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LES SOIRÉES DE L’ORCHESTRE

Par

HECTOR BERLIOZ

DIX-NEUVIÈME SOIRÉE.

    ON JOUE DON GIOVANNI.

    Je reparais à l’orchestre après plusieurs jours d’absence. Mon intention n’était pas d’y rentrer ce soir-là ; mais Corsino et quelques-uns de ses confrères sont venus m’exprimer leurs regrets de m’avoir blessé en taxant de cruauté ma critique ; j’ai ri, j’étais désarmé, je les ai suivis au théâtre. Les musiciens m’accueillent avec la plus vive cordialité ; ils veulent me faire oublier mon mécontentement, qu’ils ont cru réel ; mais dès le premier coup d’archet de l’ouverture, chacun cesse de parler. On écoute religieusement le chef-d’œuvre de Mozart, dignement exécuté par le chœur et par l’orchestre. A la fin du dernier acte : « Que pensez-vous de notre baryton Don Giovanni ? me demande Bacon d’un air de fierté nationale. — Je pense qu’il mérite le prix Monthyon. — Qu’est-ce que c’est ? dit-il, en se tournant vers Corsino. — (Corsino). C’est le prix de vertu. — (Bacon, étonné d’abord, très-flatté ensuite, reprend avec une satisfaction douce :) Oh ! c’est vrai, M. K**** est un bien brave homme ! »

 

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