épouvantée de l’explosion, fut frappée d’un mutisme absolu, comme les oiseaux après un éclat de tonnerre.

Toutes les photos reproduites sur cette page ont été prises par Michel Austin; la gravure vient de notre collection. © Monir Tayeb et Michel Austin. Tous droits de reproduction réservés. Nos remerciements à Olivier Mabille pour son aide avec l’identification des images.

Galerie Colbert - la rotonde
Galerie Vivienne

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Galerie Colbert - statue d’Eurydice
Galerie Vivienne

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Galerie Vivienne - l’intérieur
Galerie Vivienne

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Galerie Vivienne
Galerie Vivienne

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Galerie Vivienne
Galerie Vivienne

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L’entrée du côté de la rue des Petits Champs
Galerie Vivienne

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L’entrée du côté de la rue Vivienne
Galerie Vivienne

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La même entrée en 1825
Galerie Vivienne

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Notice historique sur la Galerie
à l’extérieur de l’une des entrées
Galerie Vivienne

(Image plus grande)
(Image plus grande de la notice seule)

© Michel Austin et Monir Tayeb pour toutes les images et informations sur cette page.

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