The Hector Berlioz Website

Prix de Rome Cantata

search   home        accueil   searchf

La mort d’Orphée(1827)
Herminie (1828)
Cléopâtre (1829)
Sardanapale (1830) (fragments)

La mort d’Orphée

Paroles de Henri Berton

Monologue

ORPHÉE

Prêtresses de Bacchus, votre haine inflexible
D’un époux malheureux calomnia les pleurs;
Mais l’amant d’Euridice en ce séjour paisible
Saura braver, vos jalouses fureurs.

Ô seul bien qui me reste, ô ma céleste lyre,
Retentis dans ces bois, viens embellir mes vers,
Ranime mes accents, seconde mon délire,
Que tes brillants accords étonnent l’univers.
Viens, viens,
Ô seul bien etc

Quels cris affreux se font entendre?
D’une secrète horreur je ne puis me défendre,
Ô Ciel! en croirai-je mes yeux?
Ce sont elles, les bacchantes! 
Des cymbales bruyantes,
De leurs cris menaçants, de leurs chants furieux,
Retentissent déjà les échos de ces lieux!

Bacchanale

ORPHÉE

Ô Dieu puissant, fils de Latone,
Toi qui fus mon maître, entends-moi;
Apollon, du haut de ton trône,
Lance tes feux, je n’ai d’espoir qu’en toi.

ORPHÉE ET BACCHANTES (ensemble)

(ORPHÉE)

Barbares, arrêtez; pardonnez à mes pleurs,
Qu’ai-je fait? qu’ai-je dit? ces pleurs sont tout mon crime,
Épargnez en ce jour la tremblante victime
Que le sort livre à vos fureurs!
Mais rien ne peut toucher leurs inflexibles cœurs.
Ô Dieu puissant, etc.
Tu m’as abandonné, grand Dieu,
aux horreurs d’un affreux supplice.
Euridice, attends-moi... je vais mourir...
Adieu. Je meurs, je te réponds, Euridice... Euridice...

(BACCHANTES)

Ô Bacchus! Évoé! vengeons-nous de l’outrage
Dont l’orgueilleux Orphée a payé notre amour,
Qu’il tombe sous nos coups, et que nos cris de rage
Le poursuivent encor au ténébreux séjour!
Ô Bacchus! etc
De son corps palpitant déchirons les lambeaux!
Du torrent mugisant qu’ils rougissent les eaux!.
C’est un hymne à ta gloire!
Frappons, frappons, il fuit en vain,
Déjà sa lyre s’échappe de sa main.
Meurs ! Victoire !

Herminie, scène lyrique

Paroles de Pierre-Ange Vieillard

Récit

Quel trouble te poursuit, malheureuse Herminie?
Tancrède est l’ennemi de mon Dieu, de ma loi;
Du trône paternel ses exploits m’ont bannie;
Il a porté le ravage et l’effroi
Dans les cités de la triste Syrie.
Par lui j’ai tout perdu, tout! jusqu’à mon repos,
Jusqu’à la haine, hélas! pour l’auteur de mes maux.
Oui, Tancrède, à tes lois en amante asservie,
Je chéris le poids de mes fers,
Je chéris les tourments que pour toi j’ai soufferts.

Air N° 1

Ah! Si de la tendresse où mon cœur s’abandonne
Je devais obtenir le prix dans ton amour,
Dieux! avec quel transport je bénirais le jour
Où je l’aurais conquis en perdant ma couronne!
Mais je t’adore, hélas! sans retour, sans espoir.
Chaque instant de mes feux accroît la violence.
Mon cœur brûle! et ma bouche est réduite au silence,
Et mes yeux ne peuvent plus te voir...
Ah! Si de la tendresse, etc.

Récit

Que dis-je? où s’égarent mes vœux?
De l’excès du malheur quand je suis menacée,
Je me livre aux amours d’une flamme insensée.
Bientôt dans un combat affreux,
De Tancrède et d’Argant la haine se signale.
Déjà, dans une lutte à tous les deux fatale,
Tancrède triomphant a d’un sang généreux
Marqué ses exploits glorieux.
Si, n’écoutant que l’ardeur qui l’anime,
De sa force abattue il prévient le retour,
D’un héroïque effort il tombera victime...
Mortel effroi pour mon amour!

Air N° 2

Arrête! Arrête! Cher Tancrède,
Je frémis du péril où tu cours!
Le coup qui menace ta tête,
En tombant trancherait mes jours.
J’exhale en vain ma plainte fugitive.
Je l’implore, il ne m’entend pas.
Arrête! Arrête! Cher Tancrède, etc.

Que Clorinde est heureuse! Au milieu des combats,
De son sexe abjurant la faiblesse craintive;
Le courage guide ses pas.
Que je lui porte envie! A ces murs suspendue,
Son armure frappe ma vue.
Si j’osais m’en couvrir!... Si, trompant tous les yeux,
Sous cette armure aux périls consacrée,
Je fuyais d’Aladin le palais odieux,
Et du camp des chrétiens allais tenter l’entrée!
Mais, que dis-je? Que dis-je? Mon faible bras
Pourrait-il soutenir sa redoutable lance?
Tancrède va mourir peut-être, et je balance!
C’est trop tarder, je cours l’arracher au trépas.

Air N° 3

Venez, venez, terribles armes!
Venez, venez, fiers attributs de la valeur!
Cessez, cessez d’exciter les alarmes!
Protégez l’amour, protégez le malheur!

Prière

Dieu des chrétiens, toi que j’ignore,
Toi que j’outrageais autrefois,
Aujourd’hui mon respect t’implore.
Daigne écouter ma faible voix!
Guide ta tremblante ennemie
Près de ton vengeur généreux!
Tu deviens le dieu d’Herminie,
Si tu rends Tancrède à mes vœux.
Dieu des chrétiens, toi que j’ignore, etc.
Venez, venez, terribles armes, etc.
Oui ! Oui ! Sous cette armure aux périls consacrée,
Du camp des chrétiens je vais tenter l’entrée.
Dieu des chrétiens, toi que j’ignore, etc.

Cléopâtre, scène lyrique

Paroles de Pierre-Ange Vieillard

C’en est donc fait! ma honte est assurée.
Veuve d’Antoine et veuve de César,
Au pouvoir d’Octave livrée,
Je n’ai pu captiver son farouche regard.
J’étais vaincue, et suis déshonorée.

En vain, pour ranimer l’éclat de mes attraits,
J’ai profané le deuil d’un funeste veuvage;
En vain, en vain, de l’art épuisant les secrets,
J’ai caché sous des fleurs les fers de l’esclavage;
Rien n’a pu du vainqueur désarmer les décrets.
A ses pieds j’ai traîné mes grandeurs opprimées.
Mes pleurs même ont coulé sur ses mains répandus,
Et la fille des Ptolémées
A subi l’affront des refus!
Ah! qu’ils sont loin ces jours, tourment de ma mémoire,
Où sur le sein des mers, comparable à Vénus,
D’Antoine et de César réfléchissant la gloire,
J’apparus triomphante aux rives du Cydnus!

Actium m’a livrée au vainqueur qui me brave;
Mon sceptre, mes trésors ont passé dans ses mains;
Ma beauté me restait, et les mépris d’Octave
Pour me vaincre ont fait plus que le fer des Romains.
Ah! qu’ils sont loin ces jours, etc.

Mes pleurs même ont coulé sur ses mains répandus,
J’ai subi l’affront des refus.
Moi !... qui du sein des mers, comparable à Vénus,
M’élançai triomphante aux rives du Cydnus!

Au comble des revers, qu’aurais-je encore à craindre?
Reine coupable, que dis-tu?
Du destin qui m’accable est-ce à moi de me plaindre?
Ai-je pour l’accuser les droits de la vertu?

J’ai d’un époux déshonoré la vie.
C’est par moi qu’aux Romains l’Égypte est asservie,
Et que d’lsis l’ancien culte est détruit.
Quel asile chercher? Sans parents! sans patrie!
Il n’en est plus pour moi que l’éternelle nuit!

Méditation

How if when I am laid into the tomb ... (Shakespeare)]

Grands Pharaons, nobles Lagides,
Verrez-vous entrer sans courroux,
Pour dormir dans vos pyramides,
Une reine indigne de vous?
Non!.. non,  de vos demeures funèbres
Je profanerais la splendeur!
Rois, encor au sein des ténèbres,
Vous me fuiriez avec horreur.
Du destin qui m’accable est-ce à moi de me plaindre?
Ai-je pour l’accuser le droit de la vertu?
Par moi nos dieux ont fui d’Alexandrie,
Et d’Isis le culte est détruit.
Grands Pharaons, nobles Lagides,
Vous me fuiriez avec horreur!
Du destin qui m’accable est-ce à moi de me plaindre?
Ai-je pour l’accuser le droit de la vertu?
Grands Pharaons, nobles Lagides,
Verrez-vous entrer sans courroux,
Pour dormir dans vos pyramides,
Une reine indigne de vous?
Non, j’ai d’un époux déshonoré la vie.
Sa cendre est sous mes yeux, son ombre me poursuit.
C’est par moi qu’aux Romains l’Égypte est asservie.
Par moi nos dieux ont fui les murs d’Alexandrie,
Et d’Isis le culte est détruit.
Osiris proscrit ma couronne.
A Typhon je livre mes jours!
Contre l’horreur qui m’environne
Un vil reptile est mon recours.
Dieux du Nil... vous m’avez... trahie!
Octave... m’attend... a son char.
Cléopâtre en... quittant... la vie,
Redevient digne de... César !

Sardanapale

Paroles de Jean-Baptiste Gail
(fragment)

SARDANAPALE et CHŒUR (ensemble)

(SARDANAPALE)

[...] jamais la mémoire.
Non, l’enivrante volupté
A pu dans le sommeil me ravir la victoire,
Mais non pas ma fierté.
Jadis la gloire et les plaisirs
Faisaient la douceur de ma vie;
Un sort cruel me l’a ravie;
Abandonnons ces souvenirs.
Qu’un beau trépas, digne de moi,
Dise encore après moi ma gloire,
Et du courage d’un grand roi
Redise à jamais la mémoire.

(CHŒUR)

Abandonnons ces doux souvenirs.
Il te reste ta fierté.
Qu’un beau trépas, digne de toi,
Dise encore après toi ta gloire,
Et du courage d’un grand roi
Redise à jamais la mémoire.

SARDANAPALE

Néhala!

© Monir Tayeb et Michel Austin. Tous droits de reproduction réservés.

Back to Berlioz Libretti main page

Retour à la page principale Livrets de Berlioz