Le Dépit de la bergère
Romance de l’opéra des Blaïse et Babet
Faut l’oublier
Romance de L’Opéra Comique
Le Maure jaloux
Amitié, reprends ton empire
Pleure, pauvre Colette
Canon libre à la quinte
Le Montagnard exilé
Toi qui l’aimas, verse des pleurs
Resurrexit
Scène héroïque (La révolution grecque)
Nocturne à deux voix
Anonyme
De mon berger volage
J’entends le flageolet.
De ce nouvel hommage
Je ne suis plus l’objet;
Je l’entends qui fredonne
Pour une autre que moi.
Hélas! que j’étais bonne
De lui donner ma foi!
Autrefois l’infidèle
Faisait dire aux échos
Que j’étais la plus belle
Des filles du hameau;
Que j’étais sa bergère,
Qu’il était mon berger;
Que je serais légère
Sans qu’il devînt léger.
Un jour c’était ma fête,
Il vint de grand matin;
De fleurs ornant ma tête,
Il plaignait son destin
Il dit: “Veux-tu, cruelle,
Jouir de mes tourments?”
Je dis: “Sois-moi fidèle,
Et laisse faire au temps!”
Alexandre Dezède
Lise chantait dans la prairie
En faisant pâtre son troupeau.
Blaïse à sa voix bientôt marie
Les doux sons de son chalumeau.
Le frippon suivit la coquette,
Il la suivit jusqu’au hameau,
En essayant sur sa musette
La chanson que chantait Lisette.
En s’en retournant au village,
Elle lui jetta son bouquet.
Il le refusa, mais je gage
Pour le remettre à son corset.
Il le rendit à la coquette,
L’attacha d’un air satisfait,
Et répéta sur sa musette
La chanson que chantait Lisette.
Le soir on dansait sur l’herbette,
Blaïse et moi nous dansions tous deux.
Mais il me quitta pour Lisette
Qui vint se mêler à nos jeux.
Il s’en fut avec Ia coquette,
Le plaisir brillait dans ses yeux.
En eut-il eu si sa musette
N’eut jamais fait chanter Lisette.
Antoine-Joseph-Marie Romagnesi
Faut l’oublier, disait Colette
Le perfide a trahi sa foi!
Il jurait de n’aimer que moi,
Il me préfère une coquette.
Adieu, vains et cruels serments,
Qui m’assuraient de sa constance!
Adieu, d’amour heureux moments!
Adieu, tant douce souvenance,
Faut l’oublier...!
Faut l’oublier, mais comment faire?
Tout me parle ici de Colin;
C’est sous cet arbre qu’un matin
L’ingrat me nomma sa bergère.
C’est ici qu’un jour l’inconstant
D’un ruban para ma houlette;
C’est là que mon parjure amant...
Mais que fait tu, pauvre Colette
Faut l’oubhier...!
Faut l’oublier, disait encore
La bergerette en soupirant;
Pour le redire plus souvent
Colette devancait l’aurore.
Hélas! à chaque instant du jour
Le dis, mais tout bas, la pauvrette,
Et la nuit à l’heure d’amour,
En s’endormant elle répète:
Faut l’oublier…!
Pierre-Antoine-Dominique Della Maria
Que d’établissements nouveaux,
Q’u l’on s’entr’aide pour mieux faire;
Folle entreprise de journaux,
Riche entreprise de la guerre,
Entreprise sur le credit, entreprise de comédie,
En interêt comme en esprit,
Tout s’entreprends par compagnie.
Mais, malgré ces moyens nonveaux,
Hélas! on ne réussit guère,
Entreprise sur les journaux
Comme entreprise sur la guerre,
Entreprise sur le crédit,
Entreprise de comédie,
En interêt comme en esprit,
On culbutte de compagnie.
Jean-Pierre Claris de Florian
Je vais revoir la beauté que j’adore.
Un plaisir pur doit seul remplir mon cœur;
Mais malgré moi ce cœur murmure encore;
Dans son ivresse, il connaît la fureur.
Transports jaloux, crainte cruelle,
Pourquoi troubler mes tendres feux?
Ah! Zora, que n’es-tu moins belle?
Sans cesser d’être aussi fidèle,
Ton amant serait plus heureux!
Dans nos forêts, la charmante gazelle
À tout mortel se cache avec effroi.
Imite-la, fuis les regards comme elle!
Elle est sensible et douce comme toi.
Transports jaloux, etc.
Oh! vain espoir de mon âme éperdue!
Peux-tu cacher tes attraits enchanteurs?
Le beau palmier qui monte dans la nue
N’échappe point aux yeux des voyageurs.
Transports jaloux, etc.
Jean-Pierre Claris de Florian
Amitié, reprends ton empire
Sur l’aveugle dieu des amants!
Dans la jeunesse il peut suffire,
Tu rends heureux dans tous les temps.
Il fait naître une vive flamme,
Tu formes un tendre lien.
Il n’est que le plaisir de l’âme,
Et toi seule en es le soutien.
Amitié, reprends ton empire
Sur l’aveugle dieu des amants!
Quand d’amour la flèche cruelle
Vient frapper un sensible cœur,
La tendre amitié lui rappelle
La paix, le repos, le bonheur,
Lui donne un plaisir plus durable,
Malgré lui l’arrache au danger,
Et, sans en être moins aimable,
L’avertit de ne plus aimer.
Amitié, reprends ton empire
Sur l’aveugle dieu des amants!
Jean-Marc Bourgery
Auprès de moi Colette
Hier se désola.
En pleurant la pauvrette
De ses maux me parla.
Pleure, pauvre Colette!
L’amour est toujours là.
Colin à la fillette
Sincère amour jura;
Mais pour une coquette
Colin l’abandonna.
Pleure, pauvre Colette!
L’amour est toujours là.
Encor triste et muette,
Bergère soupira;
Toujours de sa défaite
Colette gémira.
Pleure, pauvre Colette!
L’amour est toujours là.
Jean-Marc Bourgery
La nuit de son voile épais
Vient de couvrir la prairie.
Déjà son ombre noircie
Nous dérobe les forêts.
Tout a fui loin du bocage;
Le doux souffle du zéphir
Agite seul le feuillage.
La cloche du voisinage
Sonne l’instant du plaisir.
Brûlant d’amour, d’espérance,
Sans redouter les jaloux,
Le berger vole en silence
A l’arbre du rendez-vous.
Phœbé, reine du mystère,
Cache ta pâle lumière,
Redouble ton obscurité!
D’amour protège l’empire!
Il reste trop de clarté
Pour s’aimer et se le dire.
Albert-Marie Du Boys
Loin de la sauvage campagne
Où brille mon heureux matin,
Tendre arbrisseau de la montagne,
Transplanté sur un sol lointain,
Je sens que ma sève est tarie,
Et je soulève vers le ciel
Ma tête mourante et flétrie.
Ah ! rendez ma racine au rocher paternel!
Désormais en butte à l’orage,
De nos monts l’abri protecteur
Ne défendra plus mon feuillage
Contre les vents et leur fureur.
Je veux livrer ma destinée
A votre souffle, autan mortel.
Mais de ma feuille abandonnée,
Emportez la dépouille au rocher paternel!
Ainsi Mandel, loin de la rive
Où coulèrent ses premier jours,
Soupirait romance plaintive
Sur la lyre des troubadours.
Car le regret de sa patrie
Lentement consumait Mandel
Voyant couler sa triste vie
Loin de l’antique tour et du toit paternel.
Son cœur demandait la vallée
Où l’Isère au cours sinueux
Baigne la colline isolée,
Théâtre de ses premiers jeux.
Mais, vains désirs de sa tendresse,
Le courroux du destin cruel
Enchaînait sa vive jeunesse
Loin de l’antique tour et du toit paternel.
Ainsi parfois sa rêverie
Inspirait ses tendres accents;
Mais souvent son âme attendrie
Par les pleurs suspendait les chants.
Lors par degrés faible et tremblante,
S’éteignait la voix de Mandel,
Comme au soir la lueur mourante
Du rayon pâlissant sur le toit paternel.
Anonyme
Sous le saule de la prairie
Dort la bergère du hameau.
Elle dort et sa fleur chérie
S’élève auprès de son tombeau.
Voyageur qui, cherchant l’ombrage,
T’arrêtes sous le vert feuillage
De l’arbre sacré des douleurs,
Laisse un instant couler tes pleurs.
Sa tête, hélas! fut couronnée
Du myrthe et des fleurs de l’amour;
Mais les flambeaux de l’hyménée
N’ont lui pour elle qu’un seul jour.
Triste époux, si sa douce image
T’apparaît sous le vert feuillage
De l’arbre sacré des douleurs,
Toi qui l’aimas, verse des pleurs.
Les doux accents de la bergère
Ne charmeront plus les échos,
Pasteurs du vallon solitaire.
Tout est muet sur vos coteaux.
Ah! si du moins sur cette rive
Vous entendez ma voix plaintive,
Venez à l’arbre des douleurs,
A mes soupirs, mêlez vos pleurs!
Et resurrexit tertia die
secundum scripturas.
Et ascendit in coelum,
sedet ad dexteram Patris
Et iterum venturus est cum gloria,
judicare vivos et mortuos
Tuba mirum spargens sonum
coget omnes ante thronum.
Et iterum venturus est cum gloria
judicare vivos et mortuos.
Cujus regni non erit finis.
Et in Sanctum Spiritum,
Dominum et vivificantem,
qui ex Patre et Filio procedit,
qui cum Patre et Filio
simul adoratur et conglorificatur,
qui locutus est per Prophetas.
Cujus regni non erit finis.
Et in unam sanctam apostolicam
et sanctam ecclesiam.
Confiteor unum baptisma
in remissionem peccatorum.
Et expecto resurrectionem mortuorum.
Et iterum venturus est cum gloria
judicare vivos et mortuos.
Et expecto resurrectionem mortuorum
et vitam venturi saeculi.
Amen.
Humbert Ferrand
HÉROS GREC
Lève-toi, fils de Sparte! allons!... N’entends-tu pas
Du tombeau de Léonidas
Une voix accuser ta vengeance endormie?
Trop longtemps de tes fers tu bénis l’infamie,
Et sur l’autel impur d’un Moloch effronté
On te vit, le front ceint de mépris et de honte,
Préparer, souriant comme aux jours d’Amathonte,
L’holocauste sanglant de notre liberté.
Ô mère des héros, terre chérie,
Dont la splendeur s’éteint sous l’opprobre et le deuil!
Ce sang qui crie en vain, ce sang de la patrie,
Nourrit de vils tyrans l’indolence et l’orgueil!
Ô mère des héros, terre chérie.
PRÊTRE GREC
Mais la voix du Dieu des armées
A répandu l’effroi dans leurs rangs odieux.
Hellènes! rassemblez vos tribus alarmées;
L’astre de Constantin a brillé dans les cieux:
A ses clartés victorieuses, marchez en foule à l’immortalité!
PRÊTRE GREC ET HÉROS GREC
Hellènes! rassemblez vos tribus alarmées;
L’astre de Constantin a brillé dans les cieux.
PRÊTRE GREC
A ses clartés victorieuses,
Héros! marchez en foule à l’immortalité!
Et demain de nos monts les cimes glorieuses
Verront naître l’aurore avec la liberté.
HÉROS GREC ET CHŒUR
A ses clartés victorieuses,
Héros / Guerriers, marchons en foule à l’immortalité, etc.
PRÊTRE GREC ET CHŒUR
Oui, la voix du Dieu des armées, etc.
FEMMES
Astre terrible et saint, guide les pas du brave!
Que les rayons vaincus du croissant qui te brave
S’éteignent devant toi!
HÉROS, PRÊTRE, CHŒUR
Astre terrible et saint, etc.
FEMMES
Que les fils de Sion, riches de jours prospères,
De la liberté sainte et du Dieu de leurs pères
Sans crainte bénisse la loi!
CHŒUR
Que les fils de Sion, etc.
HÉROS, PRÊTRE, CHŒUR
Des sommets de l’Olympe aux rives de l’Alphée
Mille échos en grondant roulent le cri de mort:
Partons /Partez !... le monde entier prépare le trophée
Que nous promet un si beau sort.
Quel bruit sur ces bords expire?...
Tyrtée éveille sa lyre,
Et la Grèce, en ce jour, oppose à ses bourreaux
Tout ce que son beau ciel éclaire de héros.
Ils s’avancent... et la victoire
Rayonne sur leurs fronts poudreux;
La terre, belle encor de son antique gloire,
Retentit sous leurs pas nombreux.
Partons / Partez!... Des sommets, etc.
Aux armes!... le ciel résonne...
Harpes d’or, marquez nos pas!
Peuples!... guerriers!... l’airain tonne.
Nos fers ont soif de combats!
Aux armes!
Anonyme
Je veux dans l’inconstance
Passer mes premiers ans
Et tiens que c’est prudence
De n’aimer pas longtemps.
J’aurais été fidèle,
Fidèle à mes amours,
Mais où trouver la belle
Qui puisse aimer toujours?
A gentille maîtresse
J’avais donné ma foi;
Sa bouche enchanteresse
M’avait dit: tout à toi.
Je la croyais fidèle,
Fidèle à ses amours, etc.
Cependant je soupire
Et mon cœur agité
Vers l’ingrate Zelmire
Sans cesse est reporté.
Ah! je serai fidèle,
Fidèle à mes amours, etc.
© Monir Tayeb et Michel Austin. Tous droits de reproduction réservés.