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*** = mots ou lettres non déchiffrés
[...] = lacune dans le texte
Nla 274 (1) | Vendredi 22 avril 1803 | Louis-Joseph Berlioz à sa femme Joséphine | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de 4 pages, les 2 premières écrites, la 3ème vide, adresse à la 4ème. Pas de timbre postal: la lettre a sans doute été portée à la main.
La cote le 2 floreal, vendredi.
N’attends plus d’occasion, Ma Josephine, pour me faire parvenir tes — lettres directement, ou pour les mettre à la poste. je suis allé ce matin avec toute l’impatience que tu peux imaginer, pour assister à — l’ouverture du paquet du courier. Tu ne peux te figurer l’état où je me suis trouvé, quant je n’ai reçu qu’une lettre de Benjamin, qui me rassurait, il est vrai, sur ta santé, mais qui ne pouvait suffire. Désesperé, je me suis pressé de rentrer dans la maison, les pressentimens les plus sinistres se presentaient à mon imagination, et la confusion de mes idées était si grande que je ne puis te dire lesquelles m’affectaient le plus douloureusemente toute mon organisation semblait prête à se dissoudre, et je crois même que j’ai souhaité que cela fut réellement. je me voyais né pour être à jamais malheureux, je me peignais l’humanité sous les couleurs les plus noires, peu s’en est fallu que je ne maudit le jour qui me vit naître, et que je n’appella celui de ma destruction. Dans ce moment j’ai voulu t’ecrire, il aurait fallu pouvoir tracer les pages à la fois, et qu’elles pages !
combien je m’applaudis, que ma plume ait refusé de te rendre témoin de mon délire. après quelques instans de cette situation désespérante, je me suis sur le champ décidé à partir ; j’avais à peine passé le chateau des grenouilles, que j’ai rencontré ta messagère, qui m’a demandé si j’allais à grenoble. Avec quelle avîdité j’ai saisi cette bienheureuse lettre qu’elle m’a remise ! j’ai taché cependant de contenir mes transports ; je l’ai promptement parcourue, pour venir au plus vîte la lire et relire ici, tout à mon aise. j’ai bien vu que ma josephine n’e m’avait pas oublié ; j’ai eu honte de l’injustice de mon desespoir ; et la joie — ramenant la raison, j’étais aussi courroucé contre moi même que tu dois l’être en lisant ce récit. Mais pardonne, tu dois scavoir que l’amour, ne vas jamais avec la raison ; c’est ce qu’on aime le mieux, que l’on craint le plus de perdre ; c’est la conservation de ce qu’il y a de plus prétieux, qui cause le plus d’allarmes. Sentant tout le prix du trésor que je — possède, connaissant le cœur de ma josephine, pouvais je être tranquille, en songeant qu’elle m’avait oublié pendant cinq jours ? tandis que moi je ne passe pas une minute, pas un instant sans m’occuper d’elle. je jugeais de ton cœur par le mien, et je ne me suis pas trompé ; ta lettre m’a bien démontré, que quoique au milieu des délices de Meylan tu songeais à la côte. Désormais par aucune raison, sous aucun prétexte, ne m’expose plus à soufrir des tourmens aussi [p. 2] horribles que j’aie éprouvé ce matin ; Ô mon amie ! une seconde épreuve
suffirait, je crois, pour me faire mourir.
Les journées me semblent bien longues depuis ton départ ; je ne voudrais pas abréger tes plaisirs, mais de grace ne prolonge mes souffrances que le moins que tu pourras. Considère le temps que tu veux demeurer absente, fixes moi l’époque à laquelle je puis esperer de te ramener. je ne puis guères m’absenter plus de huit jours, décide maintenant quant tu veux que je parte : Qu’il sera délicieux le
moment où je pourrai te serrer dans mes bras ! Mais aussi combien il faut le payer cher ! je riais autrefois en lisant dans les pöetes le récit — pitoyable des maux de l’absence ; je ne pouvais croire que leurs rimes fussent l’expréssion d’un sentiment réel ; ah ! je sens bien maintenant que ce n’est point une fiction.
Est il possible que victor et Benjamin, n’ayent
pu trouver une voiture pour te conduire à Meylan ; annonces leur de graves reproches de ma part, sur leur peu d’activité. Dans ton état il est de la plus haute imprudence de te fatiguer au delà de tes forces ; songes que ton existence est triple maintenant ; penses que de ta seule vie en dépendent deux autres. promets moi de ne plus faire de semblables courses, elles m’allarment trop.
Adieu, ma chere finette, embrasses pour moi ton pere, tu l’aimes trop pour que je ne le cherisse pas ; quant même il ne le meriteroit pas autant d’ailleurs. adieu encore une fois, quoique ce soit un mot bien cruel à dire ; je ne cesserai de t’aimer qu’en cessant de vivre.
L. Berlioz
[p. 4]
[Adresse au milieu de la page, verticalement de bas en haut]
A Madame
Madame Berlioz née
marmion Rue pertuisiere cour
de la lotterie
a Grenoble
Nla 274 (2) | Samedi 29 mai 1804 | Louis-Joseph Berlioz à sa femme Joséphine | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de 4 pages, les 2 premières écrites, la 3ème vide, adresse à la 4ème. Timbre postal au dessus de l’adresse: LA CÔTE ST ANDRÉ, sans date.
La cote Samedi 29 floreal.
Ta lettre, m’a été remise par Mr. Durand, hier au soir à la frête ; où j’étais allé voir un malade ; Elle m’a fait grand plaisir, Ma chere josephine ; je l’attendais par le courier d’hier matin ; et n’en recevant point, je ne fus pas très satisfait. Ne crois pas cependant que j’aye été faché contre toi : j’imaginai ce qui est arrivé, que tu m’avais écrit par quelque occasion, ou que tu avais envoié trop tard à la poste. Ne crains pas que je t’accuses de négligence ; je
suis bien persuadé que tu m’aimes, et que tu ne m’oublies pas. Les amans ne se font des reproches, que lorsqu’ils ne se connaissent pas encore bien ; ils craignent de perdre ce qu’ils ne sont pas certains de posseder. Pour moi je suis sur de ton cœur, comme tu peux être assuré du mien, tu es tout pour moi, et jamais ta tendresse ne peut m’être douteuse.
Le plaisir de te voir, et d’embrasser, notre hector,
serait, le motif le plus puissant pour me permettre de m’absenter en ce moment, si cela etait possible. mais il faut céder à l’impérieuse nécéssité ; je ne pourrais sans de graves inconveniens, passer avec toi plus de vingt quatre heures ; et un plaisir de si courte durée ne laissent que des régrets. Crois que j’ai été bien tourmenté, bien combattu ; j’ai été vingt fois sur le point de partir, et toujours, la multitude de travaux qui reclament ma présence m’a retenu. Le pisé de la maison du moulin se commence aujourdhui et à peine pourra-t-on finir la semaine prochaine, pour avoir le temps de jetter le toit. Il faut encore faire charrier du tuf ; et tu sais l’embarras que cela me [p. 2] donne ; d’autres matériaux de construction, me manquent aussi, et il faut en outre faire faucher la moitié du pré neuf, pour nourrir nos chevaux.
Cette multitude d’embarrass m’ennuie d’autant plus que je ne crois pas qu’il me soit possible de t’aller voir avant quinze jours, au moins. Ce sera pour moi un grand jour de fête que celui où je pourrai embrasser ma bonne femme, et caresser mon petit hector ; plus je pense que je ne puis avancer ce bienheureux moment, plus je suis de mauvaise humeur, contre tout ce qui occasione ce retard.
La petite vernatet est fort bien entre les mains de Mr. trousset. je n’ai pas la présomption de croire que mes conseils, puissent être plus salutaires que les tiens. Si il désespère de la malade, certainement je ne trouverai pas de remèdes contre la maladie. d’ailleurs dans une ville où il y a au moins vingt medecin, n’est il pas ridicule d’en envoier chercher un qui à une reputation aussi obscure que moi. Que — Vernatet, ne croie pas cependant qu’il y a de la mauvaise volonté de ma part, si il
croit que je puisse être absolument utile à sa fille, fais le moi savoir, je
partirai, une nuit, pour revenir, le lendemain, si tôt que je l’aurai vue.
Adieu, ma chere, et très chère josephine, je te consacre le peu de momens libres, que j’ai aujourdhui ; et je finis par où j’ai commencé en t’assurant, que je t’aime, et que je t’adore, et que je t’aimerai et t’adorerai toujours
L. Berlioz **
assures bien, ton père et felix que je ne les oublie pas.
[p. 4]
[Adresse au milieu de la page, verticalement de bas en haut]
A Madame
Berlioz née marmion Rue
pertuisiere cour de la
lotterie
a Grenoble
Nla 274 (31) | Février 1816 | Félix Marmion à Louis-Joseph Berlioz | Texte corrigé | — |
Un feuillet de 4 pages écrites. La lettre semble complète, mais n’a pas de signature à la fin. Elle ne comporte pas d’adresse, et pourrait avoir été portée à la main. Écriture assez négligée.
Grenoble, dimanche.
Toutes vos commissions, mon cher docteur, sont faites ainsi que celles de josephine. Vignol doit vous remettre les hanches d’agneau et l’emplâtre aglutinatif : Mr Berth veut bien se charger du reste. Je me suis réservé de changer le cadre de miniature, s’il ne convient pas. je n’ai pu en trouver qui approchât davantage des dimensions de l’autre. Les flageolets que j’envoie à Hector ne sont pas brillants, mais ils sont très justes et surtout parfaitement d’accord. Recommandez lui de ne pas soufler trop fort, parce que cela finit par les rendre faux. je n’ai point encor de musique à lui envoyer ; personne ici n’en a pour cet instrument.
Je pense qu’Auguste vous a appris la mort [p. 2] presque subite de Mlle Jacqueline. Durimi suppose qu’elle a été asphixiée par l’odeur des commodités qu’on vendait sous sa croisée. à cela s’est joint un rhume catharreux qui l’a emporté au bout de 5 jours. les deux derniers elle ne voulait plus rien prendre, ne fesait que râler et répétait continuellement : je vais trouver ma bonne Dumeuret. cette mort est trop près de l’autre pour ne pas affecter très vivement cette pauvre Durimi qui se trouve actuellement, à Grenoble, seule de toute sa famille. elle est un peu indisposée aussi et auguste lui a conseillé de garder le lit.
j’ai pris ici une chambre garnie. comme j’y serai souvent, disposez toujours de moi ; le tems ni la bonne volonté ne me manqueront pas.
dites à josephine que j’ai menti le plus que j’ai pu à Mlle Adèle pour trouver des excuses à sa paresse. elle est toujours une fort aimable personne et de très bon conseil.
Dans une réunion de famille chez Me Dubeuf, [p. 3] j’ai fait une révolution avec la Kalamaïk. toutes ces demoiselles en rêvent continuellement. Ninon l’a apprise en deux minutes. la mort d’une vieille tante sœur de Mr Gauthier, est venue déranger pour les demoiselles dubœuf seulement, un projet de voyage à la tronche et d’une petite sauterie qui devaient avoir lieu le mardi gras.
il n’y a de bals à Grenoble que chez les autorités ; Mr St Maurice en a pourtant donné un petit, mais c’est le seul
dont on parle. Mlle josephine faure a un très gros rhûme qui ne pouvait venir plus mal à propos. elle ira pourtant demain au bal du préfet qui aura je crois toute la ville. Me Donadieu
continue d’amuser le public de ses esclandres et de ses scènes avec son mari. dansant dernierement chez le préfet avec le frere de Me de Montlivant, elle l’a laissé au milieu de la contredanse en lui disant qu’on n’y tenait pas, et que quand on dansait aussi mal que lui on ne s’en mêlait pas. Son ignorant que le jeune homme fût de la famille elle est allé compter sa mésaventure à Mme de Montlivant qui lui a promis de faire des reproches à son frère. Sans se déconcerter, la générale lui a dit : oui en vérité votre frère danse très mal et je lui conseille bien fort de prendre un maître. Mr Donadieu qui s’est apperçu de la sottise [p. 4] de sa femme, lui a intimé très sèchement l’ordre de reprendre sa place, ce qu’elle a fait à peu près comme pandour quand nous le chassions de votre chambre à coucher. [la phrase suivante ajoutée après coup entre les lignes en lettres plus petites] mais de dépit elle n’a plus voulu danser après la contredanse et s’en est allée. Avant hier chez le chef d’etat major qui donnait aussi un bal, le général a voulu la faire retirer à une heure, à cause de sa santé qui ne peut supporter aucun excés en ce genre. elle a répondu qu’elle s’amusait beaucoup et qu’elle
voulait rester ; Mr Donadieu a insisté maritalement, et a entrainé de force madame dans sa voiture. cette fois-ci il parait que la scène a été si violente, et la douleur et la colère si fortes que Mme a demandé des chevaux de poste à 4 heures du matin et est partie. les uns disent qu’on a envoyé un courrier après elle, d’autres qu’il lui a pris une attaque de nerfs à quelques lieux d’ici, et à la suite de laquelle les remords l’ont rammenée. vous pensez bien que tout le monde fait ses gorges chaudes des folies singulieres de
Mme la générale qui ferait bien mieux d’amuser autrement la ville. figurez-vous qu’il y a sur son compte encor deux ou trois et
ceteras dont je ne parle pas parce qu’il ne me reste de papier que pour vous embrasser tous. j’espère que ma nièce ne tousse plus et que vous inquiétudes ont cessé. il n’y a, sérieusement parlant, rien de nouveau à grenoble. [la lettre se termine là au bas de la page, sans signature et sans adresse]
Nla 274 (10) | Jeudi 4 avril 1816 | Louis-Joseph Berlioz à Joseph Faure | Texte corrigé | — |
Un feuillet de 4 pages, les 2 premières écrites, la 3ème vide, adresse à la 4ème. Timbres postaux: LA CÔTE-ST-ANDRÉ, sans date; au dessus et en dessous de l’adresse, Avril 8 1816.
La cote le 4 avril .1816.
Tous les honnêtes gens ont appris, Mon cher ami, avec bien du plaisir votre nomination à la cour royale de Grenoble. Il était bien peu d’hommes dans le département de l’isère qui pussent prétendre à cette place avec autant de droits ; et combien il serait a désirer, que nous pussions applaudir souvent aux choix des ministres avec autant d’unanimité qu’on le fait à votre occasion. Mais malheureusement il n’en est rien ; soit que cela tienne aux circonstances difficiles où se trouvent les dépositaires de l’autorité ; soit que cela dépende de l’activité de l’intrigue et de la perversité des hommes de ce siècle revolutionaire des individus entachés de Buonapartisme, sont destitués ; et remplacés par d’autres individus plus entachés encore quelques fois. Une foule de petites considérations particulières, des recomandations imprudentes, font oublier les interêts de l’état ; et cela pourrait donner de l’inquiétude s’il — était encore possible d’en avoir aujourdhui.
Mais le bon esprit que la chambre des députés a constamment, et universellement manifesté rassure tous les bons francais. Il est demontré [p. 2] que les revolutionaires sont en petit nombre ; le peuple est las, et les honnêtes savent tout ce qu’ils ont à risquer, en ne deployant pas de l’activité,
pour étoufer tous les germes de discorde et de trouble qui pourraient éclorre
désormais.
j’ai eu le plaisir de voir toute votre famille la semaine derniere, madame faure, est assez bien maintenant ; et elle espère ainsi que moi que vous laisserés vos maux d’Estomac à Paris. Pour moi je viens encore d’éprouver de terribles inquiétudes sur la santé de ma fille Adèle. il y a six jours qu’elle eut un violent accès d’asthme convulsif, qui mit sa vie en danger ; elle va mieux — maintenant ; mais je ne suis pas encore — pleinement rassuré.
Le reste de ma famille se porte bien tous vous presentent les témoignages de leur amitié ; ainsi qu’à monsieur amedée ; et hector le prie bien de ne pas oublier les deux flageolets que Monsieur Eugene lui a demandé en son nom.
L. Berlioz dmed
[p. 4]
[Adresse au milieu de la page, verticalement de bas en haut]
A Monsieur
Monsieur Faure
Membre de la chambre des
députés Rue de Sully no. 6
à Paris
Nla 274 (80) | Samedi 14 août 1819 | Harriet Smithson à M. Elliston (en anglais) | Texte corrigé | — |
Une page écrite (en anglais), pas d’adresse ou d’enveloppe (date à la fin de la lettre).
Miss Smithson presents Her respects to Mr. Elliston, would feel happy if honoured with any communications from Him relative to Her engagement at Drury Lane next season ; Miss S. called at the Theatre with the hope of seeing Mr. E for which purpose she solely came up to town from Margate but not being so fortunate begs leave to address him & requests He will favor her with an early answer.
London 14th August 1819
2 North Crescent
Bedford Square
Nla 274 (32) | Mardi 25 mars 1823 | Félix Marmion à sa nièce Nancy Berlioz | Texte corrigé | — |
Un feuillet de 4 pages, les trois premières écrites, adresse à la 4ème. Timbre sur l’adresse: 57 VALENCIENNES, sans date.
Valenciennes le 25 mars.
Ce n’est que d’hier, ma chère Nanci, que j’ai appris Le départ d’hector. Alphonse que j’avais prié de m’en instruire, m’a enfin écrit ce point important et, j’espère, décisif, de l’amendement de mon neveu. oui j’espère qu’il ne se sera pas
arraché en vain, aux séductions que lui offrait Paris, pour entretenir
sa folie ; j’espère que la vue de son père miné par le chagrin qu’il lui cause depuis si longtems, produira sur lui de salutaires effets ; sans quoi il ne faut plus compter sur rien. Si les peines (je puis dire horribles) qu’il vous a causées ne le tourmentent pas, et ne l’ébranlent pas au point de prendre une résolution vigoureuse et commencer dès aujourd’hui une nouvelle vie ; s’il n’ouvre pas son yeux [mot effacé] cœur aux conseils paternels, c’est un enfant abandonné et je crois que pour mon compte sa vue me ferait mal. Le chagrin que vous avez tous éprouvé de son obstination, je l’ai bien sincèrement partagé, et je ne me le figure même pas tempéré par la joie que devrait vous avoir causé son arrivée. il faut pour que vous le revoyez avec plaisir, qu’il revienne changé et ayant donné
des gages de sa franchise dans le projet d’étudier le droit.
[p. 2] Je t’aurais écrit plutôt ; mais je ne savais ou il était et j’attendais de jour en jour de ses nouvelles ou des vôtres.
Le sujet par le quel j’ai commencé ne me met pas en train du tout de te dire des jolies choses comme je m’y étais engagé. de plus j’ai eu un mal de gorge très ténace qui m’a beaucoup plus ennuyé que faît souffrir. j’en suis à peine guéri, depuis près de trois semaines qu’il me tient. je lui en veux beaucoup de m’avoir fait garder la chambre quand j’avais à faire ailleurs, et d’avoir essayé d’un tas de boissons, gargarismes, fumigations, cataplasmes, bains de pieds, purgatifs &c &c qui me mettaient d’une humeur de dogue. il a fait, depuis mon retour, un tems exécrable au quel on doit une grande partie des maladies de ce genre, qu[....]ig[....] presque tout le monde.
Le monde vient de perdre ici une femme charmante fille du
directeur des douanes. elle a été enlevée par une attaque foudroyante, au
moment ou elle allait monter en voiture pour aller se rendre à
une grande soirée. elle était l’idole de ses parents, l’ame de la
société et fort bonne personne. ça été un deuil général, et valenciennes ne se relèvera pas de sa perte. voilà bien des idées noires, ma bonne petite [p. 3] Nanci, il faut en prendre ton parti pour cette fois. figure toi pourtant qu’au milieu de tout cela, et de la petite drôlerie qui m’a fait tenir chez moi près de 20 jours, une longue lettre de ma chère nièce m’aurait fait grand bien et plaisir. ainsi n’en sois pas avare, et sois sûre que quand je vois le timbre de la Côte, mon cœur s’ouvre à la plus vive joie. je vous embrasse tous et suis fort impatient de recevoir de vos nouvelles. [sans signature]
[p. 4]
[Adresse au milieu de la page, verticalement de bas en haut]
A Mademoiselle
Nancy Berlioz
La Côte St André
(Isère
Nla 274 (81) | Lundi 18 décembre 1826 | Harriet Smithson à M. Parke (en anglais) | Texte corrigé | — |
Deux pages écrites (en anglais), pas d’adresse ou d’enveloppe (date à la fin de la lettre).
Miss Smithson presents her best respects to Mr. Parke & begs leave to request should he be in the Neighbourhood of Great Russell St. the favour of a few Minutes conversation as she is most anxious to obtain his valuable advice on a Matter of Business. Miss S. should feel very apprehensive to ask such a compliments but that she has, as well as many others in her Profession experienced [p. 2] so much of Mr. Parke’s politeness and goodnature.
Monday 18th Dec. 1826.
17. Great Russell St.
Covent Garden.
Nla 274 (33) | Mercredi 18 juin 1828 | Félix Marmion à sa nièce Nancy Berlioz | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de quatre pages, sans signature et sans adresse. Lettre adressée à l’une des nièces de Marmion (p. 4); l’allusion très claire à Adèle (p. 2 et 3) montre que ce ne peut être que Nancy Berlioz.
Sarrig, ce 18 juin.
Tu es bien heureuse de ton excuse des vers à soie et de toutes vos tribulations ; car je t’aurai gardé rancune pour un aussi long silence. ne t’ai-je pas dit cent fois que pourvû que vous appreniez de loin en loin que je ne suis pas mort, c’est tout ce que vous pouvez raisonnablement exiger. quant à des détails amusants, intéressans, n’en attendez pas. je végete dans toute la force du terme, les jours se ressemblent si bien dans leur insignifiance, qu’ils n’offrent pas la plus petite matiere à raconter. nous recevons force journaux qui font toute notre existence. nous assistons aux débats des chambres ; nous lisons avec avidité les bruits de guerre qui malheureusement ne prennent pas une couleur assez prononcée. j’ai peur que le grand seigneur qui me parait, un tout petit garçon, malgré toutes ses fanfaronnades et ses démonstrations, ne demandent honteusement la paix, et ne replonge l’europe dans cette apathique paix repos qui nous est si funeste. il y aura bientôt trop d’hommes sur la terre et l’on se trouvera obligé de se battre chez soi, faute de mieux, ne fût-ce que [p. 2] pour se faire faire place. en attendant la mort vient de tems en tems surprendre dans leurs lits nos vieux guerriers et même les jeunes. ce pauvre Mal Lawriston a été emporté par une attaque d’apoplexie. il était encor très vert et très allant. dans la derniere guerre d’espagne il s’était acquis le mérite inapréciable à mes yeux, de me faire nommer chef d’Escadron. Il avait pris de moi une idée avantageuse, et je l’eusse retrouvé, je pense, s’il l’occasion d’une nouvelle demande se fût présentée. voilà donc encore une chance de moins, sans compter l’encombrement dont tous les grades se plaignent. il faut se résigner à vieillir dans le sien, s’estimer heureux en regardant autour de soi et surtout au dessous. c’est ce que j’ai besoin de faire souvent pour me consoler, car je me trouve déjà bien vieux pour mon épaulette.
j’en veux beaucoup à ma très chère filleule de son
obstination à revenir à la côte. comment ne comprend-elle pas de quelle
importance il est pour elle d’acquérir une instruction qu’elle ne peut pas trouver dans la maison paternelle. son caractère parait surtout avoir besoin d'être modifié. la société de jeunes personnes de son âge en est le seul moyen. c’est ainsi que l’on se corrige mutuellement d’une foule de petits défauts et qu’une émulation [p. 3] bien entendue double vos moyens et produit les plus heureux résultats. je l’engage donc de toutes mes forces à retourner à la pension, d’être raisonable, de se distraire des continuels souvenirs de la maison paternelle, et de la côte, par une application soutenue à ses études, et par une envie bien déterminée d’apprendre et de donner toute espèce de satisfaction à ses parents. quant à moi, je suis très contrarié de la retrouver encor un grand enfant mal élevé, n’ayant ni manières ni maintien, ni docilité surtout. qu’elle y prenne bien garde cet entêtement, cette obstination, cette résistance aux desirs de toute sa famille est une monstruosité, surtout chez une jeune personne. cette idée me fait mal et j’ai besoin de croire que son retour n’est qu’une fantaisie passagère, qu’elle rentrera à la pension avec la meilleure volonté et qu’elle m’apprendra elle même cette bonne nouvelle à la quelle je tiens plus qu’elle ne peut s’imaginer.
comme nous recevons ici plusieurs petits journaux, j’avais su l’espèce de succès onéreux qu’avait obtenu le concert de notre Maestro. il m’a aussi gratifié d’un paquet de toutes les gazettes qui en ont dit du bien. je vois comme vous, dans tout cela, peu de garantie d’un triomphe prochain ; il parait pourtant qu’Hector a de l’originalité et de la verve. cette manière de se faire connaître est une entreprise perilleuse dont il est sorti victorieusement et je ne pense pas que ce succès, tout incomplet qu’il vous semble, soit payé trop cher par 200 misérables francs.
S’il fait recevoir un opéra, et qu’il ait une demie réussite c’est encor beaucoup. attendez qu’il tombe à plat pour [p. 4] lui retirer tout encouragement. voilà mon avis et au besoin ma supplication que je prie mon frère d’écouter.
Son fils lui coute à paris, il est vrai, mais à coup sûr il lui coûte le
moins possible. Son égarement, si c’en est un, n’est point coupable. Sa constance, malgré tant de déboires, si peu de ressources et surtout tant d’entraves doit intêresser. je viens de lui écrire de ne pas se décourager, de travailler avec ardeur, et de bien serappeler ce que je lui dit cent fois, qu’il ne se fera pardonner que par son les succès.
Mon père me néglige beaucoup, j’en ai reçu, je crois, une seule lettre depuis mon arrivée dans ce pays. heureusement que vous m’en donnez des nouvelles et qu’il se porte bien. adieu, ma bonne petite niece, maintenant que les vers à soie ne t’occupent plus, écris-moi plus souvent et ne ménage pas le papier ; car tes lettres me plaisent infiniment.
est-il vrai que la garnison de grenoble doive être
considérablement augmentée ? alors tant mieux pour ceux qui ont du vin à
vendre. la récolte sera-t-elle belle ? il me semble que la saison est
favorable. nous étouffons ici depuis huit jours. que fait prosper ? tu ne m’en dis rien. fais lui peur de son oncle s’il ne le trouve un petit garçon bien gentil et déjà savant, quand il ira vous voir. adieu encor, je vous embrasse tous [sans signature]
Nla 274 (82) | Samedi 29 août 1829 | Harriet Smithson à M. Mitchell (en anglais) | Texte corrigé | — |
Deux pages, la première écrite, adresse à la seconde. Timbre postal au-dessus de l’adresse: HARROWGATE. Au-dessus de l’adresse, comptes en livres sterling, 6s 8. plus £1 19s 11d plus £1 0s 4d, total £3 6s 11d.
Harrogate 29th August.
1829
Sir —
If it meets with your approbation I should be happy to
perform at the newcastle Theatre (towards the conclusion of next week) for a few nights my terms are the third of each night and the clear half of my benefits
Your sincere servt.
Harriet C. Smithson
please to direct to me at the Theatre Harrogate
[p. 2]
[Au-dessus de l’adresse]
HS
[Adresse au milieu de la page, verticalement de bas en haut]
— Mitchell Esq —.
Theatre Royal
Newcastle
[dans le coin gauche, peut-être d’une autre écriture, en lettres plus petites]
Smithson)
Nla 273 | Mardi 19 octobre 1830 | Harriet Smithson à M. le Comte (de Pradel?) | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de 4 pages, la première écrite, les 3 autres vides; pas d’adresse ou d’enveloppe. Écriture et présentation très soignées. ‘Étant donnée la teneur de la lettre, il est probable qu'il s’agit du Comte de Pradel, ministre de la Maison du Roi, dont dépendait alors l’Académie royale de Musique de Paris (l’Opéra)’ (Notice de la BnF).
[En haut, d’une autre main] accordé
[au dessous, d’une autre main] Ecrit le 30 octobre
Monsieur Le Comte,
Victime de la Banqueroute du dernier Directeur de l’Opéra Comique, Monsieur Ducis, Banqueroute qu’il m’était impossible de prévoir, puisque ce Théâtre était subventionné par la maison du Roi, et qui m’a fait perdre plus de douze mille francs, je n’ai d’autre espoir aujourd’hui que dans une représentation à l’éclat de la quelle veulent bien concourir les artistes français les plus distingués.
Je sollicite donc de vous, Monsieur le Comte, l’autorisation de donner cette représentation dans la salle de l’Opéras ; je n’ai d’autres titres à cette faveur que ma pénible position dans une ville à laquelle je suis étrangère, mais j’ai eu tant à me louer, de la bienveillance des français, que j’ose espérer qu’en accueillant ma demande, vous augmenterez encore ma reconnaissance, et celle des artistes mes compatriotes pour la généreuse protection que nous avons trouvée dans votre pays.
J’ai l’honneur d’être Monsieur
Le Comte, votre très humble
servante
Harriet C. Smithson
[dans la marge de gauche, en face de la formule de salutation]
ce 19 octobre 1830
[d’une autre écriture] Rue de Rivoli 44. hôtel du Congrès
Nla 274 (27) | Samedi 8 décembre 1832 | Nancy Berlioz-Pal à sa sœur Adèle Berlioz | Texte corrigé | — |
Un feuillet de 4 pages, les 2 premières écrites, la 3ème vide, adresse à la 4ème. Pas de timbre postal: la lettre a sans doute été portée à la main.
Samedy soir
Je n’avais pas le projet de t’écrire ce soir Ma chère Adèle mais mon beau frere venant de m’apporter le Corsaire je pense que je te ferai plaisir en te copiant l’arti le paragraphe où il est question d’Hector :
« L’orchestre Collosal du conservatoire, sans
contredit le premier de l’Europe, va enfin reprendre son essor, armé d’une nouvelle compôsition de Mr Berlioz Ce jeune et fougueux artiste arrive d’un voyage d’outre-monts. Il sera curieux d’observer l’influence du soleil d’Italie sur cette imagination déjà si ardente. On annonce pour le 9 décembre un concert dirigé par M. Habenek, dans lequel on entendra de nouveau, la simphonie fantastique qui produisit il y à deux ans un effet si extraordinaire ; et un mélologue en six parties, faisant suite à la simphonie dont il est la fin et le complément. Cet ouvrage comme l’indique son tître est un mélange de
musique et de discours ; prose et musique sont l’ouvrage de Mr Berlioz. »
[p. 2] Maintenant nous apprendrons à la fin de
la semaine le jugement des journeaux et je te promets de te mettre au courant de ce que je saurai là dessus : J’ai appris depuis ma lettre à maman la mort de Mr Arvet, c’est un bienfait de la providence pour cette famille ; je pense que Mlle Nancy sera obligée de venir à Grenoble pour les emplettes de deuil, quand je l’aurais vue je vous en donnerai des nouvelles : adieu Ma chere sœur je n’ai que le tems de t’embrasser je suis pressée et ma plume va mal.
toute à toi NP
[p. 4]
[Adresse au milieu de la page, verticalement de bas en haut]
Mademoiselle
Mademoiselle Adèle Berlioz
La Côte
Nla 274 (34) | Dimanche 10 février 1833 | Félix Marmion à sa nièce Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Un feuillet de 4 pages, les trois premières écrites, adresse à la 4ème. Timbres postaux: sur l’adresse, 11 FEVR. 1833; au-dessus et en dessous, GRENOBLE 14 FEVR. 1833 (peu lisible).
Paris ce 10 février
Vous savez tous maintenant la fatale résolution. hector l’a écrite à son père. je le savais par Alphonse qui me tient au courant, et avec le quel nous nous concertons pour conjurer ce malheur, si c’est possible. je ne l’ai point encor vu chez moi ; mais je suis retourné hier chez lui pour tenter un effort dont je n’augurais rien de bon. c’est un caractère trop arrêté et trop au dessus de toute espèce de préjugés. le raisonnement glisse sur lui et n’y laisse pas trace. les sentiments, les convenances sociales, les liens de famille ; il ne veut pas les comprendre.
Les obstacles ne font qu’irriter et augmenter encor cette passion qui est à l’épreuve de 5 années et de l’absence. que n’a-t-elle subi celle de la possession ? c’était là mon espérance. le malheureux ! quel avenir il se prépare ! cette femme n’est plus jeune ; je la crois à peu près ruinée (il le sait) elle fait ici de vains efforts pour remonter un théâtre anglais. son talent (qui est véritable et très remarquable) s’altérera peut être par les difficultés et le dégout. l’affreuse misère est en perspective ; le désanchantement et les regrets la suivront de près. voilà ce que je lui ai répeté à satiété ; ce qui crêve les yeux à tout le monde. pour lui c’est un motif de plus de persister ; rien ne l’effraye dans cet avenir. elle m’aime pour moi, dit-il, j’en suis convaincu ; car [p. 2] Elle sait que je n’ai rien ; que je ne suis qu’un artiste. il est persuadé de sa délicatesse, de sa vertu. cela s’est vu, surtout en angleterre, où le préjugé contre les femmes de théâtre est peut être moins fort qu’en france ; mais que nos mœurs sont encor loin de les avoir tout à fait admises dans la societé !
J’ai voulu voir M. Smithson hier. je suis allé à ce modeste théâtre de la Rue Chantereine où elle joue maintenant, faute de mieux, et où elle a fait promettre à hector ne pas la voir jouer, comme un théâtre indigne de son talent. j’étais très curieux de déméler ce charme puissant qui a fait de si grands ravages. elle a en effet des traits remarquables une sensibilité exquise dans la voix, et de la noblesse dans les gestes. le théâtre est si petit qu’il est peu favorable à l’illusion. m. Smithson y perd nécessairement ; elle ne parait même pas jeune sur cette scène. sans avoir les yeux ni l’organisation unique de mon neveu, j’ai conçu l’impression que cette femme a du produire sur cette âme d’artiste ; mais la
reflexion et les supplications de sa famille ne pourront-elles donc rien ? ne le laissons manquer ni de l’une ni des autres, pour ne rien avoir à nous reprocher. j’avoue que j’ai peu d’espoir. alphonse est tout à fait de mon avis. je veux pourtant tâcher de la voir chez elle ; j’irai, si je puis avec un interprête, car elle parle très peu le français. j’attends de vos nouvelles avec impatience. comment mon pauvre beau frère va-t-il prendre cette fatale détermination ? tu diras à ma sœur que, dans le doute de son retour à la côte, je ne lui réponds pas à elle, mais à toi la première [p. 3] confidente qui ne doit maintenant rien laisser ignorer de tout ce que tu sais.
Mon cousin Roger l’ainé sort de chez moi à l’instant. je lui ai fait part du sujet de nos craintes. il en est très peiné et m’a tèmoigné beaucoup d’intérêt dans cette circonstance. il est encor pour quelquetems de à paris et je le verrai quelquefois, quoique nous soyons à une lieue l’un de l’autre.
je crains encor plus la sensibilité de ma sœur à l’annonce de l’évènement Ne néglige rien pour la ménager, et surtout lui donner des espérances. embrasse bien le père pour moi et surtout écris à ta mère de suite.
ton affectionné
f.m
[p. 4]
[Adresse au milieu de la page, verticalement de bas en haut]
Madame
Madame Camille Pal
gde Rue neuve
Grenoble
(Isère
Nla 274 (6) | Mercredi 20 février 1833 | Louis-Joseph Berlioz à sa fille Nancy Pal | Texte corrigé | — |
Un feuillet de 4 pages, les 2 premières écrites, la 3ème vide, adresse à la 4ème. Timbres postaux: sur l’adresse, LA CÔTE ST ANDRÉ 20 FEVR. 1833 (très peu lisible); au-dessus de l’adresse, GRENOBLE 21 FEVR. 1833.
La Cote le 20 fevrier 1833
Tranquillises toi sur ma santé, mon excellente fille, le coup que j’ai reçu m’a d’abord atterré, mais bientôt le courage est venu, et me voila de nouveau debout. Le desespoir de ta mère est maintenant ce que je redoute le plus, et il faut faire tout ce qui sera possible pour — retarder de lui apprendre une pareille — nouvelle. hector m’a ecrit de nouveau, avec de nouvelles instances, qui ont été accueillies par un nouveau refus. Le même jour il avait écrit à Just Pion, en lui adressant une procuration à l’éffet d’éffectuer les premières sommations. Mr. Pion lui a renvoié la pièce en lui repondant de chercher un notaire plus complaisant que lui ; et il est vraisemblable qu’il recevra la même réponse des autres auxquelles il pourra s’adresser.
j’avais fait part à ton oncle victor de notre triste
situation ; tu peux en causer avec Lui, et comm’il est possible qu’hector refusé par tous les notaires s’adresse au Procureur Général, il est bon d’être mesure. nous n’avons que la ressource de multiplier les obstacles, attachons nous à cette ancre de salut, ensuite à la garde de Dieu.
[p. 2] il est trois heures ta mère arrive avec la pluie qui ne les a pas quitté depuis Rives et qui a un peu endommagés les objets de parure ; cependant l’Avarie n’est pas grave.
on me remets une lettre de M Vincendon qui me prie d’aller voir sa femme ; épargnes moi la peine de lui repondre, ma chere amie, en lui faisant exprimer mon regret de ne pouvoir me rendre à son désir, vu la difficulte, et presque l’impossibilité d’un voyage pour moi.
si Camille pouvait se charger cette commission je lui en
saurais bon gré ; je l’embrasse sur les deux joues ainsi que toi ; assures le reste de la famille Pal de toute l’affection que je leur porte et que je leur dois pour les soins bienveillans dont ils environnent ma fille
Adieu, Adieu je puis avoir un moment de joie Adele a eu le
temps de me dire que tu assez bien depuis quelques jours
L. Berlioz
dmed
[p. 4]
[Adresse au milieu de la page, verticalement de bas en haut]
A Madame
Madame Nanci Pal
Rue neuve
A Grenoble
Nla 274 (39) | Vendredi 31 mai 1833 | Félix Marmion à sa nièce Adèle Berlioz | Texte corrigé | — |
Un feuillet de 4 pages, les trois premières écrites, adresse à la quatrième. Déchirure au coin droit en haut de la 3ème page. Timbres postaux: sur l’adresse, sans nom, 31 MAI 1833; au-dessus et en dessous, LA CÔTE ST ANDRÉ 3 JUIN 18..
Paris ce 31 mai.
[ajouté au crayon en dessous, d’une autre main] 1833
Il parait, ma chère filleule, que tu es tant soit peu rancuniere et tu me tiens rigueur parce que je ne t’ai pas écrit le dernier. je vois bien qu’il faut m’exécuter de bonne grâce pour rétablir cette correspondance un peu languissante. Nanci m’a annoncé, il y a quelques jours, sa prochaine délivrance et son désir de ne vous voir arriver à grenoble, qu’après ce grand evènement. j’approuve très fort cela et j’espère que ma sœur l’aura compris de même. Sa grande sensibilité eut été mise à une trop forte épreuve.
je vois ton frère trés rarement et presque toujours par
hazard. je ne sais de ses projets que ce que vous en savez. parconséquent il y a peu d’espoir de le voir [p. 2] changer de résolution. je voudrais que mon frère et ma sœur prissent enfin leur parti sur un malheur qu’ils ont conjuré de toutes leurs forces et qu’ils subissent avec résignation cette conséquence de la vie d’artiste que mon neveu s’est faite définitivement. nous n’avons tous rien à nous reprocher : les avis, les raîsonnements, les plaintes, les supplications ne lui ont pas manqué. je lui ai dit dernièrement qu’il rompait à toujours les liens de famille si chers à tous ceux qui ont le cœur bien placé. il ne comprend pas ces sentiments. cela doit être pour lui dans la classe des préjugés. Mais laissons ce triste sujet.
je m’imagine que tu seras du voyage et en conséquence j’adresse à nanci une caisse contenant deux chapeaux pour vous deux. ils ont été choisis et commandés par une dame de très bon gout, qui est précisément la voisine de nanci, et qui voulait s’en [p. 3] charger ; mais je n’ai pas vou[..] lui en donner l’embarras. la car[….] arrivera vers le 5 ou le 6 à gre[…..] les chapeaux sont en paille de riz et pris en bon lieu. je desire qu’ils vous plaisent et que vous n’en ayez ni l’une ni l’autre de pareils (ce qui me contrarierait.) Nanci choisira puisqu’il y a une légère différence dans les fleurs seulement.
si vous n’êtes pas encor parties de la côte, donne-z-en avis à Nanci.
j’attends avec impatience de ses nouvelles et des vôtres ; ne me faites pas attendre.
je vous embrasse tous adieu
f.m
il fait une chaleur de canicule à paris depuis 3 semaines. êtes-vous comme nous ?
[p. 4]
[Adresse au milieu de la page, horizontalement]
Mademoiselle
Adèle Berlioz
La côte St André
(Isère
Nla 274 (35) | Dimanche 13 janvier 1839 | Félix Marmion à sa nièce (Adèle Berlioz?) | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de 4 pages; pas d’adresse ou d’enveloppe. Encre noire très lisible, mais écriture assez hâtive et négligée. — Cette lettre pourrait en principe être adressée à l’une ou l’autre des deux nièces de Marmion, puisque le texte de la lettre ne précise pas, mais il est probable qu’elle était destinée à Adèle plutôt qu’à Nancy, puisqu’Adèle à cette date n’était pas encore mariée et vivait chez son père à La Côte: la lettre suppose que le destinataire de la lettre est auprès du Dr Berlioz et peut lui communiquer directement des informations (voir p. 1 et 4).
ce dimanche 13 jer
je sors de chez Prosper que j’ai trouvé abattu mais assez calme. je ne te parlerai point de sa maladie parceque Alphonse R. envoye, m’a-t-il dit, le bulletin médical à ton père et que nos observations, après cela, n’ont pas d’importance. ce qui me convient de dire ; c’est que le pauvre enfant a tous les soins qu’il peut avoir. deux excellentes sœurs le veillent attentivement et les gens de la maison sont aussi là pour le servir.
Mme thomas, Mr amédée faure le voyent et lui tiennent compagnie tous les jours et lui prodiguent [p. 2]
l’intérêt d’une véritable amitié. alphonse s’y est trouvé aujourd’hui avec moi et mme thomas. il pense que cette maudite maladie sera fort longue. je fais ce que je puis pour le consoler et lui donner des idées riantes parce que sa tête travaille assez, il se préoccupe de ce que je lui dis et en reparle souvent. il y a trois jours que je lui promettais de le mener à versailles quand il serait mieux. cette idée ne l’a pas quitté et il tourmentait sa garde pour lui donner ses habits, voulant venir me trouver dans une voiture où je l’attendais à la porte, disait-il, et a beaucoup de [p. 3] plaisir à me voir et voudrait me retenir près de lui. malheureusement c’est un véritable voyage pour moi et nous sommes loin l’un de l’autre. toutefois je ne plains pas mes pas et j’irai tous les jours tant que cet état durera. il y a de côté toute sécurité. je répète qu’il est entouré de tous les soins possibles.
on va recommencer à jouer l’opéra de ton frère. j’ai été avanthier à la 4e représentation il y avait du monde et plusieurs morceaux ont étè vivement applaudis. il y a des admirateurs
frènétiques et des détracteurs
animés mais j’espère qu’il triomphera. [p. 4] je sais qu’il compte sur cette place de sous bibliothéquaire dont les appointements seraient dabord de 2000. f et seraient portés plus tard à 3000. ; mais je ne sais pas s’il a le brevet dans ce moment. je le verrai demain si je puis, pour savoir à quoi m’en tenir. dis à ton père que j’ai reçu sa lettre et fait sa commission auprès de Mr Babil. nous parlons de Monique et de françoise avec prosper qui n’oublie personne. il est très poli et très
reconnaissant pour toutes les personnes qui viennent le voir, s’inquiète d’eux &c &c. enfin il est docile et très commode à servir. il faut finir pour
aujourd’hui. Soyez tranquilles les nouvelles ne vous manqueront pas : adieu chère nièce f.
Nla 274 (36) | Jeudi 17 janvier 1839 | Félix Marmion à sa nièce Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de 4 pages; pas d’adresse ou d’enveloppe. Même papier et encre que la lettre de Marmion du 13 janvier.
ce jeudi 17 jer
je comptais, ma chère Nancy, t’écrire hier après la cérémonie funêbre ; mais le tems m’a manqué pour l’heure du courrier, étant très loin du quartier où cela s’est passé. il ne nous reste donc plus rien du pauvre et cher enfant que j’aimais bien plus encore depuis que je l’ai vu souffrir. il s’attachait à moi de plus en plus et en parlait sans cesse. ses maîtres, les personnes qui le voyaient frèquemment avaient déjà remarqué d’heureux changements dans son caractère et dans son intelligence. tout le monde l’a pleuré dans la maison et Madame Babil surtout comme si c’eût été son propre enfant. il était docile et bon, original dans l’expression de ce qu’il éprouvait ; enfin on l’aimait et ce doit être pour nous tous une [p. 2] consolation. je ne pourrai assez vous rappeler les soins empressés, tendres et fraternels de Mme thomas, de son frère et de cet excellent Amédée faure qui n’ont pas manqué de le voir chaque jour et plusieurs fois. au nom de dieu que jamais son père n’aille s’imaginer que le pauvre enfant eût la maladie du pays ; qu’il fût tenté de quitter la pension ; de revenir ; qu’il manquât de soins ! non, mille fois non, il était content, se plaisait de plus en plus à paris. son frère le faisait sortir le dimanche et lui procurait des distractions. d’autres plus complettes ; plus selon ses gouts l’attendaient à sa convalescence que nous lui aurions tous rendue si agréable. le ciel ne l’a pas permis. il s’est éteint sans beaucoup souffrir ; miné par cette affreuse fièvre qui a fait et fait chaque jour [p. 3] tant de ravages parmi la jeunesse surtout. le convoi et la cérémonie ont été
modestes et convenables. son frère et moi conduisions le deuil et suivaient.
M.M. Rocher, Duchadoz, les 2 Robert, amèdée faure, Mr Babil et toute sa pension. un terrain a été acheté pour 5 ans au cimétière du mont parnasse. les prières se sont faites à St Sulpice, où nous avait suivi aussi un excellent prêtre qui avait vu prosper chaque jour et l’aimait beaucoup. il a été administré la veille. enfin tout s’est passé comme vous auriez pu le desirer et pour lui et pour tous ceux qui l’entouraient.
je reçois à l’instant la lettre de ton père qui en
renferme une pour Alphonse. hélas tout cela est inutile. il faut pleurer le pauvre enfant et nous dire sans cesse que s’il n’avait pas encore connu les joies de la vie, les peines sérieuses et les tribulations dont [p. 4] la part est toujours la plus forte, lui auront été êpargnées.
la place de sous bibliothêquaire est certaine pour hector. la commission est signèe. il attend une autre pension sur les fonds destinés aux beaux arts. les deux réunies lui feront 3000. f. mais en attendant il a 1500. f. et paraît compter sur le complément de la somme. il est bien entendu qu’avec de l’ordre et de l’économie il serait largement à l’abri du besoin ; mais sa femme bonne, le conduisant fort bien, soignant et surveillant son enfant, n’a pas les idées tournées vers l’administration d’une
maison et voilà ce qui leur manque. toutefois son horizon paraît s’éclairer. il me tarde d’avoir de bonnes nouvelles de vos projets matrimoniaux. tâchez de trouver à ma chère nièce et filleule un bon mari, digne d’elle ; que nous puissions avouer. pas d’alliance inconvenante. mais je te connais toi et ton mari. je m’en rapporte à votre jugement et à un amour propre bien entendu. f. M.
Nla 274 (5) | Vendredi 6 décembre 1839 | Louis-Joseph Berlioz à son fils Hector Berlioz | Texte corrigé | — |
Un feuillet de 4 pages, les trois premières écrites, la dernière vide; pas d’adresse ou d’enveloppe. Il s’agit du brouillon de la lettre envoyée par le Dr Berlioz à son fils Hector à propos de l’article de Jules Janin dans les Débats, brouillon envoyé par le Dr Berlioz à Nancy (voir la lettre suivante à Nancy du 8 décembre).
La Cote 6 décembre 1839
La famille entière, mon cher Hector, et tous ceux qui lui portent de l’intérêt, ont été frappés d’étonnement, [au dessus de la ligne] sont à la fois d’abord [ajouté au dessus de la ligne] quoique remplis de satisfaction [le texte original reprend] en lisant le feuilleton du jnal. des débats, dans lequel on rend compte du succès extraordinaire de ton concert. Etonnés d’abord, bientôt nous avons été indignés, en voyant la vérité tellement meconnue, et obscurcie par un épisode romanesque, qui dans les circonstances se trouve n’être cependant autre chose qu’une plate et bête calomnie.
L’hiperbole peut bien être permise lorsqu’il s’Agit d’un chou aussi grand qu’une Eglise ; mais lorsqu’on attaque la reputation d’un homme, qui bien loin d’avoir méconnu les devoirs de la paternité s’en est montré le martyr, ce n’est plus un jeu de mots, c’est-un délit contre la societé ; c’est une injure que nous avons tous profondément ressentie.
Ta sœur nanci, instruite avant moi, a pris la plume de suite pour s’adresser à mr. janin.
[p. 2] elle lui a exposé les faits dans toute
leur vérité, en demandant que sa lettre soit très prochainement inserée dans
le journal des débats. si cette demande est refusée, il est impossible que
nous ne trouvions pas d’autres organes de la presse, si non plus justes au moins plus complaisans.
je ne te cacherai pas que [corrigé en qu’il] je pense [écrit au dessus] me semble que c’etait à toi, qu’il appartenait de prendre l’initiative, et que tout d’abord, tu devais fournir sur ton compte des renseignemens authentiques et à l’abri de toute [deux mots écrits l’un sur l’autre et biffés] controverse. Car tu dois bien te souvenir que si j’ai diminué ta pension pendant les envois de fonds quelques mois, jamais [mot biffé] cela n’a été supprimé diminué au point de te réduire à une detresse telle qu’elle est décrite par mr janin.
C’est à toi, je le répète qu’il appartenait de redresser les erreurs de ton collegue, et de lui fournir des renseignemens exacts certains pour faire ta biographie ; puisque tel était ton vouloir [p. 3] La lettre de Nanci, ne dit rien de trop, tout est exact, jusqu’au chifre de la fortune que je dois te laisser. et j’ai fait le partage de mes biens entre vous trois avec la plus scrupuleuse égalité.
C’est à toi tu verras maintenant, de [mot biffé] ce que tu dois faire ; je ne te prescris rien, et je n’ai droit de te rien prescrire ; au reste cette circonstance, pas plus que bien d’autres, ne saurait ammoindrir l’affection que depuis ta naissance na cessè de te témoigner en toute occasion ton père
Nla 274 (7) | Dimanche 8 décembre 1839 | Louis-Joseph Berlioz à sa fille Nancy Pal | Texte corrigé | — |
Un feuillet de 4 pages, les 2 premières écrites, la 3ème vide, adresse à la 4ème. Timbres postaux: sur l’adresse, LA COTE ST ANDRE 8 DEC. 1839; au-dessus et en dessous, GRENOBLE 9 DEC. 1839.
La Cote le 8 decembre 1839
Le feuilletton du journal des debats m’était inconnu, ma chère fille, et les premières lignes de ta lettre faisaient deja remonter mon vieux sang à la tête, lorsque j’ai su que tu avais fait ce que je projettais déja de faire.
ce n’est pas la prémiere fois que ces turpitudes [mot biffé] ont été imprimées ; et je gardais rancune à hector de ne les avoir pas dementies. pour cette fois il sera bien forcé par la lettre que je lui adresse et dont tu trouveras le Brouillon cy joint. j’y ai fait peu de changement.
mais de quoi, diable ! se melent ces Messieurs, pour
nous mettre en scène dans leurs Romans. coment hector a-t-il pu soufrir qu’on publia de pareilles faussetés, nuisibles à la reputation de son père, et qui sont bien loin d’être avantageuses pour lui personellement.
en voila assez sur toutes ces betises
[p. 2] charles Bert est un peu mieux dit-on, mais sa femme est très malade ainsi que son frere. il parait que la maladie de charles était contagieuse, car ils sont affectés de dissenterie ainsi que lui
Madame Sabine n’est pas encore accouchée
Adieu chere fille
Je vous embrasse tous
L. Berlioz dm
[p. 4]
[Adresse au milieu de la page, verticalement de bas en haut]
A Madame
Madame Nanci Pal
Rue neuve 1er
A Grenoble
Nla 274 (9) | Jeudi 14 juillet 1842 | Adèle Berlioz-Suat à son père Louis Berlioz | Texte corrigé | — |
Un feuillet de 4 pages plus une feuille séparée, les 5 premières pages écrites, adresse à la 6ème; petite déchirure au côté droit de la 5ème page. Timbres postaux: sur l’adresse, ST CHAMOND 14 JUIL. (18)42 (le chiffre devrait être 42, mais ressemble plutôt à 43); au dessus et en bas, LYON 15 (le reste illisible); GRENOBLE 16 JUIL. (année illisible). La date de ‘jeudi 14 juin’ écrite par Adèle est une erreur, comme le montrent deux des timbres postaux qui disent clairement juillet (le 14 juin 1842 tombe de toute façon un mardi). L’année ne peut être que 1842, celle de la naissance de Nancy Suat, qui devait avoir lieu quelques jours plus tard, le mardi 19 juillet 1842. On remarquera cependant que sur le timbre de la poste de St Chamond le chiffre de l’année semble être 43 plutôt que 42; si cela est exact il faudrait supposer une erreur de la part de la poste, mais les erreurs de ce genre semblent être excessivement rares.
St Chamond Jeudi 14 Juin
J’ai voulu attendre la fin de nos grandes préoccupations d’Elections Cher Pere avant de vous écrire ; du reste j’avais l’esprit trop agité pour songer à autres chôses ; la Lutte a duré quatre jours, entre quatre candidats et avec un acharnement inimaginable Je n’avais jamais vu de spectacle de ce genre et j’etais loin de me douter que je pu y prendre un interet aussi vif ; il est vrais que la position de notre ami Mr Ardaillon était la principale cause qui nous agitait, nous croyons sa nomination sûre, il a fait tant de bien à la ville de St Chamond depuis qu’il en a été Elu quatre fois le député que c’était tout à la fois une question de reconnaissance, et d’ynteret
local mais la haine implacable de certains Legitimistes l’ont a fait échouer, ils avaient porté un candidat de leur partis qui ayant eu une [p. 2] minorité humiliante dans le prémier jour a été obligé de se retirer. des lors leur colere n’a plus connu de bornes ; et sans égard pour l’interet du pays, pour les qualités personnelles d’un homme qui ne leur avait jamais rendu que des services, voulant à tout prix le ruiner dans son commerce, et dans sa position politique, aulieu de ne pas vóter ce qui eut été une manifestation suffisante de leur opinion, ils ont préfèré réunir leurs voix sur un jeune homme de Rive de Gier, un Etourneau qui se couvrait de ridicule en se mettant sur les rangs avec si peu de titres à la confiance publique, et qui a été si étourdis de l’espèce de carambolage de voix qui lui procurait sa nomination, qu’il en perdait la tête de joie ; on lui a fait signer des engagemens ignobles, absurdes ; malgré son immense fortune sa Législature lui coutera un peu cher [p. 3] mais ce n’est pas contre lui que se manifeste l’opinion ; c’est contre ceux les ennemis de Mr Ardaillon, notre ville est dans un Etat de fermentation extrème, le peuple est furieux, les Legitimistes ont été hués, souflettés dans les rues ; depuis deux soirs il y a des rassemblemens d’ouvriers que la polîce ne peut disperser, ils crient vive Mr Ardaillon à bas la canaille ! à bas Dugos ! l’ennemis des ouvriers, puis des chansons de **réoustaires plus ou moins bétes il est vrais mais tres expréssives de haine pour les uns, et d’affection pour l’autre
Enfin je ne sais comment cela se terminera, on craint pour
dimanche.
Mon mari a été tres préoccupé et occupé, il était
Secretaire du Bureau ce qui est une corvée ; pour moi je ne quittais pas
les dames Ardaillon dans ce moment de crise d’autant moins qu’elles avaient de plus l’inquiétude d’un enfant malade ; c’etait trop à la fois vraiment. [p. 4] elles sont partis ce matin pour Uriage j’ai profité de leur occasion pour écrire à Mademoiselle Nancy.
Le mariage de Mademoiselle Meline m’a fait le plus grand plaisir il me semble que dans sa position elle ne pouvait désirer mieux sous tous les rapports ; sa pauvre mere aura une terrible épreuve à subir en se séparant de sa fille ; le Lots des parents est tout d’abnégation vous en savez quelques chôse mon bon pere !… J’en suis à mes prémieres
armes en ce genre, chacun son tour c’est juste, comme je suis à peu de jours de mon terme je puis accoucher bientôt, j’espère que je m’en tirerai sans encombres par moment je m’éffraye, je ne souffre pas depuis cette semaine c’est bien à apprécier.
Josephine se porte à merveille elle est tres entrain d’avoir une petite sœur que nous appelerons Charlotte ou Sylvie, et Humbert si c’est un garçon, du nom de mon beau frere le missionnaire
[p. 5] Nancy m’a écrit depuis son installation à St Vincent, elle m’a donné de vos nouvelles, vouz irez peut-être bien passer un jour avec elle ?…
J’attendrai sa visite avec impatience mon mari se hâtera de lui écrire aussi tôt que je serai accouchée, afin qu’elle nous arrive bien vite.
J’ai écrit la semaine dernière à Mme Boutaud, je la chargeais d’aller vous donner de mes nouvelles.
Adieu Cher Pere je suis aujourd’hui en grandes occupations de confitu[...] Marc et finette en sont tres a[....]s et il faut que j’en fasse ample provision.
Mon mari a reçu de Camille les interets que vous lui deviez, de suite il lui a envoyé un reçu en échange, quand à l’argent de Roche Marc le fera prendre de Beaurepaire à la premiere occasion.
Mes amitiés aux dames Pion Mr Adolphe a donc eu
un beau succès à Vienne ? j’en suis ravie pour lui adieu encore Cher pere nous vous embrassons bien tendrement
votre affectionnée fille
Adele
[p. 6]
[Adresse au milieu de la page, verticalement de bas en haut]
Monsieur
Monsieur Berlioz
A La Côte St André
Isère
Nla 274 (83) | Mardi 23 mai 1843 | Marie Recio au Dr. Huth [ou Herth] | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de 4 pages, la première écrite, les deux suivantes vides, adresse à la quatrième. L’écriture est celle de Marie Recio. Pas de timbre postal: lettre a sans doute été portée à la main.
Monsieur Berlioz et Mademoiselle Recio regrettent que sa répétition d’aujourd’hui les aie privés de la visite de monsieur le docteur Huth. Ils auront le plaisir de se rendre à son aimable invitation à prendre le thé demain soir et le prient d’agreer l’assurance de leurs sentiments distingués.
Darmstadt 23 mai 1843.
[p. 4]
[Adresse au milieu de la page, verticalement de bas en haut]
Monsieur
Monsieur Le docteur Huth
Darmstadt.
[juste en dessous, en lettres plus petites, peut-être d’une autre main]
m Hector Berlioz
Nla 274 (8) | Mardi 11 juillet 1843 | Louis-Joseph Berlioz à sa fille Nancy Pal | Texte corrigé | — |
Un feuillet de 4 pages, les 2 premières écrites, la 3ème vide, adresse à la 4ème. Timbres postaux: sur l’adresse, LA COTE ST ANDRE 12 JUIL. (année illisible); au dessous de l’adresse, GRENOBLE 12 JUIL. (année illisible).
La Cote le 11 juillet 1843
Il m’a été impossible jusqu’ici, Ma Chère fille, de me décider à quitter mes tristes penates, pour aller passer quelques heures avec toi. ma santé n’est pas plus mauvaise, mais — l’ennui devient chaque jour plus cruel ; et le découragement me gagne complettement.
La pluie continuelle que nous éprouvons ne me laisse d’autre moyen d’Abreger le temps que de me coucher pour reposer mes yeux affaiblis.
mes recoltes qui présentaient une apparence superbe, sont
menacés d’Avaries considerable ; j’ai déja sept cent gerbes, en javelle, qui ne tarderont pas à germer ; si le soleil ne parait bientôt.
Les vignes fortement endommagées par la gelée perdent tous
les jours le peu de raisins qui restaient ; et la recolte est deja reduite à la moitié de ce qu’on recueille dans les années ordinaires.
Les vers-à-soie, ont bien réussi, une demi once à produit
cinquante quatre livres ; ce qui est d’autant plus étonnant, que toutes les autres entreprises ont complettement manqué. Cependant je compte retirer deux cent francs, de ma feuille.
Madame Pion m’a dit t’avoir ecrit une [p. 2] grande lettre : elle manifestait aujourdhui devant monique, quelque rancune de n’avoir pas reçu de reponse.
Samedi dernier mr. et madame Amedée Faure, sont venus
dejeuner chez moi ; ils m’ont temoigné un grand empressement de te voir ; et ils m’ont dit que notre pauvre hector était bien ammaigris. Il se dispose néanmoins à partir pour l’Angleterre, malgré l’énergique obstination de sa femme.
Adieu, chère fille, je vous embrasse tous bien tendrement
L. Berlioz dmed
[p. 4]
[Adresse au milieu de la page, verticalement de bas en haut]
A Madame Nan
Madame Nanci Pal
Rue neuve 48
A Grenoble
Nla 274 (37) | Jeudi 16 mai 1844 | Félix Marmion à sa nièce Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | — |
Un feuillet de 4 pages; pas d’adresse ou d’enveloppe. Texte bien espacé et d’une lecture facile.
Thionville 16 mai
ta dernière lettre, chère niece, m’ayant trouvé au milieu des préoccupations et des embarras d’un départ, j’ai renvoyé ma réponse après mon retour ici où je suis arrivé avant hier, deux mois juste après avoir quitté les soucis de mon commandement. je suis pourtant revenu avec plaisir malgré ces soucis mêmes et toutes les douceurs de la vie parisienne. c’est que là il me manquait bien des choses, et qu’à mon avis pour jouir complètement de paris, lorsqu’on le connait, il faut y avoir un intérêt permanent et des affaires.
tu as sçu les heureux résultats du dernier concert d’hector. j’y étais et je me suis convaincu que la société y était nombreuse, choisie et bienveillante. voilà de quoi le faire patienter quelque tems ; mais il regrette de ne pouvoir à son aise, et [p. 2] comme tant d’autres, exploiter la circonstance du prodigieux accroissement momentané de la population flottante de la capitale. il n’y a pas assez de spectacles pour tout ce monde là et il ton frère avait eu l’idée (que j’avais eu aussi), de prendre le cirque de franconi, si heureusement placé au milieu des champs élysées, pour y donner un festival monstre. il y eût infailliblement fait 20000. f. de recette à 5. f. le billet seulement. par malheur le directeur de ce cirque ne veut à aucun prix louer sa salle, ni le jour ni le soir, les journaux parlent pourtant d’une
grande réunion musicale qui doit y avoir lieu, sous la direction du prince de
la Moskowa. il faut donc que de hautes influences s’en soient mêlées, alors hector aurait quelques chances de réussir plus tard et avant que la foule attirée par l’exposition ne s’écoule tout à fait. ce serait un heureux [p. 3] point de départ pour son voyage d’allemagne et assurerait ses frais de route.
S’il te répond comme il le doit, il t’apprendra la prochaine installation d’henriette à Sceaux (2 lieues de paris) elle aura une vue charmante, de l’air et de l’espace. le parc à sa porte pour s’y promener si elle en a enfin le courage. elle y emmène cette cuisiniere qui venait me repeter conter toutes ses folies et ses plaintes ridicules. cette femme a assez d’empire sur elle et pourra lui aider à supporter l’absence de son volage mari, à laquelle il serait bien tems pour elle et pour son repos, d’avoir le courage
de se résigner.
le petit louis lui sera conduit tous les samedis soir, pour passer le dimanche avec elle. autre sujet de douce consolation qui devrait lui suffire.
me revoilà au traintrain régimentaire comme si je ne l’eusse jamais quitté, et je ne m’en porterai pas plus mal. je me voyais [p. 4] engraisser [trois mots biffés] d’une manière allarmante. la table d’hôte de Tivoli était trop succulente ; on y mangeait trop longtems. aussi ai-je retrouvé sans regret la modeste pension de Thionville où je vais faire des économies.
tu m’avais annoncé la famille Blanchet que je n’ai point vue et dont je n’ai point entendu parler à paris. j’aurais eu pourtant grand plaisir à les revoir, et voilà l’occasion manquée, à moins que je ne puisse vous aller faire une petite visite l’automne prochain, ce que je suis résolu à tenter si j’en trouve le tems.
Mon ami Soissons s’est retourné d’un autre côté et n’a plus besoin de la somme que je lui eusse prêtée en toute confiance, si camille avait pu la mettre à ma disposition. d’après sa réponse je vois qu’il n’est point encore quitte de ces maudites banqueroutes et que leur liquidation est bien laborieuse. puisse-t-il n’y jamais retomber ! ainsi soit-il ! [dans la marge de gauche, de haut en bas] bonjour et amitiés pour tous f M.
Nla 274 (38) | Vendredi 25 avril 1845 | Félix Marmion à sa nièce Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de 4 pages plus une feuille séparée écrite des deux côtés. Pas d’adresse ou d’enveloppe. Tampon sur la première page: Colonel du 11e Régiment de DRAGONS. Lettre écrite à la hâte, écriture assez négligée.
[écrit à la main] vendredi le 25 avril [imprimé] 184
Tu as été traitée sans façon, pauvre nièce chérie ; c. à. d. qu’au milieu de mille affaires, je me disais toujours : elle peut attendre et ne m’en voudra pas trop.
j’ai donc vu ton frère dès le lendemain de mon arrivée ; mais il est sans cesse pressé, affairé, absorbé, on en jouit difficilement. chez lui on ne le trouve jamais. je suppose qu’il rentre chaque jour fort tard pour se lever tard, et que l’heure de le rencontrer est habituellement passée ou prématurée.. aussi quand j’ai envie de le voir je lui écris de venir déjeuner avec moi, et, comme je suis pres que sur son [p. 2] chemin, il vient quelquefois.
quant à Henriette en vérité je suis presque heureux
lors qu’on me dit qu’elle n’est pas visible. je tremble toujours dappercevoir, depuis deux ans (car je ne l’ai pas vue l’an dernier) les tristes traces de sa dégradation. j’en ai parlé avec sa cuisinière qui me fait toujours des confidences. c’est pis que jamais pour son incurie complette et son inaction absolue. ne fesant œuvre de ses dix doigts, ne sortant jamais. ayant pour toute occupation les journaux actuels pour voir s’il y est question de son mari, et les vieilles gazettes anglaises pour y lire sa gloire passée. elle grossit et vieillit trés désagréablement. quel intérieur ! quel ménage !
[p. 3] le nouvel appartement est plus complet que l’autre. il est en bon air convenable et dans un quartier bien habité. mais quelle absence de propreté, de confort et de soins ! on croirait entrer dans un appartement abandonné depuis 6 mois. la poussière apparait sur les meubles rares et mal rangés. encore n’ai-je vu que le salon. la chambre à coucher doit être dans un bel état !
cette pauvre domestique qu’ils ont eu long tems et qu’ils ont reprise est en rapport avec les lieux, assez sâle de sa personne et bien évidemment au dessous d’une pareille tâche. il leur faudrait un phénix.
les concerts des champs Elysées ont grandi la réputation de ton frère [p. 4] mais n’ont pas été très fructueux. les frais sont immenses et le tems habituellement mauvais n’a pas permis que la salle fût aussi remplie qu’elle devait l’être.
informé que la curiosité est puissamment excitée sur son
compte, en Russie, il est asse tenté d’en essayer. mais il y a de grandes difficultés à cause de l’énorme distance qu’il faut parcourir par terre, avec tout son attirail de musique ; attendu que la saison des concerts étant exclusivement dans le carême, il faudrait partir l’hyver, la
navigation n’ayant pas lieu dans cette contrée à cause des glaces, il faut renoncer aux bâteaux à vapeur et faire cet enorme trajet en voiture ou en traineau.
ici on est littérablement accablé de concerts, c’est une véritable [p. 5] avalanche. les murs sont couverts d’affiches ; il y en a 3 ou 4 par jour, aussi n’y songe-t-il plus pour cett année dans ce pays-ci. tout s’use.
de Nevers où je me suis arrêté 3 jours jusqu’à paris, j’ai fait une agréable rencontre, celle de la famille anglès. l’ainé marié avec une fille du bon Mounier et l’autre jeune voyageur intrépide qui a parcouru avec fruit beaucoup de contrées lointaines. ayant entendu parler les uns des autres et un peu alliés la connaissance, que dis-je ? l’intimité a été bientôt complette. la famille était entière ; ils venaient avec leurs enfants et leurs gens s’établir à paris pour quelque tems ; nous ne nous sommes pas quittés sur le bâteau et le chemin de fer. les sujets de conversation n’ont pas manqué [p. 6] ces Messieurs ont connu Meylan, mon père qu’ils se rappèlent fort bien. ils sont donc aussi Dauphinois.
Hier j’ai diné chez eux avec M. et Mme
A. Bert dont ils sont cousins et qu’ils voyent beaucoup.
des projets sont faits pour m’arrêter chez Mr Anglès
à Roanne lorsque, l’automne prochain, j’irai vous voir.
on m’attend ; il faut finir cette lettre écrite au galop et à bâtons rompus. ici on n’a le tems de rien faire, sans compter tous les fâcheux qu’il faut subir, et les affaires désagrêables dont on est forcé de s’ocuper.
j’embrasse le trio de tout mon cœur.
f. M.
j’ai écrit à Adèle
Nla 274 (28) | Jeudi 10 juillet 1845 | Adèle Berlioz-Suat à sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | Image |
Un feuillet de 4 pages, les trois premières écrites, adresse à la quatrième. Écriture assez hâtive et négligée, comme le contenu l’indique. Timbres postaux: sur l’adresse, VIENNE 10 JUIL. 184(5); sous l’adresse, VOREPPE 11 JUIL. (18)45.
Vienne Jeudi 10 Juillet
Chere Sœur
Je t’ecris sans savoir si tu es allée au rendez vous de la Côte ; comme qu’il soit tu ne manqueras pas de m’arriver ici le 15 ou le 16 à plus fortes raisons maintenant, nous irons ensemble à Lyon entendre enfin la musique d’Hector cela me fait d’avance une émotion tres grande, le succès sera-t-il tel que nous le désirerions ? je me demande cela avec anxiété, le moment est mauvais, tout le monde est à la campagne ou aux eaux.
Ma surprise fut extrême en recevant la lettre de notre frere qui m’annoncait son arrivée a Lyon ; justement mon mari y allait le soir meme pour affaire je ne pris que le temps de mettre mon chapeau pour l’accompagner il nous fut facile de découvrir Hector mais il nous arrivat une aventure à son occasion que je te raconterai plus tard, et qui me fit une grande émotion, tu jugeras si c’était à tort. [p. 2] Nous déjeunâmes ensemble Mardi puis nous repartimes le soir il a du aller à la Côte hier passer quelques heures ; je n’ai pu m’y rendre j’attendais du monde hier, puis le délais était trop court d evant le revoir à Lyon ou ici peut-être même, j’avais tant besoin de reprendre haleine pour ma vie de Juif errant que je suis restée, je n’ai jamais vécu dans un tourbillon pareil que depuis deux mois, l’arrivée d’Hector a été le complément. Mathilde sera bien heureuse d’aller à Lyon et un concert de son oncle encore, c’est a en perdre la tete de bonheur a son age !
Je venais de mettre ma derniere lettre à la poste quand je
reçus celle d’Hector, je doute fort que tu ayes pu à temps recevoir la sienne à St Vincent pour pouvoir aller à la Côte comme il te le demandait
le courrier me precipite.
adieu adieu repond moi à quelle heure nous t’attendrons et le jour ?
[p. 3] mon impatience de te voir redouble chaque jour davantage
ma belle sœur va un peu mieux toujours
mille chôses à ton mari, peut être viendra-il avec toi ? nous en serions bien charmés il n’en doute pas j’espère bien
notre réunion ici et à Lyon serait charmante nous serions en nombre pour
applaudir, apporte une jolie toilette pour cette grande circonstance. c’est le cas ou jamais
toute à toi
A S
[p. 4]
[Adresse au milieu de la page, verticalement de bas en haut]
Madame
Madame Camille Pal
Voreppe
pres Grenoble
Isère
Nla 274 (29) | Lundi 29 décembre 1845 | Adèle Berlioz-Suat à sa sœur Nancy Berlioz-Pal | Texte corrigé | Image |
Deux feuillets de 4 pages, 8 pages en tout. Pas d’adresse ou d’enveloppe (donc sans doute une enveloppe perdue). Tampon AS en haut à gauche de la 1ère page. Écriture hâtive et souvent assez négligée.
Vienne Lundi soir
Bonjour bon an ! Chere Sœur, embrassons nous tendrement pour nous souhaiter heureuse et paîsible cette nouvelle venue ; celle qui vient de s’écouler m’a été si lourde que je la laisse en arriére avec soulagement ; seule ce soir au coin de mon feu je revenais sur les souvenirs penibles des huit derniers mois de cette année ; j’en étais écrasée, quel tourbillon de soucis, d’embarras de fatigues m’a entrainée sans relâche ; j’aurai besoin de reprendre hâleine, et je te remercie des veux que tu formes pour que nous ayons tous repos et santé en 1846, Dieu t’entende aussi pour que les affaires de mon bon mari soient plus satisfaisantes partant nous dormirions plus tranquilles l’un et l’autre ; si nous étions moins préoccupés et inquiets sur ce point important, nous nous arrangerions une douce éxistence à Vienne ; mais [dans la marge de gauche, de haut en bas] Sois mon interprete aupres de Melle Nancy pour mes tendres souhaits [dans la marge de droite, de bas en haut] mes compliments à Mme Pochin à la même occasion [p. 2] toujours cette idée fixe empoisonne tout, quand je vois mon bon mari sombre et triste rien au monde ne saurait me distraire ; mais je suis heureuse quand je puis l’entrainer un peu à sortir pour oublier tout ce qui l’ennui aumoins quelques instants.
La semaine derniere nous avons diné chez Madame Fornier, la veille de Noël, nous nous sommes truffés à en mourir, c’etait pire qu’un dîner de St Chamond que te dîre de plus ? le surlendemain jour de Noël nous étions invités chez Mr Béranger, mais il nous est arrivé Mr Dumoret et Mr Point et nous n’avons pu accepter aulieu de cela j’ai eu la famille Suat, et le soir ton beau frere et sa femme à passer la soirée avec deux ou trois autres Messieurs tout cela bien qu’a demi prévu m’a donné assez d’embarras mais enfin comme je revenais de l’Eglise ou j’avais entendu quatre messe ; j’ai pu a force d’activité [p. 3] venir à bout de tout faire bien aller J’ai eu pour me dédommager de ma peine une aimable surprise, Mr Point (le successeur de Marc à St Chamond) a eu la galanterie de m’offrir un fort joli bracelet en or, d’un gout parfait, j’étais loin de m’attendre à cela ; et je suis encore assez jeune pour avoir été ravie de ce présent, mes cheres petites aussi ont été charmées d’avoir chacune un album ; elles ne pouvaient croîre que Mr Point les eu gâtée
ainsi ces attentions de ce jeune homme sont la conséquence des excellents
rapports d’affaire qu’il a eu avec mon mari, ils ont rivalisés tous deux à qui mieux mieux de’attenti procedés délicats puis il est satisfait de la [mot biffé] maniere dont il réussit, du reste Marc n’avait rien negligé pour lui conserver sa meilleure clientelle et il a su apprécier sa conduite, en regard avec celle de Mr Louze elle ressort d’autant plus, mais brisons là, ce seul nom m’irrite.
[p. 4] Mais ce qui me monte bien davantage encore c’est ce que tu me racontes chere sœur au sujet d’Hector !… il y a de quoi navrer le cœur depuis la femme jusqu’à la maitresse, et le pauvre enfant c’est un dédale de turpitude et de désordres inouis ; quand donc éssayera-t-il de vivre de la vie de tous ?….. ses cheveux blanchiront envain sans qu’il puisse éssayer même de remplir les devoirs si naturels et si doux de mari, de pere et de fils affectueux, quelle sera la fin de tout cela bon dieu ? comment ses réssources suffiront-elles à de si extravagantes dépenses ? comment l’exemple
de Litz qui a tant souffert de la tyranie de sa maitresse n’est-elle pas propre à l’éffrayer un peu ; lui aumoins n’oubliait ni femme ni fils pour sa fameuse comtesse il songeait malgré sa passion à sa pauvre mère, il l’entourait de soins et d’égards !… [p. 5] J’avais su par Mme Veyron le voyage à la Frette de la dame, et la visite du commandant Buisson à Lyon. tout le monde est au courant de ces gracieuses aventures ; mais comme tu me l’a dis souvent le plus sage et de ne pas trop s’appesantir la dessus puisque nous n’y pouvons malheureusement rien changer.
A propos d’ennuis de famille mon mari est à Beaurepaire depuis trois jours ; la pauvre Séraphine est mourante et souffre des douleurs atroces nuit et jour elle crie à fendre le cœur, ma belle sœur avait besoin des consolations de son frere au milieu de cette nouvelle épreuve ; à peine rétablie ses forces ne peuvent suffîre aux chagrins et à la fatigue quelle éxistence est la sienne bon dieu !… quand donc aura-t-elle un peu de mercie ? cette pauvre Louise me fait une pitié indicible ; qu’elle couronne sera la sienne dans un monde meilleur ? [p. 6] J’attends Marc demain matin, il fait un temps si mauvais que je serai bien tourmentée de le sentir en route cette nuit, le voisinage de Beaurepaire nous a eté bien pénible depuis notre arrivée à Vienne, nous avons bien le contre coup des malheurs de tous. il y a des jours ou je rends les armes ; conclusion Ma Chere (sans oublier Mr Pochin) marions nos filles à des fils uniques si nous pouvons, voir même à des Bâtards, quand dîs tu ?
Je te remercie de nous donner des nouvelles de toutes nos vieilles amies j’aime les lettres numérotées beaucoup tu as bien fait de me ménager au sujet de dada, il me laisse heureusement le temps de m’accoutumer à l’idée de le revoir, qu’il se guérisse bien en attendant le brâve et digne garçon je prendrai patience tres héroiquement.
Je me distrais sans peine de cette perspective, hier soir j’allai passer la soirée chez Mr Beranger [p. 7] le voisinage est précieux pour ma paresse J’y trouvai tout plein de monde la charmante veuve attire peut être un peu aussi, tous font des frais de bonne grace et de bienveillance a qui mieux mieux, et je t’avoue que cette société me ’attache plait beaucoup plus que celle des dames Faure et Fornier, (ceci soit dit entre nous), malgré la bienveillance soutenues que ces dames me témoignent, leurs idées arretées et coupantes m’effrayent, et sont trop peu en rapports avec les miennes mais je n’en suis pas moins reconnaissante de leurs bons procedés pour nous Madame Alizou est la bonne femme de la famille ; j’allais oublier a ce sujet de te dire que nous
avons fait avec elle un projet de mariage pour Victor (sans le lui nommer), si il veut elle se chargera de tâter le terrain il nous semble à Mme Félicia et à moi que ce serait superbe nous craindrions seulement un refus Il s’agit des demoiselles Monet d’anjou [p. 8] orphelines jeunes jolies parfaitement élevées remplie de moyens (c’est Mme Fornier qui parle) et deux cents mille francs de dot le jour du contrat puisqu’elles jouissent de leur fortune en entier
elles sont encore en pension à Valence chez une demoiselle second leur Tuteur le curé de Morar voudrait bien les marier, mais il est tres difficile il a de nombreux aspirants à choisir on tenterait la proposition si cela sourit à Victor, parle le lui en et répond moi, ta belle sœur et moi en avons dit tant du bien à Mme Alizou qu’elle pourrait influencer son curé pour lui, nous lui donnions cinquante mille écus, est ce juste ? Déclare son chiffre éxact.
Adieu tres chere la main me fait mal soigne toi avec prudence ne sois pas trop polie je t’en prie ; ton rhume mérite de grands ménagements, et ton côté encore plus ils m’ont bien tenu en peine tous deux ; dis à Mathilde que son souvenir écrit m’a fait grand plaisir, il y a progrès dans sa lettre patience je lui repondrai apres le jour de l’an, je suis écrasée de devoirs en arriére je m’en éffraye adieu encore je souhaite à Camille en l’embrassant l’abondance de la terre promise, et a Mathilde un [dans la marge de droite, de haut en bas] cheval de son choix, et un veau modele de sa vâche adieu tous A S
[34424] | Jeudi 22 octobre 1846 | Harriet Smithson-Berlioz à son fils Louis | Texte corrigé | — |
Un feuillet de 4 pages, les 3 premières écrites, adresse à la dernière. Timbres postaux: sur l’adresse, de Paris, pratiquement illisible; au-dessus de l’adresse, **ONE DE ROUEN 23 OCT (année illisible); au-dessus et en dessous, plus à gauche, ROUEN 23 OCT (année illisible). — La fiche d’identification de la BnF, département Musique, donne pour cette lettre la cote LA-BERLIOZ HARRIET CONSTANCE SMITHSON-1. Pour la commodité du repérage numérique nous avons utilisé l’ancienne cote 34424 du Conservatoire de Musique qui est inscrit au bas de la dernière page de la lettre.
Mon cher, bien cher Enfant j’ai été si triste après ton depart pour Rouen que j’e a tombé tres malade et je suis encore souffrant —
Hélas ! mon cher fils je suis sur je ne puis pas supporter ma pronfond profond chagrin sans l’espèrence de ton avenir — — ton père n’est pas venu me voir depuis ton depart, il ne me [rature] [p. 2] ecrit pas non plus — Dit moi tout ce qui ’l ta communiqué a votre depart — tout, tout la verité, aussi tout de tes nouvells et et croire moi ta pauvre mère affectionnée
H Berlioz.
rue Blanche 43
22 Octr.
Je n’ puis pas te ranvoyer le papier parcequ il faut payé 16 sous pour le pacquet au chemin de fer. Mr. et Mad. Vaniée [p. 3] et Josephine t’aim tojour on t’dit mille chose affectioné il sont tous tres amiable pour moi — ausi abel ton camarde t’dit mille amities — Pour moi, Oh ! person n’peut t’aimé comme ta pauvre Mère.
Dieu te Benis.
ecrit moi apres tu a recu une lettre de ton père, il faut ecrire a lui tout suit. il va partir bien tot —
[p. 4]
[Adresse au milieu de la page, verticalement de bas en haut]
Monsieur
Monsieur Louis Berlioz
Collège Royal
Rouen
Nla 274 (40) | Vendredi 19 octobre 1849 | Harriet Smithson-Berlioz à son fils Louis | Texte corrigé | Image |
Un feuille écrite du premier côté, adresse de l’autre. Le texte, y compris l’adresse, est entièrement de la main d’Hector Berlioz écrivant sous la dictée d’Harriet; seule la signature au bas de la page est de la main d’Harriet. Timbres postaux: sur l’adresse, MONTMARTRE 20 OCT. (18)49; au-dessus et en dessous, ROUEN 20 OCT. (18)49.
Montmartre 19 oct :
Je t’écris mon cher Louis de
la part et sous la dictée de ta mère
Mon cher Louis
Je me trouve passablement en ce moment, le beau temps me fait quelque bien, mais je n’ai pas de facilité à parler ce qui me met dans l’embarras bien souvent pour me faire comprendre.
J’espère que tu travailles bien, ton père me dit que tu es content, et qu’il est aussi content de toi. Ecris moi la semaine prochaine et donnes moi des nouvelles détaillées de ce que tu fais. Tes lettres me font tant de bien ! elles me consolent dans ma triste position.
Je t’embrasse de tout mon cœur mon cher enfant
Ta mère affectionnée
+ H. Berlioz
P. S.
[dans la marge de gauche, de haut en bas] + C’est la signature de ta mère écrite de sa main
[dans le coin gauche, au bas de la page] à présent à moi aussi de t’embrasser mon bon Louis en attendant que je t’écrive Hector B.
[p. 2]
[Adresse au milieu de la page, verticalement de bas en haut]
Monsieur Louis Berlioz
au Lycée national de
Rouen
Nla 274 (84) | Été ou automne 1858 | Marie Recio à Adolphe Duchène de Vère | Texte corrigé | — |
Un feuillet de 4 pages, les deux premières écrites, le reste vide. Pas d’adresse ou d’enveloppe.
Mon cher Monsieur Duchène
Je suis venue pour vous demander d’être assez bon pour faire obtenir à
ma mère quelques actions de la Compagnie des omnibus à Londres. Vous savez
combien elle est en perte avec ces maudits Docks, et si vous pouviez lui en
faire ratrapper une [p. 2] partie avec les omnibus vous seriez
plus qu’aimable. Hector est malade, on l’a mis à un régime très
sévère et il doit garder le lit le plus possible, il s’ennuye à mourir, car il aurait besoin au contraire de sortir pour ses affaires.
Mille compliments a Vous et à Mme Duchène
Marie Berlioz
Site Hector Berlioz créé par Michel Austin et Monir Tayeb le 18 juillet 1997; pages Lettres de la famille du compositeur à la BnF créées le 1er avril 2015. Révision le 1er décembre 2023.
© Michel Austin et Monir Tayeb pour le commentaire et la présentation
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