compte-rendu par
Pierre-René Serna
© 2015 Pierre-René Serna
Enrique García Revilla, dont nous avions déjà salué le pertinent La estética musical de Hector Berlioz a través de sus textos, poursuit sa tâche en faveur de notre compositeur par-delà les Pyrénées. En attente d’un prochain et promis « Guide de Berlioz » (Guía de Berlioz), cette fois c’est à une traduction d’un ouvrage de notre auteur qu’il s’attaque : les Soirées de l’orchestre, devenues Las tertulias de la orquesta (éditions Akal, Madrid, collection « Música » n° 49 ; www.akal.com).
Un travail impressionnant, colossal ; qui de plus nécessite, outre la maîtrise du français et de l’espagnol, une connaissance approfondie de Berlioz comme de l’art et de la musique en son temps. Tout en sachant préserver le style et les tournures propres à une plume si particulière. Toutes sciences et vertus que García Revilla sait conjuguer. C’est ainsi que cette traduction se lit aisément et atteint au plus juste, sans omettre jusqu’aux traits d’humour, si caractéristiques de la version originale. Une sorte d’exploit.
Le titre, déjà, présentait quelques difficultés de traduction. Une transcription platement littérale aurait donné « Las tardes de la orquesta », ou (mieux) « Las veladas de la orquesta » ; mais qui en espagnol aurait un sens trop restrictif, en rapport avec la fin du jour ou la veillée. Le mot « tertulia » a été opportunément choisi. Mot intraduisible en français, qui fait allusion à une tradition bien ancrée dans les habitudes espagnoles : des réunions, en soirée, où l’on débat entre amis à bâtons rompus. Bien visé ! Et il en est ainsi tout le long de ces « Tertulias ». Les références en français sont elles-mêmes scrupuleusement reportées ou transcrites. Puisque ce livre abonde en notes explicatives, tout à fait nécessaires et bien venues. Tout juste regrettera-t-on que le jeu de mot « cor Moran » soit évoqué de façon trop allusive. Difficulté d’un jeu de mot dans une autre langue !
Cette réalisation comble aussi un vide dans l’édition espagnole, qui jusque-là ne s’en était tenue qu’à des traductions des Mémoires et des Grotesques de la musique, ou à de seuls extraits desdites Soirées. On notera également que ce livre est préfacé par Pablo Heras-Casado, jeune chef et étoile montante de la direction d’orchestre internationale (récent lauréat à Paris du Grand-Prix de la Presse Musicale Internationale). Heras-Casado y fait part de sa passion pour Berlioz, qui l’a conduit à diriger à Grenade (première espagnole semble-t-il) la Symphonie funèbre, et fréquemment la Fantastique, en dehors de ses goûts prononcés pour Roméo et les Troyens. Avec de tels ambassadeurs, interprète et musicographe, le chemin de Berlioz en Espagne semble se poursuivre sous de prometteurs auspices.
Pierre-René Serna
Nous remercions vivement notre ami Pierre-René Serna de nous avoir envoyé cet article.
Site Hector Berlioz créé le 18 juillet 1997 par Michel Austin et Monir Tayeb; cette page créée le 18 March 2015.
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