FEUILLETON DU JOURNAL DES DÉBATS
DU 11 SEPTEMBRE 1861
A MM. les membres de l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut.
Messieurs,
Vous pensez que le récit de ce que je fais à Bade en ce moment pourra intéresser l’auditoire d’une séance publique de l’Institut. Je ne partage pas votre opinion (1) ; mais, puisque vous le voulez, je me résigne et je vous écris.
N’imaginez pas pourtant que je me fourvoie au point de paraphraser tant de descriptions de Bade, faites avec un si rare talent par MM. Eugène Guinot, Achard et quelques autres écrivains. Non, je parlerai de musique, de géologie, de zoologie, de ruines, de palais splendides, de philosophie, de morale ; nous évoquerons l’antiquité, le moyen âge ; nous examinerons le temps présent ; je citerai l’Apocalypse, et Homère et Shakspeare, peut-être M. Paul de Kock ; je critiquerai çà et là, par habitude ; je désapprouverai même quelques unes de vos approbations, et vous serez obligés néanmoins de tout entendre. Vous l’aurez voulu.
Que de choses dans un menuet ! disait le grand Vestris. Que de choses dans une lettre ! allez-vous dire. Rassurez-vous, ma lettre sera peut-être fort convenable, claire et nette comme une lettre de faire-part. Cela va dépendre de ma santé qui est détestable et des caprices de ma névralgie. Je lâche ce mot à dessein, afin que vous puissiez dire, quand je serai par trop ennuyeux : C’est sa névralgie !
En effet, beaucoup de gens sont dépourvus d’esprit et de bon sens quand ils se portent bien ; pour moi c’est tout le contraire, et mon défaut d’esprit n’est jamais si évident que dans l’état de maladie. Je suis de la seconde catégorie ; trop heureux de me figurer que je n’appartiens pas à la troisième, à celle des gens qui n’ont pas le sens commun dans tous les cas.
Ce que je fais à Bade ?… J’y fais de la musique ; chose qui m’est absolument interdite à Paris, faute d’une bonne salle, faute d’argent pour payer les répétitions, faute de temps pour les bien faire, faute de public, faute de tout.
M. Bénazet, qui pendant cinq mois est le véritable souverain de Bade, et qui exerce sa souveraineté pour la plus grande gloire de l’art et le bonheur des artistes, me tint, il y a huit ans, à peu près ce langage : « Mon cher Monsieur, je donne beaucoup de concerts dans les petits salons du palais de la Conversation. Tous les pianistes du monde y viennent successivement et plusieurs y viennent simultanément faire leurs exercices. On y entend les plus grands artistes et les virtuoses les plus excentriques ; on y voit des violonistes jouer de la flûte, des flûtistes jouer du violon, des basses chanter en voix de soprano, des soprani chanter en voix de basse ; on y entend même des chanteurs qui ne se servent d’aucune espèce de voix. Ce sont donc en somme de beaux concerts. Pourtant, quoiqu’on prétende que le mieux est ennemi du bien, j’ambitionne le mieux. Voulez-vous venir à Bade organiser annuellement un grand concert-festival ? Je mettrai à votre disposition tout ce que vous demanderez en chanteurs et en instrumentistes pour former un ensemble en rapport avec les dimensions de la grande salle du palais de la Conversation, et surtout en rapport avec le style des œuvres que vous ferez exécuter. Vous composerez vos programmes, vous désignerez les jours de répétition ; s’il nous manque certains artistes spéciaux dont le concours soit nécessaire, faites-les venir, promettez-leur de ma part ce qu’ils demanderont, j’ai confiance en vous, je ne me mêlerai de rien… que de payer ! — O Richard, ô mon roi ! m’écriai-je éperdu en entendant ces sublimes paroles. Quoi ! il y a un souverain capable de cela ? Quoi ! vous me laisserez faire ? Vous choisissez un musicien pour diriger une institution musicale, une entreprise musicale, une fête musicale ! Vous abandonnez les erremens de toute l’Europe ! Vous ne prenez pas pour directeur de concerts un capitaine de vaisseau, un colonel de cavalerie, un avocat, un orfèvre ? Il est donc vrai ; Dieu a dit : Que la lumière soit ! et la lumière… est. Voilà le renversement des usages les plus sacrés. Vous êtes un ultra-romantique, on va crier haro ! sur vous. On cassera vos vitres ! Vous allez être horriblement compromis ; les autres souverains retireront leurs ambassadeurs. — N’importe, répliqua M. Bénazet ; dût le concert européen en être bouleversé, j’y suis résolu, c’est entendu ! Je compte sur vous. »
Depuis ce temps, tous les ans, à l’approche du mois d’août, une certaine inquiétude que je ressens dans le bras droit m’annonce que je vais bientôt avoir un orchestre à conduire. Aussitôt je m’occupe du programme, s’il n’est pas (ce qui arrive presque toujours) composé dès la saison précédente. Il me reste alors seulement à m’entendre avec les dieux et les déesses du chant engagés pour le festival, sur le choix de leurs morceaux. Quant à désigner moi-même ce qu’ils devront chanter, je m’en garde, je sais trop le respect que les simples mortels doivent aux divinités. Au bout de six semaines on parvient, en général à découvrir qu’on ne peut pas s’entendre, les cantatrices surtout ayant pour habitude de changer dix fois d’avis avant le moment du concert.
A l’heure qu’il est, pour le festival qui aura lieu dans quelques jours, je ne sais pas encore quel duo le ténor et la prima donna chanteront, et il y a trois mois que je les supplie de me l’indiquer.
Pour l’air du ténor seulement, nous nous sommes entendus tout de suite. C’est un air admirable que la modestie d’un de nos confrères ne me permet pas de désigner autrement.
Je saisis cette occasion, Messieurs, pour vous adresser une question. Vous avez, m’a-t-on dit, approuvé dernièrement un ouvrage sur l’art du chant dont l’auteur, homme de talent et d’esprit, par malheur, déclare que c’est non seulement le droit, mais le devoir du chanteur de broder les airs d’expression, d’en changer à son gré certains passages, de les modifier de cent façons, de se poser en collaborateur du compositeur et de venir en aide à son insuffisance. Que croyez-vous que ferait le musicien auteur de ce bel air, dites-le-moi franchement, si, mettant en pratique cette incroyable théorie, un ténor s’avisait, en le chantant devant lui, d’en dénaturer toutes les phrases dont l’expression est si absolument vraie, le sentiment si profond, le style mélodique si naturel ? De quelle façon ses entrailles de père seraient-elles émues, si le traditore s’avisait d’ajouter seulement des apoggiatures au passage sublime où respirent à la fois la candeur, l’innocence, une grâce ingénue et la terreur naïve de la mort ?
Il n’est pas partisan du suicide, je le sais, mais s’il avait un pistolet à la main, à coup sûr il lui brûlerait la cervelle.
Soyez tranquilles, cela n’arrivera pas à Bade. Mon ténor est un artiste sérieux ; il ne rêva jamais de monstruosités pareilles. D’ailleurs je serai là, et s’il était assez abandonné de son ange gardien pour commettre à la répétition générale un tel crime de lèse-majesté de l’art et du génie, je dirais aussitôt à l’orchestre ce que je lui ai dit une fois à Londres en semblable circonstance : « Messieurs, quand nous en serons à ce passage, regardez-moi bien ; si le chanteur ose le défigurer comme il vient de le faire, je vous ferai signe de vous arrêter court ; je vous défends de jouer, il chantera sans accompagnement. »
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Pardon, Messieurs, mais voilà ma névralgie qui me reprend. Quand j’aborde cette question, ma tête se trouble et je tremble de fureur….
Et vous approuveriez de pareilles incartades et la théorie qui les consacre !…. Vous !… quand vous mourriez pour revenir ensuite me l’affirmer avec une voix d’outre-tombe, je ne le croirais pas.
Et tenez, voici une jolie anecdote qui se rattache au sujet par tous les points. Elle est vraie ; j’en prends à témoin un autre de nos confrères qui y figure comme victime d’un virtuose. Il s’agit ici d’un traditore instrumentiste. Car nous autres compositeurs nous avons la chance d’être assassinés par tout le monde, par les chanteurs sans talent, par les méchans virtuoses, par les mauvais orchestres, par les choristes sans voix, par les chefs d’orchestre incapables, lymphatiques ou bilieux, par les machinistes, par les metteurs en scène, par les copistes, par les graveurs, par les marchands de cordes, par les fabricans d’instrumens, par les architectes qui construisent les salles, enfin par les claqueurs qui nous applaudissent. Tellement que jamais, depuis qu’on exécute en France le Don Juan de Mozart, il n’a été possible d’entendre la belle phrase instrumentale qui termine le trio des masques ; elle est toujours couverte par les applaudissemens.
En Allemagne, les applaudisseurs (il n’y a pas dans ce pays-là de claqueurs de profession) sont plus avisés ; ils n’applaudissent point ainsi à tort et à travers ; ils écoutent d’abord. Je me souviens d’avoir assisté à Francfort à une représentation de Fidelio pendant laquelle le public ne donna pas une marque d’approbation. Arrivé là avec mes idées et mes habitudes parisiennes, je m’indignais. Mais, après le dernier accord du dernier acte, toute la salle se leva et salua l’œuvre de Beethoven d’une foudroyante salve d’applaudissemens. A la bonne heure ! mais il était temps. Je me trompe : il était temps, mais à la bonne heure !
Que vous disais-je ? O névralgie ! m’y voilà. Il s’agit d’une anecdote sur ces virtuoses brigands qui égorgent les grands compositeurs. Celui de mon histoire fit bien pis, il égorgea un membre de l’Institut ! Je vous vois frémir. Voici le fait :
Il y a cinq ans, on donnait à Bade un nouvel et charmant opéra composé exprès pour la saison, intitulé le Sylphe. On avait fait venir un harpiste de Paris pour accompagner dans l’orchestre un morceau de chant très important. Persuadé qu’un homme de sa valeur se devait de faire parler de lui en Allemagne, puisqu’il avait daigné y venir, et que l’auteur de l’opéra ne voudrait pas écrire pour la harpe un solo que l’action du drame lyrique ne comportait pas, notre homme se servit lui-même ; il écrivit clandestinement un petit concerto de harpe, et le soir de la première représentation du Sylphe, au moment où après la ritournelle de l’orchestre la cantatrice se disposait à commencer son air, le virtuose, profitant d’un moment de silence, se mit tranquillement à exécuter son concerto, au grand ébahissement du chef d’orchestre, de tous les musiciens, de la cantatrice et du malheureux compositeur, qui, suant d’anxiété et d’indignation, croyait faire un mauvais rêve. J’y étais. L’auteur est philosophe, il n’a pas perdu du coup trop de son embonpoint ; mais j’en ai maigri pour lui. Dites, Messieurs, approuvez-vous aussi le concerto de harpe et la collaboration forcée des virtuoses et des compositeurs ?
Je dois dire encore que ce même harpiste, quelques jours auparavant, avait fait partie de l’orchestre du festival ; il était placé tout près de moi. Le voyant cesser de jouer dans un tutti : « Pourquoi ne jouez-vous pas ? lui dis-je. — C’est inutile, on ne pourrait m’entendre. » Il n’admettait pas qu’il fût utile à l’ensemble ni convenable pour lui de jouer quand sa harpe ne pouvait se faire remarquer parmi les autres instrumens. De sorte que si cette doctrine était en vigueur, à chaque instant, presque toujours, dans les ensembles, la seconde flûte, le second hautbois, la seconde clarinette, les troisième et quatrième cors, et tous les altos auraient raison de s’abstenir…. Ai-je besoin de vous dire que ce noble ambitieux n’a pas remis et ne remettra jamais le pied dans un orchestre placé sous ma direction ?
Ce système de suppressions est assez rarement pratiqué ; celui des additions, au contraire, est fort répandu. Rendons-en les désastres plus frappans en le supposant appliqué à la littérature.
Il y a des gens qui récitent en public des fragmens de poésie et les mettent plus ou moins en relief par leur manière de les dire ; la plupart du temps ils se font applaudir en outrant leur diction, en exagérant les accens, en soulignant les mots, en prononçant avec emphase les expressions simples, etc. Que l’un d’eux, en récitant la fable de La Fontaine, la Mort et le Mourant, ait l’idée d’y introduire des vers de sa façon pour obtenir plus d’effet, il se peut, il faut malheureusement le reconnaître, qu’il y ait des esprits assez mal faits pour l’absoudre de cette insolence et pour trouver même très ingénieuse l’addition de ses vers à ceux de l’immortel fabuliste. Qu’il dise ainsi :
La mort ne surprend point le sage
Il est toujours prêt à partir
Sans gémir.
En effet, remarquera-t-on, pourquoi gémir, quand il est sûr que toute plainte sera vaine, que rien au monde ne peut retarder l’instant fatal ? La Fontaine n’avait pas songé à cela.
Donc :
Il est toujours prêt à partir
Sans gémir,
S’étant su lui-même avertir
Du temps où l’on se doit résoudre à ce passage
D’usage.
« Ah ! ceci est admirable, diront encore nos Philintes, rien n’est, à coup sûr, plus en usage que la mort, et ce petit vers, ainsi jeté après un alexandrin, est d’une intention excellente que La Fontaine eût approuvée sans doute, si quelqu’un l’avait eue de son vivant. »
Avouez, avouez, avouez donc que, témoins d’une pareille abomination littéraire, bien loin de faire comme ces juges complaisans toujours prêts à soutenir les insulteurs contre l’insulté, vous demanderiez pour ce lecteur de la Fontaine
Un cabanon
A Charenton.
Eh bien, c’est cela, et plus encore que l’on fait journellement en musique et qu’on tâche d’introduire dans l’enseignement du chant.
Autre exemple en sens inverse, et pourtant analogue.
Un célèbre chef d’orchestre, qui passait pour vénérer profondément Beethoven, prenait néanmoins avec ses œuvres de déplorables libertés.
Un jour il entra le visage très animé dans un café où je me trouvais.
« Ah ! parbleu, dit-il en m’apercevant, vous venez de me faire avoir une belle algarade ! — Comment cela ? — Je sors de la répétition de notre premier concert ; quand nous avons commencé le scherzo de la symphonie en ut mineur, ne voilà-t-il pas nos contre-bassistes qui se sont mis à jouer ; et comme je les arrêtais, ils ont invoqué votre opinion pour blâmer la suppression que j’ai faite des contre-basses dans ce passage. — Comment, répliquai-je, ces malheureux ont eu l’audace de vous désapprouver et celle plus grande encore d’exécuter les parties de contre-basses écrites par Beethoven ! Cela crie vengeance ! — Bah ! bah ! vous raillez ! Les contre-basses ne produisent pas là un bon effet ; je les ai retranchées il y a plus de vingt ans ; j’aime mieux les violoncelles seuls. Vous savez que lorsqu’on monte un ouvrage nouveau il faut toujours que le chef d’orchestre y arrange quelque chose. — Moi ? je n’entendis jamais parler de cela. Je sais seulement que quand on étudie pour la première fois un ouvrage, le chef d’orchestre et ses musiciens doivent s’efforcer d’abord de le bien comprendre, et l’exécuter ensuite avec une fidélité scrupuleuse unie à de l’inspiration, s’il se peut. Voilà tout ce que je sais. Ayant écrit une symphonie, si vous aviez prié Beethoven de la corriger, et s’il eût consenti à la retoucher de haut en bas pour vous être agréable, cela paraîtrait tout naturel ; mais vous, sans autorisation, sans autorité, porter ainsi de bas en haut la main sur une symphonie de Beethoven et en corriger l’orchestre, c’est bien l’exemple le plus extravagant de témérité et d’irrévérence que l’on puisse citer dans l’histoire de l’art. Quant à l’effet produit par les contre-basses dans cet endroit, et qui est mauvais, dites-vous, cela ne regarde ni vous, ni moi, ni personne. Les parties de contre-basses sont écrites par l’auteur, on doit les exécuter. D’ailleurs votre sentiment ne sera certainement pas celui de tous les chefs d’orchestre, autorisés par votre exemple à vous imiter. Vous aimez mieux faire dire le thème du scherzo par les violoncelles, un autre aimera mieux le faire chanter par les bassons, celui-ci voudra des clarinettes, celui-là des altos ; il n’y aura que l’auteur qui n’aura pas voix au chapitre. N’est-ce pas le désordre à son comble, une débâcle générale, la fin de l’art ? Si Beethoven revenait au monde et si, en entendant sa symphonie ainsi arrangée, il demandait qui s’est avisé de lui donner là une leçon d’instrumentation, vous feriez en sa présence une singulière figure, convenez-en. Oseriez-vous lui répondre : C’est moi ? Lulli cassa un jour un violon sur la tête d’un musicien de l’Opéra qui lui manquait de respect ; ce n’est pas un violon, mais une contre-basse que Beethoven casserait sur la vôtre, en se voyant insulté et bravé de la sorte. » Mon homme réfléchit un instant, puis frappant du poing sur une table : « C’est égal, dit-il, les contre-basses ne joueront pas ! — Oh ! quant à cela, les gens qui vous connaissent n’en sauraient douter. Nous attendrons. » Il mourut. Son successeur crut devoir réintégrer dans leurs fonctions les contre-basses du scherzo. Mais ce changement n’était pas le seul commis dans la splendide symphonie. Au finale se trouve une reprise indiquant que la première partie du morceau doit se dire deux fois. Trouvant que cette répétition faisait longueur, on avait supprimé la reprise. Le nouveau chef d’orchestre qui, pour les contre-basses, venait de donner raison à Beethoven contre son prédécesseur, donna raison à celui-ci contre Beethoven et maintint la suppression de la reprise. (Voyez l’exercice du libre arbitre de ces Messieurs ! n’est-ce pas admirable ?) Le nouveau chef mourut. Si M. T…… qui le remplace donne maintenant, comme il est probable, complétement raison à Beethoven, il réinstallera la reprise, et il aura fallu en conséquence trois générations de chefs d’orchestre et trente-cinq ans d’efforts des admirateurs de Beethoven pour que cette œuvre merveilleuse du plus grand des compositeurs de musique instrumentale ait pu être exécutée à Paris telle que l’auteur l’a conçue.
Certes, Messieurs, vous n’approuverez pas cela.
HECTOR BERLIOZ.
(La suite à demain.)
(1) La lettre en effet a paru d’un style trop en dehors des habitudes académiques et n’a pas été lue en séance publique.
Site Hector Berlioz créé le 18 juillet 1997 par Michel Austin et Monir Tayeb; page Hector Berlioz: Feuilletons créée le 1er mars 2009; cette page ajoutée le 20 septembre 2011.
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