Le Coucher du soleil
Hélène
Chant guerrier
La Belle voyageuse
Chanson à boire
Chant sacré
L’Origine de la harpe
Adieu, Bessy!
Élégie (en prose)
Il se penche, et s’éteint. Le jour expire, mais il va porter autre part une nouvelle vie.
Oh! que n’ai-je des ailes pour m’élever de la terre, et m’élancer après lui dans une clarté éternelle!
Goethe, Faust
Que j’aime cette heure rêveuse,
Où l’horizon devient vermeil,
Où dans la mer silencieuse
Se plongent les feux du soleil!
Alors dans mon âme ravie
Se bercent les doux souvenirs;
Alors vers l’astre de ma vie,
Du soir s’envolent les soupirs.
En voyant l’écharpe brillante,
Qui de ses lumineux réseaux
Couvre la plaine scintillante,
Et fait disparaître les eaux,
Vers ces régions radieuses
Je voudrais prendre mon essor.
N’est-il pas des îles heureuses
Que dérobent ces voiles d’or?
Ballade
John: Hey, Dick, what castle is that with the moon rising behind it?
Dick: That is Rosna Hall.
Max: It is the castle of the beautiful Ellen.
John: What! Is that where the earl of Exeter took his young wife, who took
him for a peasant?
Max: The same.
John: There is a ballad about that. Sing it to us, you two!
Dick: Gladly. Blow, horns! And let us march to their sound!
(Anonyme)
VERSION 1
Qui ne se souvient d’Hélène,
Doux orgueil de notre plaine?
Quand de William l’étranger
Elle devint la compagne.
Qu’Amour toujours l’accompagne!
Répétait chaque berger.
Les mers les moins orageuses
Ont des saisons dangereuses.
William dit: en d’autres lieux
Le sort sera plus prospère.
A sa chaumière, à son père
Hélène fit ses adieux.
En chemin cette pensée
Navrait son âme oppressée.
Un soir, après bien des maux
Ils virent parmi les arbres
Briller l’ardoise et les marbres
D’un castel aux fiers créneaux.
D’apaiser notre souffrance
Ces murs offrent l’espérance.
Puis William sonna du cor
Bientôt en riche livrée
Un valet leur donne entrée
Salue et s’incline encor.
Voici votre Châtelaine,
Dit le Lord, montrant Hélène.
Qu’on s’empresse à lui prouver
Qu’elle règne sans partage
Sur ces biens, mon héritage!
Hélène croyait rêver.
Ce n’était point un mensonge,
Douce erreur d’un heureux songe.
William n’est plus l’étranger
Dans ces superbes demeures;
Mais l’amour compte ses heures
Comme s’il était berger.
VERSION 2
[Strophes 1, 2, 3, 6]
N’oublions pas ces champs dont la poussière
Est teinte encor du sang de nos guerriers!
Nous leur devons des pleurs, une prière;
La liberté rayonne à nos foyers.
Ils sont tombés, mais de la mort des braves,
En nous léguant cet heureux avenir
Qui nivela le maître et les esclaves,
Monde nouveau qui ne doit pas finir.
N’oublions pas, etc.
Pourquoi faut-il qu’au milieu des batailles
Vienne mourir un injuste pouvoir,
Et que le deuil, les tristes funérailles,
Des affranchis soient le premier devoir?
N’oublions pas, etc.
Heureux le peuple, à ses serments fidèle,
Qui sans combats vit consacrer ses droits!
La liberté jamais ne fut si belle
Qu’en descendant du marchepied des rois.
N’oublions pas, etc.
Elle s’en va seulette;
L’or brille à son bandeau;
Au bout de sa baguette
Étincelle un joyau.
Mais sa beauté surpasse
L’éclat de ses rubis,
Et sa blancheur efface
La perle au blanc de lys.
Belle, ainsi sans injure,
Penses-tu voyager?
Ta beauté, ta parure
Appellent le danger.
Les mains les plus fidèles
Tressaillent devant l’or,
Et les cœurs près des belles
Tiennent bien moins encor.
Chevalier, dans cette île
Mon âme ne craint rien.
L’honneur en cet asile
Est le souverain bien.
Toujours devant nos larmes
On le vit s’arrêter.
Pour mon or ou mes charmes
Que puis-je redouter?
Aux regards découverte
Son souris virginal
Par toute l’île verte
Lui servit de fanal.
Aussi l’as-tu bénie,
Des harpes doux pays,
Celle qui se confie
À l’honneur de tes fils.
La la lalerala.
Excité par le tumulte de la fête bruyante, je m’abandonnai à toute cette joie frénétique, à cet élan de gaîté convulsive,
que prennent pour du bonheur ceux qui n’ont jamais senti comment l’excès de la peine peut éclater en rires effrayants.
Thomas Moore, Les amours des anges
Amis, la coupe écume!
Que son feu rallume
Un instant nos cœurs!
Du bonheur ce gage
N’est que de passage;
Noyons nos douleurs!
Oh! ne crois pas qu’à mon âme
Les tourments soient épargnés!
Mes chants, échos de ma flamme,
Seront toujours de larmes imprégnés.
Ce sourire qui rayonne
Sur mon front sombre et pensif,
Est semblable à la couronne
Dont on pare un roi captif.
Mais la coupe écume, etc.
Les plus heureux sur la terre,
Que comptent-ils de plaisirs,
Sans quelque pensée amère,
Quelques fatals et tristes souvenirs?
A l’âme tendre et sensible
Le moindre mal est cuisant,
Comme à l’arbrisseau flexible
Un roitelet est pesant.
Mais la coupe écume, etc.
Prosternez-vous devant celui qui est là-haut.
Goethe, Faust
VERSION 1
Dieu tout-puissant! Dieu de l’aurore,
D’aimer qui fis la douce loi,
Dieu, qu’en vain nulle voix n’implore,
Tous les biens nous viennent de toi.
Ces clartés qu’entre les nuages
Le couchant lance sur nos plages,
Du jour mourant derniers adieux,
Du soir les brillantes étoiles,
Qui de la nuit parent les voiles,
Ne sont qu’un rayon de tes yeux.
Dieu tout-puissant, etc.
Du printemps l’haleine embaumée
A l’âme d’amour consumée
Qui fait oublier sa douleur,
Du nocher battu par l’orage
Le vent qui prévient le naufrage
Ne sont que ton souffle sauveur.
Dieu tout-puissant, etc.
Ces accords divins de la lyre,
Qui, par un ravissant délire,
Aux cieux nous transportent parfois;
Ces chants sacrés, où le génie
Redit l’amour et la patrie,
Ne sont qu’un écho de ta voix.
Dieu tout-puissant, etc.
Du printemps l’haleine embaumée
Du soir les brillantes étoiles,
Ces accords brillants de la lyre
Ne sont qu’un écho de ta voix,
Ne sont qu’un rayon de tes yeux,
Ne sont que ton souffle sauveur.
Dieu tout-puissant!
VERSION 2
Dieu tout-puissant! Dieu de l’aurore,
D’aimer qui fis la douce loi,
Dieu, qu’en vain nulle voix n’implore,
Tous les biens nous viennent de toi.
Ces clartés qu’entre les nuages
Le couchant lance sur nos plages,
Du jour mourant derniers adieux,
Du soir les brillantes étoiles,
Qui de la nuit parent les voiles,
Ne sont qu’un rayon de tes yeux.
Dieu tout-puissant, etc.
Du printemps l’haleine embaumée
Du soir les brillantes étoiles,
Les accords divins de la lyre
Ne sont qu’un écho de ta voix,
Ne sont qu’un rayon de tes yeux,
Ne sont que ton souffle sauveur.
Dieu tout-puissant!
Ah! si vous l’entendiez! ... À l’amant qui soupire
L’aveu de son amante est moins mélodieux.
C’est le Cygne qui meurt et dont le chant expire;
C’est la voix d’une sœur Philomèle, une Lyre
L’écho d’une Harpe des cieux.
Traduit du Bohémien
Cette Harpe chérie, à te chanter fidèle,
Était une sirène, à la voix douce et belle.
On l’entendait au fond des eaux;
Aux approches du soir, glissant sur le rivage,
Elle venait chercher, couverte d’un nuage,
Son amant parmi les roseaux.
Hélas! elle aimait seule, et ses larmes brillantes
Baignèrent bien des nuits ses tresses ondoyantes,
Doux trésors à l’amour si chers.
Mais une flamme pure au ciel est précieuse,
Il transforma soudain en Harpe harmonieuse
La plaintive vierge des mers.
En contours gracieux tout son corps se balance;
Sur sa joue on croit voir un rayon d’espérance,
Et son sein palpiter encor.
Ses cheveux, dégagés du flot qui les inonde,
Recouvrent ses bras blancs qui ne fendront plus l’onde
Et deviennent des cordes d’or.
Aussi pendant longtemps cette Harpe chérie
Disait-elle à la fois la sombre rêverie,
Et d’amour les plaisirs discrets.
Elle soupire encor la joie et la tristesse:
Quand je suis près de toi, les accords d’allégresse;
Loin de toi, le chant des regrets.
Loin de toi, Bessy, mes amours,
Je vais traîner mes tristes jours.
Plaisirs passés que je déplore,
Auriez-vous fui pour toujours?
Adieu, Bessy! Nous nous verrons encore!
Ces beaux jours doivent revenir.
Reposons-nous sur l’avenir!
Alors, le mal qui nous dévore
Ne sera qu’un souvenir.
Adieu Bessy! Nous nous verrons encore!
Je croyais, te donnant ma foi,
Pour toujours vivre près de toi.
Notre amour, à peine à l’aurore,
Du destin subit la loi.
Adieu, Bessy! Nous nous verrons encore!
Pour mon cœur, brisé désormais
Plus de calme, de douce paix!
Une heure, et celui qui t’adore
T’abandonne pour jamais.
O ! non, Bessy! Nous nous verrons encore!
Adieu!
Quand celui qui t’adore n’aura laissé derrière lui
que le nom de sa faute et de ses douleurs,
oh! dis, dis, pleureras-tu s’ils noircissent la mémoire
d’une vie qui fut livrée pour toi?
Oui, pleure, pleure!
Et, quelque soit l’arrêt de mes ennemis,
tes larmes l’effaceront.
Car le Ciel est témoin que, coupable envers eux,
je ne fus que trop fidèle pour toi.
Tu fus l’idole de mes rêves d’amour;
chaque pensée de ma raison t’appartenait.
Dans mon humble et dernière prière
ton nom sera mêlé avec le mien.
Oh! bénis soient les amis, oui, bénis soient les amants
qui vivront pour voir les jours de ta gloire!
Mais, après cette joie,
la plus chère faveur que puisse accorder le Ciel,
c’est l’orgueil de mourir pour toi!
© Monir Tayeb et Michel Austin. Tous droits de reproduction réservés.